(mayn) drawing of my soul

J'avais vu Maze un peu plus tôt dans la journée à son boulot, après l'avoir sortie d'une situation délicate où elle se faisait draguer par un vieux. On avait bien ri de tout ça autour d'un déjeuner, j'avais vraiment passé un bon moment. Comme chaque fois qu'on se voyait, en somme. Ca arrivait de plus en plus, assez souvent même et si une part de moi commençait à s'inquiéter de la tournure de notre relation, l'autre la faisait taire, bien trop apaisé et revigoré par la présence de la brune. Attiré par son sourire, sa douceur, et cette façon qu'avaient ses joues de se colorer de rose quand je la complimentais. C'est au détour de la conversation que je m'étais laissé convaincre pour cette fameuse séance de nu. Ca faisait quelques semaines qu'elle me tannait avec ça, et si jusqu'à présent j'étais resté évasif quand à ma décision de poser pour elle, cette fois, poussé par un élan de folie, j'avais accepté. Je n'en étais pas moins tendu face à l'inconnu. Arrivé à son appart je sonnais, une poche de bouffe dans une main et des bières dans l'autre, espérant ainsi alléger le stress qui me gagnait.

Je soupirais de soulagement en m’installant dans le canapé. La journée qui avait bien commencé, déjeuné avec toi après l’épisode hilarant de ma matinée et de notre échange téléphonique m’avait mis dans de bonnes conditions pour la journée. Sous les rayons du soleil du printemps qui commençaient doucement, mais sûrement à pointer le bout de son nez, j’avais passé l’après-midi avec Jonah dans une randonnée qui avait pris une tournure que je n’avais pas prévu. Mon petit réconfort, c’était de savoir que d’une minute à l’autre, tu allais enfin arriver. Est-ce qu’il était normal que je sois aussi excitée à l’idée de te retrouver, alors même qu’on s’était vu quelques heures auparavant ? Peut-être que c’était l’euphorie de ce que t’allais m’offrir ce soir ? Ou peut-être que c’était juste toi. Je ne cherchais plus vraiment à justifier d’une excuse valable mes choix, tant qu’ils étaient bons, j’étais en droit d’en profiter. Finalement, tu t'annonçais et je me précipitais jusqu’à la porte pour t’ouvrir. — Mon sauveuuuur. Je te saluais amusée, tendant déjà ma main libre pour te libérer les bras, et je refermais la porte une fois que tu étais entré. — J’ai déjà tout installé, ne fais pas une syncope en voyant le bordel. J’avais déplacé un guéridon pour y poser un chevalet de table. Je t’indiquais d’un mouvement de main la table basse pour y déposer les bières, quand je posais moi-même le sachet et une fois nos mains libres, je me glissais contre toi pour me lover dans tes bras. — J’ai besoin de ma dose de réconfort, l’aprem a été éreintante et la tienne ? Je reculais doucement la tête, sans pour autant détacher mon corps, et je te regardais sourire aux lèvres.

« Et oui c'est moi » répondis-je en me passant la main dans les cheveux tel un loveur avant de rire doucement, m'engouffrant dans l'appartement. J'étais pas prêt d'oublier cette histoire tant ça m'avait fait marrer, et même si nous avions réussi à tourner la chose en dérision, j'étais content d'être parvenu à éloigner ce vieux pervers de Maze. Les hommes pouvaient être tellement déplacés, c'est abusé. Mon regard se relevait sur son salon aménagé en.. studio de peinture ? au moment où elle m'avertissait. Et évidemment ça me mettait à nouveau un coup de pression. « Je vois » dis-je en me passant la main sur la mâchoire, impressionné, tout en posant les bières là où elle me l'indiquait. Est-ce que j'allais vraiment être capable de faire ça moi ? Pourquoi j'avais accepté déjà ? Mais pile à cet instant Maze venait se lover contre moi, ses bras s'enroulant autour de ma taille. Je la serrais avec tendresse en retour, profitais de ce câlin réconfortant auquel j'étais définitivement accro. Son parfum envahissait mes narines, parvenant à me détendre mieux que tout le reste. « Ereintante ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demandais-je sans quitter son étreinte, alors qu'elle relevait son visage vers le mien. « La mienne a été... studieuse ? J'ai réussi à pas mal bosser à la bibliothèque. J'ai essayé d'écrire un peu.. mais bon » terminai-je, évasif.

