Pourquoi je stresse ? Pas habituée à faire ce genre de chose, invité un homme chez moi au bout de deux jours. Toujours posée, réfléchie. Pour une fois, je me suis laissée porter par nos échanges et l’envie qu’ils m’ont donné de te voir. Nicolas a déserté le loft pour allez chez l’un de ses meilleurs amis. Non pas sans lui avoir demander un milliard de fois si ma tenue allait. Est-ce que c’était trop classe ? ça laissait entendre un mauvais message de ma personne ? Ou au contraire, est-ce que c’est trop formel ? Depuis Félix, je n’ai fréquenté personne. Très mauvaise dragueuse, acharnée de travail que je peux être. Dernière boucle dans mes cheveux, tenue lissée du bout des doigts. Peur de ne pas être aussi bien que les messages qu’on a pu avoir, espérant voir la même alchimie en face à face. Seras-tu là ? Les yeux rivés sur l’horloge quand je prépare les verres à vin, que je vérifie que le saumon en papillote mijote tranquillement dans le four. Oui un vin blanc et du poisson, c’est l’association parfaite. Tu es là, tu es venu. Petit stresse quand même, faut l’avouer avant d’ouvrir la porte d’entrée. Puis le sourire quand je te vois. Il faut dire que tu es aussi beau que sur tes photos sur l’application. En fait non, tu es même encore plus beau. Petit rouge aux joues. « Je n’attendais plus que vous. » te faisant le passage pour te laisser rentrer, avançant vers toi pour te faire la bise, marquant le premier contact entre nous. « Je te débarrasse ? » tendant les bras vers le gâteau pour te décharger les bras. La bonne odeur des fruits qui transpercent le carton. Ça creuse mon estomac un peu plus. « Fait comme chez toi surtout… et toi j’imagine que tu es Hamlet ? » alors que je me met presque sur les genoux, le berger allemand courant vers moi pour avoir sa dose de câlin. Je pourrais passer ma  soirée à jouer avec lui, des petites rires raisonnent déjà.

Peut-être que je suis naïve de croire que tu sembles être si parfait par tes messages. Enfin oui, je suis une grande naïve, tout mon entourage le sait. Mais j’ai envie de croire que pour une fois, ça se passera bien pour moi. Que cette rencontre va me faire du bien, sortir de ma bulle du travail. Alors quand tu es là en face de moi, devant tant de beauté, je suis déjà sous le charme. Doucement Maxyne. Petite voix qui ramène à la réalité. T’aidant à te débarrasser, les joues qui piquent un fard discrètement en allant vers le frigidaire, espérant que le froid de l’appareil électrique fasse passer cela. « Elle sent super bon, j’ai presque envie de commencer par le dessert. » que je rigole. Me laissant approcher par ton nouveau colocataire, qui me sent, découvrant celle qui le reçoit. Pas de gestes brusques pour ne pas lui faire peur, finissant doucement au sol pour lui faire des câlins. « Il est très sociable surtout. » alors qu’il se met sur le dos pour des gratouilles sur le ventre. Ce qui ne manque pas de me faire rire. « Au menu de ce soir, saumon en papillote, avec ses légumes, sauce citronné et son riz pilaf. » prenant une fausse voix de serveuse dans les restaurants gastronomiques. « J’espère que ça te convient ? » Je n’ai même pas demandé si tu avais une quelconque allergies. « Tu es très élégant aussi, ta meilleure amie t’as très bien aidé. » m’avouant dans nos messages que tu avais été la voir. Evidemment, là je ne peux plus cacher mes joues qui rougissent à vue d’œil, appréciant le compliment. Je te plais donc. « Je dois juste ouvrir la bouteille, et c’est tout bon, je voulais tout préparer avant que tu arrives, pour profiter totalement de cette soirée. » Les yeux rivés dans les tiens, comme si ça faisait des années qu’on se connaissait. C’est aussi fluide que dans nos messages et ça me soulage. Bouteille qui s’ouvre, à température ambiante, verre à vin servi. Du blanc, un sucré, moelleux. Un fait par ma propre famille. « On commence ton initiation ? » que je souris en te ramenant ton verre, devant la baie vitré qui offre une magnifique vue sur charles river. Corps assez proche, malgré qu’ils ne se touchent pas.

