queue interminable au starbucks. je sors enfin de là. à croire que tous les étudiants d'harvard se sont donnés rendez vous pour se commander un café de bon matin. je ne le fais jamais en temps normal mais là c'est nécessaire. j'en prends deux, un pour toi et un pour moi. plus petit, noir sans sucre. j'ai besoin de caféine pour affronter cette journée, même si je ne vais pas en cours. rien que de savoir ça, je me sens déjà un peu mieux. j'appréhende beaucoup l'arrivée de mon père samedi. je n'ai pas envie de le voir et encore moins de manger avec lui en tête à tête dimanche. il me saoule déjà. je sais que je vais devoir prendre sur moi et répondre à toutes ses demandes. ses critiques et ses attaques. je n'ai clairement pas la foi ni la motivation de l'affronter en ce moment. cette journée chill va me faire du bien. c'est tellement rare que je rate les cours. c'est surement la première fois en quatre ans. ce n'est pas dans mes habitudes mais ce n'est pas une journée qui va sceller mon avenir professionnel. le tien non plus. tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. t'auras toujours du boulot avec moi. t'es un excellent élément strauss. je grimpe dans ma voiture et me rends à la pfo house. je sors en faisant gaffe à ne pas renverser les cafés puis grimpe jusqu'à ma chambre. de ma main libre, j'ouvre la porte. « c'est le roomservice » que je dis bêtement en m'annonçant. la chambre est très petite, je te trouve bien vite dans le paysage. je pose tout sur le bureau et défais ma veste, mes chaussures et tout ce qui pourrait m'encombrer. cette chambre va être ma demeure pour les prochaines heures.

Depuis un moment, je sentais Hans changer. Différent. Le problème, c'est que notre relation est bien trop récente pour que j'arrive à savoir pourquoi. Lundi, j'en avais la certitude qu'il n'allait pas bien. Mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur "pourquoi" ? Et Monsieur se serait braqué. Hier, ça n'a pas aidé. Je n'ai pas pu gérer mes propres émotions et j'ai vrillé. Il a cette capacité à me faire reculer dans mon travail des émotions, elles s'exacerbent en sa présence. Les bonnes comme les mauvaises. J'ai cru que l'alcool était la réponse pour passer la soirée. Je sais que j'ai accumulé les conneries jusqu'à ne pas pouvoir assumer ce lendemain. Quand il m'annonce qu'il arrive, je me glisse dans ses draps. Les échangent continuent et quand j'entends les bruits de pas, je pose le téléphone sur la table de nuit et me cache sous la couette. -- Je suis souffrant, revenez plus tard... je tousse faussement, je sais qu'Hans va plutôt rire que de se froisser. ce n'est pas sérieux mais ça montrait que je n'assumais pas. jamais je ne l'ai fait. -- Je me suis couché mais j'ai pas pris de douche, t'approches pas, je pue...  je voulais qu'Hans me câline quand je sentais bon. je détestais être à mon désavantage devant lui...

je ne comprends pas trop ton comportement d'hier ruben. tu t'es mis mal. super mal apparemment. tu t'es mis minable avec l'alcool. je n'aime pas te voir te détruire à ce point. tout comme je n'aime pas te voir pleurer. mais je vais prendre sur moi parce que tu n'as pas besoin de ça pour l'instant. tu as besoin de tendresse sans doute. de calme. d'être avec quelqu'un de posé. j'entre dans ma chambre pour la dixième fois depuis mon entrée à harvard.    « c'est mort, maintenant que je suis là, je reste » mes affaires se posent sur le bureau vide. y'a pas une seule affaire à moi ici. presque rien. elle est inoccupée. j'ai même oublié le numéro de la chambre. j'ai dû checker mes mails pour le retrouver. t'es sous la couette. visage et corps caché. je rigole à ta remarque. « ça ne va pas beaucoup changer de d'habitude, mh » j'attrape la couette et la tire pour te découvrir. « allez sors de là, le café va être froid. » je prends le mien et l'apporte à mes lèvres. je bois une gorgée qui me fait beaucoup de bien.  

Je me sens aussi fébrile qu'à un premier date amoureux alors qu'Hans et moi, c'est des mois et des mois que je le cotoie. Même si c'est récent qu'on s'est rapproché. Et notre embrouille, mon attitude. Tout ce que j'ai fait hier soir, j'ai trop de mal. Ma phrase n'était pas sérieuse, mais tout de même... -- T'as pas le droit de sortir ! que je lui réponds, vu qu'il l'a pris au sérieux, je ne voulais pas qu'il parte. même si je pue et complètement débrayé. Hans appuie directement dessus. -- Fumier ! que je réponds, outré alors qu'il m'arrache la couette. je n'ai pas le temps de l'attraper suffisamment. Je le fixe en faisant la grimace digne d'un comic. -- Oui, oui. Je descends du lit pour prendre mon gobelet. Je jauge la température et je me rends compte qu'il a pris la bonne commande lors de ma première gorgée. -- Tu t'es souvenu du lait d'avoine dans mon café... c'est gentil... Et rien que ça, j'ai les yeux qui s'humidifient. Je fais une moue pour retenir les larmes. fuckin' émotions. Je lève mon regard sur Hans et bafouille. -- Me...Merci. Je n'ai pas confiance en mon haleine pour l'embrasser mais je viens me blottir contre lui, ma tête sur son torse. C'est bien plus reposant que la nuit que je viens de passer. J'essaie de calmer mes larmes, je ne voulais pas qu'il panique alors que je craque facilement en ce moment. Trop de choses en tête, dans ma vie, tout se bouscule.