Witching hourglasses
bleed the hissing sands of time
as this story, gory, a catharsis
eads toward the quite sublime.
with @Haiwee Wind River & @Salvatore Denaro
warning : sorcellerie.
15.10.22 Seth & Salvatore's flat.

“Bienvenue dans mon antre.” accueillit-il l’étudiante en journalisme. Le sourcil levé, il s’effaça pour la laisser pénétrer son appartement qui fleurait bon la sauge et l’encens en cette brumeuse soirée d’automne. On était au mois d’Octobre : Seth, son colocataire, ne pouvait donc rien dire. Les lumières étaient tamisées par des tissus de velours noir. Des cristaux pendaient à chaque coin de fenêtre tandis que dans une grande assiette de cuivre, d’autres prenaient un bain de lune sur le balcon. Si habituellement, l’appartement était en désordre, ce dernier semblait maîtrisé ce soir. Pour une fois, pas de pantalon ou de caleçon sale qui traînait, de cendrier duquel émergeait une odeur désagréable pour les non fumeurs ou de carton de pizza à moitié vide. Salvatore avait lui même revêtu un pantalon de soie noire accompagné d’une large chemise bouffante en satin parme, ce qui changeait également de son look intérieur habituel consistant en un simple slip. “Buonasera. Entrare.” incita-t-il, sa langue s’enroulant autour des -r, déposant un baiser sur ses joues. “Tu as trouvé facilement ?” l’interrogea-t-il avant de refermer la porte derrière la jeune femme.

Même s’ils appartenaient tout deux à Adam House, ils ne s’étaient jamais rencontré avant quelques semaines auparavant alors que le sicilien étudiait les lignes de la main d’une autre étudiante. Haiwee, il avait alors appris le nom de la séduisante jeune femme, l’avait interrogé alors que les cristaux qui pendaient de son sac et une intense discussion s’était amorcé entre les deux jeunes gens, Salvatore étant ravi de rencontrer une autre personne aussi intéressée par les sciences occultes. C’est tout naturellement qu’il lui avait proposé de l’initier à la sorcellerie et quoi de mieux que de commencer un tel apprentissage. “Donne moi ton manteau.” lui proposa-t-il alors que l’atmosphère chaleureuse de l’appartement était sans pareil avec le vent automnal qui débarassait les branches de leurs feuilles mortes. “Tu veux commencer par quelle magie ?” l’interrogea-t-il. “Blanche ? Verte ? Solaire ? Rouge ? Bleue ?” Il lui adressa un clin d’oeil, jouant de sa réputation. “Ou directement passer à la noire ?”

Witching hourglasses
bleed the hissing sands of time
as this story, gory, a catharsis
eads toward the quite sublime.
with @Haiwee Wind River & @Salvatore Denaro
warning : sorcellerie.
15.10.22 Seth & Salvatore's flat.

Le temps est idéal pour faire un peu de magie. Profitant de l’absence de son colocataire, il n’avait pas laissé passer l’occasion de proposer à la jolie et intrigante Haiwee de venir chez lui, en tout bien tout honneur pour une fois. Qu’il était agréable de rencontrer sur le campus d’autres sorcières ou mystiques en devenir et de pouvoir échanger sur leurs pratiques réciproques. Il rit doucement en secouant la tête quand elle lui indiqua avoir pris un taxi pour venir. “Vu comme ça, effectivement.” Il y avait peu de chance qu’elle se perdre jusqu’à son appartement sachant qu’il n’était pas si éloigné du campus et que bon nombre d’étudiants résidaient également dans les lieux. “Tu sauras la route pour la prochaine fois.” compléta-t-il, la gratifiant d’un clin d’oeil. Sans pour autant se vanter de mettre en place un cercle de sorciers, l’idée ne lui déplaisait pas. Si l’expérience était concluante et que la native possède un don ou puisse apporter quelque chose, il n’y avait rien de mal à échanger sur les pratiques des uns et des autres, s’enrichissant du savoir des autres au passage. C’était, après tout, une donnée constante dans la famille même si concernant l’expérience de Salvatore, elle était bien plus immatérielle et intéressante, à son sens. Il accrocha son manteau avant de l’inviter à prendre place et rentrer directement dans le vif du sujet. Il devait bien avouer être excité à l’idée de passer cette soirée mystique en sa compagnie. Ce n’était pas avec Seth qu’il pouvait évoquer cette passion qui lui tenait tant à coeur. Et il n’avait pas d’amis suffisamment proches pour ce faire. Haiwee était en quelque sorte une bénédiction.