Je voyais tes pupilles détailler mon salon. C’était la première fois que tu le voyais comme ça, aménager pour une session de dessin avec modèle. Si tu avais déjà aperçu le bordel que je pouvais laisser derrière moi dès lors que l’inspiration était présente, j’allais te faire découvrir une nouvelle facette de mon art. Mais avant ça, une fois nos bras libres, je t’accueillais par un tendre câlin. Depuis ton départ du garage, il s’était passé beaucoup de choses. — Vu que j’ai demandé à finir plus tôt, j’ai pu faire une petite randonné avec Jonah, mais il a fait une crise d’angoisse. Je faisais une petite moue et d’une main, j’attrapais mon téléphone, pour te montrer mon écran et te laisser lire de nom de Simeon. Et je n’avais pas besoin d’ajouter de mot, la notification toujours fermée, j’étais angoissée de lire son message. Je reculais un peu, passant doucement la pulpe de mon pouce sur ta joue. — Tu veux en parler ? Puis sans te laisser le temps de réfléchir, je me hissais sur la pointe des pieds pour venir poser mes lèvres sur ton front et sourire aux lèvres, j’attrapais une de tes mains avant de poser mes lèvres sur chacun de tes doigts, tout en t’écoutant. Je passais à l’autre avant de te regarder amusée. — Quoi ? J’te fais des bisous magiques pour dénouer ton blocage.

Je l'écoutais me raconter ses péripéties avec Jonah, avec soudain l'image de mes deux amis en pleine rando je ne sais où. C'est vrai qu'il avait fait plutôt beau aujourd'hui, vu le temps de merde qu'on se tapait depuis quelques temps. « Une crise d'angoisse ?! » relevai-je, soudain dans l'incompréhension la plus totale. Qu'est-ce qu'il avait pu se passer pour qu'il soit dans le mal comme ça ? Puis soudain Maze sortait son téléphone, son air préoccupé et inquiet sur le visage quand elle me montrait la notification annonçant un message de son ex. Qu'elle n'avait de toute évidence, pas ouvert. Pas besoin de mots pour comprendre que ça la faisait flipper et instinctivement, sans trop m'en rendre compte, je resserrais un peu mon étreinte autour d'elle. « Ah... Tu veux qu'on l'ouvre ensemble ? » lui proposai-je, ne sachant pas vraiment si ça pourrait l'aider mais si c'était le cas, je pouvais bien donner un peu de ma personne.
Je lui racontai ensuite la fin de ma journée, pas très palpitante il faut dire vu que j'avais principalement bossé mes cours. Et j'avais essayé d'écrire, aussi. Poussé par mon manager qui revenait à la charge ses derniers temps, espérant que je parvienne enfin à lui pondre quelque chose. « J'arrive à rien... » commençai-je presque dans un murmure, jouant un instant avec l'une de ses mèche de cheveux. « Je n'arrive plus à écrire depuis la mort de Charlie » avouai-je soudain. C'était la première fois que je le disais à haute voix. Comme si pour la première fois, j'admettais cette tare que ça avait créé chez moi. Les mots se répétaient en écho dans mon être, comme s'il cherchaient à s'y inscrire mais heureusement... il y avait Maze. Je me laissais faire lorsqu'elle se hissa pour déposer un baiser sur mon front. Puis la regardais en silence quand, avec cette douceur qui la caractérisait si bien, elle se mettait à... embrasser mes doigts ? Je lui jetai un regard mi amusé mi perdu, ne comprenant pas ce qu'elle faisait. « Quoi ? J’te fais des bisous magiques pour dénouer ton blocage ». Une chaleur réconfortante me parcouru, faisant apparaître un sourire sur mes lèvres. C'était ça en réalité, son pouvoir à Maze. Cette façon extraordinaire qu'elle avait de parvenir à panser mes plaies sans même s'en rendre compte. A mon tour je l'embrassais sur le front avant de l'attirer à nouveau à moi, la serrant fort dans mes bras. « Aller, je me mets où ? » demandai-je en prenant une bouffée d'air pour me motiver.

