15th november - @Minji Bang
L'absurdité à son apogée. Toi, un bouquet de fleurs en main, l'hésitation te frappant de plein fouet devant cette porte. Les sourcils se froncent, incapable de cerner l'origine de cette tergiversation. Erreur dans le système, l'arrogance prenait les jambes à son cou et tu te détestais d'ores et déjà face à cette lacune, cet écart, cette faiblesse. Rectification, tu la détestais, l'abhorrais. De te forcer à jouer le mendiant ce jour ci, de te forcer à embarquer dans ce face à face qui ne promettait rien de bien apaisant. Loin d'là. Même avec ce satané bouquet de roses que tu songeais à abandonner lâchement dans un container, en extérieur. Non. Non. Non. Ressaisis toi. Frappe. Allez. Comme ça, oui. Bien. Regagne le contrôle, reprends le masque, simule le désintérêt, la nonchalance. Comme si tu n'avais pas songé à envahir son espace personnel chaque jour depuis deux semaines. Comme si maintes scénarios catastrophiques quant à son état ne t'avaient pas effleuré l'esprit au moindre message, espérant que ce soit elle. T'as fini de jouer l'immature ? Porte à peine ouverte que tu la bombardes, retrouvant avec joie l'impertinence. Que les festivités commencent !

15 novembre, ton anniversaire. Une date autrefois synonyme de fêtes éblouissantes, réunissant l'entièreté de ton répertoire téléphonique dans ce qui était pour tous l'évènement mondain à ne pas manquer. Mais aujourd'hui, comme chaque année depuis que tu as mis les pieds sur le continent américain, tout se jouera en tête à tête dans ton salon entre une coupe de champagne et une part de gâteau. Cassure nette dans la tradition à laquelle tu t'es habituée, et pour le meilleur: il est bien plus reposant de ne plus avoir à porter la couronne. Qu'importe que cette année soit celle qui marque le quart de siècle, pour rien au monde tu ne retournerais vers ce passé qui t'a tant craquelée.

Confortablement installée sur ton canapé avec un plaid bien épais, tu cherches un film sur Netflix pour accompagner ton dessert. C'est alors que les coups résonnent à la porte. Secs. Impérieux. Curieuse de connaître l'identité de celui ou celle qui t'importune, tu ouvres et réalises immédiatement l'erreur que tu viens de commettre. Riven devant toi, t'agressant avant même que tu n'aies fini d'expirer. Mais Riven surtout les bras chargés, d'un bouquet de roses dont tes yeux ne peuvent se détourner. Un court instant tu oublies votre dernière conversation, ce froid polaire que tu as jeté lorsqu'il a une fois de plus éraflé ton orgueil. Elles sont belles. D'un rouge éclatant. Un rouge sanguin. Celui là même qui teint très brièvement tes joues, mélange de surprise et de flatterie. Moins d'une seconde ne s'écoule avant que ton esprit ne reprenne le dessus toutefois, et tu répliques sèchement à ton voisin. Pas encore. Va embêter quelqu'un d'autre. Tu hésites à lui refermer la porte au nez, moment de tergiversation qui ne lui a certainement pas échappé. Un autre angle d'attaque se fait alors entrevoir. Allez ! Ta petite amie doit attendre ses fleurs avec impatience. Celle que tu n'es pas et que tu ne seras jamais. Et tu ne sais pas si tu dois en rire ou en pleurer.

@Riven Ackerman

15th november - @Minji Bang
Le regret gratte d'ores et déjà la paroi de tes entrailles, paré à tourner les talons. Si tu ne te serais basé que sur ton pur orgueil, elle aurait déjà pu admirer ton dos au bout du couloir. Mais force est de constater que tu possédais cette sale manie de l'étudier, constamment, intensément. Dès qu'elle s'impose dans ton champ de vision, peu importe la distance. Là, n'en faisait pas exception. Les brèves étincelles dans la lueur de ses prunelles ainsi que le rouge discret de ses pommettes ne manquèrent pas d'attirer ton attention, irrévocablement. L'ego ébloui, émerveillé. Le tiers d'un instant. Avant que ses mots ne le remettent à sa juste place : à terre. La frustration s'éveille, vivement, te plongeant dans le choix cornélien d'abdiquer et s'épancher sur ces excuses dont tu savais être attendues ou perpétuer le rôle de l'impétueux provocateur.  Pas de chance, c'est toi que j'ai envie d'embêter, spécifiquement aujourd'hui. L'impétueux provocateur, ce sera. Le rictus atteint tes lèvres tandis que le pied s'interpose discrètement par prévention, son hésitation à te refermer la porte au nez ne passant pas inaperçu. Elles sont pour toi. Tente l'approche un tantinet plus doucereuse, l'intensité se marquant à travers ta voix, tes billes se plantant sans merci dans les siennes. Ma petite amie a déjà eu les siennes. Mais le provocateur ne tarissait jamais longtemps, continuellement paré à la faire sortir de ses gonds. Commençant cecid it à déceler et connaître le mécanisme Minji, ton pied qui faisait barrage de porte ose s'avancer, te portant malgré elle derrière cette dite porte, dans son entrée, chez elle. Et les roses couleur désir écarlate vivement poussées entre ses mains. De rien.

