Alors là, je dois vous avouer que je n’ai rien compris à ma vie. Le matin même, Andy s’était ramenée dans ma chambre et m’avait avoué qu’il avait préparé une surprise pour la Saint-Valentin. Je ne vous dis même pas la tête que j’ai tiré ; à la fois rouge tomate et sidérée. Sur le coup, je me suis tout de suite demandée où était le subterfuge. Mais rapidement, il m’annonça la raison : ses parents lui avaient posé des questions concernant la journée de la Saint-Valentin. Mais bien sûr, comme s’il aurait été capable de me préparer une surprise de son plein gré. Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher d’être quand même contente. Ben oui, au moins, il m’offrait un petit quelque chose pour la fête des amoureux, même si ce n’était pas totalement de son voulu. Et puis, comme ça, je pourrais raconter ma soirée à mes parents à moi, qui attendaient sûrement mon mail avec impatiente. Et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvez ici, devant l’InterContinental de Boston, après un voyage silencieux.

L’InterContinental, une chaîne d’hôtel des plus luxueuses appartenait à la famille d’Andy, ou plutôt, à sa mère. Mais bientôt, il en hériterait, bien entendu. Ce n’était pas la première fois que je me rendais dans un de ces ressorts, mais c’était bien une première à celui de Boston, je comptais donc en profiter. Le hall d’entrée était richement décoré, bien entendu, mais je ne m’y attardais pas plus dessus. En effet, Andy venait de m’adresser la parole, la première fois depuis son intrusion dans ma chambre. « Je ne t'ai même pas demandé si tu aurais préféré un autre soir... j'espère que ça ne te dérange pas du coup. » Alors là, j’avais l’impression de me figer, même si je continuais de le suivre jusqu’à la réception. Depuis quand était-il gentil avec moi ? Depuis quand me demandait-il mon avis ? Enfin, presque vu que bon, finalement, il avait quand même décidé le jour sans m’en parler. Mais quand même, il venait de presque s’excuser. J’ai bien dit presque… Finalement, remise de ma surprise, je lui répondais avec un sourire, ce qui était aussi une première pour moi… « Non c’est bon, je n’avais rien prévu pour ce soir. » Et c’était vrai en plus… De toute façon, si mon emploi du temps avait été rempli, je crois que j’aurais quand même tout annulé… Après tout, ce n’est pas vraiment pas tous les jours qu’il organise un petit quelque chose pour moi ! Espérons juste que ce ne soit pas la dernière fois non plus…

Il m’avait souris… Oh, ce n’était pas la toute première fois, mais là, il avait l’air tellement naturel que ça m’a presque surpris. Mon dieu, cette soirée commençait vraiment bizarrement, dans le bon sens de la chose, bien entendu. En réalité, j’avais déjà hâte de voir ce que ça allait donner, ce qu’il me préparait pour la suite. J’espérais tout simplement ne pas être déçue, mais ça m’étonnerait. Connaissant Andy, il fera sûrement tout pour que je sois impressionnée, c’est dans son caractère, peu importe la personne qui est face à lui. Et alors que nous nous approchions de la réception, un homme appela mon fiancé tout en marchant vers nous. Sûrement le responsable principal de l’hôtel. Celui-ci lui tendit un trousseau de clef. Et voilà que le maître des lieux était de retour… Je suivais alors Andy vers l’ascenseur. Celui-ci appuya sur le bouton 9 et c’est ainsi que nous nous rendîmes au neuvième étage en silence.

La chambre qui s’offrait à moi était absolument magnifique. Pas étonnant, je me trouvais en ce moment-même dans la suite présidentielle, les appartements les plus luxueux de l’hôtel, où seuls les plus riches d’entre eux pouvaient se le permettre. Andy, étant le fils du propriétaire, il n’était guère étonnant qu’il ait accès à cette chambre sans même le demander. « Mets-toi à l’aise, fais comme chez toi… » Alors là, c’est sûr, il n’avait pas à me le répéter deux fois. C’était vraiment la première fois que je rentrais dans une chambre d’hôtel aussi richement décoré. D’habitude, Père ne nous prenait qu’une Suite Junior, pour Mylena et moi, tandis que lui, il se prenait une suite un peu plus luxueuse, généralement une Superior Suite ou l’équivalent dépendant de l’hôtel où on logeait.

