☼ play with fire
feat @Valentin Rothschild
january 12th

table dressée pour les convives, sur son seul jour de repos de la semaine. c'était ça leur quotidien, leurs activités qui primaient. ponctué de regroupements et dîners autour de ça. la seule différence marquée résidait dans l'ambiance de ces soirées, bien plus détendue que sur leurs lieux respectifs de travail. médecine et droit, deux domaines dans lesquels il n'y avait pas de place à l'erreur. cette fois-ci, c'était le deuxième mis à l'honneur. collaborateurs du conjoint accueillis dans leur splendide demeure. sonnette qui n’avait cessé de retentir depuis une vingtaine de minutes, tous les conviés complétaient la liste peu à peu. sourire plastifié sur son visage pour la façade. c’est lui qui avait décidé d’ouvrir la porte, tandis que les discussions allaient bon train. parfaite maîtresse de maison. sourire fané à la vue d’une silhouette reconnue. face perdue durant un instant, avant de se reprendre lorsque la voix de son mari la ramenait à la réalité. présentations faites, sans se douter qu’il ne s’agissait pas de leur première rencontre. – le fameux Valentin, enchantée. le protégé dont elle avait tant entendu parler. prénom posé sur un visage qu’elle n’aurait jamais pensé revoir, et le destin en avait décidé autrement. regard tombé sur les fleurs. intérieurement stupéfaite de découvrir autant de politesse qui n’avait pas été flagrante, la première fois. – merci beaucoup. les apparences avant tout. fleurs attrapées et amenées à elle, presque pressées contre son ventre. le bouclier mis en avant. – t’avais pas précisé que tes stagiaires étaient aussi courtois. bien différent de ce qu’elle avait vu de sa personne, l’autre soir. rire du mari qui s’éloignait pour rajouter la bouteille de whisky à leur collection, tandis qu’elle se retrouvait seule face à lui. – finalement elles sont bien là, les fossettes. visage bien moins fermé que lors de leur première rencontre, il était difficile de les rater. sourire narquois renvoyé avant de se mettre à la recherche d’un vase dans lequel mettre les fleurs.

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en chair et en os, c’était le cas de le dire. silhouette qu’elle n’aurait jamais pensé revoir. assez naïf de sa part finalement, quand elle l’avait pris pour un employé du cabinet. ce qu’il n’était même pas, et pourtant, il se voyait à l’intérieur de leur demeure. mine décomposée un instant pour se reprendre, sourire de façade dont elle seule avait le secret. pratique forgée depuis l’enfance, dont elle avait tous les codes. même l’homme qui partageait sa vie depuis vingt ans n’y voyait que du feu, les yeux rivés sur la bouteille qui lui avait été offerte. et elle, son bouquet. une galanterie découverte qui n’avait jamais pointé le bout de son nez, la première fois. soirée à laquelle elle avait forcément repensé. pas tant pour lui, mais pour le caractère chaotique de cette fin d’année, des preuves tombées sous ses yeux. le bureau qu’elle avait ravagé, sans se douter une seconde qu’on l’aurait freinée. assez de temps pour lui faire retrouver raison, lui permettre de se recentrer après son départ. colère couverte par le faux-fuyant, d’avoir retrouvé le bureau de son mari en piteux état. faute rejetée sur un des nombreux employés frustré des remarques du patron. histoire si délicatement implantée dans l’esprit du mari qu’il ne voyait pas d’autre version. – c’est dommage, t’auras pas l’occasion de l’inspecter d’aussi près, celle-ci. répondu sur le même ton plus bas, avant de s’éloigner pour attraper un vase rempli d’eau et y déposer les fleurs. chasser les souvenirs qui voulaient se mêler. les invités semblaient s’être tous rassemblés vers la table dressée. vase posé au centre pour compléter la décoration. frustrée de constater que le bouquet du stagiaire y avait parfaitement sa place. comme lui, qui ne faisait pas pâle figure au milieu de ce beau monde. il s’en détachait même largement, seule attraction attrayante aux yeux de la rousse. tout le monde prenait place, le conjoint en tête de table. – valentin, en face de moi ? parce qu’en bonne maîtresse de maison, la priorité était de mettre à l’aise ses invités. non sans un sourire en coin au bord des lèvres, les yeux brillants de malice. lui aurait sans doute souhaité s’asseoir au plus près de l’homme qui l’avait invité, mais toutes les places autour étaient prises. – c’est dommage, il faudra se contenter de sa femme. et quelque part, la capture était plus plaisante. elle, dans sa robe verte. l'air presque innocent.

