coup d'oeil jeté sur l'écran de ta montre. elle indique onze heures et vingt minutes. après avoir couru une bonne heure, t'es passé te reposer à la kirkland vu que tu n'étais pas très loin. histoire de croiser du monde ou juste de trainer ailleurs que dans la garçonnière qui te sert d'appartement. cette sortie matinale t'as fait le plus grand bien mais ce jogging t'as fatigué. bon début de journée en prévision. tu te diriges dans la cuisine commune, à la recherche d'un truc à te mettre sous la dent, bouteille d'eau que tu remplies par la même occasion. en ressortant, la bouteille sous le bras et un donut entre les doigts, tu n'es pas attentif et tu rentres dans quelqu'un. — merde déso ! j'étais dis.. trait. tes yeux se posent sur son visage, peu enjoué de te croiser. tes traits se crispent, son visage se ferme radicalement. toi qui était de bonne humeur.. tu soupirais. — 'scuse moi. réitères-tu froidement en la contournant pour reprendre ton chemin. sur son visage, tu avais eu le temps d'observer les hématomes encore présents. pincement au coeur, tu te retiens de ressentir quoi que ce soit à son égard.

yeux rouges et lourds. signe que j'avais besoin de dormir. j'étais rentrée chez moi très tôt après avoir fait nuit blanche avec des copains. j'avais eu le temps de dormir un peu pour rattraper ce sommeil avant de venir à la kirkland. fallait que je rapporte des trucs aux filles et j'avais pas forcément envie d'attendre lundi pour le faire. je me faufilais dans la confrérie, je souriais légèrement aux quelques étudiants qui étaient là. pas que je me forçais à sourire mais ouais, c'était ça. c'est surtout que j'appréhendais de tomber sur quelqu'un en particulier. vous savez le plus beau gosse de la kirkland qui me sert ou plutôt, servait de plan cul? oui on parle bien de lui. ça avait pété fort entre nous et voilà où nous en étions. pu de nouvelles, pu rien. bon après c'était ce que j'avais demandé parce que.. voilà, faut pas chercher midi à quatorze heures j'suis trop complexe pour vous. après m'être fait interpeller par quelqu'un que je saluais de la main, je me retournais et je rentrais en collision en percutant un corps masculin. je fronçais les sourcils, tirant un peu la gueule histoire de bien faire comprendre que j'étais pas d'humeur. ça se voit pas sur ma gueule que j'veux retrouver mon lit là? « c'est rien. » répondais-je en le laissant me contourner pour s'éloigner. j'pensais pas que les choses changeraient aussi radicalement parlant en une semaine. c'était comme si on était devenus des inconnus, tous deux fautifs dans nos agissements.  

collision que t'aurais préféré évité grandement lorsque tu découvres la petite brune. brinley. palpitant qui pulse un peu plus fort. partagé entre les nerfs, la déception et.. un peu de manque ouais. elle a pas tord reese quand elle dit de toi que t'es un lover et que tu t'attaches vite. il suffit que ça match un peu avec la personne, physiquement, sexuellement et mentalement parlant et bim tu te lâches un peu trop. facile de côtoyer des filles, moins facile de pas s'attacher. t'as vu le merdier arriver, t'as voulu l'éviter mais à la place t'as foncé dedans. t'aurais du faire quoi ? rien dire? mentir aux deux ? c'était pas possible. ça ne te ressemble pas. mais vu la situation actuelle, tu te dis que tu aurais peut être dû tout garder pour toi. tu soupires longuement à la réaction de brin, figé, debout, la jeune femme dans ton dos. tu te décides à te retourner alors qu'elle a déjà fait quelques pas de plus. simplement parce que tu t'es rendu compte que ta bouteille d'eau était mal fermée et qu'elle contient moins que ce que tu avais mis. — t'es mouillée? sans ambiguïté aucune. prétexte pour lui adresser la parole. tu la regardes, au fond, t'espère qu'elle va s'arrêter et que vous pourrez discuter.

