C'était chouette de tous les voir courir - souffrir - et de me tenir là, juste derrière mon stand à leur balancer de l'eau autant que des sourires. J'ai préféré ma place plutôt que la leur, mais une chose est certaine c'est que tous à leur niveau, ils y ont mis du cœur. Alors en un soupir je range l'une des dernières bouteilles, d'un mouvement habile, dans un carton, elle rejoint ses sœurs. Et parce qu'on m'a bien élevée, avant de retirer mon badge "bénévole" de mon t-shirt, je me retourne vers celui qui a été, aujourd'hui, mon coéquipier. " C'était sympa. " que je prononce en lui tendant, un peu trop cordialement mes doigts, désireuse de lui serrer la main pour sceller cet adieu car je suis à peu près certaine qu'on ne se recroisera pas dans nos lendemains. Hochant le visage par la négative pour signer notre séparation, balance à la volée un, " Bonne continuation. " la bonne humeur ancré dans mon ton.

@Jared O'Connell

Bénévole d'un stand à 12km
Certains des coureurs ralentissent à leur niveau pour attraper à la volée une bouteille contre un sourire fatigué. D’autres prennent le temps de s’arrêter sans pourtant se soucier des deux qui sont là à les surveiller. " Ca se tient. Et pourquoi le bénévolat ? " Le mastodonte tique à la question qui le met dans une mauvaise position parce qu’il n’a pas l’intention de mentir sur ses intentions. Alors d’une main qui empêche un gamin de repartir avec une corbeille complète, il détourne son attention vers le moucheron en grommelant une réponse. « J’ai beaucoup à m’faire pardonner. »   Et ce n'est pas son geste à l'instant qui fera douter de ses dires à ce sujet.

Les minutes passent, tout comme les participants et le plus gros du peloton doit en avoir finit maintenant. Alors la rouquine commence à ranger de son coté les quelques bouteilles qui n'ont pas trouvé acquéreur et quant à lui, il observe avec envie ce que les coureurs ont boudé, les fruits secs qui ne seront tout compte fait pas gaspillés... " C'était sympa. " Symbole de son bénévolat ôté, elle lui tend une main qu'il appréhende, tout comme chaque contact avec un être humain. Mais puisqu'elle insiste et qu'elle lui a été sympathique sans trop poser de questions sur son passé, il accepte de la lui serrer, acquiesçant à son " Bonne continuation. " avant de la regarder s'éloigner pour prendre son temps, pas mécontent, en s’emparant discrètement de la corbeille qui l'intéressait.    

J'avoue qu'une fois les bouteilles récupérées - et avoir croisé mon binôme du comité au stand - puis glissé l'une d'elle à l'inconnu ( @Dan Hackman ) qui tout comme moi semblait en difficulté.... Je ne me concentre que sur le reste de la course, n'écoute plus vraiment ce qu'il se passe autour. Galvanisée par mon objectif, par l'envie de passer cette foutue ligne d'arrivée. Et oui, clairement, je me suis surestimée. A croire que quarante trois kilomètres ne représentaient pas grand chose. Bon sang, parfois, je peux vraiment être conne.
Alors les minutes se transforment en heures, les foulées deviennent presque des pas ... Mais après maintes effort, c'est au Boston Common que je déboule, le soleil ayant bien descendu dans le ciel. Je n'ai peut-être pas réussi un timing incroyable, mais je n'ai pas abandonné. C'est tout ce qui compte. Bien plus que le fait qu'une fois étalée à même l'herbe du parc, je n'ai aucune idée de comment je vais réussir à fournir l'effort nécessaire pour me relever et rentrer.