La soirée s’était plutôt bien passée, j’avais su donner le change, me présenter sous mon meilleur jour. J’avais essayé de faire honneur à mon art, quand j’avais reçu une tornade de question sur ma vision de ton œuvre. Je tenais fermement une énième coupe de champagne, jusqu’à blanchir mes phalanges, quand les invités commençaient peu à peu à partir. J’aurais dû me sentir soulagé, de ne plus avoir à affronter ce monde, pourtant, je ressentais encore cette boule au creux de mon ventre. On aurait dû profiter de cette soirée tant attendue, au lieu de ça, nous portions tous les deux un masque, usant des faux-semblants. Je le savais. Tu le savais. Je m’approchais de toi, quand la personne avec qui tu parlais s’éloignait vers l’entrée pour récupérer ses affaires en consigne. — Tu es satisfait de ta soirée ? Que je demandais doucement. Je faisais un petit pas, pour tenter de renouer le dialogue qui était plus que compliqué entre nous ces derniers temps. Je me contentais de fixer mon verre, sans vouloir croiser ton regard. Je ne voulais pas lire la déception dans tes pupilles et encore moins la colère. J’avais fait un choix égoïste, alors même que d’une certaine manière tes messages étaient un appel à l’aide. Je ne pouvais pas faire face à tes démons, pas ceux-là en tout cas. Instinct de protection qui prenait le dessus, j’avalais difficilement ma salive, relevant la tête pour fixer un point derrière toi.

Dans l'effervescence de cette soirée, tout était passé à la fois très vite et trop lentement. Je m'étais laissé porter par les évènements, trimballé par mon manager pour m'habiller, me coiffer, faire des photos pour les réseaux sociaux, saluer les invités de marque et mes amis... Et sourire, encore, toujours. Rire aux plaisanteries des autres et remercier tout ce gratin présent autour de moi. L'esprit ailleurs et à la fois déterminé à être présent. Allant chercher toutes les ressources nécessaires pour donner le change, alors qu'au fond de moi j'étais au bord du pétage de plomb. Sonné par la tournure qu'avait pris ma relation avec Maze, par cet échec cuisant et ce constat qui me bouffait de l'intérieur: c'était de ma faute. J'avais merveilleusement tout gâché, juste à cause de ma propre personne. A cause de ce déchet que j'étais devenu et que je haïssais en ce moment. Je ne lui en voulais même pas d'avoir mis fin à... ce truc inqualifiable qu'il y avait entre nous. Comment est-ce que je pourrais le lui reprocher ? Alors j'avais souri. Souri encore en la découvrant, somptueuse, dans sa robe noire qui épousait ses formes et faisait d'elle une diva. Failli craquer en entendant les mots de Frank: « Putain, tu te l'ai faite ? Si c'était à moi qu'elle avait fait la couv' de mon livre, je peux te dire que je lui serai déjà passé dessus ». Regard furibond, à deux doigts de lui sauter à la gorge, je m'étais contenté d'un « Ta gueule pauvre con » qui lui avait pimenté sa soirée. Imbécile. C'est avec une pensée pour cet instant que je la voyais s'approcher de moi pour la première fois de la soirée. Réellement, du moins. Je faisais un dernier signe à celui qui s'éloignait, flute de champagne à la main, relevant mon regard vers elle, quand le sien était fuyant. — Oui, c'était une bonne soirée répondis-je presque avec automatisme avant de prendre une nouvelle gorgée de champagne.— J'ai entendu beaucoup de compliment sur ton travail ajoutai-je, cherchant son regard... sans le trouver. — Je ne vais pas te manger tu sais.. lâchai-je malgré moi d'une voix nouée, plaie béante qui semblait vouloir à nouveau se manifester.

