Je suis celle qui gâche les coups c'est connu mes amis. Bien sûr j'ai décidé qu'il n'avait pas le droit au bonheur ni au plaisir charnel ce soir. Je pouvais pas m'empêcher de rire jaune tellement que c'était absurde. Mon expression faciale parlait beaucoup aussi. Est-ce que j'avais bien entendu ce qu'il venait de me balancer? Moi lui demander de l'aide? Lmao. Fallait qu'il arrête de se prendre pour un super héros ça lui allait pas. Je crois qu'on avait pas vécu le même scénario mais soit. Il ressentait le besoin que je lui sois reconnaissante. Ce mec se donnait trop d'importance pour un contexte qu'il ignorait. « Tes impressions te font défaut » Et ses oreilles aussi. Faudrait peut-être que je le remercie mais c'était trop prématuré. Ça lui donnerait les munitions qu'il avait de besoin pour s'en servir contre moi et bah, j'voulais pas. D'habitude j'aurais été reconnaissante mais là on parlait pas de n'importe qui. « Parce que le problème c'est pu moi mais mon plâtre? » Ou alors c'est moi qui ai mal compris, idk. J'étais la source de son mal être, voilà la conclusion. Sans le vouloir, je venais peut-être de créer une légère brèche pour qu'il soit en mesure de me parler de l'importance qu'il accordait aux filles de ce monde. Je le voyais sortir son paquet de cigarettes avant de rapidement le ranger, suivi d'un soupir. Je suppose qu'il avait oublié que c'est moi qui avais encore son briquet -je devrais peut-être lui redonner mais genre après, parce que sinon ça pourrait signifier que je mets fin à cette guerre sans fin.- À peine que j'avais détourné les yeux qu'il se retrouvait avec une fiole entre ses mains pour boire. « T'as pas peur de chopper une maladie transmise par la salive, t'es courageux » disais-je en le voyant me tendre le contenu. S'il croyait que j'allais refuser ça.. eh bah non coco. L'alcool c'est la vie. Je prenais la fiole avant même qu'il ait eu le temps de réagir à ce que je venais de dire et je pris une gorgée. « Tu te bases sur quoi pour savoir si elles en valent la peine? » Curieuse de connaître ses standard.  

Un léger sourire narquois se posa sur mes lèvres en l'entendant dire que mes impressions me faisaient défaut, m'attendant justement à ce genre de réponse. Bien sûr qu'elle niait la chose, j'aurais probablement agit de la même façon à sa place tant la situation était incongrue. Et puis je le voyais là, dans son regard, que je commençai à l'agacer. Pourquoi aspirai-je tant à la faire sortir de ses gonds ? J'en savais rien. Mais la tentation de la voir totalement lâcher prise au détriment de la colère était bien trop alléchante. Alors je la piquais encore une fois, sous entendant que j'aurais préféré avoir la belle jeune femme de la boite dans mes bras ce soir que de me retrouver à la porter elle. Sauf que je ne le disais pas comme ça, comme si le fait de le prononcer tout haut écorcherait mes lèvres. « Ton plâtre, toi, on parle de la même chose là » répondis-je comme si ça n'avait pas d'importance. J'étais clairement en train de la réduire à son handicap, ce qui était loin d'être sympa mais... c'était plus fort que moi. J'avais ce besoin de la mépriser, et encore plus là tout de suite avec ce qui venait de se passer... me rendant soudain compte pourquoi. Mais cette raison je pouvais pas l'assumer, alors je la repoussais, encore et encore.
Faute de clope je me rabattais sur l'alcool. J'avais beau en avoir déjà ingurgité pas mal au cours de la soirée, le goût de la vodka bien froide me donna la sensation d'avoir les idées plus claires. Ou pas. Brinley attrapait la fiole que je lui tendais sans hésiter, se prenant une bonne lampée sous mon regard amusé. « Ca vaut surtout pour toi, c'est toi qui boit après moi là » commentai-je. « Attention il parait que la perfection se transmet par la bouche » ajoutai-je, en profitant pour me jeter des fleurs. Surpris par sa question j'hésitais sur la marche à suivre. Etre honnête ou esquiver ? « La prestance. L'intelligence. La répartie. » répondis-je malgré tout, choisissant l'honnêteté. « C'est déjà une base pour éveiller mon intérêt disons. » Quant à savoir si la personne en valait la peine... c'était compliqué. J'étais compliqué.

