Les plusieurs heures de vol auraient pu me rendre ronchon et apte à râler sur tout et n'importe quoi mais à la place, j'attends patiemment que l'hôtesse m'indique que ma valise arrive sur le tapis roulant. Gros avantage à être certes malvoyant, mais surtout avec un nom connu, on se plie toujours en quatre quitte à en faire des caisses. C'est le cas de cette hôtesse, qui me raconte d'ailleurs sa vie sans aucune pudeur, pensant certainement que je l'écoute parce qu'elle a une voix agréable, mais il n'en n'est rien. Je suis à la limite de l'impolitesse tellement je ne l'écoute pas, checkant régulièrement la commande vocale de mon smartphone afin d'être certain de ne pas louper Harlem. A plusieurs reprises, le frère de ce dernier m'a foutu les jetons mais j'ai décidé de laisser au jeune homme de l'espace. Ne pas jouer les éternels inquiets devant l'éternel, bien qu'il soit l'une des raisons pour laquelle je suis rentré plus tôt du Summer Camp. Je n'ai pas encore récupéré ma valise et pourtant, subitement, mes lèvres s'étirent en un sourire taquin qui me ressemble. Il faut dire qu'une fragrance épicée titille mes narines, et que ce parfum, je pourrais le reconnaître entre mille. Excusez-moi Mademoiselle, je vous suis infiniment reconnaissant pour votre aide mais comme vous pouvez le voir mon Homme est passé me chercher, donc on s'occupe du reste. Si elle ne sait pas lire entre les lignes, difficile de faire plus clair. Je cherche d'ailleurs la main d'Harlem à tâtons, en espérant ne pas m'être complètement planté. C'est... bien toi ?

Hélios, cette bouffée oxygène qui arrive à point nommé. Tu voudrais effacer les dernières heures que tu as vécu. T'es même pas certain de ce que tu as pu vivre réellement. Tout s'est tellement enchainé. Le cœur est toujours lourd. Tu viens de perdre (à nouveau) une constante dans ton quotidien. T'accuses le coup mais tu assumes. C'est toi qui a tout provoquer. Tu ne sais pas les conséquences à long terme. T'as rencontré tes remplaçants si on peut dire et ta mission s'est arrêtée. Maintenant, tu te dois disparaitre de certaines Vies. T'as hésité à retrouver l'homme que tu aperçois. Mais t'as besoin de te sentir léger. De ne pas être seul. T'as encore les effets de la drogue dans les veines mais tu n'en as pas repris depuis. L'avantage de la poudre, c'est que tu es calme. Pas forcement amorphe mais l'étincelle dans le regard n'est plus. Et tu te dis qu'Hélios aura besoin de calme, donc ce n'est pas plus mal que tu ne joues pas les Tigrou. Pour autant, t'as le sourire qui débarque quand tu l'entends jeter la demoiselle. "Mon homme", ça te fait faire des looping dans le cœur, lui qui pleure la perte d'un membre de ton entourage. Ca le ravive un peu.. Tu lui tends la main qu'il cherche et tu la serres fort. T'as envie de pleurer. T'as envie de te jeter dans ses bras et te vider émotionnellement. Percevoir une étincelle de douceur. Tu réduis la distance entre vous deux et tu l'embrasses, tes mains se croisant au niveau de sa nuque, et toi sur la pointe des pieds. T'as pas demandé, c'est mal. Mais t'as besoin de te raccrocher une plaisante réalité. Il devient ta bouée, ton refuge. Quand le souffle vient à manquer, tu te recules, et quelques larmes coulent, que tu essuies du revers de la main. - C'est on ne peut plus moi, Dieu vivant. Tu lui demandes de te décrire sa valise et au même moment, tu l'attrapes. - Allez en route mon bichon. Tu glisses ta main dans la sienne, laisse la chaleur se promener dans ton être, comme si un parent venait mettre des pansements sur tes plaies. - Tu m'as manqué que tu souffles, emprunt de pudeur. Tu ne sais toujours pas ce que tu ressens exactement pour Hélios mais .. Tu sais que ça te gonflerait fort si un jour, il t'annonce être en couple. T'es flippé.. T'as osé lui en parler un peu mais tu veux pas non plus vous induire en erreur. - Alors le summer camp ?

