Certains ont dû passer un bon week-end. Ils ont dû sortir, s'amuser, découvrir des nouvelles choses, en prendre plein les yeux.. être heureux, être avec la personne qu'ils aiment, passer du temps avec. Puis après t'as les autres. T'as ceux qui tentent de se racheter et de revenir vers les autres, comme Feldt. T'as ceux qui découvrent que les emmerdes ne sont jamais loin comme Alex et Milena qui viennent de découvrir qu'ils vont avoir un bébé ensemble dans une semaine. T'as ceux qui tentent de survivre comme Jude, Aaron et Avery. T'as ceux qui s'cassent comme des voleurs comme Abygaëlle. Puis en dernier, t'as ceux qui veulent crever pour arrêter de souffrir comme moi. D'puis qu'Andy m'avait quitté.. j'tais morte. De l'intérieur, de l'extérieur, de partout. J'avais mal rien qu'à respirer, j'tais dans un état lamentable que seul lui pouvait guérir présentement. J'arrêtais pas d'penser à lui, j'tais un zombie, j'pouvais pas dormir et j'me repetais 100000000x par jour ces derniers instants avec lui, ce dernier baiser, cet adieux ? Nan, j'pouvais pas laisser faire les choses de cette manière. Vraiment pas. J'en voulais pas de ce gosse. C'tait Andy que j'aimais, Andy que j'voulais avoir à mes côtés et pas un gosse.. mais est-ce que j'tais vraiment capable de tuer quelqu'un.. ? j'en savais rien. Pour moi, l'truc qui était dans mon ventre était déjà humain.. j'sais pas si j'y arriverais, même pour lui prouver mon amour. J'enfila rapidement des vêtements, cacha bien l'état de mes bras absolument catastrophiques et fila à la Eliot House, sans même forcément cacher mon visage. J'en avais absolument rien à foutre que les gens me voient dans les couloirs ou bien aller toquer à la porte du vice président. J'tais au dessus de ça, j'avais besoin de lui.

J'avais essayé de me changer les idées en Alaska, et ça avait plus ou moins fonctionné. Plus ou moins, parce que forcément quand j'avais été enroulé dans ma couette et ivre mort, j'avais pas eu d'autre choix que penser à autre chose, j'connaissais même plus mon prénom. Autant dire que les réveils étaient vraiment pas faciles et qu'avec la gueule de bois je pensais d'autant plus à tous mes malheurs, et Briony me revenait en tête illico presto. J'avais envie d'être bourré H24 pour ne plus avoir à penser ou réfléchir, et pourtant j'me l'autorisais pas, faire ça porte un nom : alcoolisme. Et je voulais pas tomber là-dedans, pas alors que j'avais déjà plus ou moins dérapé avec ça l'année passée. Je rangeais du coup mes affaires maintenant que j'étais de retour d'Alaska, tout le monde avait probablement déjà fini de se réinstaller correctement alors que de mon côté, j'avais trainé des pieds, comme tout le week-end. Ma valise était encore pas complètement défaite et j'avais trainé sur mon lit pendant des heures, à lire pour ne plus pouvoir réfléchir. Lire, lire lire, nettoyer mon immense chambre dans tous les recoins, réordonner totalement les meubles pour essayer de donner un nouveau souffle à cette chambre que je ne supportais juste plus. Toujours la même chambre, toujours la même vie de merde, je voulais du changement, c'était comme ça que je passais mes nerfs. Alors que je m'offrais une pause cigarette, j'entendis quelqu'un toquer à ma porte et écrasant ma clope dans son cendrier, manche remontées laissant voir les traces au marqueur qui n'étaient pas complètement partie, je m'approchai de la porte et l'ouvrit pour apercevoir... Briony. Mon cœur loupa un battement et par réflexe, je refermai un peu la porte, un peu plus et je lui aurais claqué la porte au nez, ça l'aurait foutu mal. Bri ? Qu'est-ce que tu fais là ? Genre à l'Eliot House en plus, elle craignait pas pour sa vie ? A la voir, elle avait l'air ravagée et je déglutis péniblement sans trop savoir quoi dire ou faire, elle voulait juste me dire un truc et partir ou j'la faisais rentrer ?