Je tolérais les conneries qui sortaient de sa bouche mais jusqu'à quel point? C'est lui qui avait commencé les hostilités, j'avais rien demandé. Plus il parlait et plus il perdait toute crédibilité mais c'est beauuuu de voir qu'il essayait de s'auto-convaincre que j'étais le problème. Tu vas aller au paradis moi j'te le dis, trop de bonté en toi grâce à ton action (ironie bonjour.) Je supportais pas ce genre de comportement, qu'on me parle comme si j'étais une merde uh. J'voulais lui montrer qu'entre nous deux j'étais clairement la plus mature, si il voulait me rabaisser en utilisant mon handicap comme prétexte pour tout grand bien lui fasse. Paraît que le meilleur mépris c'est le silence. Les questions que je me posais étaient nettement moins claires et ça me saoulait de pas comprendre quelque chose. Je pris une gorgée de vodka tout en lui lançant une flèche. « J'avoue t'es peut-être crade comme mec. Je sais pas ce que tu fais de tes temps libres avec ta bouche » Et pourtant, je pouvais mettre ma main au feu qu'il était très clean. « Ah ouais? Genre si tu rebois derrière moi tu risques de devenir une meilleure personne et tout » Et toc, je venais de gâcher son moment où il se lançait des fleurs. Fallait pas dire ça voyons. Bon après j'avais des défauts aussi comme chaque humain ceci dit. J'étais empathique, agréable, sympa. Tout le contraire de Marcus m'voyez. Sa réponse m'étonnait pas tellement, il fréquentait pas n'importe qui. « Et quel serait le truc qui pourrait faire perdre tout intérêt? » demandais-je en lui tendant la fiole après avoir repris une autre gorgée.         

« J'avoue t'es peut-être crade comme mec. Je sais pas ce que tu fais de tes temps libres avec ta bouche » Mes lèvres se pinçaient entre elles, la dévisageant sans vraiment savoir comment j'analysais cette pique clairement sexualisée. J'crois qu'en réalité je ne savais pas vraiment que faire de ça, me rendant compte que j'avais jusqu'à présent inconsciemment et totalement éloigné l'image de Brinley la femme, pour mettre en avant Brinley la casse bonbon. Plus les secondes de cette soirée passaient et plus j'étais déstabilisé. J'ouvrais et refermais ma bouche une fraction de seconde. Elle avait réussi à me couper le sifflet. Puis finalement ma bouche s'étirait dans un sourire en coin en l'entendant enchainer sur le fait que je pouvais devenir une meilleure personne en buvant après elle, appréciant clairement sa répartie. « Ou juste plus buté » glissai-je dans la foulée, comme si nous étions en train de disputer un match où l'on ne cessait de se renvoyer la balle. Puis étrangement la discussion déviait sur moi, ou plutôt sur mes goûts en matière de femme. Si moi-même je ne comprenais pas ce qui me poussait à lui répondre, je me laissais finalement porter, presque intrigué de la voir attendre réellement une réponse elle qui ne pouvait pas me supporter. « Mmh... la bêtise » dis-je après un instant de réflexion. Je récupérais la fiole, prenais une nouvelle gorgée. « La meilleure personne que je viens de devenir te retourne la question » déclarai-je avec ironie, mais attendant pour autant réellement une réponse.

C'était pas mon genre de prendre des pincettes pour piquer quelqu'un, je répondais du tact au tact sans réfléchir. Après tout, c'était un peu vrai. Qu'est-ce que je savais de lui? Pas grand-chose. Peut-être qu'il était pas aussi parfait comme il le prétendait. À contrario, je m'en foutais pas mal de l'image que je renvoyais. Ça vaut surtout pour toi. Est-ce qu'il avait dit ça parce que j'étais dudley? Pire, la vice-présidente de cette maison alors qu'avant septembre j'avais toujours été sans confrérie? J'sais même pas pourquoi je m'attardais sur ces détails. Je passais ma langue sur mes lèvres pour les humidifier, j'arquais un sourcil à sa réponse. Plus butée? Il n'avait toujours pas encore digéré notre dernier échange? Own. Paraît que l'alcool fortifie les liens, même les plus improbables. J'ignorais pourquoi je m'aventurais sur cette lancée, pourquoi ça m'intéressais autant d'en savoir un peu plus sur lui. Du moment où on boit avec quelqu'un qu'on aime pas, plus rien ne va. Autant occuper le temps pendant ce trajet non? J'hochais la tête, naturellement qu'il recherchait le top du top pour maintenir sa réput. « Waouh y'a du progrès » Bieeen il allait arrêter d'être un connard le temps de quelques minutes, fallait pas rêver non plus. « La simplicité, la confiance en soi, l'intelligence émotionnelle » répondais-je en toute franchise. « La manipulation » C'était le pire dans ma liste.   

