Cette dernière rentrée à Harvard te laisse une note douce-amère en bouche. Partagée entre une lassitude qui s’est installée avec le temps et la nostalgie de ces années qui t’ont transformée, l’envie d’entamer un nouveau chapitre de ta vie et la peur de ce que l’avenir te réserve. Et bien que tu aies toujours apprécié avoir un cadre défini avec tes petites habitudes, retrouver ta routine familière ne t’apporte cette fois-ci que peu de réconfort. Ce matin toutefois, un élément perturbateur s’immisce dans ton champ auditif avant que tes yeux ne confirment sa présence en chair et en os. « Incroyable ce que le destin nous réserve parfois en effet. » lui réponds-tu avec un petit sourire entendu. Evidemment tu ne crois pas au destin mais l’enthousiasme de ton amie allège déjà un peu ton humeur. Sur le même ton tu continues : « Tu n’as grillé personne voyons, j’étais simplement en avance et je t’attendais. » Il y a quelques années, dans une autre vie, dans un autre pays, tu l’aurais probablement envoyée bouler pour une telle impolitesse. Les temps ont vraiment changé. « On peut se voir ce soir après les cours. Ou un autre soir, comme tu veux. T’as l’air d’avoir du sommeil à rattraper en plus. » Même si réalistiquement, entre les cours, les activités extra-scolaires et la vie étudiante en général, un harvardien ne rattrape jamais son sommeil perdu. C'est d'ailleurs pour ça que vous êtes si nombreux à faire la queue au Starbucks tous les matins.