En fait, c’est plutôt simple, son angoisse, j’ai du mal à la comprendre, à l’interpréter. Parce que dans ma tête, j’ai l’impression qu’entre lui et Haiwee, ça fait déjà plusieurs années. Bon d’accord, avec quelques écarts, des soucis d’officialisation, mais la brune, ça fait des mois, qu’elle a une place à côté de toi. Alors les doutes… c’est pour quoi ? « Tu veux dire depuis notre première rencontre ou depuis que j’ai couché aussi avec elle ? » Un peu des deux peut-être, depuis qu’elle est entré dans ton coeur et dans ta tête.

Tout de même, je note que malgré sa crainte évidente, il tente de garder le contrôle en dédramatisant la chose. Jouant au plus malin, même si je le sens incertain. « Ou depuis que j’ai cédé ? » C’est drôle, comment il voit les choses. Cette impression d’avoir décidé de lui accorder ce qu’elle désirait. D’avoir baissé les armes. Terminé une guerre qui n’a jamais commencé. Inconscient du fait qu’il était lui aussi tombé amoureux. Que ce n’était pas vraiment un jeu. Moi, je le savais avec Valentina, que j’étais foutu d’avance. Dès que j’ai vu ses jambes. J’étais conquis.

Alors je secoue le visage face à ses interrogations qui ne méritent pas de réponses, parce que je prendrais celle qu’il voudra bien me donner. Celle qui aura du sens pour lui et qui fera écho à mes pensées. Puis, ce sont aussi les alliances, la priorité. « Si personne ne les a volées. » Jusque là, je n’étais pas stressé, mais par sa faute, il faut avouer, que je pourrais rapidement l’être, c’est vrai. Alors je préfère me dire qu’il se paye ma tronche, le prix à payer parce que j’ai accepté de me ranger. Et j’imagine que ça va avec mon questionnement sur lui et ses sentiments. Cela étant, « Porte pas la poisse. » je précise, forcément. Je ne suis pas superstitieux, mais on ne va pas se risquer à défier les dieux. Paumé dans mes suppositions lorsqu’il annonce une fois arrivés face à la porte de la chambre qu’ils occupent durant ce weekend de réception. « Trois ans en mai, » Bordel. Ce qui me fait sourire, c’est qu’il n’a pas choisi la date de notre dernier bal harvardien, il a opté pour la date qui remonte au plus loin. Pas si dans le déni, l’ami. Néanmoins, trois ans, et il est autant anxieux… « Trois ans. » je répète comme amusé, après trois années, normalement, on n’est pas effrayé, « Et elle te met la pression, donc ? » au sujet de l’engagement, même si ça me semble être la suite logique, lorsqu’il est question de sentiments. Il y a quelques mois encore, ils s’attendaient à avoir un enfant. Je ne vois pas ce qui déconne à présent.