it's been a long night ♪ emile

We've come a long way from where we began
Oh, I'll tell you all about it when I see you again
When I see you again ♫

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ISH YOU
WERE
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Encore une soirée comme les autres. Après avoir fini mon service de l’après-midi au bowling, je prenais place à la caisse du Simon Imax Theater pour continuer avec mon service du soir. Je me changeais dans l’arrière-salle afin de passer d’une tenue colorée, que j’avais confectionné moi-même et que je pouvais mettre à ma guise dans le bowling à une tenue beaucoup plus simple, sobre même. Avec cette tenue, je ne me sentais plus … moi. Je devais bien l’admettre que ce travail me permettait de vivre, ou plutôt survivre, mais ce n’était pas ce que je souhaitais faire toute ma vie. Je scrutais ma robe faite sur mesure en enlevant délicatement un fil rebelle. Une part de moi regrettait de ne pas avoir intégré Harvard l’an passé mais la fin de mes études à Yale avait été catastrophique. Et je ne parlais pas des cours, mais de ma famille. Je secouais doucement la tête en finissant d’enfiler ma veste avant de rejoindre ma caisse et mes confiseries. Première séance, 18h30, soit dans une demi-heure. Les clients affluaient et je les servais avec plaisir. Ce contact avec la clientèle me permettait d’être sereine et libre. Voir les enfants ravis de passer un moment avec leur famille ou des jeunes entre amis, c’était terriblement plaisant. Rendre les gens heureux, voilà ce qui me motivait à venir travailler chaque jour.

Baillant doucement, je mettais une main devant ma bouche alors que je regardais l’heure. 19h00. Cela faisait à peine trente minutes que les séances avaient débuté, mais j’avais surtout le contre coup de la longue après-midi dans les pieds. Je me posais un peu, ayant la chance d’avoir un moment de calme avant la tempête des séances du soir qui étaient souvent bien remplis. Je regardais discrètement mon téléphone pour voir les dernières actualités de mode avant de le ranger en voyant les prochains clients s’afférer pour les prochaines projections. Tout se passait très bien et rapidement, si bien que je ne vis même pas le temps passer jusqu’à 20h30, début des séances suivantes. Alors que je pensais avoir un moment de répit avant celles du soir, un jeune garçon entrait dans le hall du cinéma. Il ne semblait pas pressé alors que les films allaient commencer. « Bonsoir, je peux vous aider ? » demandais-je à tout hasard, étant seule à la caisse. « Si vous ne voulez pas manquer le début des films, je peux vous aider à trouver votre salle.. Enfin, si vous me dites quel film vous souhaitez voir, bien sûr » souriais-je cordialement. J’étais un peu intriguée car il semblait avoir mon âge et être perdu dans cet endroit qui semble si familier pour beaucoup de personnes..

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C'était il y a plus de trois semaines, une discussion entre moi et moi-même, je m'étais pris d'une certaine motivation pour sortir de chez moi et faire quelque chose qui me surprendrait et me rendrait fier par la même occasion, sortir faire une activité seul. Si j'aime la solitude, allez manger au restaurant, au parc d'attraction ou toute autre activité sans être accompagné me paraissait impensable. J'avais une peur inexpliquée d'être jugé. J'avais donc jeté mon dévolu sur une petite séance de cinéma que j'avais bien fini par regretté il y a de cela quelques heures, mais je ne me voyais pas annulé. En premier temps, j'avais déjà payé cette fameuse place, de l'argent reste de l'argent, j'y tenais. En deuxième lieu, pour quoi je passerais si je venais à annuler ma séance et si ils n'étaient pas dans la possibilité de me rembourser ? Puis je n'avais aucune idée de comment le procédé se déroulait, alors dans le doute, je prenais mes clés et ferma la porte de chez moi après avoir vérifié à trois reprises que tout placards soient correctement fermés et lumières éteintes.

