impossible de dormir. j'ai tout essayé, le verre de scotch, la tisane, le livre audio, dormir sur la couette, sous la couette. impossible de dormir. surement l'excitation ou alors l'impression de vivre un rêve éveillé. j'idolâtre Martin depuis que j'ai 13 ans environs. j'ai lu tout les articles qui parlent de lui. j'ai toujours admiré son intelligence, son ambition, sa détermination. il est rusé, il sait user de manipulation pour mener à bien ses missions et il n'hésite pas à écraser les autres pour avoir ce qu'il veut. ce que certains pourraient appeler des défauts, des traits toxiques, sont pour moi des qualités indéniables pour ce genre de boulot. je ne veux pas être lui, mais je veux être encore meilleur. l'élève qui dépasse le maitre. et contre toute attente, je me retrouve ici, dans son manoir des Hampton. il semblerait que j'ai un petit quelque chose que les autres n'ont pas et j'aime l'idée d'être le seul. et seul c'est ce que je suis à 3h du matin, déambulant dans les innombrable pièce de cet endroit. je l'ai repéré un peu plus tôt dans la journée quand j'ai eu le droit à la visite du manoir. les autres invités étaient déjà venu ici, étant visiblement des amis proches. une pièce dans laquelle je pourrais passer mon temps. des étagères entières remplit de bouquins, le paradis des lecteurs. et au milieu de ces murs de papiers un piano à queue Steinway D-274. un des meilleurs piano de concert. et c'est exactement ce que je voulais. je sens le bout de mes doigts fourmiller depuis des heures, c'est le manque, le besoin qui se fait ressentir. j'ai l'habitude de jouer et de composé quand je me sens triste, quand je me sens heureux. quand je me sens nostalgique ou emprunt au doute. quand j'ai besoin d'espoir ou quand je dois me désigner. je joue en tout temps et tant que je ressens les choses. je prends place devant le piano, assis sur le banc et je laisse mes doigts glisser sur les touches et je commence à jouer. je suis tellement habité par la musique que je n'entends même pas que quelqu'un est entré dans la pièce.

comme habité, je laisse mes doigts glisser sur les touches du piano. dans ce genre de moment c'est comme si j'étais dans une bulle, plus personne n'existe, il n'y a que moi et ma musique. j'ai immédiatement repéré le piano quand Martin m'a fait visité le manoir ce matin. je savais que j'aurais besoin de revenir dans cette pièce. si certaines personnes ont besoin d'être dans le silence avant un moment important, pour se concentrer, pour gérer leurs émotions, moi c'est dans la musique que je puise la force de me dépasser. avant chaque match je mets mon casque et j'écoute la même musique en boucle. parfois du rap, souvent du piano. je m'imagine jouer les partitions, jouant dans le vent avec mes mains. c'est ce que j'ai fait toute la matinée, pendant que je me forçais à passer un bon moment sur le terrain de golf avec tous le monde. j'aurais préféré rester avec toi plutôt que de jouer à ce jeu stupide mais il parait qu'il faut faire des concessions pour avoir ce qu'on veut. mon ambition ne s'arrêtera pas à un sport que je trouve ennuyeux. mais une fois ce shot de sociabilité, le sommeil ne venant pas, je n'ai qu'une seule envie : jouer. et c'est ce que je fais, jouant la dernière composition que j'ai crée. tellement dans ma musique que c'est ta voix qui me sort de ma bulle. je m'arrête immédiatement, levant la tête dans ta direction. je suis désolé, j'arrivais pas à dormir et il m'appelait.. j'espère que je t'ai pas réveillé ? main que je passe dans mes cheveux pour essayer de ne pas avoir la tête d'un mec qui tape une insomnie. merci. c'est la dernière partition que j'ai écrite. y a surement quelques trucs à modifier mais ... je pourrais aussi simplement noter le compliment et te remercie. merci petit sourire sincère qui étire mes lèvres. pourquoi t'es debout ? j'espère ne pas avoir fait trop de bruit, sinon c'est peut-être le manoir entier que j'ai réveillé.

faisant mine de chercher "tout l'étage" derrière toi, un nouveau sourire qui nait sur mon visage. ce soir l'ambiance est différente entre nous. c'est palpable, tout est plus calme, plus doux. étrangement et pour la première fois on ne sent pas de volonté de dominer ou de soumettre l'autre. peut-être qu'en effet, la musique adoucit les moeurs. et je dois dire que j'aime plutôt cette atmosphère de douceur, comme si on avait signé une trêve, pour le moment. c'est peut-être aussi le lieu qui fait ça. y a quelque chose de presque sacré dans cette pièce. une immense pièce où les murs sont remplit de bouquins, couvert d'histoire et de rêve alors que le piano trône en plein milieu, l'élément centrale de tout un univers. comme si les mots contenus dans les écrits se transformaient en note de musique. comme si les notes de musiques racontaient leurs propres histoires. j'aime cette ambiance, mystérieuse, reposante, délicate. j'ai pas l'air comme ça, mais derrière l'image du petit con hautain et trop ambitieux se cache un homme parfois tendre. la même raison que moi ? t'avais super envie d'uriner et ensuite tu t'es dit que quitte à être debout t'allais faire une visite nocturne de te propre maison ? que je demande en rigolant doucement. non je te fais marcher, je ne suis pas réveillé pour ça. je crois que c'est la tension de savoir que tu dormais dans la chambre au bout du couloir qui m'a empêché de fermer les yeux. comme si je ne voulais pas rater le moment où tu quitterais ton lit et que je pourrais te croiser par "hasard". jamais je te dirais que j'ai pas mal pensé à toi ces dernières semaines. j'ai trop d'égo pour l'avouer à voix haute. ah ? je ris un peu et je me décale un peu pour que tu puisses t'installer confortablement sur le banc. j'ai pas encore trouvé de titre pour cette musique mes doigts recommencent à jouer. tu m'aides à en trouver un ? ma main gauche vient attraper la tienne délicatement pour la poser sur les touches, insistant sur une en particulière, que je te fais activer à intervalle régulier, pour que tu prennes un peu part à la musique.