Il n'a pas son pareil pour te faire perdre ton sang froid. A la fois capable des gestes les plus doux, ceux qui ébranlent les murailles du palpitant, et des mots les plus cruels, ceux qui te font imploser de colère et d'amertume. Le chaud et le froid, le calme et la tempête, l'attirance et le rejet. Chorégraphie qui s'étire depuis des années et dont vous ne vous lassez jamais. Aujourd'hui encore, sa simple vue te déchire entre ressentiment et soulagement. Il ne t'a pas oubliée. Mieux (pire?) encore, il te connaît par coeur. Anticipe que tu songes à lui claquer la porte au nez. Devine que tu ne peux résister à un si joli bouquet de roses. Prend l'initiative de s'imposer chez toi car ton ego ne peut formuler les mots qui l'inviteraient à entrer. Il sait déjà tout. Poussant un soupir de résignation, tu refermes la porte derrière vous et le laisses s'installer où il le désire pendant que tu déposes les roses dans un vase sur le buffet. Ces fleurs sont magnifiques mais tu sais quel meilleur cadeau encore tu pourrais me faire ? Tu t'approches de lui, plantant tes yeux dans les siens alors que tes lèvres s'étirent légèrement. Disparaître de ta vie ou bien t'embrasser seraient deux réponses acceptables. J'ai besoin d'un chauffeur pour me conduire à ma fête d'anniversaire samedi soir. Ta façon de l'inviter à cette soirée à laquelle il n'était pas (encore) convié, faute d'excuses de sa part pour son récent comportement outrageux.

15th november - @Minji Bang
Le soupir de résignation chez elle équivalait constamment ce sourire assuré de ton côté. Les longues années à étudier et analyser l'imbroglio Bang finissent par payer. Leçon numéro une ; le délicieux venin traversant ses lippes n'égalaient que très rarement - si ce n'était jamais - ses gestes, ses pensées. Les années ont fortifié ton traducteur Minji-esque et à chaque démonstration triomphant, la myocarde se déchaîne. Silencieusement. Ce genre de 'silencieusement' facile, trop facile à ignorer. Si facile qu'il finit par s'imposer et rythmer en écho à tout son être, malgré toi. D'où l'utilité constant de ce masque impertinent en sa présence et perpétuer le déni dans toute sa splendeur. Mais parfois ce masque échouait dans son rôle premier et dans ces moments, n'importe quel idiot pouvait apercevoir la lueur brillante dans tes pupilles lorsqu'elle formulait un souhait. Parce que la déraison t'amenait on ne peut trop souvent à répondre à tous ses besoins, lui apporter le monde entier sur un plateau d'argent - or - si tel était permis.  Je t'écoute. Tentes l'intonation désintéressée quand chaque cellule là-haut s'activait d'ores et déjà à satisfaire sa demande. Le pouls s'accélère à la distance réduite qu'elle impose, tes yeux ne la lâchant pas d'un seuil. L'insensé prie pour une distance encore plus restreinte mais le masque te ramène l'esprit, te rappelle le rôle du déni et soupire discrètement face à sa requête finale. Soulagement, déception ? Toi-même t'ignorais dans quel camp te situer. Tu organises une soirée d'anniversaire ? Accusateur. Pourquoi est-ce que t'en entendais parler qu'à l'instant ? A bas le sous-entendu qu'elle tentait sûrement de te faire parvenir - son invitation, l'aigreur s'éveille. Pourquoi ? Aucun de tes minables prétendants n'a accepté de jouer ton valet ? Mâchoire serrée, tranchant, piquant.