i can make your life a living hell

La nuit a été mouvementée, et Sienna n’a qu’une envie : rentrer chez elle et s’effondrer dans son lit. Certaines gardes de nuit sont plus compliquées que d’autres et celle-là est sans doute la pire qu’elle a eu depuis longtemps. Les emmerdes se sont multipliés et Logan et elle ont dû intervenir en renfort de plusieurs opérations plutôt que d’avancer leurs planques. Le danger immédiat de plusieurs personnes est évidemment toujours la priorité à gérer mais elle avait enfin l’impression d’avancer dans l’enquête en cours et ne peut s’empêcher d’être agacée d’avoir dû passer quelques heures à aider sur une enquête qui n’a rien à voir avec son département puis à monter la garde et demander aux automobilistes de ne pas prendre un chemin plutôt que l’autre. Elle est d’ailleurs en train de lever le barrage, aux alentours de huit heures trente du matin quand un visage familier se dessine derrière le pare-brise. Elle hésite une seconde mais les images de Brienna, blessée et trahie, sur son canapé lui reviennent et il n’en faut pas plus pour que le sang de Sienna ne fasse qu’un tour. “Je m’en occupe.” dit-elle à Logan avant de se diriger vers le véhicule sans attendre sa réponse. Elle lui fait signe de se garer sur le bas côté et ne sait pas très bien ce qu’elle va lui dire. La nuit a été longue et une part d’elle sait très bien que ce n’est pas en uniforme qu’elle devrait lui dire ses quatre vérités mais puisque l’occasion se présente… Une fois qu’il a baissé la vitre, elle lui ordonne :  “Tes papiers, s’il te plaît.” Ils se sont déjà croisés plusieurs fois et il ne fait aucun doute qu’il la reconnaît mais si elle veut pouvoir échanger avec lui, il faut au moins qu’elle donne le change pour son coéquipier.

Sienna ne s’attend pas à ce qu’il se démonte facilement. Elle n’a jamais particulièrement porté dans son cœur les gens trop aisés parce qu’ils avaient la fâcheuse manie de se croire tout permis et au-dessus des lois. Sienna se doutait bien, quand Bri lui avait parlé pour la première fois de Marcus, qu’il était légèrement des autres mais son expérience d’agent, encore plus dans le milieu des drogues, ne lui laissait pas trop de doute sur le côté "entitled" que Marcus aurait. Elle aurait été prête à passer outre et lui laisser une véritable chance si ce dernier se comportait convenablement avec sa cousine mais, sans surprise, pour Sienna tout du moins (qui avait peut être la fâcheuse tendance de tirer des conclusions hâtives) ce n’était pas le cas. Alors quand elle l’arrête, elle ne sait pas vraiment ce qu’elle va pouvoir faire mais lui faire perdre son temps paraît être une bonne option. N’est-ce pas au fond la chose la plus précieuse ? Un sourire narquois se dessine sur son visage quand il lui parle de sa "sale tête". Du tac au tac, car ce n’est jamais la répartie qui lui a manqué, Sienna répond : "pas du tout c’est naturel chez moi. Mais merci de t’en préoccuper. Ta générosité te perdra." Elle attrape ensuite ses papiers et les tends à son collègue lui disant discrètement de prendre tout son temps pour procéder à leur vérification. Ce dernier arque un sourcil mais Sienna fait mine de lui répondre, de manière sonore : "je sais que le système bugue depuis ce matin mais les règles sont les règles. On prendra le temps qu’il faut." Sachant pertinemment que son partenaire ne la dédira pas en public.