Les Eliots me regardaient bizarrement dans l'couloir et certains ricanaient même d'me voir attendre à la porte de leur vice-président. Comme quoi, tous les étudiants sont des gamins, même ceux qui sont censés être l'Elite de la société. Parce que bon.. au final, ils voulaient me mettre plus bas que terre parce que j'tais l'ancienne présidente. Manquerait plus qu'ils viennent me taper la causette pour m'humilier encore plus. Pas sûr que j'ai assez de répartie aujourd'hui, bien trop affaiblie aujourd'hui physiquement et émotionnellement parlant. Andy ouvrit la porte quelques secondes après et eut un mouvement de recul envers moi, en fermant la porte quasiment, ce qui me blessa encore plus. Vraiment très fort. Mon ventre se tordit avec violence tandis que j'essayais de ne pas penser à mon coeur qui venait d'être meurtri un peu plus. Juste parce qu'il avait commencé à fermer la porte.. putain. Bri ? Qu'est-ce que tu fais là ? Devant toi ou à la Eliot House ? Parce qu'autant la première, j'pouvais sortir tout un argumentaire, que j'allais d'ailleurs faire, autant la deuxième.. par amour tout simplement ? J'avais baissé les yeux deux secondes sur son bras, non recouvert. C'que j'aurai pas forcément dû faire. Voir les marques qui commençaient un peu à s'effacer sur Andy m'fit mal aussi car j'y voyais une image de notre couple.. oui j'allais loin mais j'tais vraiment anéantie par cette histoire, j'arrivais vraiment pas à aller de l'avant, ce qui expliquait ma présence. J'savais déjà que tu comptais beaucoup pour moi. Mais maintenant que t'es parti, c'est encore pire. Pire que lors de nos précédentes ruptures.. J'pense qu'à toi, tout l'temps. J'veux pas de ce truc dans mon ventre, j'le veux pas Andy.. c'toi ma famille. terminais-je dans un souffle, me foutant que les gens m'entendent. J'pouvais continuer. D'ailleurs, j'ouvris la bouche pour poursuivre.

Je m'étais attendu à tout, sauf à Briony devant ma porte quand j'avais entendu toquer. Faut dire que j'avais rompu avec, et même quand on était ensemble elle n'était pas forcément opé pour venir dans ma chambre parce que ça signifiait traverser l'Eliot House. Elle me regardait, ses yeux s'étaient baissés sur les marques sur mes bras et je déglutis péniblement sans savoir où me mettre en repensant automatiquement à mon réveil avec Romy. Ark, ark, ark, j'aurais pas du boire, j'm'en voulais vraiment et je baissai les yeux à mon tour, le cœur serré. Puis les paroles de Briony me firent d'autant plus mal, ça ressemblait à des supplications pour lui donner une nouvelle chance, mais j'm'en savais pas capable, pas comme ça. Je relevai doucement la tête, pour une fois j'avais terriblement envie d'éviter le conflit autant que possible mais d'un autre côté... D'un autre côté, j'osais quand même espérer un peu. On n'avait pas vraiment pu s'expliquer, j'étais parti comme un voleur dès que j'avais compris qu'elle n'avorterait pas. Rentre, dis-je en me poussant doucement pour la laisser entrer dans ma chambre en voyant qu'elle était prête à continuer à s'exprimer peu importe si on avait des spectateurs. J'avais pas forcément envie que tout le couloir nous surveille, que des oreilles un peu trop curieuses trainent par là, ça les concernaient pas. Je refermai la porte derrière elle et m'y adossai, me mordant les lèvres en cherchant quoi dire, mal à l'aise et complètement paumé maintenant que je l'avais devant moi à nouveau. J'vois pas quoi te dire Bri, t'agis pas comme si j'l'étais vraiment...