Génial, je vais arriver en retard Je rangeais mon téléphone portable afin de presser un petit peu le pas. J'avais tellement retardé ce moment que me voilà presque à la bourre pour la séance que je n'avais absolument pas envie d'aller voir au final. Je poussais la porte du bâtiment l'air un petit peu perdu. Du moins, c'est l'effet que je produisais apparemment puisque quelqu'un venait de m'adresser la parole. Je tournais mon regard vers cette voix pour tomber sur une demoiselle pas très grande en taille et que qui devait avoir à peu près mon âge. Du moins c'est ce que j'en déduis de part les traits de son visage et son style vestimentaire. "Bonjour" fis-je poliment en décrochant un sourire pour accompagner ma voix. Je sortais mon téléphone pour regarder l'heure. Effectivement la séance n'allait pas tarder à commencer. "J'ai déjà pris ma place sur le site" je montra alors le fameux mail comme pour me justifier. "Il y a déjà beaucoup de monde en salle ?" Un soir en plein week-end en arrivant à la dernière minute, je craignais que oui. Ma question pouvait paraître bizarre, mais quitte à choisir je préférais même rester dans le hall, c'était calme lorsque les films étaient en pleine projection et qu'aucun client montrait le bout de son nez. "Je peux être honnête avec vous ? Je ne suis plus vraiment sûr de vouloir le regarder" Je ne sais pas si c'est parce qu'elle avait l'air d'avoir mon âge ou que sa tête renvoyait une image plutôt sympathique, mais mes pensées c'étaient donc exprimées à l'oral. J'en fus moi-même le premier surpris.

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@Emile Mitchell

Ce garçon me surprenait un peu. Je veux dire.. Un cinéma, tout le monde y va au moins une fois dans sa vie, non ? Je le détaillais en douceur, ne sachant pas trop s’il s’était trompé de lieu – ou d’adresse – s’il cherchait quelqu’un d’autre ou juste.. Qu’il s’est perdu. Il se focalisa sur moi une fois que je l’avais salué et – peut-être – un peu trop bombardé d’informations, mais j’avais juste envie de l’aider et de faire mon maximum pour que tout soit bien de son côté. Son sourire entraînait le mien alors que j’écoutais la suite de ses paroles avec attention. Je hochais doucement la tête en regardant le billet qu’il me montrait sur son téléphone. Je devais être vieux jeu à aimer prendre des tickets imprimés directement sur place. Certains diront que ce n’est pas écologique, d’autres diront que cela fait un beau souvenir, bien qu’éphémère, et que ce n’est pas pire qu’un mail niveau empreinte carbone. Sa question suivante me fit un peu tiquer. Dans le sens où je comprenais totalement. Je n’aimais pas non plus les salles pleines de gens, en particulier dans les lieux d’art, car entre ceux qui ne peuvent pas se taire, ceux qui mangent sans cesse et ceux qui sont sur leur téléphone.. Je trouve juste cela irrespectueux pour les autres comme pour ceux ayant pris le soin de réaliser des chefs d’œuvre culturel.

Mon regard allait sur mon écran afin de regarder le nombre de place prise et disponible dans la salle du film où il devait se rendre. D’ailleurs, les publicités allaient bientôt toucher à leur fin. « C’est une salle de 100 places et il y a la moitié de rempli » dis-je tout à fait honnêtement. La suite m’étonna encore plus. Je ne m’attendais pas vraiment à ça. « Oh.. C’est dommage, car c’est un très bon film, de ce que j’ai entendu dire » souriais-je. Les gens qui sortaient de la salle et la critique, bien entendu. « Vous préférez que je vous rembourse ou bien vous préférez attendre la prochaine séance ? Il y a généralement moins de 10 personnes par salle pour les projections de fin de soirée » proposais-je pour essayer de l’arranger. Bon, cela le ferait attendre 2h mais si cela pouvait lui convenir, je me voyais mal le traîner de force dans une salle avec beaucoup de gens pour un film qu’il n’est même pas certain de vouloir regarder, après tout. « Je peux même venir avec vous pour la dernière séance ! » suggérais-je en sachant que je ne faisais pas la fermeture. Et cela me permettait de voir au moins un film sur mon lieu de travail ce mois-ci.