J’avais longuement appuyé mon regard sur Quincy ou Rhys, présents ce soir. Je m’attachais à leurs regards pour ne pas défaillir de stresse ou de déception. J’avais rigolé trop fort, parlé trop doucement, laissant certainement derrière mon passage une mauvaise impression. Mon esprit vagabondait trop souvent, ayant perdu le fil de certaines conversations que j’avais rattrapé comme je le pouvais. Définitivement, je n’étais pas faite pour être sous le feu des projecteurs, pourtant, je restais relativement satisfaite de mes échanges. Sauf avec toi. Nous avions su donner le change, agir parfaitement dès lors que notre duo était sollicité. Les obstacles sur notre route pouvaient être nombreux, notre complicité nous avait sauvées ce soir. Alors j’osais, même hésitante à prendre ta première impression. — J’espère surtout ne pas m’être ridiculisée, mais merci de me le dire. Flûte à deux doigts de se briser sous ma prise, j’pourrais tomber sous ma propre bassesse d’esprit en entendant les tremolos dans ta voix. Je relevais enfin le regard vers toi, pour toi, les billes azurées trouvant refuge dans ton reflet. — Je sais. Je fermais les yeux un instant, camouflant la déferlante d’émotions qui ravageait mes pensées. — Je suis fière de toi et c’était plaisant de pouvoir assister à cette grosse partie de ta vie d’écrivain. Je tirais doucement sur le bas de ma robe pour faire un pas, ajoutant : — Je ne sais pas ce que tu crois avoir compris de mes messages hier, mais j'ai cru comprendre de ton amie, qu'apparemment, je jouais avec toi, si c'est que tu penses, j'en suis désolée. Si son intention était bonne, son action, en ce jour, était mauvaise en vue de cette soirée.

Je savais qu'elle était stressée à l'idée de cette soirée, boule de nerf qu'elle avait sans doute dû contenir avec effort face à la foule et toutes ces sollicitations dont elle n'avait pas l'habitude. Moi non plus, d'ailleurs, car même si ce monde faisait partie de mon travail, je n'avais l'impression de le découvrir qu'à cet instant. Bien trop sonné à l'époque pour vivre réellement ce qui m'arrivait. Je m'étais figuré de pouvoir la soutenir ce soir. De se soutenir l'un l'autre. De pouvoir rire de tout ça, avec cette complicité qui ne s'expliquait pas. Mais en quelques heures à peine, tout avait changé. Ou bien étais-je si aveuglé au point de ne pas avoir vu ce qui se préparait ? — Tu es loin d'être ridicule. T'as parfaitement géré ça. Elle avait été parfaite et elle pouvait être fière de ce qu'elle avait accompli. Pourtant les mots ne sortaient pas, tant cette distance qu'elle avait générée me donnait le vertige. Alors je lâchai cette phrase, blessé au fond de constater qu'elle ne me regardait même pas dans les yeux. Dégoûté à l'idée que je puisse à ce point l'effrayer, moi, le mec qui boit et qui se drogue... Son regard finissait enfin par rencontrer le mien et je déchantais à nouveau en constatant tout ce que je pouvais y lire. Mon coeur ratait un battement à ses mots, comme pour se signaler. Piqûre de rappel amère de ce que Maze déclenchait chez moi. Ce fut à moi de détourner le regard cette fois, trop pris par les émotions pour pouvoir soutenir le sien sans perdre pied. — Tant mieux... répondis-je avec maladresse, finissant le fond de ma flute alors qu'elle se rapprochait un peu plus de moi. Regard au loin porté vers les quelques personnes encore présentes, je revenais rapidement vers elle sous l'incompréhension, sourcils froncés. Une amie ? — Quoi ? Puis rapidement, je faisais le lien. Il n'y avait qu'une amie à qui j'avais parlé de Maze, qu'une également pour monter sur ses grands chevaux et aller directement lui parler. — Brin concluai-je, tout seul. Un élan d'affection pour ma meilleure amie me saisi en même temps que l'appréhension, me doutant du ton qu'avait dû prendre cette conversation. — Je ne pense pas que tu joues avec moi Maze répondis-je, mes doigts jouant nerveusement avec ma flute. — Sois rassurée.

