J'ai peu d'instants de répit. Me retrouver seule avec moi-même, dans ma propre bulle, ce n'est plus si envisageable à ce jour. C'est sans doute pour cette raison que je me suis octroyée ce moment, à la Adams. J'avais l'embarras du choix, penseraient certains, mais ce qui m'a semblé le plus propice à la paix, est de me rendre à la piscine intérieure qu'abrite notre bâtiment. J'ai seulement ce besoin de souffler. De prendre quelques secondes de repos, loin de tout et de tous. Même de l'homme que j'aime, histoire de ne pas me perdre. Les vacances de fin d'année chez les Grimaldi m'ont donné la sensation de ne plus toucher terre, mais je ne suis pas ainsi. Je ne l'ai jamais été. D'ailleurs, ressentir autant de bonheur ne m'est pas coutumier, et quelque part, cela m'effraie. Alors, ayant enfilé mon maillot de bain noir, une pièce, sous mes vêtements, je passe discrètement la porte, heureuse que ma prédiction soit juste. Un sourire apparaît par ailleurs sur mon visage, quand, une frimousse émerge de l'eau. Je ne suis pas certaine de bien la reconnaître, mais il me semble qu'il s'agit de l'ennemie numéro un de Wendy. Du moins, depuis un sérieux temps déjà. La raison ? Elle a dû me la cracher, mais à cet instant, je ne me la remémore pas… "Bonsoir." Je laisse résonner dans l'immense intérieur, pour délaisser mes affaires : mon sac avec ma serviette, un gel douche et sèche-cheveux, ainsi que brosse. Puis j'ôte mes vêtements, portant d'ores et déjà mon maillot. Passe obligé toutefois à la douche, afin d'ôter tout résidu de laine de ma peau et ainsi entrée dans la piscine, par le biais de l'escalier. Sauter dans l'eau n'a jamais été mon truc. "Je suis navrée, si je t'ennuie." J'hésite même à m'immerger davantage et pousse un soupir. Pourquoi devrais-je être l'ennemie, moi aussi, de cette jeune femme que je ne connais pas ? Je ne suis pas le genre de personne à juger selon les dires des autres et même si je tiens à ma belle rousse, elle ne sera plus présente dans quelques mois. "Félicitations, pour la bonne nouvelle." Un sourire franc étire mon visage. Aimerai-je être mère, moi aussi, un jour ? Oui, je le crois. Avec Hélios évidemment, mais je ne connais pas son point de vue à ce sujet.

Je ne suis plus sûre de mon choix. Ai-je bien fait de venir à la piscine de la maison des Adams alors que l’ennemie de Wendy s’y trouve ? Non pas que je la haïsse moi aussi, mais je ne la connais pas, celle qui répond au prénom de Haiwee. Peut-être sait-elle qu’elle est mon amie et par conséquence, n’a pas envie de partager l’endroit avec moi. Ce que je pourrais comprendre, en réalité. Car même si j’aime la rousse, je sais comme elle peut être avec les autres et si j’ai une sorte de traitement différent, il n’en est pas moins qu’elle ne mâche pas ses mots avec moi non plus. Seulement, je me suis faite à sa personnalité, bien que certains puissent s’imaginer qu’elle est encore et toujours aussi pourrie gâter. S’il y a une chose que je sais d’elle en revanche, c’est qu’elle a entrepris et entreprend encore tout ce qu’elle fait en réussissant seule, et je trouve que c’est une qualité. M’avançant dans l’eau, en m’arrêtant au second escalier descendu, je patiente, afin d’attendre son feu vert pour terminer mon chemin jusque dans la piscine. Car je ne sais pas encore si je l’ennuie ou non. “Je t’en prie.” Je réponds dans un sourire pus chaleureux, lorsque je me remémore que c’est Wendy qui m’a appris sa grossesse. “Oui, c’est bien Mina.” J’ajoute en me pinçant les lèvres, quelque peu nerveuse, quand mes épaules retombent puisque je ne la dérange heureusement pas. Ravie, je m’enfonce davantage dans l’eau et lui souffle : “Assez grande pour trois, même si, il ou elle a sa propre piscine.” Je suis attendrie par sa grossesse, comme je le serais pour d’autres, car j’aime les enfants. Ils sont innocents et doivent être aimés, ainsi que protéger, ce que je n’ai pas été. Mon sourire s’efface tandis que je me le remémore et mes prunelles s’embrument de larmes. L’eau est bonne, mais je m’en moque sur l’instant, il faut que je parvienne à la reléguer dans l’un des tiroirs de mon esprit, l’un de ceux que je ferme à double tours. “Pardon.” Je termine de souffler après ce temps écoulé, dont je ne connais la durée. “Il m’arrive de me perdre dans mes pensées parfois.” Comme tout le monde, je pense, mais lorsque nous ne sommes que deux, il est moins facile que l’on ne remarque pas notre soudaine absence.