l'ennui tire les traits de ton visage. tu ne prends même plus la peine de relever la tête quand une silhouette entre dans ton champs de vision, te contentes de murmurer un vague salut avant de reprendre la contemplation des bulles de champagne dans ton verre. tes parents ont organisé une soirée mondaine, tu sais que ça sera pas la dernière. ils aiment bien faire ça, pour se faire bien voir du reste de la société, pour montrer qu'ils ont de l'argent, montrer les nouveautés dans leur villa rutilante. toi, ça t'ennuies. la vérité c'est que t'as rien de mieux à faire, ta vie et morne et triste. t'as pas d'ami.e.s qui t'attendant pour une autre soirée, non t'as rien de mieux à faire que d'être là. ta mine morose se relève pour fixer du regard un garçon que tu connais de vue, vous êtes dans la même confrérie. mais t'as jamais vraiment pris la peine de lui parler - tu parles à personne ou presque, de toute façon. mais aujourd'hui t'as décidé qu'il serait ta porte de sortie, ton armoire vers narnia, ton accès à la liberté. tu te glisses à ses côtés, silencieusement. ❝ je te conseille d'éviter les petits fours au thon, ils sont dégueulasses. ❞ et ton regard entendu se glisse sur le serveur pour le faire déguerpir. ❝ j'ai invité personne de la confrérie, qu'est-ce que tu fais chez moi ? ❞

@Yuri d'Harcourt

Si je dois pointer une chose qui me hérisse le poil, le genre de pince-fesse dans lequel je me retrouve possède l'Oscar, le Molière et la Palme de Cannes. Coincé dans un costume haute couture dont je viens d'ôter la cravate que j'entoure autour de mes doigts, à la recherche d'une occupation à peu près potable au milieu de ces babillages sans aucun intérêt. Qui s'intéresse à la dernière coupe de la cousine de l'oncle de la bécane à Jules ? Pas moi. En attendant j'évite tout échange social avec les gosses de riches et autres pimbêches qui me collent mal au crâne par avance et par principe. L'esprit qui vagabonde loin des bulles de Champagne et autres joyeusetés huppées, mes prunelles d'ambre se posent bientôt sur la propriétaire de cette voix féminine qui m'accoste. Sans façon. Je crois que y'avait déjà assez d'escalopes de thon ce soir pour tester les petits fours... Mon ton blasé semble faire écho à l'ennui de mon interlocutrice, ennui que j'imagine et devine plus que je ne le lis clairement, et pourtant bien que de m'en réjouir, sa question invite mon expression à se fermer dans un véritable réflexe. Ah mais c'est pour ça qu'on se fait chier, c'est ta soirée... Okay not fair. Mais sa question me paraît presque aussi suspicieuse que ma propre méfiance envers toute la race humaine. Yuri d'Harcourt. Juste là pour faire tapisserie en attendant de trouver un truc plus fun à faire. Invitation de tes vieux. Façon très personnelle d'expliquer mon trait d'humour précédant. Ou trait d'humeur, c'est selon.

t'es chez toi et pourtant t'as envie d'être loin, peut-être même que personne ne le remarquerait que si tu fuguais pour la soirée. mais quelque chose te retient, peut-être juste la peur que personne ne remarque ton absence, d'être encore plus invisible que tu ne l'es déjà. alors pour combler ton ennui tu te diriges vers le seule visage connu de la soirée, un de tes camarades de confrérie. tu lui as jamais adressé la parole mais ce soir t'as décidé qu'il sera ton sauveur. un sourire semble se dessiner sur tes lèvres à sa pique, tu pourrais peut-être apprécier sa compagnie finalement. ❝ Ouais, c'est ma passion d'emmerder les gens en les invitant à des soirées nulles. ❞ mais tu notes l'idée parce que franchement t'aimes tellement emmerder les gens que les inviter à une soirée sans ambiance pourrait être sacrément amusant. ❝ Ok, donc tu dois être une des grosses fortunes avec qui ils bossent. Enfin toi ou tes parents. ❞ tu trempes tes lèvres dans la coupe de champagne que tu tiens, lève les yeux au ciel. ❝ Tu vois la nana là-bas, elle trompe son mari avec le type près de l'escalier. Cap d'aller la faire chanter ? ❞ tu restes impassible mais tournes ton regard vers ton interlocuteur. Autant animer un peu cette soirée mais si tu sais que si tu fous le bordel, tu subiras les conséquences.