Je ne cessais de me répéter que cet instant était absurde, et pourtant je laissais faire les choses, y trouvant curieusement de l'intérêt... voire une certaine fascination. Depuis le début Brinley m'obsédait. Par ce truc que je ne savais définir mais qui la faisait sortir du lot, ce truc qui me poussait à en savoir plus sur elle, bien qu'elle continue de m'exaspérer toujours un peu plus. A présent que je m'étais dévoilé sur mes goût en matière de femme, j'étais curieux de savoir ce qui importait pour elle chez un homme, n'ayant bizarrement aucune idée sur le sujet. J'avais même du mal à l'imaginer avec quelqu'un. Craquait-elle pour les stéréotypes américain, sportif bien gaulés et populaires ? Ou pour les mecs introvertis ? Les mecs parfaits futurs pères de famille ? « La simplicité, la confiance en soi, l'intelligence émotionnelle ». J'enregistrais ces informations, les analysant petit à petit. « La simplicité ? Ta vie de couple doit cruellement manquer d'intérêt ». L'attaque, encore et toujours. Mes lèvres se serrèrent dans un rictus lorsque je l'entendais me dire que pour elle ce qui était rédhibitoire, c'était la manipulation. « Tiens donc » glissai-je avec ironie, me reconnaissant clairement dans ce portrait.
La limousine ralentit et je jetais un regard à l'extérieur pour remarquer que nous étions arrivés à l'hôtel. Regard toujours sur elle, j'attendais que Kenneth vienne nous ouvrir, glissant la fiole de vodka dans ma veste. Je sortais le premier puis, après un soupir théâtral, me tournais vers mon chauffeur. « Va demander un fauteuil roulant » lui dis-je, avant de me pencher vers Brinley pour l'aider à sortir du véhicule. Un bras et une jambe dans le plâtre c'était quand même bien handicapant. « Profite Morelli, c'est pas demain la veille que je ferai ça » dis-je en l'aidant à se redresser, lui servant plus ou moins de béquille. Kenneth arrivait avec le fauteuil où elle put s'installer. « Puis-je faire autre chose pour monsieur ? » « Merci ce sera tout pour ce soir » répondis-je, avant de pousser le fauteuil jusqu'à l'ascenseur.

J'crois que j'avais des problèmes d'audition mais j'étais pas sûre, mettons ça sur la faute d'une hallucination auditive. Can you repeat please? I think didn't understand. « Elle peut pas être pire que la tienne » lâchais-je spontanément. Si il était assez intelligent il comprendrait vite que je parlais de Nora et lui. Peut-être qu'il souhaitait garder ce secret secret mais je contre attaquais sur un sujet vraiment glissant et un peu dangereux, inconnu. J'avais pas souvenir de l'avoir déjà vu au bras d'une fille sur le campus et je me demande si il avait déjà été réellement en couple. Est-ce qu'il avait aimé quelqu'un aussi fort que moi j'avais pu aimer Merrik? Faire tout et n'importe par amour? Quitte à accepter l'inacceptable? Pour ce qui est de la simplicité, on avait pas la même définition. Je préférais un date dans le coffre d'une voiture avec une superbe vue que d'un restaurant privatisé. Marcus il était capable de faire les choses en grand, lui. Je soupirais en détournant les yeux vers la fenêtre, remarquant que la limousine s'était mobilisée. Quoi déjà? On avait réussi à faire ce trajet sans s'entretuer? Marcus donnait un ordre pour avoir un fauteuil pour moi. Un s'il vous plaît dans la phrase c'était pas sorcier j'sais pas. Après qu'il soit sorti de la voiture, il se penchait vers moi pour m'aider à sortir. « Naturellement, courage il est pas encore minuit  « disais-je en le regardant, alors qu'il me tenait fermement et que je venais passer mon bras autour de son cou. L'homme arrivait avec le fauteuil où je m'installais. Marcus le licenciait pour la soirée. « Merci ! » lâchais-je en étirant mon cou pour le saluer et on s'éloignait jusqu'à l'ascenseur. « Tu comptes vraiment rester avec moi toute la soirée? » demandais-je lorsqu'on arrivait à notre étage. « Je t'imagine pas terminer la fiole tout seul » poursuivais-je, c'était contradictoire dans ma tête ugh.           

