« Putain... » le mot a franchi ses lèvres serrées, comme pour donner une preuve de sa présence dans la réalité. Quoique la douleur qui irradie son corps lui rappelle qu’elle est bel et bien vivante…
Combien étaient-ils ? Elle n’en sait rien, n’a pas eu le temps de voir, ni même de réaliser ce qu’il se passait. Elle marchait vite pour se rendre en cours quand ils l’ont coincée là… Ils devaient l’attendre, ou la suivre. En retard, comme 90 % du temps, elle n’a pas vraiment fait attention à ce qui l’entourait. C’était à prévoir. Des semaines qu’elle reçoit des menaces, elle se doutait qu’ils allaient finir par passer à l’acte, mais… pas en plein jour, pas à l’Université.
Recroquevillée sur le sol, suite à un coup dans l’estomac, Lex’ a perdu la notion du temps. Combien de temps reste-t-elle ainsi ? Quelques secondes ? Minutes ? Heures ? Elle a simplement conscience de cette souffrance qui pulse au rythme de son coeur, qui galope, encore en plein effroi. Mais une pensée vient éveiller sa conscience : Si on la trouve ici, on va appeler les flics et, cette prise de risque n’aura eu aucun intérêt.
Lexie se relève brusquement, du moins, c’est ce que sa volonté lui crie de faire. Cependant son corps n’est pas de cet avis. Et alors qu’elle se redresse, son souffle coupé, un gémissement de douleur franchit ses lèvres.
La voix de Mia retentit et provoque une nuée de sentiments contradictoires qui se bousculent dans son esprit en panique. A la fois du soulagement et du réconfort de voir sa silhouette se rapprocher d’elle ; de la honte de savoir qu’elle la découvre ainsi la gueule défoncée visiblement : vu le sang qui imbibe immédiatement le mouchoir qu’elle applique sur son nez, et celui que Mia applique contre son sourcil, dans un geste doux ; et de la peur de devoir tout lui avouer…
Non elle ne doit pas savoir…
« La première règle du fight club est qu’on ne doit pas parler du fight club » plaisante-t-elle donc dans une phrase qui ressemble plus en réalité à : « La prebière règle du fight club est qu’on ne doit bas barler du fight club » avec le sang qui s’écoule de son nez. « Nan mais moi ça va, tu devrais voir la tronche de l’autre hahaha. »
Lex’ regrette immédiatement sa boutade, puisque cet éclat de rire qu’elle a elle-même provoqué (c’est bien tu te suffis à toi-même...) coupe immédiatement son souffle dans sa poitrine, la douleur lancinante dans ses côtes hurlant sa présence, comme le tocsin retentit à l’arrivée des ennemis, et elle porte instinctivement une main à son côté droit en geignant doucement, incapable de solliciter son souffle davantage, pour un gémissement plus alarmant.
- D’accord, donc tu t’es battue ? Avec qui ?
Battue ? Ah si seulement elle avait eu l’occasion de rendre les coups… Lexie puise encore dans son seul mécanisme de défense en cas de situation critique : l’humour. Afin de dédramatiser la situation pour que Mia ne s’inquiète pas.
T’as la gueule défoncée, comment tu veux qu’elle ne s’inquiète pas !
« Avec Batman, c’était un test pour savoir si je peux devenir Batgirl. » lance-t-elle tentant un sourire en coin qui ressemble certainement plus à une grimace crispée de douleur actuellement.
Mia soupire d’exaspération… Ouais en même temps c’était à prévoir hein Lex’… Mais que pouvait-elle faire ? Lui dire : « T’inquiète c’est rien, juste les dealers du coin qui sont venus me tabasser. ». Cela la mettrait en danger, elle-aussi… et c’est la dernière chose que souhaite Lexie, la mêler à tout ça.
— Tu peux marcher ? Rejoins-moi dans ma salle pendant que je vais chercher quelques trucs à l’infirmerie.
C’était pas une demande et ça Lexie le comprend bien… Putain va falloir qu’elle trouve une explication plausible à tout ça… quelle merde !
Elle hôche la tête tout en répondant : « Ouais… ça va aller, je peux marcher. Enfin je crois. » Elle se redresse, s’appuie quelques secondes contre Mia le temps de calmer sa respiration quasi sifflante et commence à se mettre en route. Le mouchoir plaqué contre son nez.
En passant devant les vitres des salles de classe, Lexie aperçoit son reflet. Wow la tronche ! Et tu crois vraiment que tu vas réussir à la rassurer ?!
Non c’est mal barré.
Une fois dans la salle, Lex’ entend les pas de Mia, qui pénètre dans la pièce, une trousse de secours à la main. L’étudiante prend place avec précaution sur une chaise, le moindre mouvement brusque faisant chanter la douleur dans ses côtes et laisse son amante appliquer du désinfectant sur son arcade. Ce geste, aussi anodin soit-il, réchauffe le coeur de Lexie. Cette tendresse jurant totalement avec la violence qu’elle vient d’encaisser.
- Donc… pourquoi tu ne veux rien me dire ?
Lexie ne répond rien tout d’abord… laissant un silence pesant s'installer entre elles, parce qu’elle cherche quoi répondre… elle détourne le regard, refusant d’affronter celui de Mia. Elle se sent coupable de lui mentir, autant qu’elle se sentirait mal de la mêler à cette histoire. Te voilà en plein dilemme…
Autant avouer une demi-vérité…
« Parce que… c’est rien, c’est pas grave, c’est… pas important. J’ai merdé, c’est de ma faute, je vais arranger tout ça…. »
Ses yeux se posent sur tout, sauf sur son amante, qui pourtant est là, à soigner ses plaies. Et toi tu repousses son aide,... pour sa sécurité, moins elle en sait, mieux ce sera. Mais en est-elle vraiment convaincue ? Elle voudrait tant lui dire et se reposer sur elle, lui confier ce secret qui la ronge depuis des mois. Après tout... n'est-ce-pas le rôle de... de quoi ? Que représente Mia à ses yeux véritablement ? Elle le sait bien sûr, ça fait un moment que la réponse danse devant ses yeux comme une évidence, mais... c'est aussi douloureux à avouer que les coups qu'elle vient d'encaisser.
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