Fin d'après-midi, boutique certainement sur le point de fermer ses portes, l'air amusé sur le visage lorsqu'elle se retrouvait face à la vitrine. Observant les détails des perles, de la dentelle.. Jolie tenue qu'elle ne s'était encore jamais imaginée porter. S'appréciant du noir ou du carmin pour en oublier le blanc, certainement bien trop pure et solennelle pour la Rothschild. Sourire qui s'étire lorsqu'elle le voyait à travers les portants, apparemment seul dans la boutique, maitre de son domaine. Elle comprenait pas vraiment ce qu'elle faisait ici, elle était juste là pour lui, comme la plupart du temps. Relation parfois des plus étrange, distance qu'elle ne pouvait s'empêcher de remarquer. Alors cette occasion de le retrouver, elle la prenait à chaque fois. Silhouette qui retrouve l'intérieur. Je sais pas trop quoi en penser, sois j'adore cette boutique pour toutes les paillettes, sois j'peux vomir à tout moment devant autant de romantisme. Dit-elle amusée, regardant autour d'elle, découvrant peut-être ce genre d'endroit pour la première fois. Les azurs qui retrouvent le visage du Dawson, les pas qui s'approchent. Maintenant tu m'expliques ce que je fous ici ? Incapable de s'en empêcher, elle venait lui voler un baiser, une certaine manière de définir sa réaction et de mesurer l'ambiance de leur relation.

J’le sais, que mon temps est compté ici. Dans cette boutique j’veux dire. Je le sais que je gère plus grand chose, ces derniers temps. Mon boulot est irréprochable, mais j’ai quelques problèmes avec les horaires, et les règles de manière générale. Alors j’veux te voir ici. J’suis pas capable de te dire pourquoi, ni si ça a un rapport avec le fait qu’on danse autour d’un putain d’éléphant dans la pièce, et qu’on est ultra doués pour se leurrer sur son existence. Y a une distance, y a un malaise, appelle ça comme tu veux. On a dit des trucs, sauf que maintenant qu’c’est sorti, on ne sait plus quoi faire de ces mots suspendus. Ils nous narguent, nous font reculer au lieu de nous raccrocher. Donc, j’mets les pieds en plein dedans ; on ne dira pas qu’il s’agit de courage, plutôt d’une inconscience qui me caractérise autant que mes boucles. Ce sourire tranchant mes traits gamins quand j’te vois, aussi. “Tu adores.” J’ai choisi. “Y a des paillettes, des perles, de la soie, t’es obligée d’adorer.” J’me lève, j’te laisse te rapprocher. A toi cette charge de savoir combien il faudra appuyer tes lèvres contre les miennes. “Puis, y a moi.” Rajouté avec un rictus amusé, qui vient s’mourir contre ta bouche. Mes doigts dans ta nuque exigent une pression supplémentaire. C’est bref mais suffisant pour te marquer de mon odeur. Pour te rappeler ce qu’on est, avant tout ça. Les orbes relevées, plantées dans les tiennes. “J’veux te voir en robe de mariée.” Parce que c’est tout ce que tu n’es pas. Ce qu’on n’est pas. Mais, vu qu’on sait plus trop ce qu’on fout de nous, j’me dis que c’est une idée brillante. Recul d’un pas, le rire à la bouche. “Et j’veux surtout voir ta tête quand tu te verras.” Combien ça te révulse. Dis moi, c’était quoi ton rêve de petite fille ?

