Un retour dans un enfer dont la porte était fermé depuis bien longtemps. L'oubli comme meilleur allié.

Je poussai la porte du cabinet, plongé dans la pénombre, allumant que les lampes d'appoint, je m'allongeais dans le canapé, regardant le plafond. Je n'avais aucune envie de parler de ça... Mais si je laissais Priam sur la touche alors que Lena et Lorcan étaient au courant, il aurait vrillé en l'apprenant.

Les bras croisés sur le torse, je fermais finalement les yeux, prenant une grande inspiration.

Quand je me pointe au cabinet de Paz, j’ai une légère appréhension. Après tout ce que mec que je considère comme mon frère, venait de traverser je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. J’entrouvre la porte avant de le trouver bras croisé sur le torse, posé sur une chaise dans la pénombre. Tu veux me voir en mode Pablo escobar Paz ? Tu t’es pris pour un mafieux italien pendant cinq minutes ? Qu’est-ce qu’il t’arrive ?L’humour, la première forme de stresse chez moi. Je ne sais vraiment pas pourquoi il m’a demandé de venir jusqu’à lui aussi précipitamment mais je ne sais pas pourquoi ça ne me dit rien qui n’aille.

@Tybalt Pazelius

Tournant la tête en entendant la porte du canapé s'ouvrir, je mis du temps avant de me redresser encore fatigué par tout ce qu'il venait de se passer. Sa réflexion aurait dû me tirer un sourire en temps normal, la contradiction des nationalités qu'il venait d'exposer en moins de deux minutes, mais le moral n'y était pas.

Me levant finalement, j'allais jusqu'à mon bureau pour sortir une bouteille de Whiskey dont je servis deux verres sans dire le moindre mot. Je dois t'avouer un truc... Un truc qui m'est revenu... Sortant un petit médoc blanc que j'avalais avec une gorgée de liquide ambré, je pris quelques instants avant de continuer... J'avais une sœur... Attendant quelques instants comme si les cachets pouvaient agir aussi vite...

Face à lui mon visage déchante. Je le regard abasourdie pendant quelques minutes je ne sais plus où je me trouve et je ne sais plus quoi dire. Quelle sera la prochaine révélation de la vie de Paz que je ne connais pas ? Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas heureux. Et à ce moment précis je comprends quel type de sentiment je ressens. De la jalousie, un sentiment négatif qui m’envahit tout mon être. Je n’arrive pas à prendre conscience des choses je me rend uniquement compte que je n’arrive pas à accepter l’annonce, je ne suis pas paraît à voir arriver cette inconnue dans nos vies si elle est encore vivante. De.. de quoi tu parles Paz expliques mieux putain !

@Tybalt Pazelius

Poussant le verre dans la direction de Priam, je m'en ressers un deuxième avant de me laisser tomber sur le fauteuil du bureau. Envoyant ma tête en arrière pour regarder le plafond, je soupire avant de prendre une nouvelle gorgée. Elle est morte sous les coups de mon vieux... Il y a longtemps... Ma mâchoire se serre, j'essaye à nouveau de refouler le truc que la datura avait déterré. Une nouvelle gorgée de whiskey. Lena lui ressemble... C'était un traumatisme que mon esprit avait occulté... Comment n'avais je pas pu m'en rendre compte avant...? Terminant a nouveau le verre, je mis la main sur la bouteille en elle même.

Voici que mon cul touché le confort du siège en cuire trônant au beau milieu du cabinet de mon meilleur pote. Les sourcils froncés et les yeux vers le sol je scrute le moindre millimètre du parquet au sol. Je ne trouve pas les mots. Et pendant plusieurs longues secondes je me maudis d’avoir eu tous ses émotions sur une défunte partie trop tôt et de manière infâme. Une vie et plusieurs enfances brisées voici ce qu’avait provoqué le géniteur de mon pote. Je le regarde perdu, le regard quasiment vide. Je suis vraiment désolé mon frère. Plus sincère comme mots sortant de mon être serait impossible tellement je subis la douleur qu’il m’envoie. Je tente coûte que coûte de prouver mon soutient quitte à en subir les conséquences. Tu te rends compte que si la présence de Lena t’as débloqué des souvenirs tant mieux. Mais faire un transfert de ta défunte sœur sur Lena c’est toxique. Beaucoup trop même. Je contracte ma mâchoire toujours aussi persuadé que depuis des mois que Lena est une mauvaise personne. T’es un grand bonhomme de toute façon fais tes choix tranquille. [blockquote]

@Tybalt Pazelius

J'avais l'impression qu'on m'enfonçait un fer chauffé à blanc au fond de la gorge. Chaque gorgée de liquide était douloureuse mais je m'y replongeais sans fin comme si la finalité pouvait être différente. Grimaçant une nouvelle fois, je posais le front contre le bureau pendant un instant. La douleur était si forte que j'avais du mal à respirer... À moins que ça ne soit la plaie qui me faisait souffrir...