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A y réfléchir, je me sentais de plus en plus bête face à la demoiselle qui se trouvait en face de moi et je commençais à me demander ce qu'elle pouvait penser de mon attitude et toutes les mauvaises choses qu'elle allait probablement dire une fois que j'aurais quitté la pièce. Ce n'était pour le moins que l'on puisse dire, peu commun d'avoir des personnes qui hésitent autant pour aller voir un film une fois après avoir acheté leur place. Je savais pourtant dans quoi je m'engageais le soir où j'avais été pris d'une folle envie de faire quelque chose de différent, je connaissais aussi les conséquences de cette anxiété qui peut ruiner mes plans à tout moment.

Soupirant intérieurement pour ne pas paraître mal élevé ou agacé par les paroles de la vendeuse, je rangeais mon téléphone portable dans ma poche. Elle m'offrait un large choix de possibilités quand à mon "dilemme" C'était rassurant de voir quelqu'un de gentil, prêt à aider et à m'être en confiance sa clientèle. Ou bien cela était purement commercial afin de ne perdre aucun client, surtout un début de week-end. Intérieurement j'avais envie de croire à la bonté naturelle sans arrière pensée malsaine de l'être humain. "Je pense que je vais attendre la prochaine séance. Enfin, si ça ne vous dérange pas..." fis-je timidement, pas très à l'aise avec la situation qui prenait une tournure inhabituelle.

Je regardais derrière moi pour être sûr qu'elle ne s'adressait pas à un autre client ou bien quelqu'un qu'elle attendait. "Vraiment ?" C'est sur un ton de surprise que mes mots dépassèrent la barrière de mes lèvres. Regarder un film avec une personne de la gente féminine était une première pour moi et je ne savais comment réagir face à cette proposition, car c'était tout comme, et ce qui devait être censé me rassurer afin que je n'y aille pas seul, m'angoissait encore plus. Malheureusement, je ne me voyais mal lui refuser -peur de passer pour une personne très mal élevée- et une part de moi avait aussi peur de me réveiller le lendemain avec le regret d'avoir refusé une proposition sincère et gentille. "Je ne voudrais pas vous embêter en plus vous risquez d'être fatiguée après une journée de boulot" N'ayant aucune envie de gêner la demoiselle de part ma présence, je m'assurais de ne pas déranger ses plans afin qu'elle ne se sente pas obligée de faire ce geste. "Par contre si j'attends la dernière séance, je veux bien du pop corn et un coca" fis-je en riant doucement pour détendre l'atmosphère qui à mes yeux, me semblait gênante "Je peux même partager si vous voulez, enfin, je suis sûr qu'à force de travailler ici vous devez en avoir marre du pop corn" je riais une nouvelle fois en lui tendant ma carte bancaire pour payer ma consommation.

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L’aider en lui laissant le plus d’option possible me paraissait le plus logique. Non pas que je ne voulais pas le rembourser ou être hypocrite, mais j’avais juste envie qu’il passe quand même un bon moment. C’était tout. Une partie de moi espérait ne pas l’embêter avec toutes mes propositions et mes paroles, car je savais que je me laissais très vite entraîner lorsque je parlais avec une personne, que je la connaisse ou que cela soit un parfait inconnu. Je le laissais prendre le temps de réfléchir, bien que sa réponse fut assez rapide. Je souriais sincèrement, ravie qu’il choisisse de rester et de prendre la séance tardive. « ça ne me dérange pas du tout » fis-je honnêtement. Même si l’on ne se connaissait pas, sa présence m’était très agréable. Apparemment, cela le surprenait car en lui proposant de regarder le film avec lui, il regardait en arrière pour voir peut-être si je ne m’adressais pas à une autre personne que lui. Adorable. Je souriais un peu amusée de sa réaction alors que je hochais positivement la tête. Après tout, il était sympathique, le film avait l’air bien et j’aurais fini de travailler à ce moment-là donc.. Je ne voyais pas trop ce qui me barrait le chemin. D’autant plus que mes colocs étaient de sortie ce soir, l’affaire était réglée !

