Tu ne sais pas trop ce qui t'as pris d'avoir invité Nour à partir en week-end. Rien en commun hormis un frère que vous partagez tant bien que mal. Et autant dire qu'elle est comme lui, elle : insupportable. Deux heures et un peu plus de trente minutes que vous roulez dans ta Bentley. Moitié du chemin fait, direction Atlantic City. T'as réservé un week-end dans un spa sur un coup de tête, et t'en profiteras pour aller voir une expo qui te fait de l'œil. Week-end comme tu les aimes. Sauf que l'autre n'arrête pas de se plaindre à côté de toi. Trop chaud, puis trop froid, puis c'est long, puis elle veut aller aux toilettes. T'as dû soupirer au moins dix mille fois depuis le départ. Un autre s'échappe d'ailleurs de tes lèvres, sauf que t'es surprise par un bruit inhabituel. C'est pas toi, c'est ta voiture. Voyants qui s'allument, décapotable qui ralentie et qui s'arrête. - Putain c'est quoi ce bordel ?

Invitation acceptée sur un coup de tête, t'as pas vraiment réfléchi avant de lui dire oui à Olympia. Faut dire que l'entente entre vous n'est pas des meilleures, mais vous avez fait de sérieux efforts ces derniers mois et tu restes persuadé que pour Naïm, elle arrivera à te supporter. Ou pas d'ailleurs, tu t'en fous un peu. Du moment que tu kiff. Le programme à l'air cool, à part les heures interminables de voiture. T'as du mal à tenir en place toi, râler est ta ligne de conduite et la brune accueille ça tellement bien que tu peux pas t'empêcher d'en rajouter. La voiture fait un bruit inquiétant, voyant qui s'allume, course qui ralentis et Olympia qui semble aussi stupéfaite que toi. « si tu voulais te débarrasser de moi, y avait quand même d'autre moyen. » regard inquiet sur l'extérieur, sécheresse a perte de vue. C'est clair, elle compte enterrer ton corps ici et dire à Naïm que c'est un accident. « c'est sur, maintenant, je suis en enfer » tête que tu rejettes en arrière , cognant contre le repose tête.

Tu regardes les voyants rouges, stupéfaites. Tu n'es jamais tombée en panne toi. Ta fidèle Bentley, ton trésor, qui ne t'a jamais lâché avant. Pourtant vous voilà dorénavant arrêtées sur le bord de la route, au milieu de nulle part. Une route interminable, des sapins à perte de vue. Les mains ne se détachent pas du volant alors que tu réfléchis, déconcentrée par Nour à côté de toi. Une main qui vient se poser sur l'arrête du nez. Bordel, tu vas exploser. - Si j'avais voulu me débarrasser de toi ça fait longtemps que je l'aurais fait. Sûrement durant l'adolescence quand vous ne vous supportiez pas du tout et que ton rêve était de te débarrasser de cette fille qui te volait ton frère. - Toi t'es en enfer ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité. T'essayes de redémarrer le véhicule, en vain. Tu laisses échapper un juron avant de saisir ton téléphone portable et de descendre.

franchement c'étais déjà pas une superbe idée de base, mais alors en rajoutant ta chance légendaire et cette panne au milieu de nul part, t'as littéralement l'impression que le destin ne veux pas vous faire passer un bon moment à toutes les deux. Les yeux au ciel lorsqu'elle rétorque qu'elle aurai pu se débarrasser de toi y a longtemps. « bonne idée ça. J'suis sur que mon frère aurait a-d-o-r-é l'idée. » bras qui se croisent sur ta poitrine, t'as plus envie d'épiloguer encore moins de la suivre dehors. Qu'est ce que tu pourrais y faire de toute façon ? t'es pas douée en mécanique et tu compte absolument pas te mettre à pousser la voiture non plus. Le téléphone qui vient s'allumer devant ton visage, réseau indisponible. Comme par hasard. « Putain, ça capte pas » buste qui se décolle du siège pour chercher des yeux la brune, aucune idée de si elle t'as entendue ou non.

Tu te demandes ce qui t'as pris. T'es pas du genre à partir à l'aventure au dernier moment, toi qui aime trop tout planifier dans le moindre détail. Et surtout tu ne pars jamais avec des personnes en qui tu n'as pas entièrement confiance. Et on ne peut pas dire que ça soit le cas avec Nour. Relation trop conflictuelle depuis des années, même si t'essayes de faire des effort, pour Naïm. Ta mâchoire qui se contracte quand elle parle de son frère. - Notre frère. C'est le mien aussi. Pas par le sang, mais vous avez quand même grandi ensemble, même parents qui ont signé les papiers d'adoption à un an d'écart. Tu descends, t'as besoin d'air et d'espace pour réfléchir et trouver une solution. Tu regardes l'écran de ton smartphone, aucun réseau, vous avez d'ailleurs pensé à la même chose parce que tu l'entends se plaindre au même moment. - Je ne peux pas appeler de dépanneuse. Ni de taxi. Peut-être que quelqu'un va passer et nous aider. Sauf que la route est déserte.