Il secoua la tête face à sa remarque. “Désolé, j’ai oublié que tu étais une novellina.” la titilla-t-il en lui adressant un clin d’oeil complice. “Tu veux quelque chose à boire avant ? Je manque à tous mes devoirs d’hôte.” Il se morigéna avant d’ouvrir son réfrigérateur pour voir ce qu’il pouvait lui proposer. “J’ai des bières de toutes les couleurs également. Du jus de pomme et de cranberry. Et en boissons chaudes, on a du café, chocolat chaud et thé.” Il lui présenta une boîte métalique comprenant divers sachets dont les effluves épicées et apaisantes lui donnèrent envie de partir sur un thé lui même. Il remplit la bouilloire avant de commencer à la faire chauffer, débutant ses explications : “La magie verte est celle de la nature : on n’utilise ce que cette dernière nous offre. C’est sans doute la plus simple mais, en même temps, la plus puissante à mon sens.” Après tout, si la Terre existait depuis des millénaires, le savoir et la force qu’elle pouvait prodiguer était sans commune mesure. “La rouge ….” Un sourire coquin se dessina sur ses traits, laissant supposer en guise d’avant goût. “... est celle que j’utilise le plus, je dois l’avouer. C’est celle du sexe. Elle a pour but d’optimiser les performances sexuelles et faire tomber sous le charme ses partenaires.” Il en avait fait son commerce après tout. Il sortit un sac d’arachides et de raisins secs qu’il glissa dans un bol, en proposant à la jeune femme. “La bleue est la magie de l’eau et la solaire, celle du soleil comme tu peux le supposer.” Il se pencha vers elle, installant ses bras sur le bar les séparant. “Je n’ai pas besoin de te définir la blanche et la noire ?”

Witching hourglasses
bleed the hissing sands of time
as this story, gory, a catharsis
eads toward the quite sublime.
with @Haiwee Wind River & @Salvatore Denaro
warning : sorcellerie, fantôme.
15.10.22 Seth & Salvatore's flat.

“Excellent choix.” commenta-t-il en sortant la bouteille de cranberry du réfrigérateur avant de lui en servir un verre, lui présentant avec sympathie. “Si tu en veux à nouveau, n’hésite pas à faire comme chez toi et à te servir.” lui précisa-t-il, son sens de l’hospitalité naturelle s’échappant en dehors de ses lèvres. De son côté, il se servit une bière qu’il présenta à la jeune femme pour trinquer avant de la porter à ses lèvres et de laisser le rafraîchissant breuvage faire effet le long de sa gorge, un voile de picotements frais glissant en cette dernière jusqu’aux volcans de son estomac. Son sourire s’accentua lorsqu’elle choisit, sans grande surprise, la magie verte. La plus simple, la plus sûre mais la plus puissante à son goût, compte-tenu des forces telluriques ravageuses qui les entouraient à chaque instant. Son instinct lui avait susurré que la belle native s’orienterait évidemment vers l’élément qui caractérisait ses origines et son peuple. Beaucoup des connaissances en cette matière venait des chamans amérindiens, quelle que soit leur tribu d’origine. La relation qui les liait à la nature était quelque chose que nombre de pratiquants modernes, à l’instar de Salvatore, enviait. Il hocha la tête en se déplaçant gracieusement dans l’appartement afin de récupérer une coupelle en métal au sein de laquelle se trouvaient une quantité multicolore de pierres. Il la posa entre eux, telle une offrande avant de reprendre sa bière et de s’accouder sur le bar qui les séparait.