Le salon principal offrait une vue des plus magnifique sur le canal de Boston. Tandis qu’Andy s’était confortablement assis dans le canapé en face du feu ouvert – qui dégageait une chaleur des plus agréable par la même occasion – je m’étais tout de suite dirigée vers la fenêtre, admirant le paysage qui s’offrait à moi. La nuit était déjà tombée, les lumières de la ville venaient éclairer le ciel sombre tel des étoiles scintillantes. Ne pas dire que la vue était magnifique serait tout simplement un mensonge. J’aimais beaucoup, vraiment… « Tu es déjà venue dormir dans cet hôtel ? » Sans même me retourner, je lui répondais par un hochement négatif de la tête. « C’est la première fois que je viens dans celui de Boston… La vue est vraiment magnifique ! Enfin, ça ne me surprend pas vu qu’on se trouve dans la suite présidentielle ! » Tout à coup, je me sentais légèrement envieuse. Lui, il avait la chance de pouvoir s’offrir des petits séjours pareil dans n’importe de ces hôtels alors que moi… Bon, ce n’était pas rien non plus, mais par rapport à ça… On ne pouvait même pas comparer les deux suites !

Vivre dans une suite telle que celle-ci devait juste être un véritable rêve. Mais personnellement, je n’avais pas à me plaindre. Après tout, je vivais Park Avenue, dans un de ces magnifiques Penthouse… Enfin, j’y vivais, avant d’arriver à Harvard. Tout de suite, l’atmosphère était différente, néanmoins, on pouvait y trouver des ressemblances. Après tout, la maison Eliot était la plus riche et la plus prestigieuse du campus, ainsi, nous ne manquions d’absolument de rien. Ma chambre était quand même assez grande, mais pas autant que celle de New York. Quant au dressing, n’en parlons même pas… Il m’était totalement impossible de comparer les deux. En tout cas, moi, j’aurais bien voulu passer une petite semaine ici, sans même penser à rentrer chez moi. Oui, la suite était juste parfaite, et le service devait également l’être. Après tout, nous étions à l’InterContinental, une des chaînes d’hôtellerie les mieux cotées du monde.

Je n’avais même pas remarqué la présence d’Andy à mes côtés tellement j’étais absorbée par la vue. Ainsi, c’était limite si j’ai sursauté en l’entendant parler près de moi. « Tu as raison… » Je jetais alors un petit coup d’œil en sa direction avant de reporter mon regard sur la vue. « Je n’avais jamais vraiment fait attention à la vue, à vrai dire. » Je le regardais alors un peu plus longtemps, les yeux grands ouverts. Comment était-ce donc possible ? Moi, c’était la première chose que je faisais d’habitude, dès que j’entrais dans une suite. Et après, j’allais vérifier la chambre puis la salle de bain. Vraiment, il devrait prendre un peu plus de temps à observer le monde autour de lui, franchement par moment, ça en valait le coup, comme le cas ici présent, par exemple. Ainsi, je lui répondais, toute excitée, comme une véritable enfant. « Comment c’est possible ?! Moi, c’est ce que je fais en premier quand j’entre dans une suite ! En plus, ça me mets toujours de bonne humeur ! » J’hochais alors vigoureusement la tête, comme si j’affirmais mes propres propos en même temps que je les prononçais. Oui, une vrai enfant par moment. Finalement, je me repris avec une légère teinte rosée sur les joues. « Et sinon, qu’as-tu de prévu pour la suite ? » Parce que bon, c’est bien beau mais je n’allais sûrement pas passer toute la nuit à observer la vue. D’ailleurs, en parlant de nuit, quand est-ce que nous étions censés rentrer ? Parce que bon, il était déjà quand même tard non ? Et puis, pourquoi m'avoir amené dans la chambre ? Je pensais que nous allions juste dîner ? Non... ?!