Nous nous étions quitté le midi, de grands sourires scotchés à nos lèvres. Comme toujours. Alors bien évidemment, tu étais surpris du récit de ma journée.  — Euh.. Ouais ? J’suis pas certaine que j’étais en droit d’en parler à sa place, alors fais comme si tu ne savais pas ok ? J’étais qui pour dévoiler un des problèmes qu’il essayait visiblement de cacher aux yeux de ses proches ? Personne. Ou une nouvelle pote, mais cela ne me donnaient aucun droit. Toutefois, j’étais si à l’aise lovée dans tes bras, que la réalité m’avait échappés. Puis sans un mot, je te montrais le message que j’avais reçu depuis un moment déjà. — J’verrais ça pendant que tu t’installes. Parce que je n'avais aucune idée de genre de message qu’il pourrait m’envoyer, alors que quelques jours auparavant, il m’avait contacté puis envoyé chier. Finalement, c’était à ton tour d’évoquer ta journée et… À entendre tes révélations, je me sentais chanceuse de faire partie de celle vers qui tu osais te tourner pour te confier. Si aujourd’hui le côté amant de notre relation prenait une place importe, la partie amie restait notre priorité. — Est-ce que c’est parce qu’elle était ta muse, ou parce que sans elle, tu as l’impression d’avoir perdu une partie de toi ? Que je te demandais presque en chuchotant. On s’était tous les deux parlé de nos pertes, sans jamais réellement mettre de véritables mots sur ce que ça nous avait coûté. La savoir était parfois suffisant. Quand les mots nous manquaient, les regards ne trompaient pas. Puis je commençais à embrasser chaque partie dont tu avais besoin pour écrire, afin de soulager tes maux à ma façon. Personne n’aurait de remède au syndrome de la page blanche. Je le savais, parce que ma mère l’avait vécu, ne trouvant plus aucune inspiration dans son art alors qu’elle avait la charge de ses trois enfants sur les épaules. — Sur le canapé, dans une position confortable et surtout, sans vêtement. Je viendrais t’aider pour la pose. Alors que tu t’éloignais pour prendre ta place. — Tu veux que je retire les miens ? Que je disais en m’approchant de mon petit tabouret à roulette.

Je voyais le malaise s'installer sur ses traits, alors qu'elle comprenait qu'elle en avait peut-être trop dit. — T'inquiète, je suis une tombe dis-je en mimant même la fermeture de ma bouche avec un léger sourire. Je ne voulais pas la mettre dans une position délicate vis à vis de Jonah. Pour autant, je tiquais presque en apprenant qu'ils étaient partis en rando tous les deux, comprenant petit à petit que ça me saoulait. M'imaginant déjà tout un tas de choses, que je refoulais immédiatement. Est-ce que j'étais.. jaloux ? Peut-être un peu. Et ça n'allait pas s'arranger avec le sms de son ex. Il suffisait de voir le visage de Maze pour comprendre à quel point elle était encore impliquée sentimentalement dans cette relation. J'avais bien conscience de pouvait ressentir et pourtant, quand on se retrouvait ainsi tous les deux, j'avais parfois l'impression qu'il n'y avait que nous au monde. Comme maintenant, alors que je l'avais dans mes bras. Soudain Maze parvenait à délier quelque chose en moi alors que les mots sortaient d'eux même de ma bouche, annonçant cette vérité qui crevait les yeux mais que pourtant je n'avais jamais su verbaliser à voix haute. La perte de Charlie avait brisé quelque chose en moi, me plongeant dans un syndrome de la page blanche incontrôlable. Si j'avais longtemps fuit l'écriture après son décès, je me rendais réellement compte de mon blocage depuis que j'essayais de m'y remettre... en vain. Je déglutissais un instant en entendant ses questions qui faisaient écho en moi, pris par l'émotion. —  Elle m'a beaucoup soutenue et encouragé dans mon rêve d'être écrivain... elle était à mes côtés tout le long expliquai-je doucement. Témoin de mes nombreux échecs et de mon ultime réussite, avant de disparaître à tout jamais. — Une partie de moi est partie avec elle oui. Tout comme une partie de mon futur. Je n'avais pas l'habitude de parler de ça mais étrangement, le regard de Maze parvenait à apaiser mon tumulte intérieur. Tout comme les baisers qu'elle déposait sur mes doigts d'écrivain, remplaçant la douleur par une douce chaleur réconfortante. Puis j'essayais de me concentrer sur ce pourquoi j'étais là, à savoir poser nu pour la demoiselle. Vaste projet. J'essayais de cacher ma nervosité derrière un peu d'entrain, écoutant les consignes qu'elle me donnait. Ok, allons-y. Je retirai mon pull, puis mon t-shirt, avant de sourire en entendant sa proposition. — Mmh non, sinon ton dessin va se transformer en pornographie répondis-je en riant légèrement. Pas sûr de pouvoir me retenir de lui sauter dessus si on se retrouvait tous les deux nus dans une même pièce. — Par contre... ajoutai-je en faisait un pas pour m'attraper une bière. J'en buvais quelques gorgées, espérant que l'alcool parviendrait à m'apaiser. Puis, la reposant sur la table je finissais de me déshabiller, retirant mon pantalon, mes chaussettes... et puis enfin mon boxer, de la manière la plus décontractée possible. Je gardais volontairement mon regard loin de ses yeux pour ne pas virer à l'écarlate et allais m'asseoir sur le canapé, comme elle me l'avait indiqué, essayant de trouver une position confortable. — Je détache mes cheveux.. ? demandai-je l'air de rien.  

