peindre pour éviter de trop penser. trop de choses se bousculent dans mon esprit en ce moment, c'est l'horreur. sentimentalement, je suis dans une merde sans nom. j'ai besoin de m'échapper de mes propres pensées. de mes propres envies. personnellement, j'essaie d'être un bon ami pour ma colocataire mais je me sens inutile. j'aimerais pouvoir faire plus pour elle. j'essaie aussi de ne pas m'effondrer. de garder la tête froide mais c'est compliqué avec veritas et le bordel que ça a foutu un peu partout. et professionnellement, c'est pas mieux. l'impression que les cours que je donne ne suffiront pas à assurer les fins de mois. grâce à ollie, je paye moins cher mon loyer ici mais il y a tous les à côté qui sont compliqués à gérer. et cette nouvelle commande sur laquelle je dois avancer. je me concentre comme je le peux sur cette toile mais ta présence dans mon esprit me trouble. je lutte pour avancer au maximum sans faire de connerie. je sais qu'un coup de pinceau mal placé et je suis bon pour tout recommencer. je me laisse emporter par ma créativité. par ma sensibilité. et quand j'entends sonner à la porte, je sursaute en relevant la tête. « merde putain... » je pose ma palette composée de diverses nuances de gris, ainsi que mes pinceaux. j'ai de la peinture pleins les mains et surement un peu sur le visage. je n'ai pas fait gaffe à l'heure. attrape la première serviette venue et m'essuie rapidement. ça ne part pas aussi facilement. je descends les marches trois par trois et cours vers la porte. « salut beau gosse » que je te lance, tout haletant. rire qui s'échappe de mes lèvres. « désolé j'suis pas vraiment présentable, j'ai avancé sur mon tableau et j'ai pas vu l'heure passer ... mais quelque chose me dit que j'vais pas la prendre tout seul ma douche ce soir » je rigole à nouveau. je m'étonne de cette aisance entre nous. c'était donc pas sous l'effet du rhum. je me décale pour te laisser passer. « j'ten prie, entre » fais donc comme chez toi adrian.

je manque clairement de me casser la gueule dans les escaliers. je ne m'attendais pas à te voir aussi tôt. ou alors si, je m'y attendais mais je n'ai pas vu le temps passer. absorbé par ma nouvelle toile, les heures ont défilées un peu trop vite. et te voilà, face à moi avec ton visage d'ange. sourire braqué sur mon visage, je te regarde pour la première fois en face à face. mes yeux s'abaissent à ta remarque et je ne peux pas m'empêcher de rigoler. « un artiste cochon t'as vu ça, j'sais pas travailler proprement, c'est une cata » je progresse tellement que j'arrive à faire des blagues à doubles sens. dommage que je n'ai pas capté en le disant. toujours est-il que ton rire provoque le mien. c'est vrai qu'il est communicatif. c'est plaisant quelqu'un qui ne fait pas la gueule. quelqu'un qui rayonne autant. on sent la joie de vivre dans ta personnalité. la joie d'être là. l'optimisme. j'aime beaucoup. rien que ta présence me fait du bien et me remonte le moral. c'est super. « toute la maison pour nous tous seuls. tu vas pouvoir t'balader à poil si t'as envie ou couiner autant que tu veux » haussement de sourcils, amusé par cet effervescence. tu te retournes vers moi et me caresse la joue. ok je ne m'attendais pas à ça. « non pas que » je confirme en soulignant la fin de ta phrase. toi t'as pas froid aux yeux. tu fais ce que tu veux, quand tu le veux. tu n'as pas ce malaise avec les autres. j'ai l'impression que le mien disparait en ta présence. j'apprécie tes initiatives. tu m'avais prévenu, tu vas prendre la situation en main, et pas que. on avance jusqu'au salon. tu te colles à moi. « c'est d'ta faute ça, tu me teases depuis deux jours. j'suis en perdition à cause de toi » je rigole. tu ne me lâches pas des yeux. tu me dévores du regard. me déshabille presque. j'aime assez cette sensation. l'impression d'être beau. de te plaire. ton regard est lubrique et ça me fait grave kiffer. « viens » j'attrape ta main et t'embarque avec moi dans les escaliers. on grimpe les marches pour aller dans la pièce où je peignais. où tout mon art peut s'exprimer en toute liberté. il y a un tableau en pleine construction dans le fond, mon œuvre du moment. d'autres toiles vierges ou non un peu partout. un énorme meuble avec des centaines de peintures de toutes les teintes. un peu de bordel mais un bordel rangé. créatif. « bienvenue dans mon monde » je te lâche la main et me tourne vers toi. « j'vois pas de meilleur moyen d'faire connaissance que celui là » je rigole en voyant ta tête, tu ne sais absolument pas ce que j'ai en tête. à quoi t'attendre. je m'approche de toi et enlève ton t-shirt. j'enlève le mien aussi. j'attrape ma palette de peinture que je viens d'utiliser et mets mes doigts dedans. je pose ensuite ma main sur ta mâchoire, la glisse dans ta nuque. c'est hyper sensuel bordel. j'arque un sourcil en relevant les yeux vers toi. je rigole un peu. « quitte à prendre une douche, autant qu'on ait beaucoup à frotter »