la nuit a été complètement folle. j'arrive chez toi avec juste deux ou trois heures de sommeil à mon actif. j'ai certainement des cernes sous les yeux et une sacrée gueule de bois. mais ça ne m'arrête pas. j'ai besoin de te voir. nous avons des choses à nous dire tous les deux. je n'ai pas spécialement envie de revenir sur ce qu'il s'est passé entre nous mais je sens que cette discussion va être inévitable. il va falloir qu'on parle et qu'on se dise les choses. je traîne une peu sur la route. j'en profite pour tirer sur ma cigarette électronique. c'est pas malin avec le ventre vide et des brûlures d'estomac à cause de l'alcool. mais tant pis. je me perds dans mes pensées et je me surprends même à arriver plus vite que prévu chez toi. mes pas connaissent le chemin. c'est donc déphasé que je sonne à ta porte et attends que tu viennes m'ouvrir. « hey » que je te réponds faiblement. mon coeur se resserre en te voyant. je déteste être en froid avec toi. c'est pire que de t'avoir perdu de vue je trouve. tu fonces dans mes bras. je t'accueilles contre moi avec beaucoup de soulagement. « je pue encore certainement l'alcool, désolé » léger rire en me reculant. « je t'ai déjà dit que t'es la meilleure ? » au moins une bonne dizaine de fois mais c'est pas grave, je continue de le penser. j'entre chez toi et enlève ma veste. « adrian n'est pas là ? » que je te demande en regardant autour de moi. l'appartement est joliment calme. « ça sent super bon » t'es la déesse des pancakes.

je ne peux pas m'empêcher de rigoler à ta remarque. tu ne t'attendais pas à m'avoir tout frais. c'est une certitude pour nous deux; je ne le suis pas et j'aurais clairement besoin d'une bonne douche. la nuit a été mouvementée. compliquée. « mais j'suis toujours aussi beau ? » que je te demande en rigolant. c'est plus ironique qu'autre chose. je me moque de moi même. tu confirmes qu'on doit parler tous les deux. qu'une discussion s'impose. je suis amplement d'accord avec toi. tu as surement déposé ton fils chez la voisine qu'on puisse avoir une discussion ensemble. qu'on puisse parler sans être déranger. se dire les choses ouvertement. se livrer et éviter au maximum les non dits. « c'est gentil » je te remercie quand tu me sers les pancakes. je les regarde avec des étoiles dans les yeux. ça sent tellement bon. j'attrape les couverts comme si ma vie en dépendait. je m'attaque à tes pancakes sans perdre une seconde. je ne mange pas beaucoup en ce moment, je suis affamé. « ça marche, c'est gentil. tu resteras avec moi ? » que je te demande en posant les couverts au bord de l'assiette. je bois une gorgée de café bien chaud. j'en soupire d'aise. de libération. ça me fait du bien de me poser. tasse qui retrouve la table. je lève les yeux vers toi. je le vois bien que tu n'es pas bien. faut être débile pour ne pas s'en rendre compte. « je suis désolé pour ce qu'il s'est passé. j'ai cru que tu m'engueulais et que tu me reprochais ce qui t'es arrivé dans le passé. j'me suis braqué et j'ai mal interprété. j'aurais pas du » je baisse la tête. j'aime pas m'engueuler avec toi. ça m'a pesé ces derniers jours.

tes pancakes sont les meilleurs, j'en ai jamais goûté d'aussi bons que les tiens. t'es la reine des pancakes lofberg. fin sourire sur mes lèvres quand tu viens prendre un bout dans mon assiette. « vas-y, c'est pas comme si c'était toi qui les avais fait » je rigole, amusé. même si ce petit déjeuner est délicieux, je ne suis pas venu pour ça. nous avons des choses à nous dire. une explication à avoir tous les deux. j'essaie d'engager la conversation et de parler le premier. je m'excuse, je n'ai jamais eu de problème à mettre mon égo de côté pour le faire. je t'écoute me répondre. mes yeux se baissent, j'ai par contre bien du mal à te regarder. j'entends ce que tu me dis, j'essaie de comprendre. on s'est enflammé tous les deux, chacun campant sur ses positions. « tu crois que j'suis pas conscient de tout ça ? tu crois que j'suis débile à ce point là ? oui j'ai des sentiments pour lui, oui je l'aime mais j'suis pas en couple avec lui. t'as raison, il l'était plus ou moins avec cette fille. moi même j'ignore ce qu'il s'est passé entre eux, ce qui se passe encore. je ne sais pas ce qu'il fait quand on est pas ensemble. il est avec elle, il lui dit peut-être les mêmes mots qu'à moi. j'suis influençable c'est sur mais j'me suis embarqué tout seul dans cette histoire. il m'a dit qu'il attendait le feu vert de cette fille pour se mettre en couple avec elle... j'savais pas qu'ils l'étaient déjà. j'ai aucune excuse, je sais.  » ma langue humidifie mes lèvres. je me racle la gorge à sa question. je pose mes couverts et recule même l'assiette de moi. « non, je ... » cette discussion est difficile pour moi là. « je me suis braqué, j'ai mal interprété ce que tu m'as dit.. et ça m'a tétanisé. j'ai dis n'importe quoi parce que sur le moment j'ai ressenti le même blocage qu'avec emily.. tu n'es pas comme ma soeur putain, t'es à l'opposé vee. » je relève les yeux vers toi. je me lève et viens m'asseoir à côté de toi. j'attrape tes mains et plonge difficilement mon regard dans le tien. « je m'excuse pour ça, j'ai paniqué, j'aime pas m'engueuler avec toi.. »

