nobody said it was easy
with @Dimitri Marriott
27 septembre 2023
suite de dimitri, marriott, new york
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Plusieurs heures que j’roule. J’aurai pu prendre l’avion, mais j’savais qu’le trajet en voiture m’ferait du bien, qu’ça m’viderait la tête. Sauf que j’rumine, sûre de rien, incertaine sur tout. Tout arrêter ou continuer ? Faut qu’on arrête de s’voiler la face, les jalousies à répétitions, l’manque d’confiance, thaïs, moi et ma façon d’autres. T’as pas tous les tords, et pour une fois, j’meurs pas d’envie de tout recracher sur l’autre personne. Mais peut-être que j’suis pas encore si prête qu’ça à être avec quelqu’un. Le revers d’la main essuie une larme le long d’ma joue alors que j’suis encore à une heure de New York. Cette drôle de sensation, me dire que j’roule depuis deux heures, et que j’ne sais pas même pas comment car ma tête n’est pas concentrée sur la route. Plus qu’une heure, une heure trente grand maximum et on s’retrouve pour la première depuis plus dix jours.
La voiture est garée en sous-terrain, sous ton hôtel. J’reste de longues secondes, peut-être des minutes dedans. Une partie d’moi me dit qu’il n’est pas trop tard pour faire demi-tour. Courage, Aurea. Aucune idée d’comment ma tête ou mon cœur va réagir en étant face à toi. Je m’annonce à l’accueil, ils vont te prévenir de ma présence. Attendant aussi le feu vert pour me laisser monter. Sixième étage, la suite 4A. Muette, juste un hochement positif de la tête, et j’me dirige vers l’ascenseur. J’ai mal au ventre. Je réajuste ma blouse, ma veste, comme si j’passais un entretien d’embauche. Trop formel tout ça. T’es sensée être mon mec, et j’angoisse à l’idée d’être face à toi. Inspiration profonde, trois petits coups en prenant mon courage à deux. Et ton visage que j’vois quand tu m’ouvres. La gorge qui se sert, incapable d’savoir quoi faire. Comme une enfant qu’on vient de disputer. « Salut. » Ton corps proche du mien, avant qu’tu m’laisses rentrer dans ta suite. Posant mon sac et ma veste. Silence gênant.

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La porte passée, les corps qui s’frôlent sans se toucher. Pas même une bise, rien. J’me souviens pas d’la dernière fois où s’est arrivée. J’crois même jamais. La porte qui s’claque derrière mon passage, et le frisson qui parcourt l’échine. Debout face à toi, les affaires qui sont posées, tu proposes qu’on rentre directement dans le vif du sujet. Mouvement d’tête positif. « J’suis d’accord. » Voix calme, sans animosité. Autant arraché l’pansement de suite. Tu commences, je t’écoute, nerveuse, suivant du regard ton corps qui va jusqu’au lit pour s’asseoir. J’préfère rester debout, assimilant c’que tu m’dis. « J’accepte qu’tu sois désolé Dimitri. J’le suis aussi. » Des choses qui dépassaient mes pensées. « Il n’a jamais été question qu’tu n’vailles pas la peine. T’as pas à penser ça, jamais. T’es même trop bien, attentionné, aimant... regarde, t’es même prêt à prendre une faute qui n’est pas la tienne. » J’souffle, sûrement plus fort que c’que j’aurai voulu parce que l’plus dur commence vraiment. « Mais t’es justement trop bien pour être avec une fille comme moi… » Quelques pas, presque à creuser une tranchée dans la suite d’hôtel. « On n’a pas du tout les mêmes objectifs, la même façon d’être… » Et ça bouffe d’le dire. Première fois que j’me lance avec quelqu’un et au final, j’vais avoir mal autant qu’toi, là où avant j’aurai juste arrêter d’envoyer des messages. J’dois faire les choses bien, pour toi.

Je stresse, j’ai vraiment du mal à me dire que je vais avoir cette conversation avec Aurea. Je me sens bien avec elle et pour cette histoire ça me ferait chier que ça s’arrête. Après je sais que j’arriverais pas à accepter qu’elle le fasse une seconde fois. Pas par manque de confiance en elle mais plutôt en moi. J’ai été trompé deux fois et abandonné par Thelio, c’est qu’il y a une raison, je ne dois clairement pas être assez bien. Parce que je veux pas te perdre Aurea … Que je lui réponds. Et ça c’est moi, prêt à prendre la faute sur moi pour tenter d’arranger les choses. J’ai des torts aussi un peu. Je lui ai mal parlé mais uniquement parce que j’étais énervé et surtout très blessé. Très blessé d’apprendre qu’elle est partie avec son ancien plan cul et qu’elle a partagé plusieurs nuits avec elle. J’en ai quasi pas dormis. Très mal dormis en tout cas. Et la quand elle me dit que je suis trop bien pour une fille comme elle, je sens mon rythme cardiaque augmenter. Ça pue. Je le sens pas. On d’accord … Je ne sais pas quoi dire de plus. Je tente de la regarder alors que je réalise doucement que c’est peut être la fin et que je vais encore souffrir de m’être ouvert à quelqu’un. Alors quoi ? Tu préfères qu’on arrête tout là maintenant ? c’est dur à dire. J’en ai pas envie. Être en couple c’est aussi faire quelques concessions et la sienne serait de ne plus faire une chose pareille tout simplement et moi d’arrêter mes crises à gogo.

