© Kaiji
Cette soirée du 31 avait été riche en émotion pour moi. Enfin peut être plus pour mes proches que pour moi d’ailleurs. La nuit du réveillon : je l’avais passé en grande partie avec mes collègues. Je travaillais depuis un an dans un bar et ils avaient organisés une soirée où j’avais été convié. Cela m’avait fait du bien de revoir mes collègues. J’avais profité de cette soirée pour faire une petite déclaration d’amour à mes proches, mes amies et surtout Aidan. A la fin de la soirée je m’en voulais de lui avoir dire que je l’aimais, je crois que j’avais fait une bêtise. Enfin non c’est pas ça que je regrettais, ce que je regrettais c’était que notre relation soit toujours la même. A l’aube j’avais été désigné pour faire le ménage sur la terrasse, profitant de la vue j’avais voulu réaliser de superbe photo et mettre en boite ma chorégraphie devant une superbe vue de Boston. Je m’étais mise à faire quelques exercices mais les demis pointes sur le rebord n’avait pas été du goût de tous. Une foule de personne m’avait pris pour une suicidaire et une demi-heure plus tard la police, les pompiers et les ambulances étaient là pour venir me chercher. Duncan m’avait aidé et secouru, j’avais été ensuite emmené à l’hôpital. J’avais beau me défendre, me débattre, dire que je n’avais jamais voulu mourir mon dossier parler pour moi : père en hôpital psychiatrique, j’avais été étiqueté. J’avais fait selon les médecins une tentative de suicide et j’avais eu le droit à une bonne dose de calmant. Le docteur avait appelé la première personne de mon répertoire après avoir discuté avec Duncan : « Monsieur Norrington, je vous appelle à propos de Mlle Moires, apparemment vous êtes son petit ami, voilà, elle a fait une….tentative de suicide, pouvez-vous venir à l’hôpital au plus vite… ». Pourquoi au plus vite, je ne comprenais pas. Duncan avait été boire un café et devait prévenir mes amies les plus proches pour qu’elle puisse venir. Je sentais toutes mes forces me quittaient et mon âme partait. Je sentais tout tourner autour de moi, j’avais l’impression de dormir profondément…Et si finalement j’étais morte, si finalement j’avais sauté mais que tout c’était échappé de mon esprit comme un mauvais souvenir. Je voyais pourtant Aidan arrivé dans ma chambre et le médecin lui dire simplement : « Monsieur Norrington, je suis désolé… ». Mais de quoi pouvait-il être désolé…Non…

La journée avait bien commencé. Aidan était loin de se douter de ce qui l'attendrait par la suite. Il avait d'abord rendu visite à Jackie avant de recevoir ce coup de téléphone. June avait fait une bêtise et aussitôt il regretta que ce petit jeu soit allée bien trop loin pour elle. Il savait pourtant et la culpabilité ne vint pas tarder à s'abattre de tout son poids sur ses épaules. Ne voulant pas trouver de solution qui soit la meilleure pour elle, ménageant son égoïsme, déniant ses failles, il s'était engagé dans cette relation. Il avait eu beau détailler les conditions à la Lowell, il avait naïvement cru que cela suffirait ou qu'elle ne serait pas blessée de la situation. Mais elle était bien plus fragile qu'il n'y paraissait. Il délaissa donc Jackie en catastrophe et se rendit à l'hôpital dans lequel June avait été admise. Son visage était défait, ses yeux humides, le remord l'assaillait, et son cœur martyrisait allègrement sa cage thoracique. Le médecin le conduisit jusqu'à la chambre de la Française et prononça ces simples mots. « Je suis désolé. » Il soupira en la voyant ainsi. « Pas autant que moi » aurait-t-il aimé dire, mais il se contentait d'observer June en silence. Il vint s'asseoir doucement à côté d'elle et lui prit la main. « June. » murmura-t-il. Sa voix tremblait légèrement, il était pas plus fort qu'un gamin là, partagé entre le ravage de la tristesse, de la colère et de la culpabilité. « June, tu m'entends ? » reprit-il doucement. Y'avait que lui pour se fourrer dans pareil pétrin.