Ouip, j'vais pas dire l'contraire, j'suis entourée. Par mes amis, par ma famille, par mes meilleurs amis, tout naturellement, car vivre une grossesse non-désirée.. c'pas facile. Mais croyez moi, ce soutien, il ne me servait à rien. Ou alors à n'pas faire trop d'conneries vu qu'il y avait toujours quelqu'un pour m'guetter. Ou pour m'apporter du bacon comme Alexander la dernière fois. L'jour où il avait appris sa future paternité.. Ouai, en fait, on va bannir le bacon de notre nourriture, c'mieux pour tout l'monde j'pense, ça va porter malheur. Dans tous les cas, c'est d'Andy dont j'avais besoin. C'était lui mon oxygène. J'tais devenue vraiment dépendante de lui et y a des choses que j'avais pu faire dans l'passé que j'tais certaine que je ne recommencerai pas. Comme coucher avec un autre. Ca j'pourrais vraiment vraiment pu, quitte à arrêter totalement de boire et c'genre de choses. Alors que j'tais prête à continuer mon discours, Andy me coupa directement. Rentre, J'obéis au vice-président Eliot et ne jeta aucun coup d'oeil aux étudiants qui nous observaient. La suite, dans l'prochain épisode guys. Là, ça va s'jouer en privé. Andy resta près d'la porte tandis que j'm'avançais dans la pièce, me retournant ensuite pour lui faire face. J'vois pas quoi te dire Bri, t'agis pas comme si j'l'étais vraiment... J'fixa Andy quelques secondes, le coeur au bord des lèvres. J'avais tellement envie d'me réfugier dans ses bras, faire comme si tout n'avait été qu'un mauvais rêve. Pourtant, tu sais tout d'moi, j't'ai présenté à mes parents, tu as passé thanksgiving avec ma famille, tu les as tous rencontré, j'veux m'projeter dans l'avenir avec toi et même si j'suis sûre que tu penses le contraire.. j'ai pu d'sentiments pour Hendrix. Absolument aucun. Un attachement ouip, j'vais pas le contredire, mais j'l'aime pu comme avant. Si c'bébé est de lui, c'pas parce que j'veux construire avec lui une famille que j'le garde.. c'parce que j'me sens incapable de tuer ce bébé dans mon ventre. Pareil si il est de toi.. Andy, j'ai été élevé dans une famille contre l'avortement, comment est-ce que tu veux que j'puisse être capable de faire ça.. ? C'est qu'un embryon.. mais pour moi c'est déjà un bébé. Pourtant, j'voudrais l'faire. Vraiment. J'voudrais en être capable parce que ça fout en l'air notre couple, notre bulle d'bonheur. C'est avec toi que j'me sens le mieux comprise, protégée, aimée, c'toi qui représentes ma famille. Bancale comme fin ça mes camarades.

J'préférais qu'elle rentre, j'aimais pas l'idée qu'on puisse se donner en public, que les gens écoutent ce qu'on avait à s'dire, donc certainement beaucoup de choses et tout était du domaine du privé. Je m'étais appuyé à la porte, prévenant. J'me doutais bien qu'avoir un appui pour me tenir serait pas de refus, et je n'arriverais probablement pas à rester assis, trop stressé par cette confrontation. C'était un peu maintenant que tout se jouait n'est-ce pas ? Ça passe ou ça casse. Soit l'un arrivait à faire changer l'autre d'avis, soit c'était définitivement fini... Je relevai les yeux vers Briony pour affronter son regard, alors qu'elle recommençait à parler pour me dire ce qu'elle avait sur le cœur, m'dire qu'elle n'avait plus de sentiments pour Hendrix, me dire pourquoi elle pouvait pas avorter. Je fronçai les sourcils au fur et à mesure de ses paroles, croisant les bras sur mon torse. Paraît qu'en psychologie, ce geste signifie qu'on cherche à se protéger. C'est ptêtre vrai. M'dire que t'as plus de sentiments pour Hendrix pour essayer d'sauver la situation, c'vraiment... minable. Je déglutis péniblement et détournai les yeux un instant en prenant une grande inspiration. C't'un peu comme dire "je t'aime" à quelqu'un pour rattraper une connerie qu'on a faite. C'est pas un bébé que t'as dans le ventre, ce sont des cellules qui s'développent, c'est tout. Raisonnement on ne peut plus scientifique, je sais. Je baissai les yeux vers son ventre, mal à l'aise. On n'pourrait plus en dire de même encore longtemps si elle continuait d'attendre, cela dit. T'as pas l'air de t'rendre compte une seule seconde de comment j'me sens Bri. De comment tu m'as dit les choses. Je m'humidifiai les lèvres, cherchant mes mots avant de reprendre. Tu m'as balancé que c'bébé c'était ta chance de fonder une famille comme si j'en faisais pas partie. Même si c'est Hendrix le père, c'est ta famille tu vois. Et tu veux que j'accepte ça comment moi ? Que tu fasses potentiellement rentrer Hendrix dans ta famille, tu sais, le mec que t'as jamais su quitter pour moi et avec qui tu m'as trompé quand j'étais en train d'me faire droguer et qu'Anya m'a ramassé en plein bad trip à m'en faire saigner les mains ? Je sentis ma gorge se nouer. T'as pas été là parce que t'étais en train d't'envoyer en l'air avec lui je n'sais où. Et maintenant t'as potentiellement un bébé de lui dans l'ventre et tu m'sors que quoiqu'il arrive tu vas l'garder parce que t'es pas capable d'avorter. Tu peux m'répéter autant qu'tu veux que j'suis ta famille Bri, c'est pas avec moi que t'en fonderas une vu la situation actuelle. Et j'ai pas envie que tu me prennes pour un con.