Ce n'est pas Lena en elle même qui a réveillé ce souvenir... C'est le datura. Une plante au puissant effet psychotrope qui avait fait resurgir des traumatismes enfouis... Je veux pas la voir souffrir... Je ne le supporterai pas... Comme si ça pouvait justifier mon comportement envers elle. Relevant la tête, je recommençais à boire, le monde commençait enfin à tourner... Je poussai un soupire d'aise en m'enfonçant dans la chaise. Si j'avais encaissé les coups, elle serait encore vivante... Je suis un putain de lâche...

Je décide de m’installer à mon tour sur l’une des chaises du cabinet de Paz. Abasourdie par les révélations de mon frère de coeur, je commence à sentir une certaine rage surgir en moi. Je suis à deux cents pourcents sûr qu’il savait à quel point je réagirai mal. Je sens l’entièreté de mon sang bouillir et passer dans mes veines. Chaque mouvements de mon corps devient petit à petit crispé. Fermes ta gueule Paz. Je peux pas t’entendre parler de toi comme ça. Tu peux pas dire ce genre de choses putain de merde. T’es tout sauf un lâche quand j’étais au plus mal tu as étais là pour moi. Moi, pauvre merde de la DAS tu m’as aidé comme tu l’as pu. T’étais un putain de gosse, tu crois que moi je pourrai vivre si je continuais à pleurer la perte de ma mère, alors que j’ai vu mon géniteur la battre à mort jusqu’à son dernier souffle ? Je me souviens de moi ecroulé dans le sang de la femme qui m’a mis au monde. Mais j’étais un gosse, un putain de gosse qu’est-ce que j’aurai pu faire ? Qu’est-ce que tu aurai pu faire ? Un hurlement, voici ce que j’entends une fois que je suis sortie de ma trance, de ma colère.
Mais surtout arrêtes de croire que tu es l’Abbé Pierre, Lena non plus tu ne pourra pas la sauver si elle n’a pas envie de l’être. Enlèves toi ce putain de syndrome du sauveur, t’es plus tout seul aujourd’hui, penses à tes gosses et à Anna c’est à eux que tu dois sécurité et amour putain. Pas à une inconnue dans laquelle tu perçoit des traits de ta sœur. C’est pas en l’aidant elle alors qu’elle ne le veut pas que tu fera revenir ta sœur. Les mains jointes vers le sol, tête penchées je commence à pleurer de rage. Rage qui me transperce, rage qui me secoue dès que l’on consume Paz ou Lorcan. Rage qui me devient incontrôlable. Laisses les morts où ils sont Paz, c’est la seule chose que j’ai compris quand j’ai vu les yeux glacés de ma mère

@Tybalt Pazelius

Oui, je connaissais déjà sa réaction. Mais à cet instant, ça m'était égal... A cause de l'alcool ? Des médicaments ? Le mélange des deux ? Je commençais à avoir la sensation de quitter mon corps, de n'être plus vraiment présent. Même lorsqu'il monta la voix, je ne baissais pas les yeux dans sa direction, les échos rebondissants dans la pièce. Toute la colère et la rage qu'il est en train d'exprimer. Refusant de me voir m'effondrer... C'était donc ça l'image que je donnais aux gens ? Etre un roc qui refusait de s'écrouler face aux tempêtes et à la colère de la terre...? Cette description ne pouvait pas être plus loin de la vérité....

Passant les mains sur mon visage, je continue de voir la pièce tourner. Sa parole continuait de résonner en moi. Qu'est-ce que j'aurai pu faire ? Tellement plus... Lorsqu'il l'avait tué, il m'avait dit que c'était ma faute... Et cette culpabilité s'est immiscée comme un poison que je refusais de voir partir. C'était mon fardeau... Était-ce pour cette raison que j'avais choisi de devenir psy au final ? Pour pouvoir essayer de sauver des gens ? Non je ne suis pas si altruiste... Je ne cherche pas à sauver les gens... Je les accompagne seulement.

Alors pourquoi Lena était-elle devenue si importante pour moi...? Était-ce réellement son reflet qui me faisant ressentir cela ? Ses paroles sont comme des électrochocs qui essayent de faire repartir mon cœur. Les mains posées sur les accoudoirs, je me hisse afin de me redresser pour aller jusqu'à lui. Ma main se pose sur son épaule et je le sens trembler de rage. Cogne, mon frère... Cogne moi pour me remettre les idées en place. Cogne pour évacuer ta rage.

Paz s’approche de moi et pendant quelques secondes je n’arrive plus à réfléchir. La rage s’immisce dans l’entièreté de mon corps. Mais en réalité ce n’est pas de la colère mais tout simplement de la tristesse. Je suis triste, triste de voir à quel point mon ami. Le frère que j’ai choisi est réellement touché, attristé ou encore perturbé par cette histoire. Devant moi Paz se tend à moi, à ma rage et ma colère. Je le regarde en redressant l’entièreté de ma tête dans sa direction. Je desserre les poings et me dirige vers lui en ouvrant les bras. Je finis simplement par le serrer dans mes bras. Non Paz je te lèverai jamais la main dessus.

@Tybalt Pazelius