toilettes miteuses d’un bar de miami dans lesquels t’as fini après avoir trop bu une fois de plus. deux toilettes seulement pour une porte commune. lavabo face auquel tu te trouves pour tenter de te rafraîchir, l’une des portes encore verrouillée. t’as aucune foutue idée de comment t’as fini dans ce coin-là de la ville mais t’es en bonne compagnie. cette même bonne compagnie qui t’attend près de ton verre, à l’extérieur du bar, au détour d’une clope que t’as abandonnée dans ta hâte. les doigts qui se posent finalement sur la poignée de la porte principale des wc pour les quitter, le poignet qui se tourne légèrement, le métal qui se décroche et te reste en main. « wow, c’est quoi ce bordel ? » tu te demandes un instant si c’est un nouveau délire de ton esprit ou si le moment est réel mais, s’il l’est, au sous-sol de ce bar, t’es certaine d’une chose : ni toi ni l’autre n’êtes prêts à sortir d’ici.

poignée dans la main, les doigts fermement enroulés autour de cette dernière, tes billes se dirigent bien vite sur la voix qui s’élève près de toi. « franchement ? aucune idée, je suis rentrée dans le premier chiotte que j’ai trouvé. » et puis, qu’est-ce que ça change au final ? les toilettes sont tout aussi confortables si tu t’es plantée, c’est pas le genre de truc qui pourrait te gêner. « c’est ça, ouais. si t’as un tournevis planqué dans le calbute, c’est le moment de le sortir. » que tu lances en te mettant à sourire, un peu plus encore quand il te parle de première rencontre. « mh mh, le destin. t’es peut-être carrément le futur daron de mes mômes. mais leur dis pas que j’ai pété la poignée des chiottes, c’était peut-être une tactique pour te choper. » ça tombe sous le sens, non ? t’as le sourire qui s’agrandit encore avant de glisser ta main dans tes poches pour trouver ton couteau suisse. poignée que tu poses sur le bord du lavabo, les mains qui fouillent plus rapidement chacune des poches pour te rendre compte que… non, tu l’as sûrement laissé dans ton sac, à côté de ton verre et de ta clope, à l’extérieur du bar. et t’as absolument rien sur toi. « je comptais t’impressionner en ouvrant la porte mais je crois que notre destin est entre tes mains là. » et tu te décales, les bras qui viennent se croiser sous ta poitrine pour caler ton dos contre le mur en l’observant.