Cher journal, je ne sais vers qui me tourner... Cela fais déjà  bien des années que je m'exprime envers toi, mais aujourd'hui, j'ai besoin de plus.

Tu relèves la tête, t'installe un peu mieux en t'appuyant contre le mur à la tête de ton lit, regroupant et levant tes genoux pour y déposer ton journal dessus afin de pouvoir écrire avec plus de facilité qu'être allongé sur le ventre. Tu mâchouilles le bout de ton crayon puis claque les pages de ton bouquin si précieux. Tu serres la mâchoire avant de le rouvrir, à la première page. Tes yeux se ferment quelques secondes, le temps de prendre une grande inspiration puis pose tes prunelles claires sur les pages et commence à lire.

Cher journal,
je sais pas pourquoi, mais la psy que j'ai vu aujourd'hui m'a dit de te parler. Mais j'lui est déjà tout dit.

Non, en fait je n'ai rien dit aujourd'hui. Je n'ai parler que de l'école. Que des bonnes choses. J'ai pas parler de mon père. Il boit encore. Il a toujours bu. Et, comme on peut voir dans les films, un homme qui boit est un homme violent. Ils ont raison.

Sur les pages, on peux y voir des traces rondes, représentant des larmes sécher qui ont dû couler lors de l'écrire de ces mots. Les premiers mots inscrit dans ce calepin épais. Cela promet. Mais il n'y a pas de surprise, tu connais la suite Aileas. C'est toi qui a écrit. Vécu.

Mon père ne sait pas parler. Il hurle. Tout le temps. Il est affaler dans ce putain de canapé. Il n'y bouge pas. Bouteille en main, télécommande de l'autre pour zapper non stop sur cet écran qui ne cesse de changer.

Tu hoches la tête, comme pour approuver. C'est vrai, ce ne sont les seuls souvenirs que tu as de ton géniteur. Un homme avachi dans le canap' a hurler, que ce soit sur sa femme, sur sa fille ou bien même sur la télévision.

Tu tournes les pages un peu plus rapidement, pour avancer dans ta propre histoire, te disant que tu en avais déjà suffisamment lu sur ton père.

[...] En rentrant de l'école, ma mère était entrain de faire à manger. Comme à son habitude. Je la voyais rarement ailleurs que dans cette cuisine. Une cigarette au bord des lèvres. Je l'ai trouver fuyante, grimaçant à certain moment. Elle m'a dit d'aller faire mes devoirs, mais j'en ai pas envie. Je les ai déjà fait pour demain, mais pour jeudi, j'ai pas envie. Je les ferai demain vu que je n'ai pas école.

La mâchoire de l'écrivaine que tu es, se serre à nouveau. En relisant ces lignes, tu avais déjà remarqué la violence que ton père déchaînait sur ta mère mais à cet époque, elle ne s'en était pas aperçu. Les larmes te montèrent aux yeux.... Tu attrapes ton paquet de clope qui traînait non loin de toi, sur le bord de la table de nuit et reprend ta lecture tout en allumant ton bâton de nicotine.

Cher journal,
Aujourd'hui, en rentrant de l'école, j'ai retrouver ma mère en sang, dans la cuisine. Maman n'arrivait même pas à parler, défigurée, elle était là, gisant sur le sol. Elle semblait avoir peur et ne voulait pas que je la regarde. Elle m'a posé les mains sur les yeux et en me repoussant et me montrant la porte. Je ne savais pas quoi faire, alors je suis monter dans ma chambre et te raconte désormais tout.

Là encore, des tâches d'eau parsemaient la page. D'autres détails étaient écrit, il faut croire que ce jour-là, la jeune femme que tu es alors que tu n'étais qu'une adolescente en avait gros sur le coeur et que tu avais besoin de te confier. Une page et demie avait était consacrer à cette journée.
Avec le recul, et pour une personne dite normale, là était la preuve qu'elles étaient en danger, ta mère et toi. Tu tires sur ton futur mégot à chaque ligne, prenant même pas le temps de sentir la chaleur de la fumée entré dans ta gorge, tes poumons. La fumée s'installait contre le plafond en cherchant désespéramment une sortie pour continuer son chemin, mais les fenêtres étant fermées, elle stagnait dans la pièce.

Attend journal, j'entend des sirènes de polices. On les entend souvent dans le quartier mais ... Ça frappe à la porte ! C'est eux !





Ils sont venue pour maman... Les voisins les ont appelés. Papa est parti avec les flics, Maman à l'hôpital et moi... Moi je suis dans un foyer d'ado. J'crois que c'est comme ça qu'ils appellent ça. J'connais personne. Tout le monde me dévisage. Je veux rentré à la maison. Je veux qu'on me fiche la paix.

