Tu avais l'impression de te trouver dans une faille temporelle depuis plusieurs jours. Le temps s'etirait bizarrement depuis la disparition de Jinx, tu avais l'impression d'avoir vécu plusieurs vies alors que cela faisait une semaine depuis cette saint Valentin maudite. Les émotions s'étaient succédées, intenses, hors de contrôle. Il y avait eu l'angoisse, l'attente et le verdict final. Tu avais perdu tes moyens quand tu avais su, qu'il avait été là, alors qu'à la base tu ironisais sur son implication. L'arroseur arrosé. Depuis, tu t'en étais mordu les doigts. Ça avait cristallisé toutes tes angoisses depuis la publication de Veritas qui avait instillé le doute, ébranlé tes convictions. Ça t'avait fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Il y avait eu à nouveau l'angoisse, le sentiment de rejet. Tu n'avais pas été préparé au tsunami émotionnel qui s'est dès lors déclenché. Puis, il y a eu l'effondrement psychique, qui t'avait vidé, puis à nouveau le doute. Les questions sans réponses. Le pourquoi qui tournait en boucle dans ton esprit. Bien sûr, tu t'étais senti soulagé en la sachant saine et sauve. Tu savais les grandes lignes, par Fallon notamment. Tu n'avais pas besoin d'en savoir davantage, il était inutile de remuer la merde plus que nécessaire, réactiver le traumatisme qui devait être bien installé. Tu voulais juste la retrouver, après tout ça. La toucher, la ressentir. Tu ne savais pas à quoi t'attendre en la voyant. Tu avais peur de la découvrir complètement démunie, fragile comme du cristal. Tu ne lui avais pas proposé grand-chose, quand tu avais parlé de lui préparer un bain, et lui faire à manger. Ça t'avait semblé juste, pertinent, purement pragmatique mais nécessaire. Malgré l'amertume qui te gagnait, ce sentiment de trahison, tu voulais quand même t'occuper d'elle, parce que c'était ton rôle de gérer l'après. Accessoirement, tu te demandais si un jour vos âmes tourmentées trouveront la paix. Cela te semblait être un rêve inaccessible en l'état. Il n'empêche qu'elle était là. Vivante. Réelle. Tangible. Tu ne lui demandas pas si ça allait, la question était absurde au vu des circonstances. "Je peux te prendre dans mes bras?" Tu t'enquis alors  d'une voix incertaine. Tu ne mesurais pas encore l'ampleur du traumatisme qu'elle avait vécu, alors tu demandais l'autorisation. Au delà de tes doutes et tes tourments, tu sentais que c'était le moment d'être fort pour deux.  

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Searching for words and praying for signs, I struggle to find the rhythm and rhyme.  

le teint blafard, poches sous les yeux, le corps plus fin que d'accoutumée. je faisais peine à voir. effrayée par mon propre reflet dans le miroir de mon téléphone portable. je t'avais promis de te rejoindre. pour te rassurer. pour te prouver que j'étais bien vivante. mais mon être tout entier redoutait ce moment. désirant juste prendre la fuite. fuir cette scène bien trop pénible pour un coeur déjà bien ébranlé. quand mon regard attristé et inerte croiserait le tien. quand tu comprendras que je venais d'atteindre ce point de non retour. j'me noie landon. mes pensées sont désordonnées. mon esprit est vide. j'm'efforce de tout remettre en marche. de faire fonctionner chaque membre de mon corps pour avancer. parce que j'avais pas le choix. la vie continuait. mais la mienne semblait s'être stoppée d'un coup. et j'pouvais pas laisser la tienne prendre le même virage. fut un temps j'aurais laissé mon égoïsme te garder à mes côtés. quitte à te consumer à ton tour. —  oui tu peux je murmure, dorénavant face à toi. j'le sens que toi aussi ça t'a marqué d'une certaine façon. même sans le vouloir, j'entraine dans mon sillage. dans cette noirceur que j'pensais avoir déjà combattu.   

