lendemain d’anniversaire, une partie de la nuit passée à faire le tour des bars avec paz, t’essuies aujourd’hui une gueule de bois des enfers. pourtant, t’as dû piquer du monde, pas franchement la volonté d’annuler tes rendez-vous de l’après-midi et du début de soirée pour soigner ta migraine. le boulot avant tout, comme toujours. et toutes les solutions ont été bonnes pour faire passer ta cuite. mais ce soir, c’est chez jude que tu t’es rendue ; invitée chez lui autour d’un repas pour passer du bon temps sans prise de tête. un peu différemment des derniers mois pourtant, la discussion de la veille qui t’a fait sourire mais que t’as pas remise sur le tapis – et tant mieux, ça aurait probablement été la meilleure idée pour foutre la suite de la soirée en l’air. ton corps qui reste à table lorsqu’il te fait signe de pas bouger, les pulpeuses qui s’étirent en un sourire amusé en le voyant revenir avec le dessert. des cupcakes. t’as l’impression de revenir quinze ans plus tôt ; et ça fait probablement aussi longtemps que t’en as pas mangé. « tu vas pas être bourré avec deux bières ? » que tu lances comme une pique, la malice dans le regard. ce même regard qui se repose sur ses pâtisseries, le sourire qui s’attendrit. « merci, c’est adorable. » ça l’est. et t’as pas l’habitude de ça. « et pour répondre à ta question, non, j’ai pas eu de gâteau. j’en ai jamais. » parce que tu fêtes jamais vraiment ton anniversaire ; en tout cas, nulle part ailleurs qu’à côté de fûts de bière. parce que les gâteaux, c’est ton père qui te les achetait, toujours. et que t’as jamais voulu de ça sans lui depuis. « enfin, pas depuis longtemps. » les gâteaux.

quelques mois sont passés déjà depuis que t’as pris les devants avec jude en récupérant ses coordonnées auprès de cet ami qu’il accompagnait se faire tatouer par tes soins ; et t’es plutôt fière de toi. le feeling passe relativement bien, précisément pour les instants charnels, le reste n’étant qu’un détail auquel il ne semblait pas vraiment s’intéresser jusqu’à la semaine passée. tu vas pas t’en plaindre, dans le fond, ça te convient bien. votre relation te va jusqu’à présent et t’as pas nécessairement l’envie que quoi que ce soit change, quoi que vous pourriez probablement être de bons amis à côté des avantages que vous avez déjà. « ouais, ce serait dommage que tu tiennes pas la cadence, je serai venue pour rien. » le rictus amusé qui étire tes pulpeuses pour ponctuer ta remarque dont tu ne penses rien. oui, t’es venue là pour vous faire du bien ; mais est-ce que ce serait réellement problématique s’il se passait tout bonnement rien de plus ce soir ? aucunement. t’auras passé une bonne soirée quoi qu’il arrive et c’est le plus important. l’histoire du gâteau le fait instantanément réagir puisqu’il repart et, lorsqu’il revient, plante grossièrement une bougie qu’il allume aussitôt dans l’un des cupcakes, tu fronces les sourcils de surprise avant de te mettre à rire. son corps qui se redresse, toi qui t’apprêtes à souffler comme si t’avais cinq ans, sa remarque quant au vœu qui te freine dans ta lancée. et tu réfléchis, t’essayes de trouver un vœu à faire avant d’hausser les épaules et de souffler. « on s’en fout du vœu, j’en ai pas. » puis t’y crois pas un seul instant. parce que t’as espéré toutes ces années que ton père ressorte pour te retrouver pour finir par te raviser en comprenant que la prison l’emporterait et que plus rien ne serait jamais comme avant. les pensées que tu chasses en attrapant ta bière que tu viens porter vers lui comme si tu souhaitais trinquer, une lueur de provocation qui apparaît soudain dans les billes. « le dernier qui vide sa bière a un gage. » un putain de gage. et t’attends pas qu’il réagisse pour engloutir ta bière d’une traite, plutôt experte en la matière, en t’arrêtant lorsqu’il ne reste qu’un mince fond de boisson ambrée. au final, t’as peut-être envie de l’avoir toi, ce gage.

la légèreté, c’est ce que t’aimes le plus dans la vie. bien sûr que t’es réfléchie, que t’as la tête sur les épaules et les pieds sur terre ; pour autant, t’aimes te laisser emporter par l’instant sans te soucier de ce qui pourrait bien se passer après. faire des vœux, c’est l’une des choses que t’aimes le moins ; parce qu’aucun ne se réalise jamais et que, systématiquement, tu finis déçue : exactement ce que jude vient de te dire. le défi que tu lances soudainement après avoir trinqué, le fond que tu laisses dans ta bouteille pour le laisser gagner et avoir le défi toi ; tu te dis que ça mettra un peu de piment à la soirée et que ça pourrait être plus drôle que frustrant. « putain, je suis tellement naze… » que tu lances faussement quand il te fait remarquer que tu l’as provoqué puis te lance ton défi. « je suis pas super d’accord avec ce défi, c’est pas cool pour tes cupcakes, ils méritent mieux… » tu fais mine de refuser en secouant la tête d’un air désolé avant d’attraper avec hâte le premier cupcake que tu t’apprêtes à enfoncer dans ta bouche. « attends… si j’arrive à mettre les deux, tu fais quoi ? tu rajoutes ça ? » les yeux qui pointent son entrejambe, la connotation clairement sexuelle, puis tu te mets à rire. et tu perds pas plus de temps pour enfoncer le premier cupcake que tu cales dans ta joue droite pour, dans la foulée, essayer de faire entrer le deuxième qui peine à passer mais… ça passe. un peu en miettes, mais t’as réussi, c’est le principal non ? les mains que tu places de part et d’autre de ton visage pour lui montrer ton exploit. « a-a ! » une tentative de ‘tada’ loupée. avec la bouche aussi pleine, y a que les voyelles qui survivent et encore : de manière étouffée.

le jeu toujours au cœur de ton quotidien, t’aimes ajouter du piment dans ton quotidien et dans tes relations ; c’est un peu ta manière de te sentir vivre. t’en fais des tonnes quand tu perds volontairement mais jude ne dit rien, et c’est sûrement ce qui t’amuse le plus dans cette situation. les cupcakes que tu fais mine de pas vouloir gâcher, sa réponse qui te fait engloûtir les deux bien que tu peines à enfoncer le second. s’il a fini en bouilli, t’as pour autant réussi le défi qu’il t’a lancé ; et c’est l’essentiel, n’est-ce pas ? t’es plutôt fière de toi, un tada aux consonnes mangées que tu lui offres, sa réaction et son assiette qui te font rire au point d’envoyer quelques miettes droit vers lui. les cupcakes que tu tentes tant bien que mal de faire ressortir de ta bouche, libérant finalement cette dernière de la manière la plus charmante au monde. les billes qui l’observent goûter son propre cupcake, un croc que tu fais dans un autre cupcake à ton tour pour lui donner ton avis sur ses compétences avant de te faire stopper, ta bouchée à peine avalée. les yeux plissés, tu l’observes se rapprocher de toi, un sourire plein de sous-entendus qui se glisse aussitôt sur les pulpeuses lorsque ses lèvres aspirent la miette. « je pense que j’en ai ailleurs aussi. » les billes reflètent parfaitement le fond de tes pensées. « vous devriez regarder de plus près, dr montgomery. » et s’il y va pas, les miettes viendront à lui.