J'me doutais bien que la conversation d'aujourd'hui aurait des conséquences importantes sur la suite des événements et que j'devais vraiment pas prendre à la légère le pouvoir des mots. Chaque phrase que j'allais dire allait être analysée comme toutes ses phrases à lui.. rien n'était laissé malheureusement au hasard et c'tait un quitte ou double. Soit, j'quittais la chambre en pleurs, soit j'passais avec lui le reste de l'après-midi.. Pour vous donner un ordre d'idée quoi. Et bon.. autant vous dire que mon but était la seconde hypothèse, qu'on soit clairs. J'voulais retrouver Andy, vraiment. L'Eliot, toujours contre sa porte, croisa ses bras devant son torse et c'tait limite si j'avais l'impression qu'il était fermé à la discussion. J'voyais bien qu'il était blessé dans l'histoire, j'l'aimais, je le connaissais, j'le laissais vraiment pas indifférent et j'me sentais mal de l'avoir heurté aussi fort. M'dire que t'as plus de sentiments pour Hendrix pour essayer d'sauver la situation, c'vraiment... minable. Il le prenait mal. Pourtant, j'tentais pas d'me rattraper, j'tentais pas de dire des mensonges. Vraiment pas.. sauf que j'savais vraiment pas comment prouver mes dires.. enfin, si j'savais mais bon. Est-ce qu'il allait m'croire ? Idk. Dans tous les cas, depuis Halloween, depuis que j'm'étais rendue compte que coucher avec Hendrix ne m'avait fait ressentir rien de spécial mis à part un attachement pour l'mather, j'avais fait enlever tous les tatouages qui l'évoquaient lui et notre histoire. Pour Andy. Juste pour lui.. mais encore une fois, était-ce suffisant ? Don't know. C'est pas un bébé que t'as dans le ventre, ce sont des cellules qui s'développent, c'est tout. J'fis une petite moue, mal à l'aise, vraiment. Ptete que oui.. mais je n'étais pas spécialement ouverte à cette discussion. Mes parents m'avaient inculpé cette valeur et je ne savais pas si j'tais prête à m'affranchir de cela, d'briser un peu leur éducation maintenant qu'ils étaient morts. T'as pas l'air de t'rendre compte une seule seconde de comment j'me sens Bri. De comment tu m'as dit les choses. Mon rythme cardiaque commença à s'affoler, c'est maintenant que tout se jouait putain et j'me sentais mal, comme si mes jambes allaient céder. Ca faisait combien de temps que j'avais pas mangé correctement.. ? Idk. En plus, j'avais bien bu hier.. héhé, cocktail merveilleux. Tu m'as balancé que c'bébé c'était ta chance de fonder une famille comme si j'en faisais pas partie. Même si c'est Hendrix le père, c'est ta famille tu vois. Et tu veux que j'accepte ça comment moi ? Que tu fasses potentiellement rentrer Hendrix dans ta famille, tu sais, le mec que t'as jamais su quitter pour moi et avec qui tu m'as trompé quand j'étais en train d'me faire droguer et qu'Anya m'a ramassé en plein bad trip à m'en faire saigner les mains ? Il avait pas l'droit d'évoquer le fait que j'tais pas présente pour Halloween, pour son trip, parce que dans tous les cas, j'aurai pas été présente à ses côtés, vu qu'on avait décidé de le passer chacun de son côté. On m'avait prévenu nulle part, comment est-ce que j'aurai pu savoir, sérieusement ? T'as pas été là parce que t'étais en train d't'envoyer en l'air avec lui je n'sais où. Et maintenant t'as potentiellement un bébé de lui dans l'ventre et tu m'sors que quoiqu'il arrive tu vas l'garder parce que t'es pas capable d'avorter. Tu peux m'répéter autant qu'tu veux que j'suis ta famille Bri, c'est pas avec moi que t'en fonderas une vu la situation actuelle. Et j'ai pas envie que tu me prennes pour un con. Ses derniers mots étaient durs, vraiment, j'vais pas dire le contraire et ils m'blessaient indirectement. Parce que garder le bébé ne remettait certainement pas en cause mes sentiments pour Andy dans l'histoire. Au contraire, ils ne faisaient que de se renforcer, c'tait ça le plus pitoyable. T'as pas l'droit de dire que j'pas été là à cause d'Hendrix. Parce que personne m'a prévenu, personne ne m'a cherché pour m'tenir au courant de ce qui s'passait et on était pas à la soirée ensemble. T'as pas l'droit de me reprocher ça car à la seconde où on m'l'aurait