petit rire qui résonne presque dans l'immense pièce. tu devrais essayer la batterie, réveil assuré en plus je suis persuadé que tu dois être encore plus sexy à te déchainer sur une caisse avec des baguettes. est-ce que t'as déjà essayé ?  parce que c'est étrange de t'imaginer lâcher prise à ce point, toi qui a l'air si sérieuse, autant dans le contrôle de tes émotions. j'aimerais bien voir ce que ça donne une Giorgia qui se lâche. je me décale légèrement sur le côté de la banquette, pour que tu puisses t'installer à mes côtés sans trop envahir ton espace vital. et tu te laisses guider, sans repousser une seule fois ma présence, ma main qui se glisse doucement contre la tienne pour te donner le tempo. moment doux, jamais connu, presque comme si le temps s'arrêtait pendant un instant. je pourrais apprécier ce genre de moment et avoir envie que ça recommence. ta main que je finis par lâcher quand tu as pris le rythme et que tu n'as plus besoin de mon aide, tu apprends vite, surement l'oreille musicale pour aider. focus.. ça me plait mes yeux qui quittent le piano pour se poser sur toi. ça me plait beaucoup le titre, le moment, peut-être toi. ce morceau s'appellera focus. je vais t'apprendre les premiers accords j'ai envie de partager. j'ai toujours apprécié jouer pour ma famille, devant mon frère et ma soeur, pour les potes et mon ex. mais je n'ai jamais eu envie de jouer avec quelqu'un. et puis il y a toi. je me lève de la banquette, me place juste derrière toi, tes deux mains posées sur les touches. tu me fais confiance ? que je demande, le visage juste au dessus de ta tête, prêt à me pencher pour te guider. est-ce que tu me laisses t'approcher ?

pas de guerre ce soir, un repos perturbant au début, dont je me délecte rapidement. j'ai beau aimer les confrontations, surtout celles où je suis en position de forte, j'aime aussi les accalmies, je dois bien l'avouer. non, je voulais juste jouer un peu c'est tout en réalité j'aimais plutôt le fait d'être seul, au calme pour jouer tranquillement sans que Chelsea me tourne autour comme si j'étais un morceau de gibier et elle une chasseuse expérimentée. elle me fait peur cette nana, vous êtes au courant que c'est une prédatrice insistante votre amie ? j'aime le cadre que vous m'offrez pour un week-end. mais j'aime un peu moins l'idée d'être le goûter d'une cougar en mal de petit jeune. ici au moins, je suis dans ma bulle. une bulle que j'accepte de partage uniquement avec toi. je pense que même si c'était ton mari qui était venu me trouver, j'aurais arrêter de jouer pour retrouver mon lit. mais ici avec toi, tout est différent. impossible de réellement comprendre pourquoi. je pense qu'il y a des choses qui ne s'explique pas. c'est juste toi et moi. non. enfin j'crois pas. je l'ai juste entendu dans ma tête et je l'ai joué. j'ai même pas de partition. la partition, c'est moi. j'aime bien le titre que tu lui a donné. on le garde on. comme si cette musique était à nous. peut-être ? au final je ne l'ai fait écouter à personne d'autre. et pour la partager un peu plus, j'ai l'envie de te l'apprendre, au moins un petit morceau. alors je me lève silencieusement pour me glisser derrière toi, mon torse contre ta tête, mes bras qui entourent les tiens. et tu m'ouvres une porte, juste ce soir. ça me suffit. pour l'instant. mes mains englobent les tiennes pour les laisser courir sur les touches du piano. commencer à jouer ensemble un air qu'on partage désormais. petit à petit, je sens ton corps se détendre, tes épaules se relâcher contre mon buste. je ris doucement au creux de ton oreille. désolé de te décevoir, mais je pense que cette musique ne sera jamais connu. je compte pas en faire mon métier. tu devras te contenter de l'ombre pas de lumière. pas comme ça. mais je note le compliment déguisé, et sache que je l'apprécie. je continue de mener la danse, mon visage de plus en plus proche de du tien, je peux même sentir le parfum de tes cheveux et presque sentir la douceur de ta joue contre la mienne.