Pas très chevaleresque de ma part de jeter ainsi la demoiselle, mais je n'ai aucune envie d'avoir quelqu'un d'inconnu qui me colle aux basques une seconde de plus. Maintenant que je suis de retour sur Boston, avec ce que cette ville contient de pollution et de choses qui me déplaisent, je me sens enfin chez moi. Pas angoissé à l'idée de tomber sur une tuile à chaque pas que je fais, ou bien à craindre de déplaire à la montagne d'inconnus entouré desquels j'ai été durant ces deux mois. Les deux seules semaines qui m'ont plu, Harlem en faisait partie. Son départ a laissé un vide indescriptible dans ces vacances supposées de rêve. Résultat, alors que ses lèvres rencontrent les miennes, je ne fais rien d'autre que de profiter. Les secondes sont délicieuses, et si je m'écoutais, j'en redemanderai encore et encore jusqu'à ne plus connaître le moindre souffle. Dieu vivant ? que je m'amuse à répéter alors qu'un sourire s'est emparé de mon visage. Ce dernier disparaît quasiment aussitôt alors que je sens notre proximité se peupler d'une humidité salée. Le jeune homme pleure... et cette vérité m'arrache aussitôt le cœur, bien que je n'y fasse pas tout de suite référence. Je me contente de le suivre, liant mes doigts aux siens alors qu'il me surnomme son bichon, appellation qui m'aurait arraché un rire si l'inquiétude et l'angoisse ne prenaient pas toute la place. Toi aussi, tu m'as manqué... que je murmure avant de l'inciter à s'arrêter en tirant délicatement sur sa main. Je tais trop de choses depuis qu'il est parti lui-même du Summer Camp, et les messages d'Ingvar n'ont fait que me paniquer plus encore. Je tente de le regarder dans les yeux, mes pupilles turquoises humidifiées à leur tour. Qu'est-ce qui se passe, Harlem ? Ou plutôt, qu'est-ce qui s'est passé... Inutile de me mentir, car j'exècre même l'idée qu'il le puisse. On m'a trop menti dans mon existence pour que je le supporte de quelqu'un auquel je tiens tant. Ton frère ne m'a pas dit grand-chose. Mais suffisamment pour que je sache que tu ne vas pas bien. Je n'ai sûrement pas le droit de te demander de me dire pourquoi, mais... je te le demande quand même.

Eh merde. Ton dieu grecque qui exprime son inquiétude. Ingvar aurait pu se taire non ? Enfin bon, tu ne lui en veux pas non plus. Tu es le seul fautif. Tes lippes se mettent a trembler. Tu n’etais pas pret à tout deballer. Mais tu sens deja les larmes dévaler sans que tu le veuilles. Tu bafouilles au debut avant de venir poser ton front contre son torse. - C’est la merde mon bichon. C’etait pire mais meme là, t’es encore dans le deni. Tu fermes les yeux, tu voudrais repousser le moment de faire l’inventaire de tout ce qu’il s’est passé. - Me laisse plus repartir. Tout est facile avec lui, t’etais bien. Et tu songeais pas trop a la drogue. - J’ai fait une rechute Cette fois, tu te redresses parlant le plus clairement possible et le fixant. Tes mains attrapent les siennes. Comme si .. S’il part au moins tu le ressentiras physiquement. - J’ai recommencé a sniffer parce que .. J’en peux plus de lutter. J’ai foutu toutes ces années de sevrage en une fraction de secondes. J’ai failli sauter d’un pont et j’étais persuadé que ma mere viendrait me chercher dans un parc. Elle me manque tellement. Et le poids de son absence creuse chaque jour une souffrance dans ton âme. - Ange est venu me secourir les deux fois mais ces actions ont deplu. Il a finit par vriller a son tour. J’ai veillé toute cette nuit ou presque là en esperant qu’il m’ouvre mais non. Mon frere l’a pourri. Et Ange veut pas me voir. J’ai rencontré son mec. Et .. J’ai la rage qu’il ait ouvert a lui mais pas a moi. Mais en soit c’est normal. Je dois disparaître de sa Vie. Un peu de tout le monde, je dirais. Ta vue se brouille a cause des perles salees. Toi qui voulait des retrouvailles réjouissantes, t’es servi. - Puis y’a toi .. Toi qui me fait ressentir des choses dont j’ignore la signification. Ca me fait peur. Y’a une part de moi qui veut encore sauter tout Boston. Et l’autre qui pourrait t’embarquer pour se marier. Je comprends rien. Et ca m’enerve. Parce que j’ai pas envie que tu ailles voir ailleurs mais je suis pas légitime de te dire ca. Je suis rien putain. Tu tires sur ta tignasse, chamboulée. - Ca va pas du tout Helios. Toutes les vannes que tu tentais du boucher eclatent. Tu vas mal. Tu veux une dose pour t’alleger. Tu veux dormir. Tu veux ta famille. Tu veux Ange. Tu veux Helios. Tu veux le monde. Et tu te sens .. pas autorisé a vivre quoi que ce soit. - Desole que tu repetes en boucle.

