roman plongé dans ton sac avant de claquer la porte de ton appartement, t’es relativement détendue à l’idée de rejoindre enzo qui… n’est qu’un inconnu, à bien y penser. mais le feeling t’a paru si positif et la discussion si fluide que t’es à l’aise à l’idée de le rencontrer. une robe pull en laine enfilée avec des cuissardes à talons, t’as pas voulu te compliquer spécialement la vie pour l’occasion. arrivée devant le café littéraire, tu jettes un dernier coup d’œil aux photos de son profil pour le reconnaître plus facilement, bien qu’une fois dans les lieux, tu te retrouves une bonne minute plantée dans un coin à tenter de le repérer. et, dès que tes yeux verrouillent leur cible, un large sourire vient illuminer tes traits, t’approchant dès lors de lui. « coucou ! » que tu lances d’un ton chaleureux sans parler trop fort pour ne pas déranger le monde autour. chaise face à lui que tu tires pour t’installer, déposant ton sac sur tes cuisses pour en sortir le fameux thriller dont tu lui avais parlé par message. « tiens, cadeau ! j’ai pas fait d’autographe par contre… » le sourire un peu gêné.

le sursaut remarqué qui t’arrache un sourire amusé ; visiblement pas la seule à te perdre aussi facilement dans ta bulle lorsque l’art est entre tes mains. les billes rivées sur lui, à observer la moindre de ses expressions alors qu’il s’attarde sur la quatrième de couverture, te détendant finalement quand enfin il complimente l’histoire. et sa question finit par te surprendre, écarquillant un instant les yeux avant de les plisser, un rictus malicieux scotché sur les pulpeuses. « si c’est pour un autographe, non… mais si c’est pour écrire des petits mots sur une page aléatoire et te laisser les lire quand t’auras suffisamment avancé dans ta lecture, peut-être bien que j’en ai un… » le sourire aussitôt remplacé par un petit rire, attrapant la carte du café pour laisser glisser ton index dessus à la recherche de ta boisson. « t’as déjà commandé ? » que tu demandes sans relever les yeux.

le sourire qui s’agrandit au fur et à mesure de ses mots ; t’as visiblement fait le bon choix en acceptant de le rencontrer aussi vite. « ça vaudra vraiment de l’or avec des petits mots aléatoires si je deviens célèbre un jour. » plus qu’avec un simple autographe, non ? du moins, si on sait que c’est toi qui les as faits. le regard plongé sur la carte, tu fais pas attention immédiatement au libre qu’il glisse vers toi en te disant qu’il est prêt à jouer le jeu. les billes se relèvent uniquement quand il te demande si tu prends de l’alcool ou du soft. « soft. je vais prendre un chai latte. » carte que tu retires de devant toi pour voir le libre juste derrière celle-ci. « ah ! c’est pour les petits mots, c’est ça ? » tu te mets à rire aussitôt, ta main plongeant dans ton sac à la recherche de saint graal : le stylo. ce même stylo que tu lèves victorieusement dans les airs une fois trouvé. « je savais que j’allais finir par mettre la main dessus ! » le regard rieur se pose sur lui avant de revenir sur le livre que tu feuillettes pour trouver la page désirée. « tu regardes pas, sinon… » le stylo que tu pointes soudainement vers lui en plissant les yeux, comme si tu cherchais à paraître menaçante – mais t’arriverais même pas à menacer un enfant. « sinon, je t’écris des petits mots sur le visage. »

« j’espère que tu penseras à moi sur ton yacht. » lancé avant d’annoncer ton choix de boisson. signe de tête pour acquiescer quand il te donne le sien. « j’allais dire que je goûterai mais je crois que c’est pas très approprié quand on rencontre à peine quelqu’un… » grimace qui étire tes lèvres, l’air de dire ‘oups’ sans avoir à le prononcer. serveuse qui s’approche, commande qu’il se charge de passer pendant que tu fouilles ton sac. le stylo entre les doigts pour le menacer s’il s’avise de regarder, ton rire qui s’élève doucement à sa remarque et un peu plus quand ses mains viennent cacher son visage. « promis, je t’appelle quand je suis dans le taxi pour te dire que tu peux rouvrir les yeux ! » que tu le taquines, comme si t’allais te volatiliser soudainement. grimace que tu fais spontanément vers lui pour t’assurer qu’il ne voie rien – et s’il te voit, tant pis pour toi. lèvres que tu pinces en te concentrant sur les petits mots que tu rédiges sur trois pages différentes, le refermant finalement pour le déposer sur la table et le faire glisser devant lui. « c’est bon, j’ai fini ! » et tu vois déjà les boissons qui arrivent à quelques mètres de vous.

« de la mousse ? j’ai pas la rage pour avoir de la mousse… » c’est de cette mousse-là qu’il parlait au moins ? t’hoches la tête avec un peu trop d’entrain quand il te demande s’il ressemble pas à ses photos. « c’est ça, exactement ça… j’ai eu beaucoup de mal à te trouver, si tu savais… » ça, c’est juste parce que t’es bigleuse en réalité. et qu’il avait accessoirement le nez dans son livre. « tu m’en diras des nouvelles ! j’attends ton retour, je te laisse trois jours. » que tu rétorques en prenant un air sérieux. « et si j’avais voulu ajouter de la difficulté, je t’aurais dit demain matin… » une nuit sans sommeil et le thriller est terminé. ton chai latte que t’enroules de tes doigts pour le porter à tes lèvres, manquant de te brûler, un petit mouvement de recul que tu fais sous l’effet de surprise. ta robe que t’observes, une tache qui s’y est logée. « mince… » le contenant reposé sur la table, serviette attrapée pour tamponner le liquide sur le pull en entendant sa phrase. « c’est toi le bonheur à goûter ? » que tu demandes en riant avant de redresser la tête pour te rendre compte que c’est de sa boisson dont il parlait. « ah, euh… pardon ! » et là, tu sens déjà tes joues s’empourprer.