t'as toujours été trop têtue. trop impatiente aussi. volonté de passer à autre chose et d'oublier, sans doute trop vite, ce qu'il s'est passé. mais la vérité c'est qu'ils t'ont fait plus de mal que tu veux l'admettre. t'aimerais pouvoir effacer ce qu'il s'est passé, t'aimerais ne pas être celle qui trinque alors qu'eux sont certainement tranquilles. t'aimerais être plus forte que ça, surtout face à Naim. il fait preuve d'une douceur à laquelle il ne t'a pas habituée, il est loin d'imaginer à quel point tu lui en es reconnaissante. tu le regarde enfin à nouveau lorsque ses mains se posent sur chaque côté de ton visage. tentative infructueuse de sourire à ses mots qui te touchent pourtant. il te trouve magnifique, c'est tout ce qui devrait compter. le cœur loupe un battement lorsqu'on s'éloigne, t'es rassurée quand il ne s'éloigne pas, qu'il éteint juste la lumière. main qui saisi la sienne et qui l'attire vers toi. tu n'as pas envie d'être séparée de la chaleur de son corps. c'est mieux oui. ça aide qu'il ne te voit pas, tu crois. prudemment t'es mains glissent sur son torse nu. je veux continuer d'essayer. bornée ou désespérée de le retrouver ?

les mots utilisaient à leur simple signification. si tu ne la vois pas, elle peut que se sentir, mieux, non ? tu fais ton maximum toi. pour être là, l’aider. patience qui t’envahit pour l’aider à passer ce cap. celui qu’elle veut absolument enjamber. mains qui retrouvent les siennes quand le voile noir opaque te laisses faire appel à te sens. les phalanges qui s’aventurent à nouveau vers son dos, les agrafes à retirer pour faire tomber l’ultime barrière de tissus. mais tes doigts ne bougent pas, encore. c’est tes lèvres qui s’avancent vers sa poitrine, à l’aveugle.

tout change quand la lumière s'éteint. le noir comme bouclier contre tes démons. il ne peut pas te voir, il ne peut pas voir à quel point t'es sale. tout semble plus simple dans l'obscurité.