Mon défaut principal était certainement mon manque de confiance en moi. J’y travaillais pourtant, accordant plus de crédit à la femme que j’étais et aussi à ce que j’entreprenais. Mais le stress réduisait à néant tous les efforts du travail que j’avais fait sur moi-même. Je secouais légèrement la tête, reconnaissante que malgré tout, le soutien était présent de chaque côté. Pourtant, tu aurais des raisons de me détester. Je relevais le regard vers toi, à ta demande, mon cœur se compressant dans ma poitrine. Peut-être était une sorte de leçon que tu me faisais là, réclamant mon attention, pour qu’à ton tour, tu la portes ailleurs. J’espérais que tu ne verrais pas la honte qui se dégageait de mes pupilles. Je ne voulais pas que tu puisses reconnaître que derrière la femme forte qui avait surpassée toutes difficulté de son passé, il restait encore une part de cette adolescente traumatisée. Je m’approchais alors, essayant de comprendre ce que tu pensais réellement de ma décision, m’excusant au passage, des mots que la fameuse et envahissante Brinley te prêtait. — Non, je ne suis pas rassurée. Sifflant l’intégralité de ma coupe, je la posais vivement sur le comptoir non loin de nous. — Je pensais que tu comprenais, parce que justement, tu me connais. Je relevais doucement les yeux vers le ciel, pour tenter de limiter la casse en sentant ma gorge se nouer et mes yeux s’embuer. — Je n’ai jamais eu envie de m’éloigner de toi, mais c’est nécessaire Zayn. Essayant de ravaler la boule dans ma gorge, ma première larme coulait. — Je n’en ai réellement rien à foutre de passer pour une égoïste aux yeux des autres, elle peut me juger, croire que je t’abandonne, c’est plutôt tout l’inverse… Je passais le dos de ma main contre ma joue, ajoutant pour conclure ma tirade. — Si j’ai fait ce choix, ce n’est pas uniquement pour moi, t’as besoin de te reconstruire, de t’établir des fondations stables, en te focalisant uniquement sur toi, ton bien-être et ta santé et si on garde notre fonctionnement, tu te focaliseras trop sur nous, à ton détriment. Et pour appuyer mes propos, je posais doucement ma paume entre tes pecs. — Tu dois penser uniquement à toi.

J'ignorais ce que Brinley avait pu lui dire, mais je connaissais suffisamment ma meilleure amie pour me douter qu'elle n'avait pas dû y aller de main morte. Et Maze n'avait pas dû se laisser marcher sur les pieds non plus. En clair, j'imaginai parfaitement l'explosion générée par les deux femmes, ce qui n'était pas pour me mettre à l'aise. Non je ne pensais pas que Maze jouait avec moi, car avant tout le reste, elle était mon amie. Pourtant mes mots restaient distants, presque froids. Me concentrant pour ne pas perdre pied face à toute ces émotions que je n'avais cessé de refouler tout le long de la soirée. Mais en entendant sa réponse, j'avais toute les peines du monde à ne pas flancher. Je voyais bien qu'elle était à deux doigts de craquer, entre ses gestes saccadés et sa voix qui partait anormalement dans les aigus. J'avais l'impression que ma gorge était prise dans un étau, mon coeur mis en miette quand je la vis, cette larme, rouler sur sa joue rosie. Si j'ignorais ce qui avait été dit je comprenais qu'elle avait été réellement blessée. J'étais... bouleversé de la voir ainsi, n'y comprenant plus rien. Jamais je n'avais voulu la faire pleurer. Visage décomposé, j'en oubliais totalement le lieu où on se trouvait, les quelques personnes encore présentes qui nous entouraient. Je posais ma flute de champagne à mon tour, mes mains tremblant quand la sienne se posait sur moi. — Mais moi j'ai besoin de ce nous ! m'exclamai-je la voix rauque d'émotion, saisissant sa main dans la mienne, toujours sur ma poitrine. — C'est toi qui ne comprend pas.. Elle ne comprenait pas qu'à ses côtés, je me sentais plus vivant. Que quand elle était avec moi, elle arrivait à dégager tous les nuages qui me rodaient autour au quotidien, jusqu'à me les faire oublier. — Je ne t'en veux pas de me repousser. Je comprends. Jsuis.. complètement bancal, bourré de vices qui sont devenus mes béquilles et je sais que tu ne peux pas faire avec dis-je, plus doucement. — Je t'en veux pas Maze, je respecte tes choix et tes craintes... mais ne me dis pas que tu fais ça pour moi dis-je en laissant doucement nos bras retomber le long de nos corps, sans la lâcher. Le mal que je ressentais à cet instant, ne pouvait définitivement pas être « pour un bien ». — Même si ça me... terrorise commençai-je en baissant le regard, ... je vais faire des efforts pour aller mieux. Pour remonter dans ton estime.

