Journée au calme après être rentré deux jours plus tôt d'une sorte de mission commando avec aller et retour en vitesse. Le jet lag pesait lourd dans la balance et pourtant, je ne voyais pas profiter de ce voyage unique au Chili en demeurant le cul simplement posé dans ma chambre d'hôtel. À la place, j'avais opté pour l'option balade et c'est l'esprit léger que je marchais, chemise ouverte, boulettes au vent et mains dans les poches. Du moins, jusqu'à ce qu'un surnom que je n'avais pas entendu depuis un bail ne parvienne à mes oreilles ébahies. Avant même que de penser à répondre quoi que ce soit je m'occupe de me retourner, et un sourire amusé peuple aussitôt mes lèvres. Tu es au courant qu'il n'y a que toi sur terre pour m'appeler comme ça ? que je m'amuse à lui répondre, pas vexé une seconde. Au contraire, cela me fait penser qu'il est peut-être temps que ce surnom n'ait plus lieu d'être... Une façon de réclamer paiement de la dette, sans doute ? Ou juste pour me saluer ?

Un petit sourire soulève subitement mes lèvres à la réponse du jeune japonais. Effectivement, dans le feu de l'action, je n'ai évidemment pas pensé à lui donner tout mon pédigrée jusqu'à la quinzième génération. Bohème. Bohème Chatelain que je réponds finalement, usant du tutoiement de façon tout à fait naturelle. Non pas par manque de respect, mais lorsque l'on se bat aux côtés de quelqu'un pour sauver sa peau, on n'opte pas pour le vouvoiement derrière, question de logique. Je peux avoir ton nom ? Après tout, quitte à se revoir, autant que je sache à qui j'ai affaire. Réflexe d'avocat ou de membre d'un gang, au choix. Ce qui ne m'empêche certainement pas d'être étonné face à la carte qu'il me tend, je me doutais qu'il n'avait pas appris à se battre ainsi au jardin d'enfant, mais de là à recevoir ce genre d'honneur... Je suis honoré de ta confiance. Il se pourrait que je fasse appel à toi... Peut-être pas régulièrement, car toutes mes affaires ne me portaient pas dans des environnements mortellement dangereux, mais si je trouve aussi un moyen de lui rendre la pareille... Si tu as besoin d'un avocat... que je reprends en lui donnant ma propre carte, ponctuant ce geste d'un clin d’œil, afin qu'il sache que le côté policé de cette dernière pouvait cacher autre chose que simplement une triple spécialité en Droit.