bien sûr que c'est son frère à elle aussi. Bien sûr que ça te rend morte de jalousie depuis des années. Elle qui a pu grandir et se construire avec lui. Elle qui n'a jamais rien loupé le concernant, qui le connaît par cœur. Elle qui à une complicité sans égale avec celui qui partage ton sang. Olympia consulte son téléphone à son tour et de mauvaise grace, tu ouvres la portière de la voiture pour passer une jambe en dehors de l'habitacle et entendre correctement la fin de sa phrase. « t'as de l'espoir. elle est morte cette route » pas une voiture passée depuis que vous êtes sur le bas côté, pas un seul bruit de circulation même. Vous allez pouvoir clairement attendre longtemps avant que quelqu'un passe. Tu te lève finalement, putain de cheville qui lance toujours depuis l'accident d'ascenseur de la vieille. C'est pas aujourd'hui que tu vas marcher des km pour chercher de l'aide. « ça peut pas re démarrer là ? T'es sûr ? »

C'est l'orgueil et la jalousie qui vous ont empêché de vous entendre depuis tant d'années. Vous en avez, pourtant, des points communs. Mais la guéguerre puérile pour l'attention de votre grand frère commun vous a séparé depuis le début. T'as jamais cherché à améliorer les choses, jusqu'à maintenant. Sauf que t'es pas sûre que c'était une bonne idée, finalement. - Tu peux au moins essayer d'être optimiste ? Ou alors ferme la. Ouais, flemme de l'entendre se plaindre, t'es déjà assez énervée comme ça. Pourtant elle a raison, la route que vous avez emprunté ne semble pas très fréquentée, et ça ne t'arrange pas. Tu inspires, ouvre le capot de la décapotable. T'y connais rien toi en mécanique, t'as toujours été persuadée que c'est un truc d'homme. Trop précieuse pour mettre tes mains là-dedans. - J'en sais rien. T'as pas appris la mécanique ? Ouais parce qu'elle est chiante mais elle n'est pas d'une grande utilité là.

« j'vais pas être optimiste.  A cause de toi j'vais peut-être mourir ici comme une merde.» l'exagération dans les veines, toujours trouver du drames dans chaque situations. T'as pas envie de rire, t'as même pas envie de l'aider. Si seulement tu pouvais rester le cul visé sur le siège en attendant qu'on vienne vous sortir de là. Pourtant c'est pas dans tes habitudes à toi. T'es plutôt de celle qui a du mal à rester en place. Un long soupire qui s'échappe de ta bouche, pourtant elle t'a mouché la brune et t'as plus grand chose à rajouter. Masquant du mieux que tu le peux ton boitement, tu fais le tour de la voiture pour rejoindre Pia au dessus du capot. Moteur béant sous vos yeux inexpérimenté. « j'ai une gueule à avoir appris la mécanique ? » franchement, c'est quand même pas la plus smart de la famille parfois. Bruit de moteur qui s'élève au loin, tu lèves la tête brusquement pour découvrir une toute petite voiture qui semble être en plastique et pouvoir transporter qu'une seule autre personne. « VAS-Y FAIT DU STOP » que tu dis à Olympia, coup de coude dans ses côtes pour qu'elle réagisse. Toi avec ta cheville -et ta flemme- , c'est mission impossible.

Un soupir, encore. - Tu auras la mort que tu mérites quoi. C'est sorti tout seul, sans que tu puisses le retenir. Parce qu'elle est chiante Nour, et que dans cette situation - et beaucoup d'autres d'ailleurs, tu n'as vraiment pas la patience de la supporter. Elle finit par bouger son cul du siège et par te rejoindre. Capot levé et vous avez sûrement l'air de deux idiotes devant le moteur. T'es trop précieuse pour foutre tes mains là-dedans, hors de question de les salir avec de l'huile ou de la graisse. - T'as une gueule à pas grand chose hormis faire chier les gens. Parce que c'est ce qu'elle fait à chaque fois que tu la vois. Ou alors t'es pas objective. Ou un mélange des deux. Un bruit qui interrompt momentanément le dialogue de sourd. Une voiture qui arrive, elle qui beugle qu'il faut que tu fasses du stop. - Ne me donne pas d'ordre ! T'as qu'à le faire toi. Avec un peu de chance elle se fera enlever et t'en seras débarrasser. Sauf qu'elle ne bouge pas. Tu lui lance un regard noir avant de t'approcher de la route et de lever le pouce en l'air. T'as de l'expérience avec le Summer Camp. Miniature qui s'arrête, quelques mots échangés, il veut bien embarquer l'une de vous deux. - Vas y Nour. Toi tu l'as arrêté, à elle de gérer maintenant. Chacune son tour après tout.

mâchoire qui se crispe quand elle parle de la mort. main que tu portes machinalement à ton collier. dernier souvenirs de ta mère autour de ton cou. t'es pas prête à la rejoindre et face à une olympia devenue offensive, toi tu gardes bonne figure. jamais montré que tu es touché. c'est ton mantrat. « et je le fais bien, tu noteras » que tu réponds, toujours provoquante. Quitte à être insupportable autant le pousser à bout. tu te demandes même combien de temps elle supportera ton caractère à la con ?! de nouveau les yeux qui se lèves vers le ciel lorsque la brune rétorque qu'elle n'as pas d'ordre à lui donner, tu te contentes de croiser de nouveau les bras sur la poitrine. petit rire victorieux lorsqu'elle s'élance finalement derrière la voiture pour demander de l'aide au chauffeur. « mais ça va pas ou quoi ? » la bouche qui se tord en grimace lorsque Pia te demande d'y aller seule. un regard que tu lance au chauffeur avant de reporter ton attention sur la brune. « hors de question que je monte seule avec ce type, j'veux pas finir dans un congèle moi » tu prends même pas la peine de baisser le ton.