Mon étonnement atteint son paroxysme alors que toutes les vannes de Harlem s'écoulent en torrent. Larmes, mots... rien n'est épargné et mon cœur saigne de le savoir si mal, si loin, sans que je ne puisse rien faire contre cela. Probablement un rien de jalousie pointe le bout de son nez alors que j'entends le nom d'Ange. Un ami cher à mon cœur, que je connais bien, et dont j'ai souvent entendu la détresse se mêler au milieu de toutes ces soirées de fête infinies. Pour l'heure, un long silence s'exprime à ma place, sans froideur, inexplicable. Probablement le désir de ne pas interrompre ce jeune homme perdu dans un inextricable cercle vicieux, de ne pas le couper dans son élan. Élan qui m'arrache à mon tour quelques larmes, tant sa détresse devient mienne, sans que je ne puisse m'en protéger. J'ose à peine respirer alors que les mots défilent, jusqu'à ce que mon corps agisse de lui-même, sans consulter mon cerveau au préalable. Mes grands bras puissants tâtonnent jusqu'à atteindre le corps de Harlem afin de le serrer contre mon cœur à l'agonie. Shtt... shtt... que je murmure à son oreille en caressant délicatement son dos. Durant un petit moment, je le console d'une étreinte sincère et puissante. Ce n'est que bien après que je m'écarte afin de prendre son visage en coupe, essuyant ses larmes à l'aide de mes pouces.Tu sais, il y a sept ans j'ai pris une balle en pleine tête. Mon seul désir était de prendre cette balle pour protéger celui qui était mon père, mon confident, les fondations même de mon existence. Pendant des mois, ma vie n'a tenu qu'à un fil... je ne parle jamais de cette expérience car elle me rappelle douloureusement une chose : depuis, je perds une partie de moi-même et bientôt, cette ombre que je distingue encore, ton corps, ton visage, tes sourires... ne seront plus qu'un souvenir dans les méandres de ma mémoire. Je m'accroche à tout ce que tu m'offres, qu'il s'agisse de ta bonté ou de tes démons... je ne vois pas en toi l'abandon de toi-même, ou un enfant perdu, non. Je vois celui qui m'accepte tel que je suis en allant au-delà des apparences. Quelqu'un qui ne me considère pas comme un demi homme car mes yeux m'abandonnent et ne seront bientôt plus expressifs. Celui qui se moque bien que je sois prince. Cet ange gardien, c'est toi Harlem. C'est bientôt à mon tour de laisser échapper les larmes, dont je ne m'occupe aucunement. Elles peuvent bien tomber et ravager les alentours telle une crue, je m'en moquerais de la même manière. A la place, je caresse les joues du jeune homme, et vient embrasser son front. Je serai toujours là, et il n'est pas question que je t'abandonne. Néanmoins... si c'est Ange que tu préfères, alors je souhaite que tu me le dises tout de suite. Je retournerai alors dans mes ténèbres en acceptant ton choix. Aucunement un ultimatum, mais plutôt une porte ouverte alors que je me redresse de toute ma hauteur et m'éloigne d'un pas. Je peux soulever des montagnes pour l'aider... mais je ne m'imposerai jamais à quelqu'un ne souhaitant pas m'avoir à ses côtés.

T'as écouté tous ses propos mais t'as retenu qu'une chose. Vraiment t'es le Roi - c'est cocasse, non ? - pour passer du coq à l'âne. - Attends pouces ! Comment ça tu es Prince ? De quoi ? De où ? De qui ? Ca veut dire que je devrais respecter tout un protocole ? T'es faussement choqué mais en vérité, jamais tu respecteras. Il est un mortel comme un autre. - Tu n'es pas et ne seras jamais un demi homme. T'es un Dieu grecque, le mien. Et tu es plein de ressources. T'es un homme incroyable. Et tu me fais ressentir des choses que peu de monde en sont capables. Actuellement, vous êtes trois mais c'est à chaque fois différent. Ce n'est pas Ange que je préfère. Je ne veux pas sortir avec lui. Notre relation est chaotique mais il n'y a plus d'ambigüité entre nous deux. Que entre toi et moi .. Tu esquisses un demi sourire avant d'embrasser le coin de sa bouche. - Je m'excuse d'avoir gâché nos retrouvailles.. Et je suis quand même inquiet .. Car la dernière fois que j'ai consommé.. Ca s'est mal terminé .. Je .. Comme actuellement. T'es bien trop calme et épuisé, c'est ce que ça te provoque de sniffer, altérer ta personnalité. T'es présent, et tu tentes de te faire violence pour ne pas trop l'effrayer. - On peut rentrer s'il te plait ? Enfin après avoir mangé et fait pleeeeeeeeein de câlins. Après promis, je t'embêterais plus. Je suis un drogué, ce n'est pas bon pour ta qualité de Prince. Et tu le penses sincèrement.