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les conversations se poursuivaient et d’autres débutaient autour de cette table, tandis que ses yeux à elle, restaient rivés sur l’invité en face. lui et ses fausses bonnes manières. délicieuse, qu’il disait. pas exactement le terme qu’il avait employé, la première fois. – je sais. mais c’est pas comme si tu avais le choix. visuel dont elle ne saurait se lasser, mais un contact qu’il lui fallait briser lorsqu’un sujet se dégageait des autres, la forçant à tendre l’oreille. – j’ai cru comprendre que Miller avait été renvoyé, c’est donc lui qui aurait saccagé le bureau ? le dos qui se raidissait. c’était son entrée en jeu. l’air faussement chagriné. – si vous aviez vu l’état du bureau.. j’étais simplement passée voir si mon mari travaillait encore. avant mon arrivée ce soir-là, c’était le dernier des employés a avoir quitté l’immeuble. le constat s’est rapidement fait. parce qu’elle n’avait pas eu d’autre choix que de mentir, prise sur les lieux du crime. quelqu’un avait alerté le maître des lieux qu’une rousse en colère se trouvait dans son bureau. fureur mise sur le dos d’avoir découvert le bureau de son époux ravagé. une facilité déconcertante à mentir, tant cette nuit-là que tout de suite, assise à cette table. jouer le jeu devant les invités qui n’y voyaient que du feu. tous, sauf lui. celui juste en face d’elle. premier et seul témoin de la scène. – c’est juste un garçon fragile, qui n’était pas encore prêt à endosser la pression d’un tel travail. trop jeune. et quitte à choisir, c’était toujours sa peau qu’elle sauverait, en priorité. dans n’importe quelle circonstance. peu importe qui tomberait à sa place, quelle réputation il faudrait ruiner. – mh.. l’âge de valentin, sans doute. détourner l’attention d’elle, désormais. dos qui prenait appui sur le dossier de sa chaise, verre de vin en main dont elle buvait une gorgée sans pour autant le quitter du regard. jeu dangereux, de mettre en lumière celui qui avait la capacité de l’exposer, tout de suite. est-ce qu’il le ferait pour autant ?

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les meilleurs avocats de la ville autour de cette table, et son attention n’était portée que sur le brun en face d’elle. le charisme qu’il dégageait au milieu des autres, qu’il écrasait même. la vue n’était pas désagréable, probablement ce qui l’avait motivée à l’installer juste en face, au-delà d’une volonté de l’éloigner de son mari. – facile à dire quand on a plus le choix. autrement dit, elle lui offrait le bénéfice du doute sans pour autant boire ses paroles. parce qu’elle n’était pas dupe, face à cette attitude angélique. comme s’il oubliait ce qu’elle avait vu de lui, lors de leur première rencontre. le regard bien plus mauvais et vicieux qu’il ne lui offrait ce soir. cette même soirée mise sur le tapis par les autres invités, incident qui l’incriminait. pas du genre à reculer devant des obstacles. si beaucoup auraient redirigé la conversation ailleurs, la chirurgienne s’y engouffrait comme au bloc opératoire. sûre d’elle, rien n’était laissé au hasard. comment inculper face à tant d’aisance à ce sujet ? la victime de ses actions trouvée, jetée sous le bus pour avoir été dans les locaux au mauvais moment. ce qu’elle n’avait pas préparé, c’était de mettre en lumière l’invité surprise. coup de folie qui pouvait s’avérer fructueux, comme désastreux. et sa réponse avait le don de l’embraser. les cuisses resserrées sous sa robe, la main qui entourait plus fermement son verre. ne rien laisser transparaître sur son visage. son corps répondait à sa place, transmettait ce qu’elle ne pouvait se permettre de dire à voix haute. il plongeait dans sa folie, tête la première. – et toi tu l’as, le cran ? discrètement glissé, les têtes des convives tournées vers un autre invité qui s’exprimait. seulement perturbés par les cuisiniers recrutés pour l'occasion, qui venaient leur servir le dîner.

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january 12th

cet air céleste qui en était presque agaçant à observer. comme l’envie de l’exposer pour ce qu’il était réellement, sans avoir finalement la nécessité de s’en charger. – je crois qu’on connaît déjà la réponse. une qui n’irait pas en sa faveur. parce qu’elle en avait entendu parler, de ce fameux protégé, plus que de n’importe quel autre employé. celui que son mari avait décrit comme le stagiaire idéal, non sans se vanter de l’admiration qu’il lui portait. ironie du sort, qu’il soit aussi celui sur lequel son regard se prononçait un peu trop. ou peut-être évident, l’inconscient qui la dirigeait vers le plus dangereux. l’ange qui laissait très vite place au démon, deux alliés offrant leur meilleure performance aux spectateurs dont ils se jouaient sans vergogne. mille fois. pas tombée dans l’oreille d’une sourde, qui faisait pourtant l’aveugle le restant du dîner. les voisins de table qui alimentaient les conversations, échanges de regards discrets, sans pour autant s’adresser la parole. cuillère reposée après le dessert, alors que les convives jouaient aux chaises musicales pour échanger avec tous. c’est comme ça que la vision du mari et de son protégé se dessinait, à quelques mètres d’elle. rien d'intimiste, conversation qui mêlait plusieurs employés. mauvais sourire qui étirait le coin des lèvres de la rousse, pulsion qui l’amenait à les interrompre. l’heure de tester ce fameux cran. quelques pas pour rejoindre le groupe d’hommes formé, bras déposé sur l’épaule du conjoint. – je parlais à valentin de ta collection de tableaux, il souhaite la voir. profite de tes invités. dévouement de l’épouse parfaite, qui ne voyait en réalité que ses propres intérêts. baiser déposé sur sa joue, pour finalement se tourner vers le plus jeune du comité. – valentin, vous me suivez ? pour s’isoler de l’audience, dans le bureau à l’étage.