J’en venais à oublier ou j’étais, ce que je faisais et comment j’en étais venue à croire que me livrer de la sorte pouvais avoir un quelconque impacte. Ce que j’avais bien retenu, c’était qu’en effet, je pourrais faire absolument tout le bien autour de moi, l’humain en règle générale, toi y compris, ne retenait que le mauvais. Et pour avoir lu noir sur blanc : « À partir du moment où il ne me dit que des mauvaises choses sur toi… » Mon cœur s’était rompu. On pouvait me prêter tout l’égoïsme du monde, me dire que je papillonnais, m’inventer une vie de décadence, mais aucune personne saine d’esprit ne pouvait me qualifier de mauvaise et méchante personne. Je déballais mon sac, en repensant à ces mots, exposant plus clairement les raisons de mon choix. L’émotion gagnait face au faux-semblant, ma voix trahissait ma peine dissimulée, mes expressions l’impact qu’avait pu avoir les mots de ton amie, la larme, le déchirement de mon cœur face à notre situation. — Mais je ne vais pas partir enfin… Je suis toujours là et je le resterais. Je n’ai jamais pensé que tu étais bancal, ou indigne de moi ou que sais-je, mais j’ai plus envie de recevoir des messages de toi complètement défoncé au milieu de la nuit. Qu’est-ce que toi, tu ne comprenais pas là-dedans ? Il n’avait jamais été question de rompre nos liens, notre amitié, mais de se laisser un peu de temps, sans mêler notre vie sexuelle, à nos états d’esprit chaotique. Je resserrais doucement ma main dans la tienne, en entendant tes mots, comprenant tes mots, mais dès lors que tu laissais tomber nos mains liées vers le bas, je l’extirpais en entendant la fin de ta phrase. C’était trop. Elle ne devait pas avoir tort ta Brinley finalement, quand tu étais capable de me dire ça. — Ok, j’suis l’égoïste de l’histoire, je fais ça que pour moi, ok. Il n’y aurait plus de larme, tu terminais juste d’achever le travail de ta pote. Vous faisiez un très bon putain de duo. — Tu n'étais pas descendu dans mon estime, jusqu’à c’que tu m’accuses d’être une putain de menteuse. Reculant d’un pas, tirant sur le bas de ma robe. — J’vais dehors, c'est irrespirable ici. À toi de savoir si tu voulais poursuivre cet échange ou non, mais moi, j’avais besoin d’air frais.

Je ne contrôlais plus rien, visage impassible envolé dès l'instant où j'avais vu cette peine dans ses yeux, et cette larme rouler sur sa joue. J'étais déjà naturellement un piètre acteur, mais il ne restait définitivement plus rien de l'homme décontracté et souriant que j'avais exposé tout au long de la soirée quand je me rendais compte que j'avais blessé Maze. Etait-il inévitable de blesser les autres quand on les aimait trop fort ? Une espèce de soulagement me gagnait en entendant ses mots, qui pourtant avaient du mal à se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau. Toujours marqué par cette impression de ne pas être à la hauteur, de l'avoir déçue au point d'être rejeté. En quelques secondes pourtant, cette connexion qui semblait nous lier s'évapora en même temps que Maze relâchait ma main. Masque à nouveau revêtit, pour passer celui de la colère cette fois. ― Quoi ? Mais pas du tout ! répondis-je, décontenancé. Ses mots acérés me faisaient l'effet d'une gifle et l'instant suivant, elle filait tel un courant d'air. ― Maze ! m'exclamai-je en la suivant, me foutant pas mal des regards curieux qui nous suivaient. Je la rejoignais sur la terrasse, l'air frais inondant immédiatement mon visage. ― Arrête de tout interpréter de travers ! lâchai-je en arrivant à ses côtés, me plaçant face à elle pour la forcer à ma regarder. ― J'ai jamais dit, ni pensé que tu étais égoïste, ou une menteuse. Je ne t'ai jamais dénigrée Maze ajoutai-je plus fermement. ― Je ne remets pas en doute tes intentions envers moi. Je... j'ai juste peur de tout ça... de ce que je ressens pour toi, du vide que va créer l'absence de tes bras... je ne voulais pas te faire du mal cafouillai-je, essayant cette fois de mieux me faire comprendre tout en étant intimidé de tant me dévoiler. ― Je ne sais pas ce qui a été dit avec Brin, mais je suis désolé que ça t'ai blessée.

