« Sérieusement ? » On ne peut plus sérieux même parce qu’il n’a jamais été un leader dans l’âme et l’a prouvé l’été dernier malgré tous ses efforts. Une belle évolution cependant puisqu’il y a deux ans, jamais il n’aurait caressé l’espoir de faire partie d’une équipe… Alors lui demander d’en mener une jusqu’à la réussite… « Je t’offre le job parfait. » L’emploi l’est peut-être mais il n’a pas encore les qualités nécessaires pour y prétendre, ce qu’elle ne semble comprendre, ses doigts venus malaxer ses traits teintés de contrariété.

Mais à défaut de rester bloqués sur des non-dits que le kirk a souhaité éclaircir, empruntant le sinueux chemin des remises en question, elle aussi stoppe toute réflexion pour lui donner sèchement un ordre. « On sort. » Si bien que son t-shirt a fini de battre la mesure pour la questionner du regard. « Peut-être qu’un bol d’air te remettra les idées en place. » Surpris par cet élan soudain ses yeux chavirent vers l’horloge murale qui s’incrémente inexorablement. « A cette heure ? J’suis pas très bar tu sais. »   Puis si c’est pour s’alcooliser alors qu’il est déjà au bord de la nausée, il passe son tour sans hésiter. « Tu veux aller où ? »   Il n’y a pas trente six solutions dans son cas mais il a vu les dents de la mer 3 bien trop de fois pour prétendre vouloir aller se rafraichir sous un clair de lune. Sans compter qu’on leur a bien dit de se méfier selon les quartiers où ils seraient amenés à se promener une fois le soleil couché. Pourtant il se lève machinalement du canapé sans demander son reste pour, une fois redressé, passer sa paume large sur sa nuque afin de se déraidir comme s’il avait déjà accepté. « Pas trop loin le petit tour. Sinon tu vas me porter. »

Son petit air satisfait ne lui laisse aucunement douter de ce qu’elle a manigancé. « On descend juste de quelques étages, détends-toi, c’est bon. » Ce n’est pas comme s’il avait besoin d’être rassuré mais il n’a pas d’autres options à part retourner aller se coucher pour vainement tenter de trouver les bras de Morphée. L’atmosphère s’est à peine rafraichie de quelques degrés mais ce n’est toujours pas suffisant pour lui alors ses pas machinalement le conduisent lentement mais surement vers la sortie que souhaite emprunter Wendy. « Allez ! » Une fois de plus il se laisse guider, mené par le bout du nez mais comment le lui refuser puisque c’est à elle qu’il doit ce fameux séjour encore une fois. Il abdique silencieusement en trainant le pas, la suivant dans le couloir pour l’entendre clore la chambre sur son passage d’un déclic magnétique avant d’emprunter la direction du rez-de-chaussée. « Tu sais le faire, mener une équipe. » Encore une fois il se retrouve coincé avec elle dans un espace confiné mais si autrefois cela le dérangeait, il a appris à faire taire ses craintes, tout particulièrement depuis ce bain thermal au summer break. Des barrières ce jour-là ont été brisées et depuis, il se sent en sa compagnie un peu plus léger, capable de se détendre avec plus ou moins de réussite.

Les portes se sont refermées sur son regard las et fatigué, le compartiment métallique les entrainant dans sa lente chute jusqu’au grand hall complètement déserté. Seul ne subsiste que l’ombre du réceptionniste qui lutte contre le sommeil également, ne les apercevant débouler qu’au dernier moment pour les saluer d’une inclinaison de la tête, simple formule de politesse.  « Je t’assure que non, » il ne saura jamais les mener, revenant sur cet épineux sujet puisque de son avenir il est question. Ils marchent tous deux de pair à présent, calant inconsciemment chacun de ses pas sur les siens sans connaitre ses dessins mais qu’importe, à force de la côtoyer et de partager certains moments de complicité, une confiance aveugle s’est progressivement imposée. Puis ils déboulent finalement dans la cour où les accroches murales se reflètent dans les arcs irisés d’une piscine encore éclairée, un gout de déjà vu qu’il ne peut revivre ici même si l’endroit est déserté. Alors se positionnant face à la surface, il pose ses deux mains sur ses hanches pour décliner toute idée qu’elle aurait.  « C’est con, j’ai pas mon maillot, » et il est hors de question dans son état de rebrousser chemin pour aller en chercher un.