dit, j'serai venue. Tout d'suite. J'me rapprocha d'un meuble, pour pouvoir réussir à tenir debout et donc éviter d'me casser la gueule lamentablement. Si c'est lui le père, non, j'appellerai pas ça fonder une famille.. on fera ptete en sorte d'être là pour le bébé mais j'appelle pas ça une famille Andy. Parce qu'une famille, c'est un endroit où tu t'sens bien, avec des gens que tu aimes, que tu as choisis. C'toi que j'ai choisi pour faire parti d'mon équilibre, certainement pas Hendrix. J'souleva une manche où on ne voyait presque pu d'tatouages. j'fis en sorte de le tourner de façon à c'qu'on voit le moins possible les scarifications. Il fait pu parti d'mon coeur. Si c'est lui l'père, soit. On aura un bébé ensemble, on sera sa famille, mais il ne sera pas la mienne, elle est là la différence. J'avais la gorge nouée, j'savais pas c'que valait mes explications. Mon bras était bizarrement vide, mais ça m'faisait bien de le montrer au vice président Eliot. En étant avec lui lors de cette soirée, me suis rendue compte.. que c'tait pas comme avant, que j'l'aimais pu. Il sera toujours une personne qui aura beaucoup comptée, j'vais pas contredire ça.. mais non, je ne l'aime pu et ne pas le quitter en août était une erreur de ma part. J'me pinçais les lèvres, avant d'reprendre une dernière fois. J'te prends pas pour un con.

J'avais pas l'droit de lui parler d'Halloween comme ça ? Si... Si, parce que si elle avait pas été avec Hendrix, qui sait où elle aurait été ? Elle aurait peut-être été au People's Republik, elle nous aurait ptêtre vus, elle aurait ptêtre pu être là mais non... Toutes ces possibilités s'étaient envolées à la seconde où elle avait décidé de s'envoler dans sa bulle avec l'autre connard. Alors malgré tout, je n'étais pas convaincue par sa défense, et ça devait très certainement se lire sur mon visage impartial et dans mon regard qui ne cillait pas. Je me fichais de pouvoir la mettre mal à l'aise, je la fixais et observais la moindre de ses réactions, la moindre émotion qui passait sur son visage, essayant de pouvoir lire en elle pour savoir ce qu'elle ressentait vraiment, pour savoir ce qu'elle pensait véritablement. Et le moins qu'on puisse dire finalement, c'était qu'elle avait décidé d'être honnête jusqu'au bout à propos du bébé. Qu'elle n'était pas venue pour sauver notre couple en vérité, mais pour qu'on s'explique. Ou du moins je percevais les choses de cette manière-là, puisqu'une fois encore, elle me répétait qu'elle allait garder ce bébé, même s'il était d'Hendrix, tentant de justifier le fait qu'ils ne formeraient pas une famille. Alors j'suis l'beau-père, coool. Mon regard se baissa vers ses manches lorsqu'elle en souleva une pour me montrer son bras, qui me parut un peu plus vide que d'ordinaire, mais surtout, je vis les marques de scarification. Elle pouvait bien essayer de les cacher en tournant le bras, elle en avait fait suffisamment, et suffisamment longues pour que je puisse les voir quand même. Ses dernières paroles étaient faites pour m'achever ou quoi ? Je fronçai les sourcils, me redressant et prêt à lui ouvrir pour lui ordonner de mettre les voiles, mais je repensai un bref instant à ma discussion avec Olympe qui m'avait dit d'essayer de la raisonner vis-a-vis de sa grossesse. Une très grosse erreur oui. Je la regardai à nouveau dans les yeux, le cœur battant la chamade. Et si t'as réalisé ça à Halloween pour Hendrix, tu m'expliques pourquoi tu n'm'en parles qu'un mois et demi après ? Que pour toutes les fois où j'ai tiré la tronche quand tu parlais de lui, tu l'as jamais évoqué ? Puis franchement, je dis rien parce que j'sais que votre bande vous tient à cœur, mais tu crois que j'le vis comment de savoir que t'essaies de recoller les pots cassés avec lui, tu l'prendrais comment si j'devenais le meilleur ami d'Apple honnêtement ? T'aurais pas confiance et il me semble que c'est légitime. Puis tu fais bien d'me dire que la famille ce sont les gens avec qui on se sent bien, qu'on aime et qu'on a choisi. Parce qu'avec un bébé qu'j'ai pas choisi, qu'j'aimerai pas et avec qui j'me sentirai pas bien, on