Le passage à 2014 s'annonçait finalement placé sous tout sauf les meilleurs auspices: Moi qui m'attendais à rentrer sagement chez moi ce soir, après quelques heures à faire la fête, voilà qu'on m'annonçait qu'une tempête de neige nous avait coincés sur place: De quoi bien paniquer, mais mon premier réflexe fut de filer à la garderie, ou j'avais déposé Aylin plus tôt dans la soirée pour la laisser dormir en compagnie d'autres enfants d'étudiants. Sauf qu'arrivée sur place, mon adorable bouille blonde n'était plus là, partie avec "le papa" selon le staff d'Harvard. Vent de panique, je tournais en rond dans la foule à la recherche de Jude, le père de la petite, mais c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, impossible. Tournant en rond, je sortais mon téléphone que je portais à mon oreille, les larmes aux yeux : « Décroches, décroches et dis moi que t'es pas sorti avec la petite... » Qu'il soit avec elle, ça m'allait, c'était son père, mais s'ils étaient dehors avec ce temps, s'ils étaient partis avant que les choses ne se gâtent ? J'étais morte de peur et je frôlais la syncope, si bien que je ne faisais plus attention à personne autour de moi.

2014. J’étais plein de bonnes résolutions, prêt à faire un pas en avant pour cette nouvelle année. Jusque-là, la soirée s’était plutôt bien déroulé, j’avais dansé avec ma demi-sœur ainsi que la femme que j’aime, tout en buvant un peu avec quelques amis ; de quoi bien entrer dans la nouvelle année. Légèrement fatigué depuis mon retour d’Irlande et par la soirée, j’étais bien décidé à rentrer quand l’annonce du Doyen s’est fait entendre de tous : tempête de neige. Tout le monde s’est alors activé pour pousser les tables et les chaises, les plus organisés s’occupant de disposer matelas au sol, comme lors d’un tétris géant. Dans la précipitation, j’ai immédiatement cherché du regard Lavender et Emma, qui devaient avoir déjà quitté la soirée depuis quelques temps. C’est alors que mes yeux se sont arrêtés sur Roxanna, Le téléphone à l’oreille et un air paniqué sur le visage. Doucement, je me suis approché d’elle, posant une main rassurante sur son bras alors qu’elle raccrochait, la sortant de sa bulle dans un sursaut. L’expression dans ses yeux m’a alors inquiété. « Hé, Roxy… ça va pas ? Tu te sens pas bien ?»

Pas de réponse de Jude, j'allais faire une syncope. Je raccrochais, morte de trouille, et manquais de hurler, sursautant quand quelqu'un posa sa main sur mon bras. Je pivotais alors, faisant face à mon ami Casey. « Hé, Roxy… ça va pas ? Tu te sens pas bien ?» Je ne l'écoutais qu'à moitié, balayant encore la salle du regard dans l'espoir de croiser mon ex et notre fille. Je balbutiais alors, passant une main dans mes cheveux, nerveuse : « Aylin.. Elle est pas à la garderie.. Ils m'ont dit que Jude l'a prise.. Mais j'sais pas ou ils sont ... » Je m'arrêtais de tourner en rond, arrêtant mon regard sur Casey, posant ma main libre sur la sienne toujours posée sur mon bras. J'étais tétanisée, paranoiaque, en train de me faire tous les pires scénarios en tête. « Et s'ils sont sortis? Et s'ils étaient sous la tempête ? Il répond pas au téléphone.. » J'inspirais profondément, proche de l'arrêt cardiaque, baissant les yeux sur mon téléphone en priant pour qu'il sonne.

« Aylin... Elle n'est pas à la garderie... Ils m'ont dit que Jude l'a prise... Mais j'osais pas où ils sont ... » Son regard toujours aussi paniqué s’arrête alors pour moi. Entendant ses mots, je comprends maintenant mieux son inquiétude. « Et s'ils sont sortis? Et s'ils étaient sous la tempête ? Il ne répond pas au téléphone... » La voyant s’affoler à nouveau, je tente de prendre un ton calme et neutre : « hé, Roxy ! La tempête vient tout juste de devenir violente, d’après moi, ils ont largement eu le temps de rentrer à l’abri si c’est le cas. Je ne connais pas personnellement juge, mais de ce que j’ai cru comprendre, c’est un bon père et il sait gérer Aylin. S’il ne répond pas c’est qu’il n’a surement plus de batterie après tous ses messages de bonne année ou qu’il est en train de coucher la petite! » En vain, j’essaye de la calmer, sachant que l’instinct maternel est plus fort que tout.

Mon côté optimiste s'était évaporé pour laisser place à un vent de panique : Cette tempête avait balayé mes idées positives pour 2014, et je ne pensais plus qu'à ma fille, si bien que j'avais l'impression que j'allais devenir folle si je n'avais pas vite un message ou un appel de la part de mon ex. Casey, de son côté, tentait de me calmer tant bien que mal. « hé, Roxy ! La tempête vient tout juste de devenir violente, d’après moi, ils ont largement eu le temps de rentrer à l’abri si c’est le cas. Je ne connais pas personnellement jude, mais de ce que j’ai cru comprendre, c’est un bon père et il sait gérer Aylin. S’il ne répond pas c’est qu’il n’a surement plus de batterie après tous ses messages de bonne année ou qu’il est en train de coucher la petite! » Malgré toutes ses paroles rassurantes, je restais morte d'inquiétude, me créant toute sorte de scénarios morbides dans la tête. Je levais un regard paniqué vers mon ami, avant que mon téléphone ne vibre. Je me jetais presque dessus pour voir un message d'un numéro inconnu. C'était Jude qui squattait le téléphone d'un autre pour me dire qu'il allait bien, et qu'il n'avait juste plus de batterie, et qu'il était avec la petite en train d'aider à ranger la salle pour la nuit. « Ils sont là.. . » Dis-je à l'adresse de Casey en rangeant mon téléphone, avant d'aller dans ses bras automatiquement. J'ai bien cru que j'allais m'évanouir sur le coup. « Désolé .. » Soufflais-je, bien consciente de la crise de nerfs que je venais de lui taper.