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Parce que je ne veux pas te perdre Aurea. Des mots qui m’sert le cœur. J’en ai conscience, et un long silence pour m’permettre de réfléchir, d’assimiler une nouvelle fois. Un trop long silence. Gorge nouée. Le mal-être qui s’empare de nous deux. Puis vient la question où j’suis incapable d’donner une réponse là tout d’suite. Pas au bout de trois phrases échangées, et quinze minutes dans cette suite. « C’est d’loin la chose la plus difficile que j’ai eu à faire… » que j’me chuchote. Et pourtant, j’ai limite tiré un trait sur mes parents, j’suis partie d’chez eux sans regret : il y a trois ans, j’ai lâché un gars par message après l’avoir fait cocu. « Tu t’rends compte qu’on est totalement opposé dans l’fond ? » Parc’que ça serait tellement plus simple qu’tu le réalises. « T’es un papa posé, tu as ton entreprise... c’est casé et rangé Dimitri. Et il y a moi, j’suis encore dans l’esprit d’fête, boire, m’amuser, partir sur un coup d’tête comme j’ai fait là… » Volage, impulsive… combien de fois on s’est pris la tête parce qu’avec ton entreprise ou ta fille, tu ne pouvais pas partir, où les choses sont calculées même pour se voir le soir. Ou encore qu'tu dois prévoir ta famille pour garder Thaïs. Et c'est ok, juste peut-être pas raccord avec nous. « Puis… il y a Thaïs aussi, on l’sait qu’ça sera un problème à la longue si j’arrive pas à franchir l’cap d’la voir. » C’est tes mots, tu l’as dit. « J’veux plus avoir à t’blesser ou être blesser parce qu’un de nous deux n’est pas bien et qu’on s’sort des trucs comme ça. » Sauf qu’on sait qu’ça arrivera encore. On a trop d’choses à régler de nos côtés pour être bien à deux.

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Bien sûr qu’on savait tout ça. Mais entre l’savoir et le vivre. « J’ai sûrement été un peu naïve pour l’coup, croire qu’ça m’ferait rien ou que je m’y ferai. Mais l’retour à Boston m’a fait comprendre qu’non Dim. » Il faut que j’sois franche, l’regard fuyant, car j’sais qu’à l’instant même où j’vais croiser tes yeux, j’vais revenir sur tout c’que j’dis. « Ces trois semaines avec toi, c’était… parfait. Vraiment. Mais c’était l’mec libre, sans obligation, imprévisible avec qui j’étais si bien. Il faudrait que j’vive h24 avec toi pour être bien, et ce n’est pas moi. J’suis trop indépendante pour ça. » Voix tremblante, le contact entre nos regards qui s’fait enfin quand on parle d’Thaïs. Un point crucial pour toi. J’comprends. C’est étrange de s’parler aussi calmement, alors que nos derniers échanges étaient soit houleux, soit froid. « Tu m’as dit peu avant qu’ça serait un problème dans l’futur, j’imagine qu’une partie penser résoudre l’souci comme ça. Je n’en sais rien. » Je n’sais pas ce qui s’est passée dans ma tête, c’soir-là. L’euphorie d’la soirée j’imagine, car j’aurai aimé supprimer mes messages du lendemain. C’était trop tard. La fin s’dessine d’plus en plus entre nous. Le ventre qui s’noue, l’estomac qui s’sert. L’impression que j’vais vomir à tout moment. J’sais que j’vais faire un acte totalement égoïste en venant m’installer à côté d’toi, t’prendre la main. « L’problème, c’est que j’suis imprévisible. Et elle m’a proposé d’poser pour sa marque. Je t’arrête d’suite, je n’ai rien accepté, mais je n’ai rien refusé non plus parce qu’ça peut m’permettre d’me faire plus d’argent en une journée, qu’en un mois à l’Hocus Pocus. Et j’sais qu’accepter, ça serait encore une fois t’faire du mal. » et ça, j’veux plus. « On s’bouffe à coup d’jalousie. » Jalousie moins présente quand on n’était pas encore vraiment ensemble. Ce qu’on n’sait pas, ne peut pas nous faire d’mal il paraît.

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Ta main qu’tu retires de la mienne. Même me toucher aujourd’hui te répugne. J’aurai la même réaction, et sûrement plus virulente si c’était toi qui étais à ma place. J’fais profil bas, parce que j’sens que j’te blesse. Une partie d’moi me dit que c’est sûrement la dernière fois que j’te fais mal. En règle générale, je ne joue pas la carte de l’honnêteté. J’donne plus d’signes de vie et ça s’arrête là. Tu vaux mieux qu’ça. Tu vaux mieux qu’moi. « Dimitri, s’il te plait… » que je réponds juste au fait d’accepter la demande de Sybil. Cette réponse n’est pas sincère, j’le sais. Et ce n’est pas c’que j’veux pour nous. Si j’dois être clair avec moi-même, j’sais plus c’que j’veux tout court. Tout simplement parce que j’peux pas tout avoir. Ma liberté, toi. Arrêtez ensemble n’veut pas dire que j’vais foncer avec quelqu’un d’autres. Que dès c’soir, j’me retrouve dans d’autres draps. J’me doute que c’est c’que tu penses là maintenant, mais tu as tort. Très peu savent que ça n’allait pas entre nous depuis quinze jours. Quinze jours, ça fait déjà un moment que certains points ont auraient déjà dû les aborder. Mais l’attachement chaque jour un peu plus avec toi rendait les choses un peu plus difficiles au fur et à mesure du temps. Les mains qui se posent sur tes joues pour m’faire face, les prochains mots que j’vais dire, j’veux qu’tu les entendes. « N’doute pas un instant d’toi. Si j’te dis que ce n’est pas toi c’est moi, ça fait cliché, mais c’est vrai. Tu mérites d’être heureux, et j’suis la pire des personnes pour être capable d’rendre une personne heureuse. » Une vision d’moi qui changera peut-être un jour, mais pas maintenant. Mes lèvres qui s’posent sur tienne, un baiser d’au revoir. Sentir leur goût une dernière fois.