À peine venais-je de lui poser cette question que quelqu’un toqua à la porte. Tout de suite, mon visage se tourna en direction de la provenance du bruit. Andy me fit alors signe de l’attendre, ce que je fis. Un valet poussant un petit chariot entra alors. Il me salua d’un signe de tête, auquel je répondis avant de nous laisser en nous souhaitant de passer une bonne soirée, ce que j’espérais quand même intérieurement. Oui, c’est vrai, je ne me sentais vraiment pas d’humeur à me disputer avec Andy un soir tel que celui-ci. Nous qui passions notre temps à nous chercher, pour une fois, nous arrivions à passer un moment convenable sans nous sauter à la gorge, c’était vraiment une première. D’un côté, j’espérais aussi me comporter de sorte qu’il n’ait absolument rien à me redire, pas comme la dernière fois, dans le salon de notre maison. Oui, ce soir-là est resté gravé bien longtemps dans mon esprit, et je crois même qu’il y restera encore un petit temps. Enfin bref.

Doucement, je m’approchais du chariot tandis qu’Andy s’était retrouvé adossé contre la porte. « En voulant te faire des surprises j'ai réalisé à quel point je ne te connaissais pas du tout... tes parents m'ont été d'une grande aide sur le choix du fruit. » Mes yeux s’écarquillèrent alors de surprise en voyant le petit festin qui nous attendait. Enfin festin, ce n’était sûrement pas copieux, mais rien ne me faisait plus plaisir que de voir une assiette rempli de fraise, un vase dans le cas ici présent. Les fraises, mes fruits préférés. Je m’en approchais alors un peu plus, plus rapidement même, un sourire sur les lèvres. Du champagne Nicolas Feuillatte ! Même si je ne m’y connaissais pas spécialement, je savais que cette marque était l’une des plus chers et des meilleurs du monde. Et de la crème chantilly en plus. Un vrai régal et une véritable surprise. Je tendis alors ma main vers vase, m’apprêtant à me servir avant de m’arrêter devant. Je levais alors les yeux vers Andy et rougit une nouvelle fois avant de me rougir à nouveau. Vraiment pas le comportement d’une fille de la haute société. Je ramenais alors mon bras avant de le remercier. « Et bien, je devrais remercier mes parents d’avoir fait part de mes goûts alors. Merci… »

« Vas-y fais-toi plaisir, c'est fait pour. Tu en meurs d'envie alors ne te retiens pas ! » Doucement, je me mordis la lèvre tandis qu’il s’approchait du chariot. Il avait raison, j’en mourrais d’envie, tellement que j’avais presque failli perdre mes mauvaises manières. Les fraises étaient décidément mon fruit préféré, dépassant de loin tous les autres. Et pourtant, je ne me rappelais même plus de la dernière fois où j’en ai mangé. Cela devait vraiment remonter à plusieurs mois… Comment avais-je donc pu faire pour résister à cette envie ? Je me le demandais encore. Ainsi, je ne me fis pas prié et me servis juste après Andy. Sauf que moi, je pris directement la fraise par ses feuilles, trempa le bout dans la crème fouettée. J’aurais bien voulu en prendre une autre, mais malheureusement, je tenais déjà la coupe de champagne dans l’autre main. Doucement, je mordis le bout de ma fraise et fermais les yeux, la savourant. J’adorais littéralement… C’était décidé, il me fallait la recette de ce chef, pour avoir fait une tellement merveille avec cette crème fouettée.

« Tu veux faire le tour de la suite un peu ? » J’ouvrais tout de suite les yeux avant d’acquiescer légèrement. Oui, une petite balade, pourquoi pas ! En plus, j’avais quand même hâte de voir à quoi ressemblait toute la suite. J’étais sûre que je n’allais pas être déçue. Ou plutôt, j’étais sûre que j’allais encore m’extasier pour un rien. J’étais surtout pressée de voir la salle de bain. J’imaginais l’énorme baignoire, avec fonction jacuzzi, bien entendu. Oh, et des pétales de roses en guise de sel de bain ! Je m’imaginais déjà dedans avec ma coupe de champagne et mes fraises… Le paradis sur terre, si vous voulez mon avis. C’était beau de rêver, n’est-ce pas ? Comme si je pourrais en profiter... Quoique... On ne sait jamais. Peut-être que je pourrais m'y prélasser pendant qu'Andy regardait la télé? Oh, ce serait tout simplement génial...