Ce que tu redoutais le plus était finalement arrivé. Tu n'arrivais pas à te défaire cette idée de la tête, qu'elle avait fini par se détourner de toi pour quelqu'un d'autre, quelqu'un d'autre qui fera certainement plus l'unanimité que toi. Tu as été idiot de croire que tu pouvais faire la différence, que l'amour pourrait suffire parce que non, l'amour ne suffisait pas toujours. Tu te tenais debout face à elle, avec une certaine raideur, le visage dépourvu d'émotions et le regard éteint. Tu avais remis ton masque de fer, tu t'étais blindé pour faire face à ce qui allait suivre. Tu la scrutais en silence, notant tous ces petits détails qui avaient changé depuis la dernière fois que tu l'avais vue. Tu lui avais finalement demandé si tu pouvais la prendre dans tes bras, ce qu'elle te concéda. En silence, tu l'accueillis entre tes bras, réalisant qu'elle avait perdu du poids, elle qui était déjà mince auparavant. Cette étreinte avait une saveur particulière pour toi, parce que tu pressentais que c'était sans doute la dernière. Tu sentais que tu avais fait ton temps dans ce monde, qu'il n'y avait plus rien pour toi ni ici, ni ailleurs. Alors tu enfouis ton visage dans ses cheveux roux, tes mains caressaient maladroitement son dos, comme si tu avais peur de la briser. "Je suis désolé." Tu murmuras, la voix un peu rauque. "Je n'ai pas été à la hauteur." Tu avais ce sentiment d'échec cuisant, alors que tu ressassais votre dernière dispute sans comprendre ce qui s'était passé. Tu ne comprenais pas comment les choses avaient pu déraper autant, il y a quelques mois encore vous vous disiez que vous ne pouviez pas vivre l'un sans l'autre, là, tu avais juste l'impression de compter pour du beurre, que ton importance était finalement toute relative.  

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étreinte presque douloureuse. saveur différente. le myocarde souffre d'être aussi proche de toi mais de ne plus être en mesure de t'apporter ce que tu attends. j'peine à m'aimer. j'peine à maintenir une vie saine et stable. alors comment pourrais-je te donner ce que je n'ai plus à t'offrir ? mes bras agrippent ton corps. sensation que je redécouvre presque. le manque était bien présent. lourde était cette douleur de savoir que l'amour ne semblait plus être suffisant. pour le moment. j'peux que soupirer quand c'est toi qui en vient à t'excuser. de quoi exactement ? ça me désole que tu puisses penser que tu n'étais pas assez. l'erreur ne vient pas de toi. mon myocarde doit être le seul à porter ce fardeau. — t'as rien à te reprocher. ni à t'excuser. j'pensais pas à mal quand je t'ai volontairement mis de côté cette semaine. voulant simplement t'épargner une inquiétude inutile. ne voulant pas t'impliquer dans ces histoires de merde. micmac qui m'avait pourtant permis d'ouvrir les yeux. de comprendre que cette vie n'était pas faite pour moi. avec ce besoin de me recentrer sur moi-même. de reprendre ma vie, sans forcément penser aux autres. fatiguée de constamment devoir me justifier sur mes actions. — j'suis désolée... y'a rien d'autres à dire en vrai. ça résume un peu tout, n'est-ce pas ?  

La sensation d'avoir échoué sur toute la ligne était pourtant bien présente, et presque étouffante. Tu te détestais pour cela, parce que tu n'avais rien vu venir, parce que tu avais l'impression que, dès le début, tu avais été à côté de la plaque. Tu t'étais laissé bercer d'illusions, ce qui était un comble pour un magicien. Alors, quand elle te disait que tu n'avais rien à te reprocher, ni à t'excuser, tu peinais à y croire. "Je n'ai pas à m'excuser, pourtant, j'ai l'impression que je ne m'y suis pas pris de la bonne manière avec toi." Tu murmuras, plus déçu et triste, que amer et en colère. "Je me disais qu'en me montrant patient et à l'écoute, je pourrais éventuellement te faire comprendre que j'étais là pour toi et pour te soutenir quoiqu'il arrive mais...visiblement je pensais mal." Tu n'as jamais voulu l'étouffer, en réalité, au contraire, t'avais fait ce que tu pouvais pour lui montrer qu'elle pouvait se reposer sur toi, se sentir en sécurité avec toi. "C'est en cela que j'estime avoir échoué, parce que c'était littéralement mon job de te soutenir, y compris dans les moments difficiles, surtout dans les moments difficiles, et je ne crois pas avoir servi à grand-chose, en fin de compte." Parce que en réalité, ça avait eu exactement l'effet inverse, elle ne te parlait pas, et par ses actes elle te tenait à l'écart si bien que tu avais finalement l'impression de ne pas la connaître. C'était sûrement une sensation pire que le reste, parce que naïvement, tu avais cru que tu pouvais comprendre ses ténèbres parce qu'elles faisaient écho aux tiennes. "Je sais." Tu te contentas de dire, quand elle dit à son tour qu'elle était désolée elle aussi, tout en continuant à caresser son dos pour la réconforter. Tu ne voulais pas l'accabler davantage, elle était probablement déjà suffisamment consciente du mal qu'elle avait fait sans même le vouloir.   

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