Relation qui passe par tous les stades, ces moments d'euphorie, quand tout était encore simple et que le monde vous appartenez. Instants qui s'échappent rapidement vers la colère, saisons des jalousies et de la possessivité incontrôlable. Puis quand t'es partie, elle pensait que c'était réellement le début de votre fin. Qu'après ça, elle devrait apprendre à vivre sans toi. Mais pourtant vous êtes toujours là, quelque peu brisés et perturbés par la tournure des choix et des actions qui ont été pris. Mais elle aimait pas forcement ce que vous êtes en train de devenir, c'est vrai, nostalgique du passé qui semble si lointain aujourd'hui. Le regard amusé lorsqu'elle entrait dans la boutique, observant les parures et les brillants. Oh oui c'est très beau.. Mais j'aurai peut-être dû prévoir des lunettes de soleil face à tant de blanc. Sourire qui s'étire lorsque les lèvres se retrouvent, peut-être trop furtif pour que ça vous ressemble vraiment, mais dans votre regard, c'était flagrant, ce bonheur de se retrouver. Soyons sincère oui.. C'est surtout pour toi. Nouvel essai, ses lèvres qui viennent attraper les siennes plus passionnément, parce que cette flamme, elle savait qu'elle était toujours là, elle voulait juste s'assurait que ça n'avait pas tant changé que ça. Parce que votre naturel, il finira par revenir, elle en était persuadé. La tête qui se secoue d'un rire à ses prochains mots, amusée par sa demande. Parce qu'elle adorait la nouveauté, dérailler dans des activités qu'elle ne connait pas ou qu'elle n'imaginait pas surmonter, essayer une robe de mariée pouvait en faire partie. T'es vraiment étrange Dawson. Peut-être que dans le fond ça révélait une dose de vérité, il voulait peut-être voir quelque chose qu'il verra certainement jamais dans cette réalité, mais là, pendant rien qu'un instant, il se rend dans ce monde qui est pas le notre, celui où elle pourrait être la plus comblée des mariées.  Mais tu sais quoi ? Je vais le faire, rien que pour toi. Clin d'oeil qui s'affiche, silhouette qui se balade entre les robes. Dis-moi laquelle choisir, c'est toi l'expert, non ? Dit-elle curieuse, parce qu'elle a longtemps été son modèle à travers ses carnets et si cette fois, c'était face à lui ? À quoi peut ressembler ta muse lorsqu'elle prend forme Horace ?

On l’sait, que le blanc n’est pas de ces couleurs qui t’habillent. Ou, sur un malentendu, en petites touches disparates, voir pour simuler une virginité ironique. J’pense même que ça te fait marrer, quand tu te vois en blanc. Combien de temps, pour que tu salopes cette couleur, hein ? Qu’une lèvre trop mordue vienne laisser un peu de rouge, du ral ou du sang, des cendres noircissant l’immaculée pour en dévoiler les véritables intentions. Le blanc, définitivement pas pour toi. Mais, c’est aujourd’hui mon quotidien vois-tu. Je m’essaye au réveil à heures fixes, au salaire à la fin du mois, à la vie simulée du mec presque normal. Mes activités nocturnes sont là pour me rappeler que j’en suis loin. Mes incartades dans l’règlement et l’engagement auprès de ma patronne, aussi. Je t’ouvre les portes d’un monde qu’on ne connaîtra jamais. Foutus pour la vie réelle. Foutus pour nous, j’ai parfois l’impression. Incapables de s’parler autrement que dans des soupirs, ou dans des cris qu’on semble avoir pourtant oubliés, dernièrement. Tes lèvres contre les miennes, par contre, s'électrisent toujours. Je m’en redresse légèrement, les doigts faisant captives tes hanches, les phalanges plantées dans le tissu de ta tenue ; comme pour te retenir d’une éventuelle fuite. J’en avoue contre ta bouche, à voix effacée : “Ca m’déplait pas quand t’essaye la sincérité.” Un énième baiser, déposé, abrégé puisque je dois te laisser errer au milieu des robes. Moi, j’te trouve sublime ainsi entourée, sans même que t’en ai encore essayé une. J’te suis dans ta balade, un peu en arrière, les doigts effleurant les tissus.  “Tu t’ferais chier si je l’étais pas.” Étrange, dissonant, flingué et flinguant. On se serait quittés, vraiment, depuis longtemps si on était pas ce revers de pièce de l’autre. “J’ai le droit à plusieurs choix ?” J’en ai déjà une que j’sors du portant. J’n’ai pas pu en dessiner, j’ne suis qu’un larbin ici, tu sais. Mais un larbin qui décide, ce soir. “Elles ne seront pas aussi bien que celle que j’imagine pour toi, mais..” Ils ne m’ont pas demandé d’en faire ; mais mon carnet est prêt. Et, tu es presque toujours mon modèle. Sauf que c’pas quelque chose qui se dit, ou alors entre les lignes, ma bouche ornée d’un fin sourire et mes orbes si visiblement baladeuses sur toi. Comment peux-tu me manquer en étant dans la même pièce ? “Déshabille toi.” C’est soufflé, exigé, en passant à tes côtés pour en attraper une seconde derrière toi, beaucoup moins romantique que la première. Rictus d’idiot amusé. “Déshabille toi et ne commence à critiquer qu’une fois devant le miroir.” Les deux robes accrochées à la cabine ouverte, évidemment. Ta peau n’a plus besoin d’être couverte d’un rideau de pudeur. Dis moi qu’on est toujours ces gens là. La peau nue et le cœur couvert.

