billes rivées sur l’écran de ton téléphone, doigts qui s’agitent pour écrire un énième texto, tu fais pas franchement attention à ce qu’il se passe autour de toi. adossée au fond de l’ascenseur du centre commercial, bras chargés de trois sachts, les étages qui défilent pour atteindre le dernier. personne debout à un pas de toi, les yeux qui n’ont que vaguement croisé les siens pour un signe de tête fait par politesse. et puis, soudainement, l’ascenseur qui s’arrête brusquement. faible rebond que tu ressens, la respiration qui se coupe, les yeux qui s’écarquillent. est-ce qu’il vient vraiment tout juste de se bloquer ? « vous avez appuyé sur un bouton pour l’arrêter ? » que tu demandes d’une petite voix en espérant que ce ne soit que ça qui l’ait bloqué, une farce vaseuse et non un problème technique qui vous ferait passer un nombre incalculable d’heures ici, cloitrés entre quatre murs trop étroits.

tu n'avais pas spécialement prévu de passer du temps dans un centre commercial, ni dans d'autres magasins. la somme sur le compte en banque qui approche déjà dangereusement de zéro. mais il y a des choses dont tu ne peux pas te passer, comme de la nourriture pour le teckel miniature dont la tête et les longues oreilles dépassent de ton sac. emplettes en mains tu t'engouffres dans l'ascenseur presque vide à l'exception d'une jeune femme qui doit avoir ton âge. un signe de tête poli, les portes qui se referment et quelques secondes qui passent avant l'arrêt qui te semble un peu trop tôt. les portes métalliques qui ne s'ouvrent pas. la blonde qui te demande si tu as appuyé sur un bouton. tu secoues la tête de gauche à droite. - non, juste celui de mon étage. t'essayes de rappuyer sur un bouton, puis un autre. rien à faire, rien ne bouge. il faut se rendre à l'évidence : - je crois qu'on est bloquées. ne surtout pas paniquer, mais t'aimes pas ça.

habituellement pas claustrophobe, t’as cependant jamais été très fan des ascenseurs en panne ; et pour cause, t’as entendu beaucoup trop d’histoires affreuses autour de ça, sans souhait pour toi de les reproduire. t’essayes de te rassurer en demandant à la jeune femme si elle a appuyé sur un bouton d’arrêt d’urgence – à tout hasard – avec l’espoir qu’elle réponde par la positive mais tu te rends bien vite à l’évidence, comme elle, que vous êtes bloquées. inspiration profonde que tu prends en fermant les yeux quelques secondes avant d’expirer pour tenter de te contenir. « ok, ok… y a sûrement un numéro d’urgence ? ou une touche pour appeler ? » que tu demandes en étant trop loin des boutons pour le voir par toi-même, te rapprochant un tantinet pour essayer d’observer, les yeux plissés. mais ton attention se focalise bien plus vite sur la petite tête qui sort de son sac, t’arrachant instantanément un sourire un peu plus rassuré, comme si l’attente se ferait moins longue par la seule présence du chien. « il s’appelle comment ? il est trop chou ! » détourner ta propre attention pour éviter de stresser, ça te semble être une assez bonne solution, même si ça règle aucunement le problème présent.