Le sourire ancré, je ne laissais aucune faille apparaître. J’étais habituée à jouer la comédie, à m’amuser des paraîtres. Pourtant, si j’avais osé poser des mots sur mon mal-être, j’avais quand même le sentiment de te trahir en omettant certains détails. Je m’étais convaincue que je n’étais pas en droit de révéler l’histoire de mon frère, mais ressentais le besoin de le faire. Je ne voulais pas te mettre de côté, mais cela ne m’empêchait pas de stresser à l’idée de te voir t’éloigner. Et si… Si jamais tu prenais la fuite ? Parce que ce que je m’apprêtais à te révéler en ferait certainement fuir plus d’un. En l’occurrence, j’espérais de tout cœur que tu comprendrais. Que tu me comprendrais. Et par-dessus tout, j’espérais que tu comprendrais les choix que j’étais en train de faire pour m’en sortir. Plus que tout au monde, je préférais jouer cartes sur table pour pouvoir avancer sereinement à tes côtés si tu m’en laissais l’opportunité. Je t'ouvrais quand tu arrivais au pas de ma porte, sans te faire attendre. — T'as été hyper rapide pour venir. Et sans te laisser la possibilité de te justifier, je t'attirais à l'intérieur pour me délecter de tes lèvres.  

Il y a déjà plusieurs mois que la brune est tracassée par des histoires familiales. Tu n’en sais que trop peu à ce sujet, mais assez pour savoir que c’est grave. Tout dans ces secrets ne présagent rien de bon, et ce soir tu sauras enfin ce qui se cache derrière tout ça. Enfin, tu penses avoir mis le doigt dedans, qu’elle a assez confiance en toi pour enfin se livrer. Tu ne perds pas de temps, dépassant la limite de vitesse tout le long du chemin. Tu n’as pas envie qu’elle vienne à changer d’avis et qu’elle se mure à nouveau dans un silence trop lourd. Ça t’inquiète et tu commences à te faire des films, craignant même pour sa vie. Ok ses frères sont là, mais tu préfèrerais savoir quoi faire au cas où quelque chose se passe. Voiture garée, tu montes jusqu’à son studio deux marches par deux et toques à sa porte. Attrapé par le col de ton pull, tu la suis sans avoir la possibilité de pouvoir parler, et te retrouves à l’embrasser. Mains qui viennent de part et d’autre de son visage tu l’embrasses tendrement. ❝ Salut toi. Et comme à tes habitudes, tu viens glisser tes mains le long de son corps jusqu’à la soulever pour venir la porter et faire quelques pas jusqu’au canapé où tu vas t’asseoir avec elle sur toi. ❝ J’ai peut-être été flashé en chemin. Je le saurai bien assez rapidement.

Il est emps d’enfin mettre les cartes sur la table. Je craignais réellement que l’As vienne battre les rois et la reine. Aucune piste à l’horizon de notre côté, mais cette inquiétude ne disparaissait pas pour autant. Si je devais trouver quelque chose de positif à toute cette histoire, c’était d’être certaine d’être bien entourée. Je m’étais déjà allégé d’un poids, utilisant mon meilleur ami comme oreille attentive lors de notre week-end à Chicago. J’avais besoin de te faire part des choses qui me tracassaient, afin d’être certaine que nous avancions dans la même direction. Peut-être que ce soir, tu opérerais un demi-tour contrôlé pour mieux m’échapper. Forcément, quand tu arrivais sur le pas de ma porte, je t’attrapais pour venir de couvrir de nombreux baisers. Enroulée autour de toi, je te laissais nous installer sur le canapé de mon unique véritable pièce. — Je t’ai pourtant dit qu’il n’y avait aucune urgence. Je n’ai aucune intention de me défiler. Quitte à tout perdre, je préférais savoir sur qui je pourrais compter et dans quelle mesure, tu étais prêt à tolérer mes choix compliqués. — Tu veux boire quelque chose ? Que je te proposais en me redressant un peu. — Avant que je ne commence mon récit. Et aussi pour t'aider à avaler la pilule, peut-être.