Je te souriais, suivant du regard les gestes de ta main. — Merci. Je chuchotais à peine, le son étant presque imperceptible, mais qu’importe les mots employés, tu avais cette facilité à me comprendre. Peut-être que nos longues conversations sur nos passés respectifs nous avaient aidés à construire cette relation silencieuse, ou peut-être que nous arrivions à déceler la peine derrière nos sourires. Une chose était sûre, dans tes bras, je me sentais rassurée et je ne pensais plus à mon cœur meurtri. Cet instant, ou plutôt ces instants parce que récurent m’aidaient plus que je ne voulais bien l’admettre. C’était terrifiant, de sentir qu’on avait dépassé une limite qu’on préférait ignorer. Enfin… C’était sans compter sur ma mini crise de jalousie, qui avait sonné la fin de cette bulle dans laquelle nous nous étions enfouis. Elle avait éclaté, en apportant une multitude de complication dont je me serais bien passé. Pourtant j’appréciais cette franchise, parce qu’elle nous ressemblait bien. J’osais donc poser des questions qui m’avaient déjà brûlé la langue par le passé, mais que je n’avais pas osé te poser. — De mon point de vue, tu as plutôt une part d’elle qui vit en toi, juste là. Je tapotais doucement ta tête, puis ton cœur. — C’est dommage de ne pas la laisser vivre à travers toi. Je le tentais, en parlant tout doucement, parce que c’était un sentiment qui m’était familier. Non je n’avais pas perdu mon fiancé, mais oui j’avais moi aussi perdu mon âme-sœur. Je vivais pour deux à présent, ne laissant plus la vie m’abattre. Et si j’appréciais que tu te livres à moi de cette façon, tu nous ramenais à la réalité. Je ne pouvais m’empêcher de rire franchement. — Je prends ça pour un très joli compliment, merci. Je retirais quand même mon tee-shirt, pour en mettre un noir et plus large, toujours le même qui m’accompagnait depuis des années. — T’as si peur que ça ? Que je soufflais en m’approchant quand tu t’installais sur le canapé. — Tu te préfères comment ? Je me posais doucement à tes côtés, replaçant tes bras pour faire ressortir naturellement la courbe de tes muscles. — Tu préfères, tenir un bouquet de fleurs fanées ou changer le positionnement de tes jambes ? Je me redressais, face à toi, puis j’allumais le lampadaire installe à tes côtés pour jouer avec les effets d’ombres et de lumière. — T’es.. parfait. Puis je me penchais pour te regarder droit dans les yeux. — Merci de faire ça pour moi. Et si l’envie de t’embrasser était bien présente, je remontais jusqu’à ton front. — Tu ne peux pas imaginer à quel point ça me touche. Et je plaquais mes lèvres, avant de partir m’installer sur mon petit tabouret à roulette face à toi.