“Elle se rapproche énormément de l’herboristerie puisque lors des rituels, j’utilise ce que la nature, ou Target, m’offre : des fleurs, des herbes, des minéraux.” Il s’empara d’un quartz rose avec lequel il se mit à jouer entre ses doigts. “Elle me permet d’utiliser toute sorte de sortilège, de manière la plus complète qui soit puisqu’il suffit que ces derniers s’harmonisent avec la nature. Et la nature comprend tout ce que l’on désire : la puissance, la force, le sexe, la guérison, la mort…” Ses mots restèrent suspendues, ses iris se faisant plus translucides et hantées alors que sans le réaliser, il convoquait les esprits de son passé. Un léger sourire chassa ces fantômes qui continueraient de le hanter jusqu’à l’emporter dans leur tombe. “Je peux formuler des rituels de guérison, en utilisant notamment les bonnes pierres posées à des endroits précis sur le corps ou d’autres endroits.” Il attrapa une pierre d’un bleu intense qu’il tendit à son apprentie. “Le lapis-lazuli, on la place sous l’oreiller pendant plusieurs nuits pour chasser des maux de tête récurrents.” Il en attrapa une nouvelle d’un rouge profond. “En cas de règles douloureuses, tu places le grenat sur le bas ventre. Je les recharges soit à la lumière solaire soit au rayons de lune en fonction de leur composition.” Il se redressa pour fouiller dans les placards et sortir un bouquet odorant d’herbes. “La sauge permet de chasser la négativité. Au moins une fois par mois, je passe l’appartement à cette dernière ou quand je n’en ai pas au bois de palo santo.” Il lui tendit un bout de bois clair dont le haut était calciné, preuve d’une utilisation récente. Il rit doucement. “Avec un coloc stressé de la vie, crois mois que c’est une fois par jour au moment des examens.”

Witching hourglasses
bleed the hissing sands of time
as this story, gory, a catharsis
eads toward the quite sublime.
with @Haiwee Wind River & @Salvatore Denaro
warning : sorcellerie, fantôme, mafia, meurtre.
15.10.22 Seth & Salvatore's flat.

Il ne put s’empêcher de rire doucement suite à la réflexion de la jeune femme, pensant au fait qu’il utilisait également d’autres moyens pour destresser son colocataire mais qu’il ne se voyait absolument pas lui proposer. Peut-être était-ce parce qu’il était sicilien et qu’il préférait profiter de la vie sans se poser trop de question. Peut-être parce que c’était parce qu’il était artiste et que le talent ne se mesurait pas des chiffres ou des lettres, possédant une porte toute personnelle et objective. Mais il ne se ferait sans doute jamais à l’ambiance compétitrice qui régnait à Harvard et le stress inhérent à la période d’examen. Il suffisait d’avoir confiance en soi et en ses compétences. C’était sans doute plus facile à dire qu’à faire pour certains. S’humectant la lèvre inférieure, il haussa les épaules, secouant négativement la tête, avant de lui répondre sur le même ton : “Ca dépend des moments mais oui, tous les jours je fais un petit rituel. Ne serait-ce que pour remercier la Terre de ce jour supplémentaire qu’elle m’a offert.” Il lui adressa un sourire chaleureux, dissimulant subtilement derrière ce dernier le passé sombre qu’il avait pu vivre à de multiples périodes de sa vie. Personne n’apprécie davantage la vie que le fils de Diabolik. Lorsqu’on a grandi dans la violence, lorsque ses propres mains sont tâchés de sang, lorsque des odeurs de cigarette parvient aux narines du jeune homme alors même qu’aucune fumée même subtile ne l’entoure, il faut savoir s’armer. Et les armes blanches et à feu ne peuvent rien contre les tourments d’âmes hostiles.