C'est ce jour-là que tout avait basculé pour toi. Les flics, les pompiers, les services sociaux. Tu avais apprit plus tard, après plusieurs heures à te faire interroger, à devoir décrire ton père, dire comment se passait les journées à la maison, que c'était les voisins qui avaient entendu ta mère hurler peu de temps avant ton retour de l'école alors que ton père était à la douche, certainement pour enlever tout le sang sur sa peau et ses fringues.
Tu poses la tête contre le mur en la basculant en arrière finissant la moitié de ta cigarette en deux trois taffes seulement. Les nerfs vibraient en toi, les mains tremblantes, les yeux humides par les souvenirs. Tu n'avais que 18 ans à cette époque.

Cher journal,

Cela fait déjà quelques mois que je suis enfermé dans ce foyer et, finalement, tout n'est pas si sombre. Aujourd'hui, Anderson m'a embrassé. C'est bien la première fois qu'un mec m'embrasse.
Je sais, je t'avais déjà parler de lui, je crois que je suis amoureuse...  Il est tendre avec moi, on passe tout nos temps libre ensemble, je l'aide à ses cours et lui m'apprend la vie sans violence. Il m'a même invité à une soirée chez ses potes ce weekend de l'école. J'ai tellement hâte !

Tu esquisses un léger sourire en lisant ces lignes. A première vue, ça avait l'air d'avoir en fin de compte, était en changement positif pour toi, mais rapidement, les souvenirs de cette histoire te revinrent en mémoire, sans même avoir besoin de lire les pages suivantes. Il t'avait trompé, puis quitté pour aller avec une autre. La raison ? Tu ne te sentais pas prête à coucher avec lui. Certes, tu avais plus de 18 ans, mais tu avais peur de tout cela. Surtout que, tu avais apprit que ta mère avait été violé - et plus souvent qu'elle n'a pu coucher avec envie - par son mari, qui n'était qu'autre que ton père. Tu avais peur que ça lui arrive alors, tu refusais ses avances, jusqu'à cette fameuse soirée de la rupture.

Cher journal,

Je me suis décidé à franchir le pas avec Anderson. C'était merveilleux ! Je ne pensais ressentir tout ça. Mais j'ai réussi à le convaincre de quitter sa maîtresse et de rester avec moi. Il m'a dit qu'il m'aimait aussi. J'ai trouvé l'homme de ma vie. Je suis sur un petit nuage !

Replongé dans tes souvenirs, tu ne voyais pas la vérité derrière tous ces mots, ton comportement, ta descente au enfer. Car oui, c'était exactement cela. Une descente, un trou sans fond. Mais tu ne l'avais pas vu. Et ne le voit toujours pas.

Cher journal,

Anderson m'a proposé un petit boulot pour que je puisse avoir un peu d'argent de côté. Un peu de vente pendant les récrés. Rien de bien difficile avec pas mal d'argent à se faire. Le rêve non ? Je suis pressée de pouvoir commencer.

Vous l'avez bien compris, Anderson n'était pas ce prince si charmant. Non, dealer, gueule d'ange et beau parleur. Ca c'était Anderson. Mais à ce moment-là, tu n'y voyais que du feu. Tu étais naïve miss Erskine. Et tu l'es toujours. Tu ne te rends pas compte et trouve tout cela totalement normal, encore aujourd'hui.
Tu te souvient que ça avait duré plusieurs mois comme ça, vente de pilule, d'herbe, et poudre blanche. Plus le temps passait, plus les drogues s'ajoutait à ta liste de produits à vendre. Mais l'argent rentrait et cela lui convenait. Cependant, tu voyais de moins en moins Anderson. Et ça, tu ne le supportait pas, Aileas. Jusqu'au jour où tu perds les pédales et qu'une dispute éclate entre les vous deux.


Cher journal,

Anderson est un sale connard. Il s'est foutu de moi depuis le début. Il a jamais rompu avec sa p*te !!! Il s'est servit de moi ! J'le déteste ! J'ai envie qu'il crève !

Les pages étaient pleines d'insultes, de haine mais surtout de chagrin. Des dessins de coeurs brisés, de têtes de morts, des ratures au stylo noir de partout démontrant ta colère. Tu t'étais renfermée sur toi-même. Malgré toute cette rage, tu n'acceptais pas la rupture, tu ne voulais pas que tout cela se finisse, même si c'était le cas.
C'est comme ça que tu commença a enchaîner les mecs. Quand l'un partait, tu t'en trouvait un autre rapidement par la suite. Pourquoi ils partaient ? Tu étais jalouse, possessive, faisait des crises dès qu'une autre nana s'approchait de ton boy. C'est à cette période que tu commença à boire. Enfin, tu avais déjà goûter à l'alcool, mais là, c'était tous les jours, jusqu'à ce que les effets t'endorment. La descente au enfer était réelle.

