la soirée a été bonne. plus que bonne. on est complètement bourré putain. une bouteille de vodka à la main, on a quitté la soirée où nous étions pour prendre un peu l’air. rentrer à pieds. nos pas nous ont détournés jusqu’au port. c’est agréable de se promener avec toi. l’alcool nous rend légèrement euphorique. nous sommes dans cette bulle qui n’appartient qu’à nous. cette bulle de complicité et d’amour où j’ai clairement perdu toute notion de temps et d’espace. je ne suis plus vraiment maître de mes faits et gestes. j’avoue que j’ai bien forcé sur l’alcool de mon côté. toi non plus tu n’as pas bien l’air fraîche. mais cet état, on le partage à deux et ça me fait tellement kiffer. je me sens libre. des ailes me poussent dans le dos. je te jure, je me sens juste heureux à tes côtés. un bonheur simple mais ô combien galvanisant. « putain bébé regarde » les yeux s’écarquillent d’émerveillement. je me précipite quelques mètres plus loin et me retourne vers toi. large sourire sur mes lèvres. « c’est un comme ça que j’veux  » j’ai toujours rêvé d’avoir un yacht. genre le rêve ultime. mais je trouve ça tellement cher et tellement gadget. je ne dépenserais jamais autant de fric dans quelque chose d’aussi inutile qu’un yatch. mais ça ne m’empêche pas de trouver celui là hyper beau. « un jour bébé j’en aurais un comme ça et je t’emmènerais faire le tour du monde avec  » que je lance en rigolant, apportant la bouteille déjà bien entamée de vodka à mes lèvres. ivrogne.  

L'alcool coule dans tes veines, à la main, une bouteille de rhum à moitié vide. Perte d'équilibre, sensation de tanguer, tu tiens à peine debout Julia. Mais cette sensation de lâché prise te plaît toujours autant. Votre petite bulle se referme sur vous, il n'y a que vous dans ces ruelles un peu sombre. À rire aux éclats pour un rien. Vous marchez sans avoir de but précis, sans savoir où vous allez, jusqu'à ce que ton homme s'arrête. Orbes qui examinent les alentours. Le port ? Appartement. Tu as perdu la notion du temps, mais ça te plaît tellement d'être dans cet état. Avec lui, parce que tu sais que si tu fais une bêtise, c'est partagé avec lui et uniquement lui. De nouveau, le goulot de la bouteille touche tes lèvres, le rhum traverse la barrière, brûle ta gorge, tu passes ta langue sur tes pulpeuses pour retirer la mousse. Et tu lâches ensuite un soupir de bien-être. Ce que c'est bon... Hebert capture ton attention, prunelles qui fixent le bateau tandis que tes canines s'affichent. Il connaît parfaitement ce sourire. « Pourquoi attendre bébé ? » Nouvelle folie nocturne. L'adrénaline monte à une vitesse impressionnante tandis que ton corps se penche pour retirer tes chaussures et les saisir dans ta main de libre. « Bordel H, ça tourne trop à l'intérieur de ma cabosse ! » S'ayez, tu es partie pour déblatérer de la merde. Enjambe le bateau, manquant de tomber. « Tu m'emmènes faire le tour du monde capitaine Venancio !? » Hurle à la nuit. Sourire machiavélique, tu es toujours celle qui embarque dans des périples douteux. Lâches tes chaussures et tends la main à ton homme, buvant une nouvelle gorgée de rhum.