Je n’avais pas cherché à faire semblant ce soir, me focalisant uniquement sur la raison de ma présence ici. Il était déjà compliqué pour moi de vendre mon travail et d’en faire sa publicité, mais ça l’était davantage avec cet état d’esprit. Rien n’allait et tout avait volé en éclats quelques jours plus tôt. Pour couronner le tout, j’avais dû rester impassible face à la brune volcanique, donneuse de leçon. C’était drôle venant de l’une des personnes la plus cité sur ce torchon de veritas, pour ses multiples frasques avec des hommes différents. — Bien sûr. Je levais les yeux au ciel, agacée, peinée et pire que tout incomprise. Ta voix me semblait être un murmure, quand je fuyais pour rejoindre la terrasse et gonfler mes poumons d’air. — Il parait pourtant que les seules choses que tu dis sur moi sont négatives, alors si c’est du dénigrement. Tu avais beau être face à moi, mon regard n’arrivait plus à s’ancrer dans le tien. Il glissait même vers le sol, quand toi, tu t’ouvrais à moi. Je reculais d’un pas, puis de deux, j’avais besoin de distance. Si proche de toi, je n’entendais plus que les battements affolés de mon cœur, qui résonnait dans mon esprit. — J’ai bien compris que c’était forcément à moi de faire un sacrifice, parce que ma peine à moi, elle ne compte jamais suffisamment pour être valable. Je reculais encore jusqu’à sentir la balustrade et me poser contre cette dernière. Je nichais mon visage entre mes mains, les remontant doucement dans mes cheveux. — Je veux plus entendre son prénom et t’as pas à t’excuser pour elle, je ne les accepterais pas, même si elles venaient d’elle.

Plus la discussion avançait, plus j'avais cette impression qu'un faussé se creusait entre nous, irrémédiablement. Alimenté par notre incompréhension mutuelle, et par l'intervention de Brin qui semblait avoir semé la zizanie plus qu'autre chose. Je ne comprenais pas d'où venait les paroles de Maze quand, soudain, elle me lâchait une part de leur conversation. Accablé, je me rappelais des mots de ce genre que Brinley m'avait elle même sorti. — C'est faux je... c'est mon amie, je me confie à elle et... je lui parle de ce qui me prend la tête, de ma jalousie... mais en aucun cas je te dénigre ou je ne parle de toi qu'en négatif répondis-je maladroitement, cherchant mes mots. Clairement à cet instant, je maudissais Brin d'avoir interprété nos propos pour les résumer de la sorte. — Et tu le crois vraiment ? demandai-je, de plus en plus perdu. Comment pouvait-elle croire que je crachais sur son dos, après tout ces moments si.. intenses qu'on avait partagé ? Après ces années d'amitié ? J'essayai de m'ouvrir à elle pour mieux me faire comprendre, faisait un pas vers elle... quand elle elle reculait, littéralement parlant. Instaurant cette limite physique qui me donnait encore plus cette impression d'être repoussé. Si elle ne le disait pas, son langage verbal lui me montrait qu'elle ne me voulait plus. Et ça faisait mal. Je fronçai les sourcils en l'entendant parler de sacrifice, de peine que je ne prenait pas en comte.., n'y comprenant rien. Pourtant c'est la colère cette fois qui prenait le dessus, alimenté par ce rejet qu'elle me manifestait. — Oui tu as raison c'est vrai, je suis un connard qui ne prend pas en compte ce que tu ressens lâchai-je, sarcastique. J'en avais assez. — Très bien soupirai-je, m'adossant au mur derrière moi en basculant ma tête en arrière.