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with @Esteban J. Quesada
1er octobre 2023
clinique rylon, jamaica plain
enfant malade


J’en ai fait du chemin depuis nous. D’abord apprendre à me reconcentrer sur moi-même, puis il y a eu Félix. Aujourd’hui, je suis de nouveau seule. Pas certaine de savoir s’il y a un signe là-dedans ou si je dois juste mettre ça sur la faute à pas de chance. Le fait est que les relations sentimentales, ce n’est pas pour moi. Les gens finissent toujours blessés même quand ils s’aiment. Parce qu’avec Félix, ce ne sont pas nos différences qui nous ont séparés, mais le travail. On s’appelle de temps en temps, je sais que je dois le laisser, mais je ne suis pas encore assez résignée pour ça. Alors, je me renferme dans mon internat ou dans les soucis de Gauthier pour ne pas penser au mien. Et ce soir, je suis aux urgences de la clinique. Côté pédiatrie pour changer, étant donné qu’il y a des absents dans le personnel. Ça me change un petit peu, c’est rythmé, mais ça va encore. Me laissant le temps de prendre le temps avec chaque petit patient. Je termine avec un petit garçon, et direction l’accueil pour savoir qui est l’enfant suivant. Souvent, c’est pour des petites choses sans gravité, mais je suis aussi là dans un rôle de réassurance pour les parents. Sauf que là, ton nom apparaît, et je sais que si tu es là, ce n’est pas pour rien. Tillie Quesada. Mon sang ne fait qu’un tour avant d’arriver à ton niveau. « Salut. » Mon regard se pose sur toi, puis sur la petite que j’ai tant aimé. Je t’écoute me donner les symptômes, ça me donne déjà une idée de là où je dois chercher le problème. « Suit moi, on va la mettre dans un box au calme. » Montrant le chemin, et le brancard où poser Tillie. « Je vais m’occuper de toi Tillie d’accord ? Tu te souviens de moi ? Je vais prendre soin de toi. » Voix rassurante avant la prise de température et de toutes les constantes nécessaires. « On va lui faire un bilan complet, et sûrement la perfuser pour l’hydrater et mettre un antalgique. » Tu sais que les gestes tendres sont proscrits avec les patients, mais elle n’est pas n’importe qui Tillie à mes yeux. « Tu as bien fait de venir. Pour la sensation dans ses jambes, ça devrait passer quand la fièvre baissera. Souvent les enfants délirent un peu quand ils sont fiévreux comme elle. » Parce que c’est mon devoir de te rassurer également.

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1er octobre 2023
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Tu me suis, me regarde, bois mes paroles comme paroles de Dieu. Confiant en moi malgré notre passif. Tu sais que j’ai toujours fait la distinction entre mes études, et ma vie privée. Peu importe tout ce qui a pu se passer. Il m’a fallu du temps pour faire le deuil de notre relation, encore après le l’incident au td garden, distance que j’ai mise entre nous parce que j’aurai pu recraquer pour toi. Je le sais. Tu as toujours eu une grande place dans ma vie, dans mon cœur. Tout comme cette petite fille qui me donne l’impression d’avoir pris cinq ans en quelques mois. Des choses se sont passées depuis, mais ça n’empêche en rien l’affection que je vous porte. Alors vous voir là, voir Tillie dans cet état, forcément ça me rend mal, mais je tiens à rester professionnelle. Pour toi, pour elle. Les soins sont en places, ils n'ont pris que peu de temps.  Faire vite et bien. « Ne me dit pas merci, c’est normal. » Connaissant l’importance de ta fille dans ta vie, votre histoire, mes agissements sont des plus naturelles. La main sur le front de Tillie pendant que tu lui tiens la main, remettant ses cheveux derrières les oreilles. La chaleur de la fièvre qui se sent à travers l’épiderme de ma paume. « On va attendre les résultats, mais on doit être sur une bonne grippe. » Sans trop essayer de m’avancer. La fièvre, les courbatures, les vomissements à cause de celle-ci. Ça arrive en cette saison. « Je vais voir pour la faire monter en pédiatrie pour la surveiller le temps de la nuit quand même. Je vous laisse un instant. » La main sur ton épaule, tendre, et réconfortante. Je l’éclipse le temps de voir s’il y a une chambre de disponible dans le service. Je ferai les allées retour nécessaire entre les urgences et la pédiatrie pour être autant au près de vous que possible.
Je reviens un petit quart d’heure plus tard, frappant à la porte du box. « On va lui préparer et une chambre, et tu pourras rester avec elle cette nuit. » Je me suis arrangée pour tout. Réalisant que Tillie s’est endormie, sous l’effet des médicaments. «  Je vais prendre une pause, tu veux un café ? » La nuit risque d’être longue pour toi, un énergisant ne te fera sûrement pas de mal.