Comme cela pouvait être ironique, vouloir l'habiller de blanc, franchir des étapes infranchissable avant de réellement se poser sur le présent. Sur cette relation étrange qui vous imprègne depuis quelques mois. Elle ne savait pas si elle devait y trouver un sens caché ou simplement d'une envie parmi tant d'autres, cette envie de la voir dans cette tenue qu'on pourrait presque imaginer interdite. Mais peut-être qu'elle était prête à suivre n'importe laquelle de tes envies, avec l'espoir de profiter de cet instant, retrouver la chaleur de votre lien qui lui faisait souvent trop de bien. Lèvres masculines qu'elle attrape une nouvelle fois pour s'assurer que la flamme était encore là, qu'il suffisait d'un peu d'adn pour s'imprégner de la passion passée. C'est toujours là, vibrant dans son coeur, entre ses veines, la rassurant sur le fait que rien n'était encore effacé. Ne t'éloignes pas sur ce terrain.. Sincérité qu'il apprécie, certes, mais cette sincérité, elle a réellement été utile tu crois ? Les pas ont préférés reculer au lieu d'avancer à cause d'elle. Alors peut-être qu'elle avait raison, gardons tout enfouis, ne lâchons rien. Corps qui commence à s'avancer dans les allés, choix difficile qu'elle préférait lui laisser, certaine que ses courbes n'ont jamais été aussi bien observés que par lui. Maintenant que je suis là, amuses-toi. Prête à s'évader dans les dentelles, les froufrous en tout genre ou les corsets. Tu sais qu'à force d'en parler, il va falloir me la faire cette robe idéal. Sourire en coin qu'elle délaisse, les azurs qui observent sa première proposition. La forme était magnifique.. Mais cette couleur, toujours cette couleur. Tu gardes ça pour nous et surtout, pas de photos. Dit-elle amusée en le pointant du doigt à la vue de la deuxième robe. Veste et sac qu'elle délaisse sur le côté, l'air toujours amusé lorsqu'il lui demandait de se déshabiller. Tu noteras ma docilité, ça arrive pas tous les jours. Dit-elle d'un dernier regard alors qu'elle se mettait face au miroir, fermeture éclair de sa robe qu'elle ouvre doucement, des regards à travers le miroir. Alors, ça te fais toujours autant d'effets Dawson ? Dis moi que oui, dis moi que j'suis pas juste devenue une poupée parmi tant d'autres. Ses collants aussi délaissés, première robe qu'elle attrape pour l'enfiler, son reflet beaucoup plus difficile à regarder, ne pas oser, ne pas oser s'imaginer cet avenir. Silhouette qui se recule vers la sienne, le regard toujours baissé vers ses pieds. Tu me l'as fermes ? Et tu me dis ce que ça donne, je sais pas si j'ai envie de regarder. Amusée, enfant impressionné par la prestance du message qui prônait entre ses courbes.