Ses prochaines paroles me touchaient. C’était de plus en plus rare les gens qui s’inquiétaient vraiment pour les autres, alors ça me touchait oui. « Il n’y a pas de souci, même après une journée de travail, je suis toujours partante pour un bon film ! Et je préfère mille fois en voir un au cinéma que seule chez moi » avouais-je sans gêne. Comme dit, ce n’était pas comme si quelqu’un m’attendait à la maison, en réalité. Toute la situation me plaisait alors je n’avais pas trop envie d’y échapper. Sauf si cela ne lui plaisait pas, mais il avait l’air assez honnête pour me le dire dès le départ. Ou paraître assez mal à l’aise pour que je le vois facilement. Sa commande me fit sourire alors que je l’admirais entrain de rire. Il semblait se détendre petit à petit et cela me faisait vraiment plaisir. Je me tournais pour prendre le coca dans le frigo en souriant à ses dires. « Ah l’amour inconditionnel pour le pop-corn vaut n’importe quelle relation avec un homme » blaguais-je doucement. Bon, pas vraiment, mais c’était une façon de parler après tout.

Je lui préparais un grand pop-corn pour qu’il tienne le coup 1- jusqu’à sa séance 2- pendant la séance 3- à me supporter autant de temps, après tout. J’encaissais sa commande en ne comptant qu’un petit cornet avec la boisson. « Et voilà ! » dis-je en lui tenant le tout. Je lui proposais de s’asseoir à côté de mon guichet, histoire qu’il ne reste pas debout mais qu’il ne soit pas non plus trop loin s’il souhaite discuter avec moi. « J’ai une petite question.. » tentais-je, bien trop curieuse pour me taire très longtemps. « Vous êtes déjà venu au cinéma ? Je veux dire.. Pas forcément dans ce cinéma, mais.. Ouais, euh, ou bien ça fait longtemps peut-être ? » me perdais-je un peu avant de rougir un peu. C’était un peu nul de demander ça, ça allait sûrement le mettre mal à l’aise et ce n’était pas du tout ce dont j’avais envie pour le coup, mais il avait semblé tellement perdu en arrivant dans le hall que ça m’étonnait et que je voulais un peu savoir.. Et continuer à parler avec lui, en même temps.

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L'incroyable gentillesse de la demoiselle me mettait vraiment à l'aise et je commençais petit à petit à me détendre, muscle après muscle. Je me retrouvais même à rire en sa compagnie. Jamais je n'aurais pensé en me réveillant ce matin que j'allais finir ma journée avec une parfaite inconnue à discuter de pop-corn et de film. Le destin me pousse à faire des choses dont je ne me serais jamais senti capable de faire en temps ordinaire. "Et bien alors dans ce cas-là, c'est avec plaisir que je souhaite que vous m'accompagniez durant ce film" fis-je d'un ton très cordial, quoi que un peu surjoué. Pour qui je me prenais à parler tel un aristocrate.

Je souriais en voyant le montant de ma commande bien moins cher que d'ordinaire. Un petit geste de sa part et je lui en étais très reconnaissant. Je ne roulais pas sur l'or, alors chaque petit geste était à prendre. "Sauf si l'homme en question offre du pop-corn" The perfect combo. "Sauf s'il est team pop-corn salés" Ce n'était même pas envisageable, ces gens-là je ne les comprends pas et pourtant je suis très ouvert d'esprit, mais j'ai mes limites et ça, c'est une limite à ne pas franchir. "Au fait, vous pouvez me tutoyer, moi c'est Emile" Je prenais place à côté d'elle pour siroter ma boisson en attendant que l'heure s'écoule puisque matin les films ne font jamais moins 1 h 30.