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« Chaque enfant réagit différemment, la prochaine pourrait être encore différente. » Espérant juste qu’il n’y ait pas de prochaines fois. Les enfants et leurs systèmes immunitaires, c’est tout un univers. Quand ma main se pose sur ton épaule, je prends un instant pour te regarder, voir tes yeux remplis de tristesse et de peurs à l’égard de ta fille. Petite à laquelle j’ai pris le temps de m’attacher, qui m’a beaucoup manqué. Plus d’une fois j’ai eu envie de t’envoyer un message, prendre de vos nouvelles. Mais depuis le td garden et cette nuit près de toi, quand j’ai fui dans cette chambre d’amis parce que j’ai senti mon cœur s’emballer, j’estimais qu’il valait mieux que je me fasse petite et que je disparaisse pour vous deux. Ce que j’ai fait. Puis il y a eu Félix. Celui qui m’a fait comprendre que je n’étais pas si mauvaise dans le fond, que j’étais capable d’aimée comme il faut. Mieux que ce que je n’ai fais avec toi. Vous laissant un petit instant, petite apaisée par les médicaments, le temps de voir pour une chambre avec parents accompagnants. Le sourire satisfait à ton c’est parfait puis la proposition de venir prendre un café. D’autant plus qu’il faut préparer la chambre pour Tillie et pour toi donc ça va prendre un petit moment. « Je suis de garde cette nuit oui. C’est ma vie maintenant tout ça. » Vie que j’apprécie énormément. Me consacrer à cent pour cent pour mes patients. A défaut d’une vie sociale. Marchant dans les couloirs, machine à café trouvé. « Tu veux quoi ? » alors que je prend un macchiato avec le badge. « Comment vous allez tous les deux ? » Appuyée contre la machine attendant que la caféine fasse son œuvre, regard profond et sincère en se posant de nouveau sur toi.

