table basse préparée. bâchée. le canapé est recouvert d’un plaid déjà déchiré. tout est prêt pour accueillir l’activité. t’as prévu peinture pour ta fille. quelques tubes de peinture à l’eau, et pourtant, tout est prévu pour ne rien tâcher. tu t’connais, toi, tu ne lutteras pas contre l’envie d’ne mettre partout. tu protèges pour toi ou ta fille de presque 4 ans ? impossible de l’savoir, qui est le plus gamin des deux. attends j’ai le p’tit pot d’eau là ! ecocup de soirée recyclée en peau d’eau pour diluer la peinture, rincer les pinceaux. consigne jamais rendue, rentabilisée pour tes plans activités. les pas qui s’embarquent dans le salon, rejoindre élie et jil, déjà prêtes. voilà ! verre de plastique posé au centre de la table quand les genou s’abaissent pour atteindre le sol, cul posé sur le carrelage. est ce qu’on s’fait un thème ou pas ?? tu t’en fous t’façons, tu sais pas dessiner toi, deux bâtons et ça fera un bonhomme.

comme à son habitude, les mots difficiles à sortir. elie et son mutisme le plus totale, accentué par la présence jil. elle ne l’aime pas, de ses mots. l’coup est dur. toi qui ne rêves de ça. de vous. toi qui tiens ton ambition suprême du bout des mains, ta famille, jusqu’à ton dernier souffle. le plan était bien capitonné. mais ta fille ne semble pas vraiment coopérer. comment tu peux lui en vouloir toi ? sans savoir ce qu’elle a vécu, les premières années de sa vie. toi qui as vécu l’enfer avec sa mère quelques années en arrière. l’sentiment coupable, parfois, aussi perdu. c’est peut-être maintenant l’moment où tu rattrapes ce courage que t’estimes ne jamais avoir eu. celui où t’as considéré ta lâcheté toujours plus grande que de fuir d’entre les mains agressives de l’amour passé. elle est là ta renaissance de trouver la force de l’élever elle, sans savoir comment faire. puis t’es là assis en face d’elles. un sourire sur les lèvres quand jil commence sa citrouille. elie qui regarde d’un œil sceptique sans rien faire encore. vas y moi j’ai vu un tuto pour faire des trucs facile, genre.. attends.. le pinceau qui se trempe dans l’orange avant de poser les poils trop forts. tracé aléatoire digne d’une patate malade de la peste. ha non c’est grave moche en fait. le visage est déçu. elie qui prend de la peinture rouge, à son tour, tente une opération délicate, mieux maitrisée que la tienne. toujours sans parler, simplement son regard qui pointe vers le tiens pour attendre ta validation de son tracé innocent. c’est poétique, c’est super ! ça ressemble à rien, même pas un truc moche.