sera pas une famille Briony, tu peux pas m'imposer d'être son père ou son beau-père. J'te filerai ce que tu veux, mais tant qu'tu l'auras c'bébé, tu entendras pas parler de moi autrement que par un virement bancaire. Voilà c'était dit, j'pouvais pas être plus clair que ça en fin de compte. J'osais lui poser l'ultimatum, j'osais lui dire que c'était le bébé ou moi. Je me redressai pour m'éloigner de la porte et m'approcher de Briony, lui attrapant les poignets pour les tourner, paume de la main face au plafond pour dévoiler ses avant-bras lacérés. T'as été élevée dans une famille qui prône la scarification ? Je pense pas. Tu crois qu'tes parents penseraient quoi de voir tout ça ? Qu'ils seraient heureux de ta décision ? De voir que t'es malheureuse au possible et que tu t'fais du mal parce que ce bébé t'en veux pas ? Quittant du regard les marques sur ses avant-bras, je relevai la tête pour la regarder à nouveau dans les yeux. Tu sais c'que c'est d'être parent Briony ? Non. Moi j'le sais. Et c'bébé, tu veux franchement l'faire naître alors qu'il est pas voulu, qu'il n'aura potentiellement pas de père s'il est de moi, que sa propre mère le tiendra peut-être même responsable de tout ça ? Tu crois qu'il sentira pas que sa mère ne l'aime pas ? Faire naître un gosse c'est une bonne chose quand t'es capable de t'en occuper comme il le faut derrière, mais un gosse qui n'est pas voulu et transformer sa vie en enfer parce que tu n'as pas voulu avorter, c'est loin de lui faire un cadeau. Ce gosse-là pourra pas choisir sa famille. Il aura soit une mère dépressive et un père qui se compte en dollars, soit... une mère dépressive et un père junkie. Les deux familles de rêve, parfaite pour qu'un enfant grandisse dans le bonheur et la magie de Noël au 25 décembre, toi qui y tient tant. Je me mordis les lèvres après ces quelques paroles, nourrissant malgré moi l'espoir que ça la ferait changer d'avis, qu'elle allait prendre ce qui me semblait être la bonne décision. Je peux être là pour toi Bri, pour surmonter l'avortement.

Andy était en train de m'atomiser. Sur différents plans, mais à chaque fois il le faisait bien et m'enfonçait bien pour pas que j'puisse répliquer quelque chose. J'avais l'souffle coupé et j'me sentais comme un gamine face à une personne d'autorité en train de la réprimander. Impuissante, prise en faute, inconsciente surtout. L'Eliot avait évoqué tout d'abord d'Hendrix, de comment j'me sentirai si lui se rapprochait de nouveau d'Apple, ce dont je n'voulais absolument pas pour être honnête. Pourquoi est-ce que je ne lui avais rien pour Hendrix ? C'bien simple.. j'voulais pas m'l'avouer. Nan, c'bancal ? Ptete. M'enfin, ça voulait ptete dire que je n'étais pas sûre de moi.. nan. Pas possible. Ca voulait juste dire que ma prise de conscience s'était faite plus tard.. quand Andy m'avait quitté sûrement. J'sais pas. Mon cerveau était en train de griller dans ma boîte crânienne et c'tait tout simplement insupportable de ne pas savoir quoi dire, d'avoir la sensation qu'aucun mot ne pourrait sortir de sa bouche. Pour finir, Andy évoqua le fait d'être mère. D'être parent. Condition que lui connaissait avec Coraleen. Il m'avait retourné les bras pour que mes blessures soient plus qu'apparentes et j'm'en sentais que mal. Non, j'le voulais pas cet enfant mais est-ce que ça ferait de moi une mauvaise mère.. ? Sûrement d'après lui. J'déglutis avec difficulté quand enfin Andy baissa le ton pour terminer son laïus. Je peux être là pour toi Bri, pour surmonter l'avortement. Il m'avait tout simplement achevée. Véritablement. Et j'savais pu quoi penser.. J'voulais avorter mais est-ce que la présence d'Andy suffirait à m'rassurer, à passer outre les recommandations de ma famille ? Est-ce que j'me sentirais coupable à vie après ? Est-ce que le bébé était d'Hendrix et lui avait un droit de veto ? Est-ce que j'ne trahirais pas plein d'personnes en avortant ? Ou en n'avortant pas ? Putain, j'ai que 22 ans et vous me foutez de telles questions en tête quoi. J'ferma les yeux, le visage baissé vers me bras, encore tenus par Andy. J'tais dévastée par la décision