j'étais partagé entre plusieurs sentiments contradictoire. entre le fait de lui en vouloir de m'avoir annoncé ça alors que j'avais vécu une semaine de mierda. lui en vouloir de m'avoir fait péter un câble et que j'avais attaqué agressivement quincy pour lui soutirer des infos. et je m'en voulais tellement de lui avoir dit qu'il m'avait manqué de respect.. alors que bah, il avait été honnête vis-à-vis de moi. j'avais été impulsive. maintenant que c'était fait, je regrettais un peu. c'était ma façon de réagir pour me protéger de tout. au fond, lui et nos discussions me manquaient. la relation qu'on avait me manquait. c'était l'anarchie dans ma tête. forcément que j'avais figé en le voyant là devant moi. je savais pas si c'était vraiment une bonne idée que je reste ici ou si je devais m'effacer de sa vue. je me décalais de quelques pas, sachant pas où me positionner. je relevais les yeux vers lui, prenant un peu de temps à comprendre sa question. « hein? ah non.. enfin si. disais-je en bredouillant. j'essuyais ma main sur moi, mon haut couleur bordeaux quant à lui allait sécher tout seul. « j'crois pas que t'aies envie de me voir, j'vais y aller. » il avait toutes les raisons en vrai. je l'avais poussé à bout et je m'en voulais tellement.

pourquoi t'avais posé cette question débile? les mots à peine sorti de ta bouche que tu l'avais regretté. c'était stérile et ça ne mènerait à rien. et puis elle te l'avait fait comprendre, elle ne voulait plus rien de ta part. le message avait été reçu, tu t'étais effacé comme elle l'avait demandé. plusieurs jours que c'était le silence radio de ton côté, comme du sien. tes opales se posaient brièvement sur elle pour tout de même écouter sa réponse, mais c'était par simple courtoisie. — hm ouais tu haussais les épaules. — j'te laisse, salut. et tu lui tournais le dos pour rejoindre la salle commune et retourner t'affaler dans un des fauteuils, dans un coin tranquille de la pièce. tu sortais ton téléphone pour swiper sur les réseaux sociaux tout en t'enfilant finalement le donut que tu étais parti chercher, à la base. t'essayais de pas repenser à cette rencontre fortuite, histoire de pas ressasser et te tracasser l'esprit pour rien.

ça me faisait mal cette situation. je prenais plus que la moitié du blâme sur mes épaules. c'est dingue ce que l'impulsivité pouvait me faire faire et me faire dire. j'agissais et je regrettais plus tard. c'est exactement ce que je vivais à cet instant. j'avais eu le temps de repenser à tout ça, prendre du recul sur ce qui s'était passé et.. non. je voulais pas qu'on en reste là, j'étais vraiment conne ouais. j'avais eu mes raisons de réagir comme ça mais je sais que ça expliquaient pas certaines choses. levy m'abandonnait là, en me saluant pour s'éloigner vers la salle commune. arf, pourquoi j'avais dit ça? j'étais pas venue avec un drapeau noir, j'avais pas prévu de le croiser. sans me poser plus de questions à savoir si c'était une bonne ou mauvaise chose, je prenais la même direction qu'il avait pris. je prenais un autre fauteuil, face à lui. « c'était pas une attaque lev, en fait j'crois que c'est une bonne chose que je sois là » disais-je en jetant un coup d'oeil autour de nous, au cas où il y aurait des oreilles indiscrètes. personne à l'horizon. « j'aurais pas dû avoir.. cette réaction » fin légitimement oui mais le reste, non.        

il était préférable de la quitter sans aller plus loin dans la discussion. t'avais pas envie de t'embarquer dans un truc gênant, ou en plus, n'importe qui aurait pu passer. ça ne regardait personne et encore moins les oreilles curieuses de certains kirk. t'étais mieux dans ton coin, à scroller sur ton téléphone. sauf que le calme n'avait pas duré longtemps. tu soupirais en relevant le regard et en la voyant tirer un fauteuil pour s'installer en face de toi. tu verrouillais ton téléphone et le laissait tomber entre toi et l'accoudoir. tu l'écoutais faire son mea culpa tout en terminant de manger ton donut. on déconne pas avec la nourriture, même dans des moments sérieux. — de quelle réaction tu parles parce qu'elle avait eu plusieurs réactions et il fallait qu'elle détaille son propos là. — il me semble que t'as été claire. elle voulait plus te voir, malgré ton honnêteté. c'est ça que tu retenais. petit problème avec l'abandon, t'es un peu piqué dans ton égo. et pourtant, celui qui est mal placé, c'est toi. celui qui joue sur plusieurs tableaux, c'est toi aussi. t'as récolté ce que tu as semé.