Je tournais mon regard vers elle, intrigué par le fait qu'elle ait une question à me poser. Je ne suis pas fan du mystère et fort heureusement elle ne mit pas à longtemps à me dévoiler ce qui l'a questionnait. J'avais dû paraître vraiment stupide pour qu'elle vienne à me poser cette question. "Oui bien sûr" fis-je en lâchant un rire un peu gêné, ne sachant plus vraiment où me mettre. [color=#3399cc]"Seul, c'est la première fois…"{/color] Avouais-je un peu embarrassé. Ma boisson semblait soudainement très intéressante à regarder.

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@Emile Mitchell

Son approbation pour que je l’accompagne voir le film me rendait vraiment heureuse. Je savais que j’étais du genre à me lancer dans l’inconnu et passer parfois du temps avec des gens que je ne connais pas, mais c’était la première fois que je le faisais du mon lieu de travail. La plupart du temps, je rassure surtout et j’accompagne jusqu’à la salle en particulier, mais c’était différent avec ce garçon et ça me plaisait de pouvoir lui donner un petit coup de pouce en plus. Tout sourire, tout comme lui, notre discussion continuait alors que je préparais sa commande avec attention. Je riais sans problème à la suite de ses dires. Il avait totalement raison et ça me rassurait de pouvoir manger quelque chose de convenable.. à savoir du pop-corn sucré (a) « Offrir du pop-corn sucré, c’est comme une demande en mariage » riais-je doucement. « Du moment qu’il est sucré, nous sommes d’accord » dis-je plus sérieusement sans cesser de sourire. Aurions-nous pu être aussi joviale si l’un de nous aimait le pop-corn salé ? Telle est la question..

« Enchantée, moi c’est Charlotte » souriais-je encore en le laissant prendre place. La suite fut gênant pour chacun d’entre nous. Je ne saurais comment expliquer pourquoi je m’étais lancée dans une discussion pareille. Quelle cruche. Je rougissais un peu alors que je voyais bien que je l’embarrassais. J’espérais qu’il ne changerait pas d’avis pour la suite, je me sentirais vraiment bête d’avoir pu le blesser et qu’il s’en aille. « Désolée, c’était nul comme question.. » admis-je doucement, m’insultant silencieusement d’avoir fait une telle chose. « J’oublie souvent de tourner ma langue dans ma bouche avant de parler.. Et que l’on ne vit pas tous les mêmes choses donc.. » avouais-je en espérant que notre échange ne s’arrête pas là. Nous fûmes un peu coupés dans notre dialogue par l’arrivée de futurs clients que je servais avec un peu d’appréhension qu’Emile change d’avis et parte très loin. Je me fatiguais toute seule pour le coup..

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Je riais a sa remarque en regardant le pop corn. Il y a tellement d'histoire qui commence par un simple pot de pop corn ou bien je regarde beaucoup trop de séries et de films. J'essayais bien trop souvent de m'échapper de la dure réalité de la vie pour trouver du réconfort dans des choses irréels qu'on ne voit que dans la fiction ce qui parfois fait encore plus mal quand on y pense, s'accrocher à des choses qui n'existent pas et passer à côté du moment présent, mais le moment présent est parfois si dure à vivre qu'il est préférable de vivre comme je le fais.

Je piquais un pop-corn tout en poursuivant la conversation qui était devenue un peu plus gênante. En étant mal à l'aise j'avais réussi à l'à rendre mal à l'aise, je me sentais bête pour le coup. "Nan t'inquiète ce n'est rien" fis-je gentiment afin de détendre le malaise qui c'était installé autour d'une simple question. "Je me doutais bien que je passais pour le mec totalement perdu, j'en ai conscience" fis-je gêné, regardant mes mains, alors que d'autres clients, bien plus à l'aise, venait d'entrer en sachant déjà quel film ils comptaient regarder.

Je regardais la fameuse Charlotte que je venais tout juste de rencontrer. Je saluais poliment les clients qui devaient probablement penser que j'étais le petit nouveau qui venait être embauché, mais qu'on ne me demande pas de servir quoi que ce soit, même si j'apprenais vite, je n'étais pas du tout dans mon élément excepté si une machine à café traîne dans le coin. "ça fait longtemps que tu travaille ici ?" demandais je afin de continuer la conversation et ainsi tuer les heures qui nous restaient avant notre film.