“Ta robe idéale n’est pas blanche.” Que je souffle, à peine. Ta robe idéal doit refléter ce qui bouillonne dans tes veines, tes colères et tes joies, qu’on puisse entendre ton rire et y voir tes griffes ; ta robe idéale, je ne l’ai pas encore dessinée. Peut-être car l’on saute d’un pied sur l’autre, depuis quelques temps ; si bien que tu n’es jamais toutes celles là. Je découvre encore des nuances, plus douces, que même moi j’n’avais pas deviné. Spécialiste d’Astra en carton, qui n’avait descellé que les contours, sous-estimant la partie la plus tendre. Furtive, à n’apercevoir que certains soirs, quand la solitude s'affaisse sur son cœur et que la sincérité est la dernière, dernière solution pour sauver ce qui peut être sauvegardé. Pour nous sauver. Les lèvres, amusées, bien que mimant une légère déception. “Moi qui pensais t’exhiber en première page du site de la boutique.” Comme un doigt d’honneur à toute l’institution, y faire défiler la plus sauvage des amazones. Les doigts libres, le cœur fier. La peau dénudée. Et j’le garde, ton regard, planté dans l’mien, comme un défi à la con que j’me fais, de ne pas faiblir en laissant ma vue retomber sur tes courbes. Je m’accroche à ton regard, et je ne lâche que lorsque t’es la première à le faire, me permettant alors un contact plus franc vers ta peau. J’en inspire une bouffée d’un contrôle mal maîtrisé, me buttant à cette mission qui m’tient au cap. Il sera toujours temps de te déshabiller après. Mais l’après, d’ordinaire, j’arrive pas à le prévoir, ne vivant que pour l’instant. Est-ce que c’est là qu’on voit qu’on est plus vraiment ceux d’hier ? Peut-être que c’est juste ce sang plus clean qui m’tient debout, ce brouillard qui s’est levé dans mon esprit. Peut-être même qu’on est plus ce qu’on était, qu’on l’sera plus jamais. Peut-être même que c’était des conneries, ce qu’on s’était soufflé. Peut-être.. Peut-être tout un tas de trucs, mais putain c’est d’la merde ce que je dis, ce que je pense, ce qui me traverse, j’ai accroché la fermeture de mes doigts, j’t’ai regardé dans le miroir, et j’me mange un trente trois tonnes dans le cœur. Si si, t’as dû l’entendre ce battant qui s’est fait secouer comme une boule à neige dans ma carcasse. J’avais peut-être besoin de ça, pour faire le tri des “peut-être”. Pour voir que c’est toujours là, et que ça m’coupe littéralement le souffle. En apnée, le gosse qui perd de sa verve, déjà qu’il en avait pas beaucoup. “Euh..” Évaporée, la voix. “Ouais.” J’sais plus vraiment à quoi je répond vraiment. “Ouais, ouais je m’en occupe.” Allez, focus Dawson. La fermeture remontée, la dentelle ajustée, j’regarde à nouveau ton reflet et ta manière de sublimer cette robe. “C’est trop sage pour toi.” La seconde, j’ai davantage d’espoir pour elle. “Mais t’es vraiment magnifique.” Soufflé à ton cou, un baiser apposé dans le creux, délicat ; et je m’écarte d’un pas. “Allez, ouvre les yeux.” Regarde, ce que ça donne dans cette autre vie où t’as le droit à ça.

Elle a peut-être rien à faire ici, diablesse accaparée dans un quartier du paradis, le temps d'une après-midi. Lui faire gouter un parfum sucré, si différent de l'habituelle acidité. Faire de cet instant un moment naïf à tes côtés, parce qu'on pourra être heureux, vivre les meilleurs instants de nos vies, mais tout ça, ça sera jamais nous. Parce qu'on sera incapable d'aller aussi loin. Il a suffit de ne faire qu'un pas pour se prendre le virage, dégommer la facilité, n'ayant plus que des morceaux, avec l'espoir brillant de pouvoir tout recoller. Elle est quelle couleur tu penses ? Rouge pour ma passion ? Orange ou jaune pour mon enthousiasme ? Rose pour honorer la princesse ? Rire qui s'échappe, parce qu'elle était comme toi, elle aimait bien trop que les couleurs explosent, s'échappent, pour en choisir qu'une seule. Vêtements qui s'enlèvent face au miroir, poupée perchée sur cette petite estrade, la lumière des projecteurs habituellement chaleureux, cette fois, elle redevenait cette petite fille, n'imaginant pas qu'un bout de tissu pouvait se montrer aussi perturbant. Elle le remarque ton regard, il reste planté dans le sien et peut-être que y'a pas besoin de mots à cet instant, ça brouille dans vos regards qu'il reste quelque chose. C'est là Horace et faut pas qu'on le laisse s'échapper. Poupée habillée de cette nouvelle robe, les yeux qui préfèrent rester aveugle de cette fausse réalité. Elle se fiait à toi, à ce silence que tu laissais bouillir avant d'oser dire quelque chose. Parce qu'elle sentirait presque ton battant jaillir lorsque tu t'approchais. Épiderme qui s'acharne de frissons au passage des phalanges, instant hors du temps qu'elle n'aurait pas été capable d'imaginer. Bah alors.. T'as l'air de bégayer ? Taquinerie qui s'échappe d'un petit rire, le coin sa lèvre qu'elle mord lorsqu'il énonçait le verdict à voix haute. Aller, lèves les yeux Astra, c'est pas si compliqué tu sais. Alors les azurs se relèvent, le coeur qui manque un battement, tel la chute d'une montagne russe, elle est pas sensée s'apprécier autant entre ces dentelles, pourtant c'est le cas. C'est vraiment beau.. Mots qui se murmurent, yeux qui se ferme un instant à l'électricité que venait d'imposer son baiser.  La deuxième est moins sage ? T'es sûr que tu veux continuer ? Parce que cette activité s'avérait plus difficile d'un effort, le coeur est lourd, elle a du mal à apprécier et réellement comprendre ce qu'elle ressent à cet instant. J'pense qu'on va arrêter, c'est ridicule de faire ça. Dit-elle alors que la silhouette quittait l'estrade pour se retourner face à lui. C'est peut-être à ce moment qu'elle comprenait que c'était plus pareil, parce qu'ils arrivaient plus à rire de n'importe quoi, tout prendre avec futilité, à cet instant, elle en était plus capable, y'a son coeur qui s'agite et qui ne cesse de lui crier de s'échapper du tissu.

