Miroir. Diamant cristallin. Miroitent sur l’eau bleutée. Brisé empli d’embrun sur l’ovale. Devant lui, la navette qu’il a spécialement loué, lui fait face. N’attendant plus que lui pour l’emmener sur une île en face. Parfait programme. Résonne encore les mots du loueur. Le bateau se faisait en partage. Et tout allait bien, jusqu’à ce qu’il la repère elle. Rose. La démarche assurée. Sur ses traits à lui, un sourire goguenard prend forme. Agacé. Amusé. Émotions contradictoires qui se bousculent. N’affectent en rien son arrogance apparente. Sans rien dire, il laisse l’homme lui faire le debrief. Et ça l’amuse Scott. De la voir se décomposer à chaque mot qu’il rajoute.

solitude tellement désirée. les corps s'étaient enchainés. quelques âmes divertissantes dans le lot. m'isoler sur une île quelque peu éloignée. loin de ces conversations inintéressantes. pas besoin de faire la conversation. et l'esprit qui demeure distant de toute distraction. de cette envie constante qui s'est manifestée depuis mon arrivée en Floride. c'était le programme. mon programme. alors qu'est-ce que tu fous là ? j'peux que te dévisager. ancrant mes prunelles d'un noir abyssal sur ton être qui m'écoeurait. tout sauf toi. j'suis dégoutée. ça doit se lire sur mon visage. tant mieux. explications qui s'en finissent plus sur ce bateau me conduisant désormais tout droit en enfer. impossible de faire demi-tour. — je vais finir par croire que tu ne peux pas te passer de moi je viens te murmurer, me penchant rapidement dans ta direction. exaspération bien visible. pas besoin de faire semblant avec toi.

Sur le bateau, il prend place. Récupère les clés que lui tend le propriétaire, alors qu’elle le rejoint. Le visage décomposé dont il devine le dégoût. Expressive gamine. L’humour du hasard. Ou du Destin. Déjà disparu, le loueur les abandonne. Sans attendre, il démarre le bateau. Ne laisse aucune chance à la brune de faire demi tour, parce qu’après tout, il en a rien à foutre. Tout ce qu’il voulait, c’était gagner l’île au plus vite. Souffle sur son profil. Les lèvres dont il devine le mouvement, insert les mots dans son crâne. La main sur la barre de pilotage, il sort avec aisance le véhicule du port. Installé volontairement le silence, avant d’enfin tourner son ovale vers elle. Lumiere solaire dans les émeraudes.  Goguenard. « C’est vrai que j’savais qu’tu venais. » L’ironie dans son sourire, il tourne à nouveau son regard sur l’horizon. Par dessus le bruit du moteur, il reprend : « Pourquoi t’es pas descendu ? » Sans la regarder, il tire de sa poche ses lunettes de soleil qu’il positionne sur ses yeux.