Cher journal,

Aujourd'hui, j'ai 21 ans, je n'ai plus ma place au foyer. Je dois partir mais je n'ai nul part où aller. Je ne sais pas comment je vais faire pour m'en sortir... Un pote m'a parler d'un squat pas loin, j'devrais pouvoir m'y installé le temps de me trouver un boulot. Je l'espère ...

Le squat ... Une énième erreur de ta part. Des junkies. Il n'y avait que ça. Et leur dealeur. Toi, toi tu n'avais pas arrêter de dealer, tu savais t'y prendre et tu fus engager comme " vendeuse ". Ta vie reprit ainsi. Dealeuse, passant d'un mec à l'autre, jusqu'à arriver jusqu'à vendre ton propre corps pour amasser encore plus de thune, plus rapidement. C'est à ce moment que tu rencontras ton mec actuel. Mais fallait croire que ton passif ne t'avait pas assez marqué. Tu reproduis le même schéma. Mais c'était différent cette fois-ci. Pour toi du moins.. Mais tu avais déjà vécue cela, en spectatrice.

Cher journal,

Il est vraiment différent de tous les autres. Il m'aime. Je l'aime. C'est la vie parfaite ! Je m'installe chez lui dans les prochains jours. Il va m'aider à m'en sortir. Je crois que c'est le bon cette fois. Peut-être qu'il me demanda en mariage plus tard !!!!

Et c'était reparti. Tout dégringole après une année de bonheur. Tu avais reprit confiance. Avait cesser de dealer, de se prostituer. Tu ne bossais pas vraiment, enchaînant les petits boulots (serveuse, barmaid, vendeuse, caissière,...) mais surtout, tu avais commencé a te produire dans les transports, dans la rue. Tu chantais avec ta guitare. Oui, tu avais toujours chanter pour t'enfuir de ta chienne de vie. Tu avais apprit la guitare à l'école, avec l'une de tes histoires d'amour. C'était l'une des choses de bien qui t'étais arrivé d'apprendre la musique et de pouvoir posé ta voix sur les notes que tu grattais du bout de tes doigts... Jusqu'au jour où un mec dans la rue lui propose de venir jouer dans son pub. Lui disant qud tu serais payé à la prestation selon le chiffre d'affaire de la soirée.

Cher journal,

Il m'a demandé en fiançaille !!!!!!!!! Je savais que ce jour arriverait ! Il m'a promis le mariage mais, qu'il fallait déjà qu'on travaille tous les deux, avec un meilleur salaire. Je comprends, ça doit couter cher un mariage ... Puis, il veut qu'on quitte ce studio pourrit. Il veut même quitter la ville, le pays. Il a un plan à s'qu'il paraît. On va bientôt déménager à Boston.

Tu avais fumer telle à ton habitude comme un pompier, tu hoches la tête. Tout ça semblait bien loin désormais. Tu reviens à la dernière page. Celle que tu avais commencer. Tu relis ce que tu avais déjà commencer à écrire.

Cher journal, je ne sais vers qui me tourner... Cela fais déjà  bien des années que je m'exprime envers toi, mais aujourd'hui, j'ai besoin de plus.

C'est bien vrai. Tu as besoin de plus.

Aujourd'hui, il m'a encore tabassé. Je me suis retrouvé dans la salle de bain, inconsciente. A mon réveil. L'appart était vide. Il est parti. Encore une fois. Comme a chaque fois qu'il me frappe. Il part. Plusieurs heures. Plusieurs jours. Mais tu sais, Journal, il a raison. Je ne l'écoute pas. Il doit me faire respecter ses règles. Je ne dois pas rentré trop tard. Je le sais. Je dois rentré après le travail et le rejoindre au lit. Il a raison de me corriger.

Les mots fusent au bout de ton stylo. Tu ne t'arrêtes plus. Les larmes te brouillent à nouveau la vue mais tu continus. Encore et encore. Sans t'arrêter.

Mais tu sais cher journal, je ne suis pas une femme battue. Juste une mauvaise femme pour son futur mari. Je le sais. Il me le dit toujours. Je commence à le comprendre. Mais, s'il ne rentre pas ce soir, je resterai au pub après le travail. J'irai boire jusqu'à en oublier la douleur de ses caresses sanglantes. De toute façon, c'est le weekend, le weekend, j'ai le droit de faire ce que je veux. Alors ce soir, je sors. Je travail. Je bois. Et adviendra que pourra...

Tu ferme enfin ton cahier. D'ailleurs, ce n'est pas vraiment un cahier désormais. C'est plutôt un livre. Les feuilles son griffonnées de partout, ses premières anotations ont été rajouté après avoir arraché les pages. Ca ne ressemble à rien. A part à une histoire d'horreur qui ne se fini jamais. L'histoire de Aileas Erskine.