je sais que cette situation n'est pas l'idéal pour moi. je suis au courant des détails, je ne fais aucun déni là dessus et c'est bien ce qui me plombe autant. je sais que je fonce droit dans le mur et que fatalement, je n'arriverais jamais à faire confiance à quelqu'un comme styx. c'est délicat. je ne suis pas tout blanc dans cette histoire, je le sais aussi. j'ai entendu ce que je voulais entendre et j'ai laissé de côté le reste. même si j'ai voulu faire au mieux, j'ai brisé un couple. je me rassure en me disant que si ça n'avait pas été moi, ça aurait été un autre. une autre peut-être. le soulagement est bien trop faible. toute cette histoire me ronge de l'intérieur. « il a eu les bons mots et les a encore.. mais je sais que je ne pourrais pas lui faire confiance totalement. j'ai plongé là dedans tête baissé, que ça me serve de leçon encore une fois. » cette difficile impression que personne ne veut de moi. pire encore, que quoi que je fasse, je resterai un plan b pour les autres. elle est horrible cette sensation, je n'arrive pas à m'en décoller. dès qu'on me donne un peu d'attention, je plonge sans prendre le temps de réfléchir. je ne me pensais pas aussi impulsif. aussi désespéré ? « oui tu m'as fait penser à ma soeur, te dire le contraire serait mentir » et j'ai besoin d'être honnête avec toi. ma psychanalyse commence à porter ses fruits. j'en suis qu'à trois rendez-vous, trois semaines, mais je sens qu'elle me fait du bien. je dis plus facilement les choses. mes yeux ne te quittent pas alors que tu viens te poser sur moi. j'hésite un instant puis je finis par poser mes mains sur toi. « désolé » moi aussi je l'ai détesté. je l'ai tellement détesté, tu n'as pas idée à quel point. faible sourire sur mes lèvres lorsque les tiennes se posent sur ma joue. front contre front, je ferme les yeux. ton odeur m'envahit. j'aime te sentir là, contre moi. mon coeur bat doucement, apaisé par cette conversation qui nous fait beaucoup de bien. « promets le moi s'il te plait ... » yeux toujours clos, j'ai besoin d'être rassuré. mes mains s'étendent pour enrouler mes bras autour de toi. je te rapproche de moi. besoin de plus de proximité. et quand j'ai eu cette confirmation, je tends on visage pour capturer tes lèvres dans un baiser plus doux que jamais. je viens ensuite enfouir mon visage dans ta nuque. je n'ai nullement envie de m'éloigner de toi. je n'ai pas non plus envie d'évoquer ce que tu m'as dit. j'ai pas envie de briser quoi que ce soit de ces retrouvailles.

Je me rends compte qu'Arlan est vraiment un sentimental et que je n'ai peut-être pas su le protéger autant qu'il l'aurait fallu. Mais avec le recul, je sais que je dois le laisser se faire ses propres expériences. Qu'il doit comme tout le monde vivre sa vie sans que je le surprotège. Ce n'est pas mon rôle. Je dois être là pour l'aider à se relever. Même si c'est parfois dur d'entendre des choses. Je serre les lèvres pour ne pas montrer que je réagis à sa phrase. Parce que même s'il sait que je ne suis pas sa sœur, il a ressenti la même chose. Je ne me sens pas assez saine pour lui, je réagis trop mal pour ça. C'est un travail sur moi-même et je sais que je prendrais le temps pour ça. Mais je ne veux plus traverser la semaine qu'on a passé tous les deux. Il s'en excuse mais je n'en rajoute pas. tous les deux sommes aller trop loin. je sais que je suis jalouse et je dois prendre sur moi. Alors je fais en sorte que ça ne se reproduira plus. que ce tracas ne revienne pas. Il m'arrache un rire lorsqu'il me le demande explicitement. de le promettre. -- Je te le promets. je lui souris tendrement, dans ses bras, je m'abandonne à ce baiser. le premier depuis si longtemps. Toute la matinée, jusqu'à son départ, on a fait que ça. S'étreindre dans les bras de l'autre...