Dorures ressortent dans le champ de visions. Embellis par de lourds rideaux bordeaux. Entourent chaque encadrement de fenêtre. Déambules les âmes. Etouffées par leur propre illusion dont ils en seraient les maîtres. Les pas qui le guident. Le mêle à la folie écœurante. Sensation d’avoir du sable dans la gorge. Un sable si épais qu’il serait capable d’entraver chaque inspiration.  Tissu noir, enveloppe sa silhouette. Fait de lui l’ombre qui tente de se faire oublier. De disparaitre dans un monde qui ne lui a jamais convenu. Et pourtant, le voici. Porte-parole d’un démon. Méprisable paternel qui l’utilise. L’accord passé, le rendant messager. L’amertume laisse sa saveur. Impossible à camoufler malgré le bourbon qui disparait dans sa trachée. Lasse garçon. Délaisse l’atrium pour emprunter les larges escaliers de pierre. Maquillé par l’épais velours carmin. Avale le bruit des pas. A l’étage, l’ombre trouve refuge. Croise quelques silhouettes. Elles qui se taisent dans les cavités sombres. Près de la balustrade, il trouve refuge. Lumière tamisée. Caché par une zone d’ombre. Le dos en appuie sur une colonne, porte à ses lippes le verre. Il aimerait être ailleurs. S’échapper de l’asphyxiante atmosphère. Pince l’arrête de son nez pour fermer un instant, les orbes vertes. Blasées par la pièce qui se joue en bas.  

Fugueur de là-haut. Trouve refuge sous la voute céleste. La lourdeur troquée contre la fraicheur nocturne. Enveloppe sa silhouette de son manteau. Avale l’ombre dans son obscure. Fait de lui un élément opaque. Talons sur l’asphalte. Brise le silence pour lancer son écho contre son ouïe. La solitude détruite. Détourné par l’apparition spectrale. Reflet brillant dans ses orbes. La robe déchire la nuit. Montre à sa vue, une jeune femme brune. La lassitude peinte sur ses traits. Il peut le percevoir alors même que la luminosité est faible. « Pas assez d’bourbon, j’dirais. » L’idée même d’avaler du champagne assèche sa trachée. Il déteste ça Scott. Pour ce que l’alcool représente et pour son goût. Le palais habitué à plus de caractère. Discrètement, il observe le profil. Des longs cils aux pulpeuses pleines. L’apparence en accord avec la pièce de théâtre. Et pourtant, l’aura laisse deviner, le besoin de s’échapper. Sans doute, car il possède les codes pour l’apercevoir. Résonnance. D’elle, il finit par se désintéresser. Contemplant à nouveau, le vide de l’immensité. A la sensation vertigineuse qui rampe jusqu’à sa poitrine. Donne presque l’envie de goûter. L’apesanteur. De ses lippes, plus aucun son ne s’élève. Rien à dire.

« Pas besoin d’flasque. » Verre presque vide. Servie au bar parmi les bulles dorées. Métal résonne dans la nuit. Le faible son se répercute dans l’obscure. L’attention attirée, il découvre les phalanges blanchit. Accrochée à la rambarde. La maintient contre l’apesanteur. Les paupières closes, offre à la nuit son visage. Tangue dangereusement. Flirte avec le vide. Pendant un instant, il l’imagine aisément plonger. Comme si le saut lui permettrait de fuir ce qui l’alourdit. Revient sur terre. Balance les mots révélateurs. « J’savais pas qu’ils en avaient une. » Une authenticité. Un aspect qui les individualises dans la masse des ors. Soupire invisible. Se recule de son appuie pour délivrer sa carcasse de sa position. Dans sa main, le verre encore rempli, capte un rayon lunaire. Ressort l’ambré du liquide. Tourne sa silhouette. Fait face au profil de l’inconnue. Fausse ingénue. Partagé entre la froideur nocturne et la chaleur mortel. Celle qui s’échappe de la porte entrouverte. A ses oreilles, lui parvient les échos des voix lointaines. De la musique aussi lisse qu’écœurante. « T’en a une toi ? »

Cieux sombres. Tissu immaculée, perce sa noirceur. Clair-obscur. Les traits floutés. A moitié avalé par les ténèbres. Seul un rai de lumière en fait ressortir les courbes. Curiosité piquée. Par la tonalité de ses mots. Eux qui comblent les silences. Au bord de ses lippes, il devine le dégoût. « Pas ici. » Répète ses mots. Laisse percer une légère interrogation, mais trop éphémère pour s’incarner dans la matière. Froissement. Soulève la brise nocturne. Capte le parfum. Pleinement, elle lui fait face. Il peut les discerner à présent. Ses opales. Si noires, qu’elle semble absorber la lumière. « Parce que t’en à toi ? » S’extrait de ses lèvres, la question. « De l’enthousiasme. » Peint sa voix, l’ironie, mais refuse de s’exprimer visuellement. Mouvement. L’ombre se place dos à la barrière. Délaisse la vision directe pour à nouveau regarder son profil. L’obliger à s’activer. Voix fantôme. Revient hanter le lieu. Disparaissent aussi vite qu’elles étaient apparues. Violon résonne. Rempli le vent de ses notes. Confère à l’atmosphère une ambiance d’antan. L’impression flottante de basculer dans une autre époque. Si conservateur.