J’ai toujours fait en sorte de bien recevoir les gens qui viennent au loft. Amis, familles, ou encore Esteban. Doucement, j’arrive à tourner cette page, laissant place à une belle amitié entre nous. J’en profite pour voir encore sa fille, Tillie, pour les cours de danse classique ou juste aller se balader. Ils compteront toujours pour moi. Cependant, je dois aussi penser à moi, et voir plus loin que la future médecin en moi. Et ça commence par une grande première, meetsme, et ta venue ici. Avec Hamlet, qui fait comme chez lui au passage, c’est assez amusant. Tant qu’il ne fait ses besoins dans le loft, tout devrait bien se passer. Maniaque, ça risquerait de compliquer la soirée. Mes talents d’imitatrice sont à revoir apparemment, même si je me suis faite rire toute seule. Bon public la Lurton. « Il fait trop froid pour que je mette un pied dehors là. » Frissonnant d’avance. « Je fais attention au sportif, je ne voudrais pas que tu te fasses disputer à l’entraînement parce que tu as trop mangé ce soir. » riant une fois de plus. Après tout, j’imagine que ça doit être une diète constante quand on est sportif de haut niveau comme là. L’impression parfois de rire seule, c’est un peu déstabilisant. Tu me l’as dit, tu n’es pas une personne des plus expressives. Tout le contraire de moi. Chaque émotion se lit sur mon visage. Admirant l’homme en face de moi en ouvrant cette bouteille de vin, ton col que tu replaces me fait sourire. Baisant les yeux, intimidée. « Il faudra vraiment que j’y fasse un tour à l’occasion. ». Parce que oui, elle a fait des merveilles sur toi. Bien qu’il n’y a pas de beaux vêtements sans de bels personnes pour les porter. Mettant tout en place pour Hamlet, cela prend peu de temps avant que je ne te rejoigne avec nos verres, et le berger allemand qui se blottit dans sa place faite. Je te fais confiance. Une phrase simple qui illumine mon visage. « Tu dois faire fonctionner tous tes sens pour connaître un vin. » Phrase à peine fini en remuant le liquide dans ton verre, que je sens ta main sur ma taille. Ne te repoussant pas, faisant même un pas pour me rapprocher. Sans comprendre d’où ça vient, j’ai l’impression que quand tu me dis être visuel, tu ne parles pas que du vin. « Du coup, tu .. enfin.. tu peux voir à la lumière la belle robe dorée du vin. » que je réponds, bafouillant, un peu naïvement. Ne voulant pas m’imaginer n’importe quoi. « Regarde.. » Soulevant ton verre pour le placer à la lumière des réverbères de la ville, posant ma main sur la tienne, tournoyant le verre. « Tu peux le sentir, le goûter, le toucher avec ton palais.. prend tout ton temps. » alors que mon verre se pose sur mes lèvres, sucrée, glissant le long de l’œsophage pour en avoir toutes les saveurs.  

Petit sourire timide sur le fait que je sois attentionnée. C’est dans ma nature, même avec un homme que je connais depuis… quelques jours. Juste quelques jours, et pourtant, ça semble faire des semaines et des semaines tellement c’est simple, et fluide. Pourtant, je suis certaine que je ne suis pas le genre de femmes que tu vois habituellement, le genre avec qui tu sors. « Tu fais une fixette à quel point ? » que je fini par demander, curieuse. « Je suis extrêmement gourmande, on tient peut être notre première grosse différence. » que je ris doucement. J’adore manger, surtout quand il s’agit de sucré. Non pas forcément de bonbons, mais le chocolat, les gaufres, les crêpes, les petits gâteaux, j’en raffole. Merci la génétique de ne pas me faire prendre un gramme. « Je serai ravi de t’accompagner à l’occasion. J’aime les jolis choses du moins, je ne dis pas que je suis les tendances du moment, vu que je passe plus de temps en blouse qu’avec mes vêtements. J’aime juste être bien habillée quand je la quitte. Alors merci. » Une nouvelle fois un peu timide, rougissante à mon bon goût. Tu n’es pas avide de compliment à mon égard. Et depuis Félix, je ne m’étais pas sentie autant… courtiser ? « Tous tes sens. » que je répète après toi. Cristal que je porte à mes lèvres, connaissant le vin par cœur, te laissant découvrir ton verre. Ta petite phrase ne manque pas de me faire avaler de travers, toussotant pour faire passer la gêne dans ma gorge. « Il me semble nécessaire de connaître un minimum ce qu’on a entre les mains pour justement en apprécier d’avantage la valeur. » Et ça, c’est valable aussi bien pour l’activité à laquelle on est en train de s’adonner qu’à des préliminaires, il me semble. Bien connaître l’autre, ça aide toujours à mieux lui rendre plaisir. Et bien le vin peut fonctionner de la même façon. Bien le connaître pour en apprécier tous les arômes. Posant mon verre, sans pour autant lâcher ton étreinte, gardant la main dans la tienne. La libre se pose sur ton verre, tes doigts, passant la lumière des réverbères à travers le verre. « La robe, c’est la fluidité, tu vois qu’il tourne tout seul dans le verre avec légèreté. Puis tu as la couleur, un magnifique doré, pas trop clair, signe d’un vin de qualité. » Passionnée dans mes propos, tournant ton verre avant de te le laisser le rapprocher de ton nez. « Tu devrais sentir comme il est fruité, comme la pêche par exemple. » alors que je reprend mon verre, le portant une nouvelle fois à mes lèvres. Le goût à l’air bien meilleur sur tes lèvres. Alors que mon regard ne te lâche pas, et c’est terriblement tentant. Mais je veux prendre mon temps, faire les choses bien s’il doit se passer quoi que ce soit. Je n’ai jamais été attiré par les coups d’un soir, c’est arrivé, rarement, mais ce n’est pas ceux à quoi j’aspire. Alors je ne dis rien, mais mes yeux parlent pour moi. Visage qui est un livre ouvert. Puis le petit rire qui vient quand tu avoues ne pas savoir ce que tu dois goûter. « Tu ne sens pas les goûts de miel, d’amandes, de pêches, ou encore de fruits exotiques ? Je crois que mon palais à toujours été fait pour ça. » Je ne peux m’empêcher de rire de nouveaux. Comme Obélix, je suis tombée dedans quand j’étais petite. « Ce n’est pas grave si tu ne les sens pas, tant que tu apprécies tout de même ce que tu goûtes. » me rapprochant un peu plus encore, bassin contre le tient avant de rajouter. « C’est une cuvée de ma famille, on est l’un des meilleurs producteurs de vins en France. » Mon nom a son importance en France, même si ici il ne vaut pas la même chose.   