Monaco. Bien que jusqu'ici je ne me sois jamais intéressé à la chose. Et pitié, pas de protocole ! Tu es mon petit rayon de soleil je n'ai aucune envie qu'il en soit autrement. Mais... je me devais d'être honnête avec toi. Ce n'est pas faute que Gauthier m'ait mis en garde à de nombreuses reprises face à ma maladresse, mon innocence et mon besoin irrépressible d'aider les autres. Je crois que je ne serais jamais fait pour les intrigues de cour, ni pour le mensonge éhonté qui y règne. Ceci étant, en attendant d'être réellement confronté à la chose – à mon corps défendant – je m'empare de la main d'Harlem afin d'y déposer un baiser aussi léger qu'une brise. Sans même m'en rendre compte, je me fonds dans la peau de ce prince de conte de fées qui crée une bulle d'intimité protectrice autour des personnes les plus chères à son cœur. Tu sais qu'on peut se faire livrer dans le pire des cas? Ses compliments réchauffent tellement mon palpitant malmené que je ne peux m'empêcher d'entourer son corps de mes bras. Sa peine est devenue la mienne, et aucun jugement ne se fraye un chemin dans mon esprit alors que je le berce doucement, et entoure son être de toute la protection dont je suis capable, physique comme émotionnelle. Tu as évoqué une troisième personne ? Peut-être qu'un brin de jalousie s'exprime. Mais juste un brin. Tu sais, tu n'es pas tout seul Harlem. Tu peux te reposer sur moi, t'ouvrir à moi. Aucun jugement ne viendra jamais se mêler à l'équation, je te le promets. Tout ce que je te demande... c'est d'être honnête avec moi. On m'a menti une grande partie de mon existence et si j'arrivais à démêler les choses lorsque ma vue était encore là... c'est autant une torture qu'un fardeau de ne pouvoir contempler ton beau visage. Alors que l'une de mes mains caresse son dos, la seconde, elle, s'empare de sa main afin de lui promettre silencieusement que je ne l'abandonnerai jamais.

Ton myocarde fait des loopings déraisonnables en écoutant ton Dieu. Ca te fait tellement peur. Ce qu'il se passe entre vous est encore différent de ce que tu as vécu. Tu n'es pas bien certain de ce que tu ressens. T'as envie de prendre rendez-vous chez un médecin. Tu as peut-être des problèmes cardiaques. Mais à l'entendre, tu te sens apaisé. Tu l'a laissé te serrer et tu lui as rendu son étreinte comme s'il était ton sauveur. Pour lui, tu as envie de lui offrir une vie éternelle de paix. L'idée de manger chez lui et de ne pas le quitter te plait davantage. Tu le suis tenant sa valise d'un côté et sa main de l'autre. Tu te sens intouchable. Comme renaitre. Sa chaleur, sa confiance et son ouverture te donnent des ailes. Celles qui te manquaient probablement. Tu souris, tu luttes contre les effets de la drogue. Le trajet se fait dans le silence. Tu fermes les yeux pour profiter de cette accalmie jusqu'à t'endormir sur son épaule. Tu te sens en sécurité avec lui et protégé. Même s'il ne voit pas, tu as le sentiment qu'il bloquera tout pour toi et toi aussi. Tu donnerais ton âme pour lui et ton entourage. C'est ainsi que tu montres tes émotions envers elleux. C'est doucement que tu t'éveilles et tu le charries sur le fait qu'il aurait pu te porter comme une princesse. Tu viens t'étaler sur son canapé, et tends tes bras pour l'avoir à nouveau contre toi. Vous en profitez pour choisir votre menu et tu reprends la conversation avec davantage de lucidité. - Est-ce que tu me crois capable de parvenir à réaliser des projets ? T'as envie qu'il continue de t'insuffler une telle confiance en toi. - Tu me verrais .. comme .. partenaire de Vie ? C'est ce qui te fait le plus peur. - Pas comme coloc hein ..