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Tillie s’endort doucement mais sûrement, petit cœur qui s’apaise après la fièvre qui a pris possession de son corps. La voir dans cet état aurait pu me mettre dans un état d’inquiétude si je n’avais pas la blouse sur le dos. Vêtement qui m’a souvent permis de mettre une barrière avec mes émotions. Professionnelle, je prends soin d’elle comme je prendrai soin de n’importe quel enfant. Avec plus d’attention tout de même. Ce petit bout n’est pas n’importe qui à mes yeux. Rire léger à la vue de la situation, effectivement, ce n’est que le début des soucis que tu te feras. Les joies de l’adolescence qui ne va pas traîner à se montrer. Après si elle est une adolescente comme moi, tu n’auras pas grand souci à te faire. Mon père pourrait reconnaître que j’étais une adolescente calme à côté de ma plus jeune sœur. Chloé, c’est la petite rebelle de la famille. Labyrinthe franchi, machine à café trouvé, et le bruit sourd du macchiato qui coule. « Un café long pour monsieur. » récupérant la première boisson pour faire couler la seconde. La nuit risque d’être longue pour toi, et sûrement pour moi aussi. Oreilles attentives qui t’écoutent, aucune surprise dans ce que j’entends. Jamais je n’ai douté de tes compétences en tant que paternelle. Sourire franc quand tu me parles de toi, constatant que tu avances dans ta vie. Que vous soyez heureux, c’est tout ce que j’ai toujours souhaité. « Elle a toujours été très futée et intelligente, ça ne m’étonne pas. Peut-être lui faire passer quelques tests pour savoir ? On parle beaucoup de haut potentiel intellectuel maintenant, elle en fait peut être partie. » Même si les tests ne changeront à l’enfant qu’elle et qu’il faut respecter. « Elle tient sûrement de ton caractère pour le reste. » Nouveau petit rire en récupérant le café pour te le tendre et se trouver un endroit au calme ou se poser. « Si on oublie la raison de votre venue, je suis contente de savoir que vous allez bien… tous les deux. Tu ne repars pas en stage pour l’instant ? » Je me souviens comme tu aimais les moments où tu partais en déplacement, un autre toi, heureux de ce qu’il fait. Place trouvée, m’asseyant à côté de toi, soufflant sur le macchiato pour le refroidir un peu. « Moi… » Quoi dire ? Les épaules se haussent doucement. « ça a été un peu compliqué après le départ de Félix. Mais je n’avais pas le droit de le retenir, il devait partir à Londres pour le poste qu’on lui proposait, c’est une chance qu’il a eue. Mais je me suis faite une raison, et le travail m’a beaucoup aidé aussi. » Beaucoup de travail sur moi-même, l’été qui m’a permis à apprendre à lâcher prise un peu. Aussi courte soit-elle, cette histoire m’a été bénéfique tout de même.

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Posée, macchiato chaud entre les doigts avec un homme qui a beaucoup compté pour moi. A croire qu’il faut toujours qu’il y est un incident pour qu’on se trouve. Le td garden, et là Tillie qui n’est pas bien, passage par les urgences. Et chaque fois, c’est un chamboulement dans mon esprit, rappelant maints et maints souvenirs qu’on a pu avoir tous les trois. Tous les deux. Ça semblait encore un peu déplacé pour moi que d’avoir ce genre de penser. Félix encore présent dans mon esprit, même si avec le temps, ça commençait à aller, acceptant le fait que c’était la meilleure décision à prendre. Soufflant sur la boisson avant de la portée à mes lèvres, grimace au goût de ce café qui est loin d’être le meilleur, parlant de ta princesse. Tendresse à son égard. Je me souviens encore des débuts où j’avais peur de la rencontrer, peur de ne pas savoir être à l’aise avec les enfants. Alors que tout s’est naturellement bien déroulé entre elle et moi. « Elle tient ça de toi. Peut être qu’elle te le réclamera d’elle-même, ou alors parles en avec elle, tu verras bien ce qu’elle en dit. Tout se passe bien à l’école ? » Souvent, des enfants avec de tel facilité se sentent exclus, s’ennuient, loin d’être une chose facile à gérer. D’autres le vivent très bien. Rire qui se lie au tient, évidemment qu’elle te ressemble. Son seul repère dans ce monde. Discussion qui arrive sur toi, admirative de ses ambitions. « Donc tu vas rester ici à Boston pour intégrer cet entreprise ? » Plus d’une fois pendant que nous étions ensemble, tu avais évoqué l’idée de rentrer en Espagne. Chose qui avait sûrement rendu la relation fragile en plus de tous les soucis à côté. Haussement d’épaules quand le sujet arrive à moi. « On verra bien, on ne sait pas de quoi l’avenir est fait. » Parce que j’ai peine à croire que Félix m’attendra vraiment, je sais qu’il doit y avoir un harem de filles qui lui tournent autour, et qu’il sera difficile pour lui de ne pas craquer. « Je pense avoir mûrit plus que je ne l’aurai pensé cette année oui. » Essayant enfin d’être une réelle adulte, de moins agir comme une enfant. Beaucoup de choses que j’ai réalisé, et qui m’ont fait beaucoup de bien.