Evidemment, je suis au courant des derniers évènements, la nouvelle - de l’attaque de deux maisons étudiantes sur quatre – elle s’est répandue comme une traînée de poudre, à vitesse grand V. Et même si la Pfo fait partie de celles qui ont été épargné, je ne rougirai pas d’avouer que pour les deux autres, ça me fait… Un tantinet chier. D’une part parce que des deux côtés se trouve une personne que je parviens à tolérer. La définition correcte serait probablement d’avouer qu’à ces deux individus, je suis potentiellement attachée. Cependant… Ca me rend malade d’y penser. Ca accentue les délires sinueux de mes pensées. Cela dit, c’est finalement jusqu’à la Adams que j’ai décidé de m’aventurer, en souvenir des mois que j’ai pu y passer, mais aussi guider par un ressentiment qui ne m’est pas coutumier. Qui me dégoute, à dire vrai. La culpabilité. Celle d’avoir foutu un brin de bordel entre lui et Haiwee. Puis peut-être, aussi, parce qu’entre le Kirk et moi, ça a changé depuis le SB. A ça, je n’ai pas envie de songer.

Alors après avoir traversé le campus, j’arrive naturellement à proximité de la Adams, le hasard faisant bien les choses, c’est sur Sheng que je tombe directement. « On vient se repaitre du spectacle. » L’étudiant a oublié ses bonnes manières apparemment. Il jette son sac dans le conteneur, continue d’agir, comme si je n’étais pas vraiment là. Un mirage venu se paumer au milieu de leur naufrage. « Je pensais que t’allais plutôt aller prendre des nouvelles de la kirk, » Mes mâchoires derechef serrées à l’entendre prononcer ça. Je crois que ce n’est pas utile de préciser que je ne souhaite pas aborder le sujet. Du coup, c’est au dérisoire que ses paroles, je préfère les tourner. « J’adore quand t’es jaloux. » Quand il marque son agacement contre Dan alors que ce n’est pas justifié. Et lui invente une jalousie qui n’a pas lieu d’exister. Si bien que je précise au moment où on passe de la maison étudiante, le pallier. « Tu sais bien que mon premier amour, c’est toi. » La parole accompagnée d’un petit sourire acidulé. Et constatant les vestiges et les dégâts du vandalisme, j’explique ma présence, bancale. « J’ai entendu dire que vous aviez besoin de mains supplémentaires, et ça fait longtemps que je n’ai pas fait de bonne action. » Il faut bien contrebalancer pour qu’une fois en enfer, je ne sois pas trop rapidement brûlée.

I am not a muse
I am the somebody
End of fucking story.

« Il y a de quoi. » Pourtant c’est toi, Sheng, qui perd ton temps à jouer les petits amis parfaits. Si t’avais accepté de jouer selon mes règles, moi, je ne t’aurais jamais demandé de changer. J’aurais accepté de te partager, avec toutes … celles que j’aurais pu sélectionner. Autrement dit, absolument pas avec Haiwee. Ouais, je t’aurais imposé de respecter un certain pédigrée. Puis en ce qui concerne Dan… C’est un sujet sur lequel je n’ai pas envie de me questionner. J’ai déjà assez de choses à gérer.

Alors sur le sujet du ménage de sa maison on se concentre et revient, « C’est un euphémisme, pour le besoin » et il suffit que je pose les yeux autour de nous pour le constater, comme si les heures de gloire de la Adams étaient terminées. J’accuse des grimaces de dégoût plus on avance dans la demeure, j’avoue que je ne pensais pas que c’était autant que ça. Même si les coupables ne sont pas identifiés, je suis plutôt curieuse de savoir ce qui a bien pu les motiver. « T’as entendu… » Oh tu sais comment ça se passe, une rumeur ou deux, des gens qui parlent trop, des langues qui se délient, des étudiants faussement en colère et des discussions dont je me fous royalement. Sheng sait combien je n’obéis qu’à mes règles et me pense au-dessus des gens. « Et qu’est-ce qu’il se dit d’autre ? » l’Adams m’interroge tout en me refilant des sacs poubelles qui me font sourciller. Bordel la charité est en train de me perdre.

Renfrognée en déroulant un de sacs, j’humidifie mes lèvres avant de reprendre la conversation suspendue au gré de mes réticences à réellement aider, « Oh tu sais, que les Pfos sont très méchants, que les Adams sont idiots, les Kirk ignorants et les Dudley… égaux à eux-mêmes. » D’une inutilité désolante. « Ce genre de choses. » Un sourire sur les lèvres tandis que je regarde où je pose les talons, histoire de ne pas flinguer mes chaussures, ça me désole que ça devienne une habitude. Puis lui lance une œillade en lui demandant « Que la piscine est dans un sale état. » ce qui doit être vrai vu l’aspect du reste, et puis je plaisante à moitié, « Mais je te croyais au-dessus des rumeurs. » A mon image, à se foutre des spéculations et à n’en faire qu’à sa tête, trop puissant pour se soucier des qu’en-dira-t-on.

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Les sourcils arqués quand il prend le temps de sortir une cigarette et de me préciser, « Ce s’ra notre petit secret. » Oh arrête Sheng, ça pourrait bien m’exciter. Tu sais combien je les aime et m’en nourris des secrets. Et j’imagine que pour la cigarette, ça avait un rapport avec le rejeton le fait que tu arrêtes. Ravalée, la bonne résolution, maintenant qu’il n’y a plus de gosse à l’horizon. « Mais c’est que tu joues les vilains garçons. » L’avise d’un index, l’air de lui souligner que ce n’est pas très bien. « J’adore nos petits secrets. » Je les trouve d’autant plus délicieux lorsque je peux les utiliser contre Haiwee.

