amitié née du chaos. se reflète encore quand tout devient vite électrique entre nous. et, pourtant, plus jamais une vie sans toi. sans nous. porte qui tremble quand tu cognes. arrache le sourire, déplisse la jupe. celle que t’as choisis. juste avant d’ouvrir, silhouette apparaît contre l’encadrement. - tu vois.. je t’ai écouté. tenue en évidence. capte pas de suite tes yeux sanglants. jusqu’à ce qu’ils se redressent vers les miens. efface le sourire pour venir attraper ton menton entre les doigts. - t’es vraiment venu défoncé, là ? pas besoin d’attendre la réponse. effluves d’alcool qui émanent de ton corps. relâche ton visage avec nonchalance. - même quand tu viens me voir, t’as besoin de ça ?  regard qui te toise avant de lâcher un soupire. les yeux qui roulent quand je fais demi tour. - je vais me changer. froid. déception referme les traits du visage. m’enfonce dans le couloir pour retrouver ma chambre.

toi aussi. tes nuits sont bruyantes. cauchemars reviennent en boucle, matraquent l’esprit encore trop réveillé. insomnies maladives. parce qu’on est lié des mêmes défaillances, les mêmes soirées interminables. les souvenirs qui se réveillent quand tous s’endorment. sauf nous. je le sais, à force d’avoir partagé les terreurs nocturnes. à force de t’avoir ramassé trop de fois dans ce même état là. les veines chargées d’alcool et le regard vitreux. que je déteste. quand je vois que les maux  reprennent le dessus sur tout. même sur moi. les mots brouillons que t’arrives à peine à prononcer. nerfs à vifs dans ce couloir où tu me retiens. face à face. - je l’attendais cette soirée avec toi.. être juste avec toi alors que t’es partout sauf ici en ce moment. détourne le regard. les yeux qui se lèvent pour délaisser un soupir. - t’abuses, sérieux.. les yeux qui se plantent dans les tiens. maintiennent le regard jusqu’à aspirer la douleur. celle qui transpire de tes rétines pourpres. mords l’intérieure de la lèvre. abdique. tire sur mon bras, t’entraîne jusqu’à ce que ton corps titube jusqu’au mien. - tu m’as manqué. agrippe ton pull. besoin similaire. l’un de l’autre, comme une bouffée d’oxygène. - tu t’es même pas coiffé ! passe les doigts dans tes ondulations, laisse glisser la main contre ta nuque.

vision douloureuse. miroir du deuil que t’as pas su faire. je la vois encore partout. elle. qui te tue à petit feu. me laisse impuissante, quand j’aimerais te soigner. réparer les entailles trop profondes d’un seul pansement. cicatrices qui se referment pas. encore vives, gravée dans l’esprit noyé d’ivresse. colère que t’apaise, efface la déception dans un pardon hypocrite. tu recommenceras demain et ceux d’après. je le sais. mais je me sens trop bien quand t’es là, contre moi, quand tu passes tes bras autour de ma taille. que tu chasses le vide pour me combler de ta présence. front contre front, l’arôme de ton souffle effleure le visage. main sur ta nuque, les doigts caressent la naissance de ta crinière. - et si j’ai pas envie de me taire ? arque le sourcil, malice dans un sourire en coin. ressens le poids de ton corps, celui que tu contrôles pour ne pas tomber. les paumes qui se posent sur tes poignets, te maintiennent quand je recule doucement. tangue parfois en même temps que toi, jusque devant la porte de ma chambre. colocataires qui dorment déjà sûrement. adossée contre le bois, quand ta tête est toujours posée contre la mienne. sourire s’étire un peu plus. - tu le dis parce que t’es bourré.. murmures dans le couloir. - tu te souviendras même plus demain. gamine, frotte légèrement mon front contre ton front avant de reculer. ouvre la porte derrière moi pour nous emmener à l’intérieur. - viens.. te casse pas la gueule, mes colocs dorment. me décolle à peine. te guide jusqu’au lit où je t’installe.