que j'devais prendre là maintenant. Mon bébé.. il aurait pu être le meilleur ami des enfants d'Feldt, du bébé d'Alex.. Est-ce que j'vais l'regretter ? J'en sais rien, j'peux pas dire et je sais que j'arrive à terme du délai légal pour avorter bientôt.. J'suis perdue là, tu sais ? J'suis perdue et je ne sais vraiment pas quoi faire. J'avais l'coeur au bord des lèvres. Véritablement. J'm'en rendais malade. J'releva le regard vers l'Eliot. Je sais que tu serais là Andy. J'sais que c'est vraiment la meilleure chose à faire, que j'suis pas capable d'être une bonne mère, que j'peux pas élèver un enfant que je ne veux pas et que je ne désire pas. Mais j'suis incapable d'être égoïste, incapable de tuer cet amas de cellule comme tu l'dis, parce qu'on m'a toujours dit qu'un embryon était vivant dès le début. J'ai la chance d'être enceinte alors qu'il y en a qui se battent toute leur vie pour en avoir un.. j'dois assumer mes conneries car ouai.. j'crois que c't truc c'est la pire chose que j'ai pu faire dans ma vie. Mon coeur battait à cent à l'heure, j'avais besoin d'air, help. J'me dégagea de son contact sur mes poignets avant d'me diriger vers son bureau pour prendre un bout d'papier, une paire de ciseaux et du papier. La marque que tu as sur ton avant bras, celle que j't'ai fait y a quelques jours.. elle sera toujours vraie. Tu seras toujours à moi. C'pas parce que j'suis enceinte, c'pas parce que tu as décidé qu'on allait rompre, que tu pouvais pu avancer avec moi que tout est fini. Certainement pas Andy. Et me dis pas que j'refuse de me battre pour nous.. parce que si j'le pouvais, j'avorterai. Un millier de fois. Depuis là où j'tais, je le regardais dans les yeux, déchirée. On a toujours fait dans l'officieux tous les deux.. c'pas parce qu'officiellement on a rompu que j'vais cesser de t'aimer. C'pas pour ça que j't'offrirai pas ton cadeau de Noël, que j'te ferai rien à la St Valentin, que j'te sourirai pas dans les couloirs, que j'vais te renier, que j'vais t'rendre la vie dure. Oui.. ça m'fait mal de savoir que tu veux pu d'moi à tes côtés à cause de cette erreur super importante.. mais j'veux encore y croire. Ne dis rien s'il te plaît, ne me dis pas que j'dois pas avoir d'espoir.. car nous deux.. on vit quelque chose de trop fort pour que tout s'arrête d'un coup, après tant d'épreuves, pour un putain de bébé. Bébé qui pouvait crever dans mon ventre. Ptete que si j'le souhaite suffisamment fort, j'pouvais faire une fausse coucher ? J'attendais sans te prévoir et t'es venu Andy. C'est avec toi que j'ai découvert ce que c'tait qu'aimer et il est hors de question que j'aille voir ailleurs. J'serai toujours à toi.. J'me rapprocha de lui pour enfin lui donner ce que j'fabriquais. Un coeur que j'avais découpé avec qui dedans "Briony's heart". Ca faisait carrément pirates des caraibes mais tant pis. Ce coeur.. il t'appartient. Toujours. Même si on est jeunes, même si ca fait que six mois qu'on est ensemble.. c'est avec toi que j'veux faire ma vie. Tu es mon équilibre et sans toi.. J'me léchais les lèvres, regardant ailleurs un instant. Dans un couple, quand y a rupture.. on dit souvent que si on souffre qu'une soirée.. c'tait pas le vrai amour. Mais si on souffre plus que ça, que si on a vraiment mal.. alors c'tait un vrai amour pur. Trois jours qu'on est pu ensemble. Trois jours que j'suis en train d'crever de l'intérieur. Si ça s'trouve tu m'as oublié avec une fille. Qui prendra ma place.. le shéma Briandy. Chuis désolée d'te faire du mal à c'point. Chuis désolée de tout gâcher.. mais ça ne vaut sûrement rien tout ça. Pourtant c'est sincère. J'suis dégoutée qu'on s'acharne à c'point sur nous et j'sais que j'ai une très grosse part de responsabilité dans notre situation actuelle, j'en suis consciente. Et au nom de nous, de notre amour, de notre couple, j'm'excuse. J'voulais pas tout ça.. J'suffocais, j'allais m'écrouler, c'est ça que ressemble l'amour.. ? Je t'aime. De tout mon être. Et j'espère qu'un jour tu sauras m'pardonner de tout ça.. J'posa le coeur sur sa main et referma sa main autour de ce bout d'papier qui représentait beaucoup.