Finalement, mon choix de repas n’était pas si mauvais. Pour une personne qui fait autant attention à ce qu’il y a dans son assiette, heureusement que j’ai misé sur l’équilibre. Ce n’est pas forcément la base de mes repas, ça m’arrive même de manger plus souvent gras, sucré. Et dans le fond je te comprends. « J’ai longtemps contrôlé mon alimentation, quand on est danseuse classique, on se doit de garder une ligne irréprochable. » Ce n’était pas obsessionnelle comme toi, juste que je suis douée pour les repas diètes s’il le faut. « Tu as cru que j’étais Hamlet pour finir tes assiettes ? » alors que je rigole doucement. Point de ressemblance ou différence, l’impression qu’on est complémentaire, sans le moindre jugement. Ça me plait d’avantages. Être moi avec toi, étranger que je connais depuis quelques jours. Pas besoin de jouer un jeu, d’être une autre, d’être celles que j’envie parfois. La tête qui approuve d’un mouvement l’idée de te suivre lors de ta prochaine escapade chez ta meilleure amie, celle qui t’a rendu encore plus beau aujourd’hui. Bien que tu n’aies pas besoin de ça. Mes connaissances en mode sont limitées, j’aime juste les belles choses. Me sentir belle, quand la plupart de ma vie je la passe en blouse blanche. Ce soir, c’est le cas, je me sens belle, aussi bien par tes mots que par ton regard, tes gestes quand tu m’attires contre toi. Corps si proche qu’on peut en sentir la chaleur à travers les tissus. « Tu es phase d’apprivoisement là ? » Simple question. Elle me concerne tout comme elle pourrait concerner le vin. As-tu envie de m’apprivoiser ? D’en connaître davantage sur ce vin que tu goûtes et qui est une partie de ma vie ? Je te regarde faire, le sourire aux lèvres sur ta façon de manier ton verre, et le liquide. Si l’affinité se crée entre nous, il ne se fait pas avec le vin. Je pensais réussir là où d’autres ont échoué. Cette réussite ne sera pas dans le vin. Yeux dans les yeux, les goûts que je t’énonce mais qui ne viennent pas. Le petit rire de nouveau qui s’échappe. « C’est ma potion magique à moi, je suis tombée dedans quand j’étais petite, j’ai une excuse. » Satisfaite que tu apprécies tout de même son goût. De nouveau, j’hoche la tête sur le fait d’avoir le meilleur vin français entre nos mains. Peau qui frisonne à ton contact, sentant ta main se glissait un peu plus bas. Pourtant je ne t’arrête pas dans ton élan. L’ambiance change du tout au tout, décharge électrique qui me parcours. Tout devient très sensuel. « Je n’ai pourtant rien fait. » naïvement. Tes mains libres, se posant de nouveau sur moi. Les visages sont tellement proches, c’est tellement enivrant cet instant. Tu sais y faire, c’est une évidence. Oubliant de respirer, le cœur qui s’emballe alors que je me suis fait la promesse de prendre mon temps. Les yeux se ferment quand tu t’approches un peu plus avant de glisser vers mon oreille. L’impression que mon corps va défaillir, l’envie est grande. Et tu te montres finalement le plus responsable de nous deux. « Je.. heu.. oui bien sûr. » Elle a perdu ses esprits la Lurton, à peine si elle se souvient de son prénom sur l’instant. Puis la respiration qui reprend enfin, mais le cœur qui palpite toujours. Hamlet lui est dans son coin, dort, sans même comprendre ce qu’il se passe dans cette pièce. « On peut manger là sur le comptoir, ou dans la salle à manger. Comme tu le souhaites. » Direction la cuisine, non sans un dernier frôlement de nos corps pour y accéder. Dos tourné, je fini d’un trait mon verre de vin espérant me redonner de la contenance. Déstabilisant Apollon. Sortant les mets du four, préparant les assiettes en te laissant faire ta vie dans le loft.