“Multicolore, du blanc au noir, en passant par toutes les couleurs les plus chaleureuses et joyeuses.” J’suis pas bien sûr que ça soit beau, là comme ça, mais j’m’essaye un peu à la poésie, vois-tu. Enfin. J’suis pas convaincu qu’on puisse classer ma réplique dans cette catégorie, mais tu vois l’idée. J’suis pas très bon pour les belles phrases, pour les répliques qui font rougir les filles et fantasmer l’intello, j’suis pas très bon pour les déclarations ; mais pour penser chaque mot un peu naïf qui passe ma bouche, toujours sincère, j’le suis, doué. Et moi je t’imagine danser dans une robe qui représente toutes les couleurs, toutes les nuances, toutes les femmes. Tu es tant de choses, tu ne le vois même pas. Toi tu t’heurtes à mes silences, et ma distance quand je m’échappe. Mais si seulement tu t’intéressais au camaïeu de vert et brun qui s’illumine dans mon iris, quand j’te regarde dans cette tenue, t’aurais plus vraiment à te poser toutes ces questions. Mon esprit parle dans mon aiguille, mon battant bat dans la pulpe de mes doigts, serrant la robe pour te l’ajuster. Comme un moyen de l’harnacher à ton corps, moi qui devine que des princesses, tu es une Cendrillon qui s’échappe. Ma lèvre se fait mordre, contenant un sourire amusé à ton doigt, bien pointé vers mes paroles hasardeuses. “J’t’emmerde Rothschild.” Soufflé, comme on s’accroche désespérément à l’idée d’avoir un peu de contenance et de répartie, alors même qu’on est grillé comme jamais. “J’galérais, tu faisais que de bouger.” Râlé. Faux, surtout, tu n’bouges pas et je ne galère pas. Ou, juste à garder mon battant dans son carcan, bien énervé. Je le titille encore un peu, d’un baiser déposé, d’un regard à nouveau confronté à la divinité. Mais voilà, minuit. Qu’importe l’heure, tu as décidé qu’il était minuit, qu’il était l’heure de s’enfuir. Je le sens, le doute. Je le vois sur tes traits, je le croise dans ton regard quand tu descends pour me faire face. J’ai de la joie et de l’entrain pour deux. Sauf que c’était pas ça l’but, j’devais les partager. J’ai l’air con désormais, hein ? Si si, dans ce magasin, toi dans cette robe, et cette seconde robe qui patiente ; j’suis le seul qui ai envie d’être là. “C’est pas ridicule.” La tête se secoue, la fleur est fanée et ma gueule avec. La descente, j’avais oublié ça avec mon sang presque clean. Ma langue qui claque contre le palais. “Et même si ça l’est, depuis quand on en a quelque chose à foutre ?” J’t’en veux, presque, de ma descente. J’m’en veux, tout sûr. J’en veux à cette robe, tiens, dont je commence à descendre la fermeture éclair. “Lève les bras." Pour te l’ôter, pour l’éloigner, pour cesser ce ridicule. "J'te libère.” Prisonnière d'un futur qui n'existe pas, d'un blanc immaculé qui brûle la diablesse. Cendrillon est peut-être faite pour éternellement fuir, une chaussure en moins.