y'a deux secondes j'étais vénère de le voir et maintenant, je lui courrais après pour qu'on s'explique. il y avait rien à comprendre mais ça fait longtemps que j'avais arrêté de m'auto-analyser. mon instinct me disait d'aller au bout des choses et parce que.. je tenais à lui? à ma grande surprise, il déposait son téléphone pour poser son attention sur moi. c'était positif ou il attendait juste que j'ai fini de parler pour m'envoyer chier à son tour? je savais pas où ça mènerait. si j'lui avais pas dit que j'étais attachée à lui, on en serait pas là. j'aurais gardé cette info pour moi et basta, quitte à me faire du mal intérieurement. « toutes? quand j't'ai dit que tu me respectais pas par exemple ou quand j't'ai dit que tu me prenais comme roue de secours » ça l'avait blessé ça, je l'avais senti dans les échanges. je me râclais la gorge, détournant un peu le regard avant de le reposer sur lui. « j'ai dit ça impulsivement. je pensais pas ce que j'ai dit » non sans blague brin.  

tu ne t'attendais pas à te retrouver un dimanche, à la kirk, avec brinley en face de toi qui s'excuse de son comportement et de ses propos. en fait, tu ne t'attendais pas à lui ré-adresser la parole un jour. non pas parce que tu étais rancunier, mais parce qu'une fois que des chemins se séparent, les vies de chacun continuent. tu avais déjà fait l'amer expérience de revenir un nombre incalculable de fois avec ton ex, et tu avais appris quelque chose de ça. du moins, c'est ce que tu croyais. parce qu'en réalité, quand tu t'attaches à quelqu'un c'est toujours difficile de voir la personne sortir de ta vie. ton honnêteté n'avait pas payé et t'étais blasé depuis. y'avait vraiment aucun autre terme pour définir ce que tu ressentais. tu hochais simplement la tête. plusieurs longues secondes passaient sans que tu ne daignes répondre. pas parce que tu ne voulais pas, simplement parce que tu ne savais pas vraiment quoi dire. — je crois que ce que t'as dit ou fait ne change pas la finalité des choses tu passais ta main sur ton visage et prenait une grande inspiration. — j'comprends ta décision s'éloigner est la meilleure manière de se protéger d'une déception et au fond, tu ne pouvais pas lui en vouloir de vouloir éviter d'avoir mal. ta vérité à toi, c'est que t'étais complètement perdu.

c'était pas une cause perdue, fin y'avait matière à débattre là-dessus. plutôt que de me mentir, de me la faire à l'envers et de piétiner mon attachement de toutes ses forces, il avait joué la carte de le franchise. expériences que j'avais connu et qui continuaient de me marquer en silence. fallait beaucoup de volonté pour que je m'excuse auprès de quelqu'un, parce que j'avais cette fâcheuse habitude d'être butée sur mon avis. c'était significatif pour que je fasse les premiers pas. surtout quand j'étais un peu dans le tort. « moi j'crois que cette finalité peut prendre un autre tournant » j'oubliais pas ce que j'avais pu lui dire, j'oubliais pas la position dans laquelle je m'étais placée ou même retrouvée. « pourtant c'est pas ce que je voulais à la base » j'aurais passé outre le fait que cette autre fille était importante pour lui aussi, leur relation me regardait pas. parce qu'on était censés prendre ça cool et chill, advienne que pourra. « tu me devais rien, j'avais pas à te mettre devant une justification. j'regrette ce que j'ai pu te dire, sur le fait que je voulais pu te voir » j'avais pas su contrôler mes émotions, une vraie bombe à retardement.