Il but une nouvelle gorgée de sa boisson avant de sourire en coin plongeant son regard dans celle de son interlocutrice. “Parce que je suis fils de Zeus.” répliqua-t-il, le ton chantant de l’insolence italienne dans sa gorge, peu important que ce soit Jupiter pour les romains. Il précisa sa pensée, Mateo, malgré son importance, ne pouvant se comparer au roi des dieux de l’Olympe. “Je suis né dans la grotte où la légende raconte que Zeus serait venu au monde. Ma mère la visitait lors d’un voyage en Crète lorsque les contractions l’ont prises. A l’époque, les véhicules de secours n’étaient pas aussi bien répandus que de nos jours sur l’île. Mon premier cri s’est réverbéré sur les mêmes parois qui ont vu naître le dieu de la foudre, appelé à régner sur le Panthéon grec.” Il posa son regard sur les minéraux avec lesquels il jouait, glissant ces derniers entre ses doigts fins et assurés. “On peut dire que je suis né pour ça.” Pour décider de vie et de mort sur quiconque se poserait sur son chemin. Pour répandre sa semence aux quatres coins de la Terre et veillait à ce que le nom Denaro se perpétue pour des siècles et des siècles. “Il n’y a rien de plus normal dans notre famille.” Il garda le silence quelques instants avant de relever les yeux vers la jeune femme et de l’interroger à son tour. “Et toi ? Qu’est ce qui t’attire dans la magie ?”

Witching hourglasses
bleed the hissing sands of time
as this story, gory, a catharsis
eads toward the quite sublime.
with @Haiwee Wind River & @Salvatore Denaro
warning : sorcellerie, bûcher, mafia.
15.10.22 Seth & Salvatore's flat.

A force de la raconter, il finit par y croire et à ne plus discerner le vrai du faux. Peut-être que sa mère n’est jamais allé en Crète. Peut être que le premier lait qu’il a goûté était celui de la chèvre Amalthée. Peut être que sa famille n’était qu’une famille sicilienne aussi violente qu’elle pouvait l’être entre elles que pouvaient l’être la famille des olympiens. Peut être que comme Apollon, les sentiments qu’il nourrissait pour sa cadette pouvaient porter à confusion. Il avait tué pour elle après tout. Peut être que tout cela n’était qu’un fantasme dans son esprit pourtant désencombré de toute drogue, lui qui n’y touchait pas. On pouvait reprocher beaucoup de chose aux gens comme eux, mais ils restaient traditionnels, refusant de se laisser porter par l’argent facile d’un agent de la mort. Et c’était peut être cette confusion dans l’esprit du sicilien qui facilitait la crédulité des paroles qu’il prononçait et qui poussait tout un chacun à le croire, sans jamais remettre en question les pans de vérité que l’européen soulevait.

Profondément curieux et formulant ses hypothèses silencieusement, il voulut savoir ce qu’il en était pour son invitée du crépuscule. Lentement, un sourire glissa sur ses traits impérieux alors qu’il hochait lentement la tête au fur et à mesure des explications de la belle native. Même s’il partageait quelques croyances et méthodes en commun avec les amérindiens, ces derniers lui paraissaient plus rudes dans ces dernières que celles héritées des grecs. Cela puisait sans le moindre doute son origine dans le climat bien plus rugueux que celui de la Méditerranée. Mer protégée des affres du monde. Il était donc curieux d’en apprendre davantage et de faire se confronter ses croyances à celle de la belle Haiwee.

Il leva ses mains en l’air, d’un air innocent qu’il n’était assurément pas. “Promis, je ne rirais pas.” Et effectivement, il l’observa avec le plus grand des sérieux, hochant la tête à chacun de ses propos et craqua un sourire à la fin. Difficile de rentrer en compétition avec la fantaisie ancrée dans l’esprit du Sicilien, certes. Mais il n’y avait pas de quoi rougir. “Et tu souhaites retrouver tes racines en ville ? Trouver un moyen d’exercer cette spiritualité dans un environnement où tout est trop dompté ?” l’interrogea-t-il, posant sa tête contre sa main. “On pourrait faire un mix. Créer notre propre cercle de sorcellerie.” Il aimait l’idée de faire rentrer dans ce dernier des croyances différentes et complémentaires les unes des autres. Les soeurs Halliwell pourraient aller se brosser. Et cette fois-ci pas de Samuel Parris pour les mener au bûcher.