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Dire que nous passions de rire du pop-corn à être tous les deux mal à l’aise à cause d’une question bête que je venais de poser.. Parfois, je me demandais pourquoi je ne faisais pas un peu plus attention avant de parler. Mettre un filtre, vous voyez. Certaines personnes savent le faire très bien et d’autres.. Pas du tout. Je faisais partie de la deuxième catégorie. Une seule chance à mon actif, c’était que ce n’était jamais méchant. Même si cela pourrait être interprété comme tel, surtout dans le cas que nous étions entrain de vivre. Par bonheur, Emile semblait comprendre que c’était plus maladroit qu’autre chose. Je souriais un peu alors qu’il me rassurait un peu. La suite me faisait encore sentir mal à l’aise. Quelle idiote je suis parfois. « Disons que ça m’a surpris, mais maintenant que je sais, c’est logique » me justifiais-je un peu de façon bancale. Nous étions donc interrompus un peu le temps que je serve les clients. Entre les tickets et la nourriture, c’était un petit marathon que je faisais de temps en temps, mais c’était agréable de pouvoir gérer seule. J’aimais être autonome et indépendante, que ce soit dans mon travail ou dans la vie de tous les jours. Même si une colocation était indispensable, vu mon revenu et les loyers en ville.

Une fois le groupe de clients servis, j’écoutais Emile avec attention en me tournant vers lui. « Une semaine je crois, ou deux » dis-je sans trop savoir. « J’ai tenté plusieurs jobs depuis un an et c’est celui le plus.. simple pour moi » dis-je en pouffant. « Comme tu l’as remarqué, je suis un peu maladroite dans mes propos et.. c’est encore pire si je tiens des trucs, donc je n’ai pas fait long feu en temps que serveuse en restaurant » me dévoilais-je sans trop de problème. « J’espère garder ce poste, ça me plait d’être dans le domaine de la culture et de l’art, même si le bowling est un divertissement plus qu’un sport pour ceux qui viennent ici » continuais-je en parlant de mon deuxième travail dans le complexe cinéma/bowling dans lequel nous nous tenions. « Et toi ? Tu travailles dans quoi ? » demandais-je, curieuse.

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J'esquivais un sourire en reprenant un énième pop-corn tout en faisant attention à ne pas le finir avant même le début de notre séance, mais se serait bien mon genre. Je n'ai jamais eu aucun problème avec la nourriture, alors me goinfrer de sucre à une heure aussi tardive ne me dérange pas du tout. Je regardais les clients se retirer afin d'aller attendre plus loin que les portes s'ouvrent, décortiquant chacun des mouvements de mon interlocutrices. Je buvais la boisson qu'elle m'avait servit un peu plus tôt afin de m'hydrater poursuivre notre discussion.

"Maladroite ce n'est pas le terme que j'aurais utilisé" souriais-je "Tu ne laisse pas ton cerveau guider tes paroles et tu dis direct ce que tu pense, je trouve ça plutôt cool"J'enviais un peu sa personnalité je dois dire. Elle avait l'air d'avoir tellement d'assurance et de confiance en soi. "Tu as l'air de bien tes débrouiller, j'aurais juré que ça fait plus d'un mois que tu travaillais ici" je m'accoudais au comptoir en lui souriant. "Parce que le bowling est sport ?!" m'exclamais-je avant de rire, me faisant moi-même passé pour quelqu'un dans l'ignorance. Je faisais aussi parti de cette partie de la population qui pratiquait le bowling comme un simple divertissement.

"Je suis barista" ce nom était tellement classe dit comme ça "je sers des cafés toute la journée quoi" riais-je. La réalité était bien moins classe, mais appelons un chat un chat. "depuis que je suis arrivé ici, soit environs six ans" le dire à haute voix ne me rajeunissait pas et je pense que je risquais de finir mes vieux jour en tant que serveur de café. Je ne me voyais absolument pas changer de métier. Trop contraignant et trop effrayant surtout.

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