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ras
22.06.2023 The Navigator 22

Tu connaissais Bohème depuis pas mal de temps maintenant. C’est ce qu’on appelle un ami d’enfance. Vos deux parents se connaissent et tu te souviens encore de sa naissance. Tu avais dix ans. L’âge pour t’en souvenir. Et maintenant, il était devenu une grande personne. Un avocat qui avait tout son avenir devant lui. Tu avais su qu’il allait aller loin. Après tout, comment le contraire pouvait se passer alors qu’il a passé le baccalauréat à ses quatorze ans ? Le jeune homme avait tout pour lui : le physique et l’intellectuel. Tu te sentais presque bête à ses côtés, mais tu tentais de ne rien laisser paraitre. Tu te souviens encore lorsqu’il t’a dit qu’il venait sur Boston, pensant te rejoindre à Harvard, alors que tu étais déjà parti. Vous auriez pu vous rapprocher à ce moment-là. Vous l’avez fait en quelque sorte : vous avez entretenu une belle amitié virtuelle, jusqu’à ce que vous vous croisiez à certains évènements, hors Boston. Tu l’appréciais beaucoup ton Bohème, mais pas au point de remettre les pieds dans cette ville qui t’avait marqué au plus profond. Maintenant que tu étais revenu en ville, tu étais plutôt content de savoir qu’il était resté ici. Vous tentiez de vous voir dès que tu étais sur place. Il est vrai que depuis ton retour, tu n’avais pas trop été sur Boston, préférant étendre ton entreprise en Europe. « Bonsoir Bohème. » Tu lui parlais en français. Après une accolade digne des français, tu te posais face à lui sur ce bateau. « Je ne suis jamais venu ici, tu connais un peu ? » Demandais-tu tout en regardant autour de vous. C’était plutôt pas mal. « Comment tu vas ? » Tu reportais ton regard sur lui, fronçant légèrement les sourcils. Il t’avait demandé de venir, comme s’il y avait une urgence. Tu l’avais senti dans sa voix. Tu étais donc venu, pensant qu’il avait besoin de quelque chose. « Tu m’expliques pourquoi c’était si urgent ? » Même s’il n’avait pas utilisé ce mot, c’est ainsi que tu avais ressenti son besoin de te voir.

Curiosité. Ce mot me collait autant à la peau qu'à l'intellect, véritable fondation de mon tempérament. Ce même élan curieux m'avait sauvé les miches à de nombreuses reprises, que ce soit à mon arrivée trop jeune à Boston, face à ma réussite, ou à la jalousie d'autrui. Je pouvais compter sur ma force de caractère et ma volonté, deux forces capables de me porter absolument où je voulais quand je le voulais. Cette même curiosité portait mon corps direction The Navigator 22, en face d'un français que je gardais dans le cœur. Ah, le pied de laisser un peu l'anglais pour ce bon vieux Molière ! que je lance dans un petit rictus amusé, me lançant avec plaisir dans une accolade dont Nathanaël et moi avons le secret. Pas forcément le top un de mes habitudes, mais c'est pas mal. L'ambiance est sympa, et s'adapte à tes goûts. J'en profite pour m'asseoir et prendre la carte, parfaitement conscient de l'effet de mon appel sur mon interlocuteur : il devait s'imaginer tout et rien en même temps, comme beaucoup d'âmes suffisamment culottées pour me côtoyer de près. Toujours plus ou moins le même... débordé, mais j'adore ça. Mes prunelles sombres oscillent entre l'homme délicieusement musclé et la carte, toujours dans ma main. Un sourire plus franc est une première partie de réponse : rien de sinistre, rien d'affolant à prévoir. D'une, ça fait des plombes qu'on ne s'est pas vus, rien que ça, c'est synonyme d'urgence que je reprends sur un ton léger, un air mystérieux au fond des yeux. Et je suis curieux, aussi. Très. On ne se rend pas chez Kassim Malacki juste pour tailler une bavette... je pensais être un cachottier, mais j'ai un beau spécimen en face de moi... et ça me plaît. Tu me réponds ou il faut que j'use de la torture ? Plaisanterie, évidemment.

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Le Navigator 22. Endroit assez atypique, mais dont l’ambiance te plaisait bien aux premiers abords. Du côté du bar/café, tu rejoignais ici Bohème, qui t’avait faire comprendre qu’il souhaitait te voir le plus rapidement possible. Tu aurais peut-être un peu laissé du temps, si tu n’avais pas eu peur qu’il y ait urgence dans sa demande. « Puis au moins comme ça, on n’est quasi sûr que personne d’autres ne nous comprenne. » Bien qu’il y ait toujours une chance pour que d’autres francophones soient dans la salle. Mais en effet, ça te faisait tout autant plaisir de laisser un peu l’anglais de côté pour revenir à ta langue maternelle : le français. « Tu fréquentes quel endroit d’habitude ? » Il faut dire que Bohème devait connaitre plus Boston que toi. Il semblait y être resté plus longtemps que toi et qu’il ait trouvé sa place dans cette ville. Une place que tu aurais pu surement trouver aussi si tu n’avais pas pris la décision de fuir. Il y a de cela quelques années. « Tu prêches un convaincu. » Répondis-tu alors qu’il te disait qu’il était débordé. Oui en effet, tu comprends. Tu es toi-même toujours aux quatre coins du monde. N’aimant pas rester trop longtemps au même endroit. Même pour ta famille. Tu n’as pas encore trouvé cette personne, ou une raison, qui te ferait resté quelque part. Ou alors tu es vraiment dans le déni total. Tu cru t’arrêter de respirer quand ton ami d’enfance prononça le nom de ton amant. « Comment tu connais Kassim toi ? » Le monde était décidemment trop petit. La serveuse arriva à ce moment-là. « Un Manhattan s’il vous plait. » Demandais-tu sans même regarder la carte. Tu espérais que le barman sache faire ton cocktail souhaité. Tu laissais ton ami commander, avant de lui répondre. « En effet, ce n’est pas des bavettes que je lui taille… » Petit clin d’œil. C’était sur le ton de l’humour, mais tu ne savais pas comment dire la chose à Bohème. Bien que tes parents soient au courant maintenant, le secret n’est plus d’actualité. « Et je ne suis pas un cachottier … Je ne pensais juste pas devoir te parler de tous mes amants. » Ou de ton amant en revanche.