J'avais été prêt à l'envoyer bouler mais finalement, j'm'étais souvenu des paroles d'Olympe, qui m'avait dit que j'devais pas laisser tomber, j'devais réessayer au moins une dernière fois de l'empêcher de garder ce bébé qui nous détruisait, alors j'avais tenté. Je voyais bien dans ses yeux qu'elle était déboussolée, j'espérais avoir réussi à la convaincre. Un espoir qui fut littéralement piétiné dès qu'elle eut ouvert la bouche. Rien que sa première phrase, le ton, le temps employé, tout me disait qu'elle ne s'était pas laissée convaincre et que même si elle voulait avorter, elle ne le ferait pas. Je déglutis péniblement à la suite de ses paroles. Je rêvais, un mauvais rêve, elle me disait être incapable d'être égoïste alors que finalement, on n'avait pas cessé de l'être pour s'accrocher l'un à l'autre, on avait pensé à nous pendant tous ces mois et aujourd'hui elle laissait simplement tomber. Elle s'approcha de mon bureau pour attraper un papier et une paire de ciseaux, commençant à le découper pour former un cœur et gribouiller quelque chose dessus. Je l'écoutais me parler, blessé un peu plus à chacune de ses paroles jusqu'à ce qu'elle se rapproche de moi pour venir déposer le cœur dans ma main et refermer mes doigts dessus. Je baissai les yeux vers ma main un instant en la rouvrant, j'avais envie de vomir tellement j'étais mal. Je le fixai un moment, puis relevant la tête vers Briony pour la regarder dans les yeux, je déchirai le cœur sous son nez. Je n'suis plus à toi. C'est moi qui rompt mais c'est toi qui a arrêté d'te battre Briony. On avait tout mis en jeu, et c'est toi qui rebrousse chemin pour des pseudo-valeurs en lesquelles tu crois même pas toi-même sinon t'aurais pas envie d'avorter. T'as arrêté de t'battre pour nous à la seconde où t'as appris que t'étais enceinte, alors arrête de jurer au nom de ce qu'on a traversé. Relâchant les morceaux de papier, je les laissai retomber par terre. Bientôt j'te promets que tu vas regretter de m'avoir laissé me battre autant pour toi, pour rien. Parce que, les gens qui m'font souffrir Briony, moi je ne leur sers pas des sourires dans les couloirs. Et si t'as pas l'intention de me mener la vie dure, sache que mes résolutions sont quelque peu différentes à partir de maintenant. Tu n'auras pas envie de me sourire quand on se croisera. Du tout. Les marques que j'ai sur mes avants-bras, elles seront bientôt parties et y aura plus rien qui me rattachera à toi. Plus rien, tu m'entends ? Même pas c'bébé auquel tu tiens tellement. Si j'suis l'père j'te file la pension et basta. N'essaie même pas de me le montrer ou me parler du prénom, je m'en fous. J'lui déclarais littéralement la guerre. On remontait un peu plus d'un an en arrière, c'était elle la mather, moi l'eliot, deux personnes qui n'ont strictement rien à voir et toutes les raisons de se détester. Je te le pardonnerai pas. Garde tes cadeaux de Noël ou de St-Valentin, de toute manière, ils finiront hum... Dans une poubelle ? Peut-être explosés par terre en bas de l'Eliot House, si l'envie de les jeter par la fenêtre me prend. Moi j'vais tout faire pour t'oublier Briony, j'ai commencé ce week-end d'ailleurs. C'était quoi son nom déjà... ? Je fis mine de réfléchir une fraction de seconde, avant de sourire. Ah oui, Miatlev. Romy, une très jolie cabot, j'me suis pas ennuyé elle a beaucoup d'imagination, ptêtre bien que j'vais retourner la voir du coup. Mouais, la vérité c'était que je m'en rappelais quasiment pas parce que j'm'étais saoulé à la vodka juste avant pour oublier à quel point j'me sentais mal, mais ce détail-là, Briony n'était pas obligée de le connaître. Je sortis mon paquet de cigarettes et m'écartai d'elle pour aller m'asseoir sur le canapé en prenant bien le soin de piétiner une partie du cœur en papier au passage. Tu ferais mieux de mettre les voiles, on n'a plus rien à se dire et t'es plus la bienvenue ici. Mather, Matherus, Matheras pas vrai ? Tu les représentes si bien. Va-t-en. Je relevai les yeux vers elle, attendant qu'elle s'en aille, me refermant sur moi-même et ripostant à son rejet comme je le pouvais, en cherchant à la blesser moi aussi pour venger mon cœur en mille morceaux.