Clairement, j'aurais donné de ma personne ce soir elle ne pouvait pas le nier. A quel moment et surtout pourquoi avais-je décidé de l'aider déjà ? « Minuit est loin derrière nous tu veux dire » commentai-je avec un soupir. J'étais clairement en train de faire des heures sup'. Kenneth finissait par arriver avec un fauteuil roulant, et une fois Brinley installée je le congédiais, traversant le hall d'entrée avant de nous glisser dans l'ascenseur. J'avais terriblement envie de fumer et une fois de plus, je pensais à mon briquet toujours en possession de la jeune femme. Du moins, je l'espérais. « Tu comptes vraiment rester avec moi toute la soirée ? » demanda-t-elle alors que nous avancions dans le couloir, arrivant au niveau de sa chambre. Je lâchais le fauteuil, venant m'adosser au coin de la porte, face à elle. « Je t'imagine pas terminer la fiole tout seul ». Je rêve ou elle était plus ou moins en train de m'inviter à picoler avec elle ? Haussant un sourcil, je croisais les bras sur ma poitrine. « C'est une invitation ? » lançai-je avec ironie, avant de poursuivre. « Je te rassure, loin de moi l'envie de rester à ton chevet et te veiller toute la nuit. » Il fallait pas pousser non plus. Même si au fond de moi, une petite part était toujours inquiète quand à l'état dans lequel elle s'était trouvée quelques minutes plus tôt. Mais petit à petit, une idée germait dans mon esprit. « J'accepte de partager la fin de la vodka si tu me rends mon briquet ».

Minuit était loin derrière nous? Pour moi la soirée était loin d'être terminée, elle faisait que commencer. Ça se voyait qu'on fonctionnait pas de la même façon. Il aurait préféré dormir à cette heure-ci mais bon, on peut pas tout avoir dans la vie mon cher. Il semblait surpris de ma demande et pour le coup, je l'étais aussi. Je pensais pas que ça sortirait comme ça de ma bouche, fallait pas qu'il commence pas à se faire des scénarios improbables dans sa tête non plus. « Ouais si on veut, tu l'prends comme tu veux » Ça restait une invitation pour boire, rien de plus. Je sais pas à quoi je jouais mais une action de plus ou de moins la soirée était déjà assez weird comme ça. « Je vois pas pourquoi t'essayes de me rassurer sur un truc qui arrivera jamais » Mon esprit refusait catégoriquement d'imaginer Marcus s'occuper de quelqu'un c'était impossible. Alors l'imaginer rien qu'une fraction de seconde s'occuper de moi c'était illusoire, mais vraiment quoi.. Il l'avait fait toute à l'heure et il avait continué mais c'était différent, je savais pas trop quoi en penser. Je sortais la carte magnétique pour pouvoir entrer dans ma chambre. J'avançais toute seule à l'aide de ma main sur le mur. « Qui me dit que t'es pas en train de faire du bluff? » J'étais prête à négocier mais prudemment.

Je ricanais à ses mots, ne pouvant qu'approuver ce qu'elle disait. Oui clairement, jamais cette scène ne pourrait arriver. Peut-être juste dans mes cauchemars à la rigueur. Elle déverrouillait la porte de sa chambre et tout d'un coup, j'étais presque curieux d'en voir l'intérieur. Ce n'était pas aussi intime que sa chambre personnelle, ce n'était qu'une chambre d'hôtel et pourtant, une part de moi voulait en savoir plus, toujours aussi obsédé au fond par la jeune femme... Je me glissais derrière elle dans l'encadrement de la porte alors qu'elle avançait seule avec son fauteuil, bien déterminé cette fois à récupérer mon briquet. Ca faisait déjà trop longtemps qu'elle l'avait en sa possession. Je souriais légèrement à sa remarque, attendant qu'elle soit tournée face à moi pour lui répondre. « Rien, Morelli. Il va falloir me faire confiance » dis-je en haussant un sourcil, tout en sortant la fiole de l'intérieur de ma veste. Je jouais avec, la faisant tourner entre mes doigts. « Mon briquet d'abord ». Evidemment.