Chemin se faisant, on en vient à supputer au sujet des autres maisons, il désire se mettre au parfum de ce qu’il se dit, de ce qui se trame. Bien sûr j’ai entendu des directives, des envies partagées, pas de Pfos entre les murs des maisons attaquées. Une volonté affirmée de tous les côtés, mais moi… Tu connais bien ma manière de fonctionner, je n’en fais qu’à ma tête, je n’écoute que moi et personne ne me changera. Surtout pas des présidents ou encore les autres étudiants. « Tous dans le même sac alors. » comme celui que tu viens de me refiler probablement. Une poubelle dans laquelle il faudrait les enfermer. Mais je le garde pour moi, je pourrais être accusée de cruauté et foutue dehors si jamais on nous écoutait. « T’en es étonné ? » Pas moi, vu les personnalités qu’abritent les murs de nos maisonnées.

Alors après ma réflexion au sujet du saccage de la piscine, il s’anime. Me conduit jusqu’au lieu-dit, et j’avoue que je grimace en constatant l’étendu des dégâts. Ca me peine un peu – bon d’accord, juste pour la forme – en souvenir des jours où j’ai vécu ici, bien que j’ai l’impression que c’est arrivé dans une autre vie. « Si t’es motivée, » Sincèrement, non, cependant ce n’est pas une question. « Et si tu ne crains pas de te saloper. J’te dirais bien de retirer ce qui craint mais …. Ce serait peut-être mal vu par certains. » Mes traits se tordent encore en une expression traduisant le dégoût, la piscine ne m’inspirant actuellement pas franchement des amusements coquins. « Que je retire quelques couches de vêtements ou que j’aide tout simplement ? » Putain il a eu du mal à passer, le mot aider, presque je m’étouffais. Néanmoins je craque un sourire carnassier à l’instant où j’articule, tout en le fixant, « Et si je tiens à tout sauf à mes dessous ? » Ce serait mal vu ? Combien de tes petits copains Adams iraient le balancer à ta petite copine ? J’avoue que je suis un tantinet piquée par la curiosité. C’est vers elle ou pour toi que pencherait leur loyauté ? Mais quand je m’approche du bord… je propose ; « Y a pas moyen de nettoyer ta chambre finalement ? » Quitte à ce qu’on crache sur notre dos, autant pousser le vice. « Ou celle d'Haiwee, s'il te plaît. » Mais à la finalité, mon regard, c’est vers mes chaussures qu’il glisse. Je vais encore flinguer une paire, c’est triste. Ca me fait perdre de l’argent, de jouer les altruistes.

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Les rumeurs, les ragots, ils glissent avec délectation sur mon dos. Je suis bien loin d’en ressentir des maux. Je me fiche royalement de me trouver en territoire Adams et d’être Pfo. « Je ne parlerais pas pour les autres » Mais tu le pourrais, franchement, ta parole, je l’estime beaucoup plus que celle des autres étudiants, même si je ne m’égarerais jamais à te le signifier. Parce que la haine c’est mieux que les mots chaleureux. De toutes les façons, je suis convaincue que lui, il est très content de m’avoir ici.

Et c’est une sensation qui se renforce lorsqu’il s’approche du bord de la piscine, écrase sa cigarette avec nonchalance, et précise, « Dommage que tu ne sois pas en jupe. » Le vice reste sur le bord de ses lèvres après l’avoir articulé. J’en esquisse un sourire, potentiellement inspirée par ce qu’il vient de sous-entendre, le désir légèrement voilé. Cela dit, ce n’est que de la bouche, n’est-ce pas ? Parce qu’il se tient tranquille depuis des mois. L’amour comme plus belle excuse, l’affection, ça m’use. Malgré tout m’amuse. Dégoutée par sa muse. « celle d’Haiwee.. ? » Simple curiosité, je me suis toujours demandé à quoi pouvait ressembler le repère de l’immaculée. Puis le sexe aurait probablement un goût exquis, dans son lit, pour sûr, l’acte serait plus intense que dans le jacuzzi.

Mais je hausse les épaules pour toute réponse, une innocence marquée même si c’est plus que factice qu’elle est. « Allez. Courage Witter. Ce n’est... qu’un sale moment. » Tu parles… Je ne suis devenue folle, voilà toute la vérité. Dans mon système quelque chose que j’ai encore du mal à déterminer a décidé de ne plus fonctionner et me voilà prête à descendre à tes côtés, dans ce merdier. « J’suis pas très fan du concept du bénévolat. » D’un mouvement habile, je descends dans la piscine, toujours perchée sur les escarpins qui rendent ma silhouette d’autant plus gracile. « Je suis venue de mon plein gré mais… » mais il me faut un peu plus que sa reconnaissance éternelle comme motivation.

Tandis que je m’abaisse pour ramasser, écœurée, un bout de tissu détrempé, et le fourrer dans le sac poubelle qu’il m’a précédemment filé, j’expose la suite de mon idée, « Tu ne veux pas me promettre des faveurs, tu sais, pour que j’y mette un peu plus de cœur. » tout en lui concédant un sourire quasiment meurtrier. Et en continuant mon ouvrage, pinçant une seconde saloperie, je lui dis, « Au fait, je suis pardonnée ? » d'avoir été vilaine avec son jouet, balancé notre dernier jeu en date à la Haiwee, non pas que j’en ai quelque chose à carrer… J’ai simplement envie de savoir comment pour lui, pour eux, ça s’est passé après. Ce que j’espère ? C’est un fiasco égal à celui que j’ai essuyé. Que je n’ai toujours pas digéré.

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