Tu es un fantôme, tes pas sont silencieux dans la nuit. Des mois de cambriolages dans des maisons de luxe ont fait de toi l'être que tu es aujourd'hui. Tu longes les murs du musée, tes doigts effleurent les vitrines des artéfacts que tu comptes glisser dans ton sac. Pas ce soir. Tu es simplement là pour faire du repérage jusqu'à connaître par coeur chaque couloir, chaque intersection, chaque piège. Mais tu commets une erreur, Vicente. Trop concentré sur tes propres pas, sur tes propres bruits, tu en oublies d'écouter les sons autour de toi. Tu ne remarques pas la silhouette qui se dessine dans le noir, pas avant d'entendre le frôlement caractéristique d'un interrupteur qu'on active. Tu pourrais fuir, mais tes yeux restent plongés dans ceux de la femme qui te fait face. ❝ Il faut croire que vos toilettes sont très mal indiquées. ❞ un mensonge le temps que tes méninges trouvent quelque chose de plus crédible. ❝ Un employé a fait un malaise, je suis ambulancier. ❞ semi-vérité qui effleure tes lèvres, c'est crédible, c'est vraiment ton métier. Mais tu plisses les yeux, un air de défi éclaircit les traits de ton visage. ❝ Et vous, que faites vous ici ? ❞  

Tu peux sentir la méfiance qu'elle éprouve à ton égard. Tu comptes sur ton charisme et ton assurance naturelle pour te sortir de ce pétrin, t'avais pas prévu qu'une personne du musée se balade dans les couloirs, plongés dans le noir, en même temps que toi. Ton mensonge glisse sur tes lèvres, instinctivement. Tu l'es vraiment, ambulancier. Mais personne n'a fait de malaise.  ❝ Dans la panique, vous savez, il est difficile de penser à tout. ❞ tu regrettes de ne pas avoir dit que le malaise concernait un visiteur mais tu te doutais pas que les autres employés devaient rendre des comptes à la jeune femme qui te fait face et qui se présente comme la conservatrice. Un léger rire s'échappe de ta gorge, pour détendre l'atmosphère pesante. ❝ Ne vous mettez pas en colère, simple vérification de ma part. Avec tout ce qui se passe dans le monde, on est jamais trop prudents, non ? ❞ alors que c'est toi qui n'a rien à faire là mais lui retourner la question te met dans une position plus confortable, tu passes pour le mec qui s'inquiète et plus pour le suspect. Tu glisses un regard dans le bureau de la jeune femme, par curiosité. Mais sans t'attarder, t'as pas envie que ton repérage soit grillé aussi bêtement. ❝ Rien de grave, ne vous inquiétez pas. Un simple malaise vagal, ça arrive. Et avec la foule ça n'a rien arrangé, forcément. ❞