@Yuri d'Harcourt

Mes lèvres s'étirent d'elles-mêmes dans un léger sourire réellement amusé, pas de faux semblant - bien que je sois passé maître dans cet art très délicat. Je crois que je m'attendais à tout, sauf à de l'autodérision, autre art que j'affectionne au-delà des mots. Si mon sourire s'estompe rapidement, mes prunelles d'ambre contemplent désormais ce savant mélange d'une sorte de dédain et de provocation. Addition suffisante pour m'arracher à ma torpeur et faire dévier mes pensées vers un horizon un poil plus fun qu'il y a une poignée de secondes. Loupé, je suis un parvenu moi. Adopté par gens friqués, mais y'a rien de nobliau ou de gosse de riche dans ma coquille vide. Cette franchise que je dissimule pas une seconde ne sera sans doute pas suffisante pour convaincre la pimprenelle, sachant que je suis tout de même dans un costume sur-mesure et qu'en dehors de mon air sombre et mon extraordinaire façon de compter les mots que j'énonce, rien ne trahit mon passé de rue, de fils de prostituée, davantage habitué à un bon vieux marche ou crève qu'à me retrouver dans les petits papyrus des grands de ce monde. Ceci dit je te rejoins : la soirée est tellement fun que ma cravate me paraît sympa comme corde de fortune. Alors que mes doigts habiles et souples jouent toujours avec ce long morceau de tissu, j'offre une œillade à la cible de ma comparse. J'ai même encore mieux... Petit air narquois que je garde quelques secondes avant de me diriger vers ma proie tel une mangouste devant un cobra royal. Je passe ma main dans la descente de reins de la richaude, murmure à son oreille et admire l'expression de cette dernière se déconfire progressivement devant mes yeux sans pitié. La main tremblante, la damoiselle glisse une chose dans la mienne et j'esquisse une sorte de pas de danse en m'éloignant d'elle. Un peu comme si je m'étais planté et que rien ne s'était en vérité passé. Cadeau, trop facile. Cinq billets de mille dollars atterrissent dans la paume de Millie alors que mon dos se replace contre la tapisserie à proximité. Mon tour : obtient le boxer du type près du buffet, et t'auras gagné mon respect. Enfin un peu de respect.

Spoiler:

Distraction bienvenue qui t'oblige à laisser tes lippes s'étirer en un sourire. Peut-être que la soirée sera plus plaisante qu'elle ne voulait bien le laisser paraître. Toi tu as trouvé un partenaire de jeu, ton regard pétillant cherche à accrocher le sien pour savoir si vous êtes sur la même longueur d'onde. Soirée ennuyeuse que tu souhaites pimenter, comme tu voudrais pimenter ta morne vie. Mais t'es sans cesse rappelée à l'ordre par les bienséances, par tes parents et leur image parfaite. Ce soir la maison est close, ce qui s'y passe reste entre vous.  ❝ C'est dommage, nous étions à deux doigts d'avoir un point commun. Je trouvais ça touchant les deux adoptés qui se liguent contre leur famille adoptive pleine aux as. ❞ tu passes ta main dans tes cheveux blonds, air de princesse qui étire tes traits.  ❝ Mais moi je trouve que la vie de bourgeoise me sied parfaitement au teint. ❞ et contrairement à tes soeurs t'as pas envie de voir tout ça voler en éclat. Les regards envieux sur tes fringues hors de prix ou ta voiture de luxe te font éprouver une forme d'excitation que tu ne trouves nul part ailleurs, l'impression d'avoir une emprise sur les gens qui te jalousent. ❝ Où vas-tu ? ❞ ta voix qui s'éteint dans le brouhaha de la soirée alors que tes yeux s'accrochent à la silhouette qui te quitte. Tu détailles ses faits et gestes, cette main qui plonge dans le dos de la femme. Et ton compagnon te revient, t'arrachant un nouveau sourire lorsque tu sens la douceur des billets dans la paume de ta main. À ses propos tu tournes la tête vers l'homme près du buffet.  ❝ Tu me demandes de me comporter comme une fille de joie pour obtenir son sous-vêtement ? Pour qui tu me prends, d'Harcourt ? ❞ ton regard malicieux se tourne vers lui  ❝ À moins que tu espérais pouvoir participer ? ❞ tu hausses les épaules mais t'éloignes quand même en direction du buffet, main délicate qui caresse l'épaule de l'inconnu tandis que tu lui susurres des mots à l'oreille - mais ton regard, lui, ne quitte pas les prunelles de ton partenaire de la soirée.

@Yuri d'Harcourt

Mieux vaut être à deux doigts qu’à un poil de cul, m’est avis que je lance sciemment en mode aucune classe. L’idée de rentrer dans un moule me débecte avec tant de force que j’explose toute paroi qui s’approcherait un peu trop de ma personne. Mais je confirme, ton teint est absolument radieux au milieu de l’hypocrisie ambiante ! Le pire ? C’est que c’est un vrai compliment de ma part. J’avoue ne pas avoir rebondi sur le terme « adoptif » car il est aussi bien synonyme de paix que de douleur de mon côté. Je ne dirais jamais de mal des Harcourt, qui m’ont sauvé d’une mort certaine à plus d’un titre. Et puis, que serait la vie sans un brin de jeu ? J’y plonge la tête la première en parvenant à rafler la mise du premier défi. En revenant, ma naïveté m’indique que la jolie blonde ne compte pas faire de même, mais elle me détrompe avant même que je n’ai pu ouvrir à nouveau la bouche. Tu es la seule à avoir utilisé le terme « fille de joie » ça n’engage que toi que je rétorque tandis que mes iris d’un azur assombri suivent sa silhouette aux courbes parfaites, ne la quittant pas une seconde alors qu’elle s’adonne au deuxième chapitre de notre petit défi. Probablement que son regard m’incite à me laisser pousser des ailes, sans avoir goûté la plus petite goutte de Redbull, et à me rapprocher du duo formé par Millie et sa proie, choisie scrupuleusement par mes soins. Peut-être que je peux me joindre à la petite sauterie ? Terme choisi on ne peut plus soigneusement, et qui trouve écho face à la tête d’ahuri de l’homme contre l’épaule duquel se trouve la main de la jeune femme. Quoi, la fourmi n’est pas prêteuse ?