Je ne parlais pratiquement jamais de Charlie. Le déchirement qu'avait créé sa mort était encore tellement présent, me rendant tellement fragile... Comme un funambule qui marche sur un fil, menaçant de tomber à tout moment Pourtant à cet instant les mots sortaient d'eux-mêmes, comme s'il avaient toujours été là, attendant seulement qu'on vienne les cueillir. C'était à la fois perturbant et réconfortant, comme le regard azur de Maze, si beau et si profond. — De mon point de vue, tu as plutôt une part d’elle qui vit en toi, juste là. C’est dommage de ne pas la laisser vivre à travers toi. Ses mots comme ses gestes me bouleversèrent profondément, allumant comme une flamme au coeur de ma poitrine, où rien ne brûlait plus depuis ce qui me paraissait être une éternité. Instinctivement ma main attrapait la sienne, déglutissant et clignant des yeux pour garder contenance. — ... j'essaierai répondis-je sur le même ton, murmure s'échappant d'entre mes lèvres.
Je nous ramenais ensuite sur terre, autant pour calmer mon coeur que reprendre un peu le contrôle de moi-même. Ce qui était vite dit quand on voyait l'état d'intimidation dans lequel je me trouvais. Je tentais même une vanne quand elle proposait de se déshabiller, même si le fond de mes paroles étaient totalement vraies. Jamais je ne pourrais rester de marbre à la regarder se concentrer sur moi en étant nue. Ce pouvoir d'attraction qu'elle avait sur moi était.. bien trop intense. Ce qui était à la fois effrayant et délicieux. — C'est... intimidant répondis-je, honnête. J'haussais les épaules quand elle me demandait comment je me préférais, finissant par tirer sur mon élastique pour plus de confort, libérant mes boucles. Puis je la laissais prendre mes bras avec cette douceur qui lui était propre, les repositionner comme elle le souhaitait. — Je vais bouger mes jambes... comme ça ? demandais-je, levant mon regard vers elle, cherchant son approbation, alors qu'elle s'était levée pour analyser le tout. Je crois que j'adorais la voir comme ça, dans son élément. Même si j'étais encore trop nerveux pour pouvoir apprécier pleinement l'instant. — T’es.. parfait. Sourire aux lèvres j'haussais les sourcils, un brin surpris. Laissant mon regard plonger dans le sien sans retenue quand elle se rapprochait. J'avais... très envie de l'embrasser. Pas juste par désir ou passion et... c'était probablement ce qui était le plus déroutant. J'en avais envie, tout en ayant conscience que ça ne devrait pas être le cas. On était pas censés s'embrasser en dehors des moments où on couchait ensemble... si ? Je souriais en sentant son baiser sur mon front, plus touché par ses mots que ce que je ne voulais bien montrer. — Aller, reproduis-moi ce corps d'apollon ironisai-je avec autodérision, essayant de ne plus bouger. — C'est un t-shirt fétiche ? demandai-je, poussé par la curiosité.

Je cueillais tes confidences avec douceur. Mieux encore, je m’estimais chanceuse, que tu sois suffisamment à l’aise avec moi pour réussir à me parler d’elle. Jusqu’à présent, je ne connaissais que le strict minimum, ayant simplement connaissance de la perte de l’amour de ta vie. Si tes propos semblaient avoir une certaine résonnance chez moi, j’avais cru perdre comme toi, un part de moi en ayant assisté à la mort de Leroy. Toutefois avec 10 ans sans lui derrière moi, j’avais pris conscience qu’au lieu de vivre qu’à moitié, je me devais de vivre pour deux. Je me tentais à te l’expliquer, sans pour autant vouloir m’immiscer dans ton processus de deuil. Aucune once de pitié n’était présente dans mon regard, mais je t’y transmettais toute ma tendresse. Je te souriais doucement, en hochant tout doucement la tête, parce que quoi qu’il arrive, tu te devais de suivre ton propre rythme. D’ailleurs, tu te lançais, évoquant le sujet de ta présence ici et le cadeau que tu m’offrais. J’étais dans mon élément, bien que cette activité n’était qu’une passion, je prenais les choses très au sérieux. — Ce n’est que moi, tu sais ? Et on s’est déjà vu des centaines de fois à poil. Je ne savais pas comment te rassurer, pourtant, je connaissais chaque parcelle de ton corps par cœur. Je souriais quand tu détachais des cheveux, m’afférant autour de toi, bougeant tes bras. Un pas en arrière pour mieux te regarder et je secouais doucement la tête, avant de m’approcher de nouveau. Replaçant une de tes mèches, j’hésitais un instant à t’embrasser, avant que la réalité ne me frappe. Je n’étais pas dans mon droit. Un baiser sur ton front plus tard, et bien changée, je m’installais à ma place. Je riais, penchant doucement la tête et j’attrapais mes lunettes au passage. — Et pas qu’un peu. Je souriais, enfilant mes lunettes, avant de regarder le bas de mon tee-shirt. — Ma mère l’a pioché dans les affaires de mon père quand j’étais petite pour me protéger quand j’ai commencé à toucher au dessin. Je donnais mes premiers coups de crayon, faisant mes premiers repère pour les proportions. — Et depuis, il ne m’a jamais quitté, je l’enfile à chaque fois que je fais parler mon art. Mon regard jonglait entre toi et ma toile. — C’est certainement la seule chose que je possède de lui.