l'objet inutile par excellence. j'aime beaucoup, j'en trouve certains vraiment très beaux mais jamais je ne m'en achèterais un. c'est jeter l'argent par les fenêtres. dépenser bêtement, juste pour se faire voir. montrer sa richesse. c'est pas pour moi tout ça. je sais bien que je ne paye pas de mine au quotidien. je m'habille pas forcément avec des fringues de marque, alors pourquoi j'irais dépenser une somme astronomique pour un bateau que j'utiliserais deux fois dans l'année. c'est stupide. mais ça ne m'empêche pas de fantasmer dessus. de me précipiter devant comme un gosse qui verrait le père noel pour la première fois dans une galerie commerciale. j'aime la symbolique du truc. pouvoir prendre le large pour ne jamais revenir. partir en mer et se couper du monde. j'adorerais ça. être le seul maitre à bord. un jour on ira faire le tour du monde toi et moi. « bah parce qu'il n'est pas à nous ? » elle est con ta question. j'explose de rire. t'as trop forcé sur la bouteille bébé. tu retires tes chaussures. « ta mignonne petite caboCHE a trop bu bébé » tu me demandes d'aller faire un tour. j'éclate de rire encore plus. « mh ouais, tu sais conduire ce truc ? » parce que moi non. mais comme tu me tends la main, je ne réfléchis pas et je la saisie. on grimpe tant bien que mal sur le yacht qui n'est visiblement pas gardé. « attends j'enlève ça, ça peut nous être utile » effectivement, je détache la corde qui le rattache à la terre ferme. on contourne le ponton jusqu'à trouver une cabine. « c'est là j'crois » et forcément c'est fermé. j'enlève rapidement mon sweat puis mon t-shirt que j'enroule autour de ma main. mon poing s'éclate contre la vitre qui se brise en mile morceaux. je déverrouille le truc de l'intérieur et ouvre la porte. « après toi, princesse » faut juste prier qu'il n'y ait personne aux alentours ou à l'intérieur.

Le rire ne fait plus aucun doute, t'es totalement out of contrôle Julia. Même tes mots n'ont aucun sens. Mais bizarrement, tu te sens plus légère que jamais. Plus vivante aussi. « Si j'ai eu mon permis d'conduire, ce n'est pas pour rien bébé ! » Nouvelle connerie qui sort de tes pulpeuses. Parce que t'es en train de comparer un bateau à une voiture. Poumons qui implosent, rire aux éclats. Penchant légèrement ton corps pour lui tendre la main, ce dernier se résigne finalement et te rejoint dans cette folie. Il vaut mieux-être à deux pour ce genre de souvenir qui marque. Yeux écarquillés lorsqu'Hebert éclate la vitre, surprise par le bruit, mais mine rapidement effacée pour laisser place à la curiosité. Tu pénètres dans la cabine, regarde autour de toi, orbes examinant chaque matière, tentée d'appuyer sur tous les boutons. « Alors capitaine ? Tu sais démarrer cet engin ? » Pas qui gravitent autour de lui, bras croisés dans ton dos, main qui détient toujours la bouteille presque terminée, tu te penches au-dessus de lui, alors qu'il s'est assis aux commandes. Poitrine imposante qui vient s'écraser contre son dos.

dans quoi est ce qu’on s’embarque encore une fois ? j’explose de rire. c’est devenu si familier pour moi. la noirceur de mon âme s’efface à vue d’œil. je ne suis pas guéris et je ne le serais jamais totalement mais ta présence me fait du bien. beaucoup de bien. quand tu es là, je me sens mieux. je sais que quoi qu’il se passe, tu auras les mots pour me faire redescendre en pression. pour me calmer. me canaliser. c’est comme un don miraculeux qui fonctionne sur moi. plus efficace encore que ce foutu traitement qui m’est destiné à vie. je ne peux pas m’empêcher de rire à ta remarque. te trouvant tellement cute. adorable. « mh… t’as pas l’air d’être au courant qu’une voiture et un bateau c’est pas la même chose. y en a qui se conduit sur route et l’autre sur l’eau » meme moi avec autant d’alcool dans le sang, je le sais. mon poing explose la vitre en mille morceaux. on ne se fait pas prier pour entrer à l’intérieur. c’est comme dans un rêve. l’impression que rien de ceci n’est réel. je prends place aux commandes et fronce les sourcils. y a tellement de boutons, mon dieu. « tu crois que j’peux trouver un tuto sur youtube comment faire avancer ce truc ? » mes yeux tombent sur un bouton. un gros bouton. « vas y au pif j’appuie là » et c’est ce que je fais. on entend des machines se mettre en marche. un bouton clignote. j’appuie dessus. il cesse de clignoter, parfait. « ça tu crois que c’est le volant ? enfin le guidon ? enfin le truc pour avancer quoi » je galère à trouver mes mots. je saisie la poignée et la pousse légèrement. le bateau se met à avancer.