Je hoche la tête à l'idée que parler français soit une façon tout à fait intelligente d'éviter toute oreille un peu trop indiscrète. Bien que conscient que les États-Unis soient un véritable melting-pot d'origines et de nationalités variées, il existe relativement peu de chance que l'on tombe pile poil avec un autre franchouillard à la seconde. Restaurants la plupart du temps, avec des clients. Bars, pour des clients moins guindés... sans aller jusqu'à dire que je connais Boston dans les moindres recoins, disons que j'ai une liste plutôt étoffée d'établissements cools. Face à ce que je peux facilement appeler un bourreau de travail dansant la même valse endiablée, j'esquisse un petit sourire amusé. Je ne pensais pas revoir Nathanaël dans les rues de cette belle ville, du moins pas dans un futur proche. Pourtant, une fois encore, il m'étonnait, me surprenait, et peut-être même davantage en connaissant Kassim, homme à qui je dois tant et à qui je cherche, chaque jour, à rendre la pareille à ma façon. D'où je le connais, hein... répondre à une question par une autre, généralement c'est une technique d'avocat tu es au courant ? Technique que je maîtrise plutôt pas mal pour y faire face à longueur de journée. Sauf qu'apparemment, je suis trois fois mieux entraîné à la donne que mon pote en face. Ce sera une vodka martini au shaker pas à la cuillère, s'il vous plaît que je commande avant d'esquisser un petit rire amusé. Effectivement, vu sous cet angle... sans mauvais jeu de mots... Je papillonne des deux comme si cela pouvait me choquer, alors qu'il n'existe probablement pas une chose dans cette chienne de vie qui soit réellement capable de relever ce défi. Au contraire même. Bien, bien... alors non j'ai pas besoin de la liste non exhaustive de tes amants - vil petit séducteur - mais je comprends mieux pourquoi Andréa me presse pour te faire la tête au carré... Ce à quoi je ne risquerais pas ma vie étant donné la musculature de Nathanaël. Bien qu'en terme de self-défense... je sois tout sauf mauvais. Boulot underground oblige. Kassim est mon meilleur pote, pour te répondre. Je sais je pourrais être son fils et c'est ce qui nous éclate, en fait. Il connaît toute ma vie et moi toute la sienne. Je savais qu'une personne très importante était de retour dans sa life... je pensais juste pas qu'il s'agissait de toi. Heureuse surprise, ceci dit, étant donné que tu sais à quel point tu m'as manqué.

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Il connaissait Bohème depuis tout petit, c’était un petit peu comme un cousin. Il s’entendait plutôt bien avec lui, malgré l’écart d’âge. Comme quoi il peut s’entendre avec des plus jeunes. Le problème de relation qu’il a avec le benjamin de la famille ne doit donc pas venir de son âge. Le problème doit être plus profond. Pourtant il aimerait avoir la même relation qu’il a avec Bohème avec Tayden. « Oui je vois. Puis quand on aime un endroit, on aime y retourner n’est ce pas ? » Alors pourquoi s’embêter à aller découvrir de nouveaux endroits ? Nath justement se cherchait un endroit où il pourrait aller de temps, devenir un client assez régulier. Il se cherchait encore son endroit de prédilection. Alors pour le moment, il enchainait les endroits. A peine installés, commande même pas encore passée que le sujet de Kassim arrivait. Nath était étonné que son ami de longue date le connaisse. Que le monde semblait petit. Il l’écoutait donc avec grande attention afin de savoir d’où il se connaissait, mais surtout connaitre la nature de leur relation. « Je suis peut-être passé à côté d’une vocation. » Même s’il n’aurait pas aimé le devenir : avocat. Non. Il préférait largement travailler avec ses voitures et créer son petit empire, à travers l’Amérique, ainsi que le Monde maintenant. Il trouvait cela plus intéressant. Mais surtout, il s’épanouissait dans son travail. Il ne regrettait à aucun moment son choix de carrière. Ils se mirent à rire à l’évocation de tailler des choses à Kassim. C’était si naturel avec Bohème. Son ami ne savait pas que Nath était bisexuel, ou tout simplement qu’il avait pu avoir des amants masculins. Et pourtant, ils en parlaient d’un naturel. Comme si c’était connu. Aucune gêne. « Ah sacrée Andréa… Elle va mettre toute la ville sur mon dos. » Il en riait. « Je ne suis pas censé l’apprécier, mais elle a du répondant, j’aime. Je commence à comprendre pourquoi Kassim l’apprécie. » Il passait sous silence le fait qu’elle lui ait pointé une arme dessus. Cela restait entre eux, et Kassim qu’il avait mis au courant. Non pas pour accuser Andréa, mais pour qu’il sache qu’une arme était chez lui. Après tout, il doit bien être au courant de ce qu’il y a chez lui quand ses filles viennent. Une arme ce n’est pas rien. Puis il y a tellement d’histoires de tirs perdus avec les enfants en Amérique. Il ne voulait pas qu’un malheur arrive dans la vie de Kassim. « C’est fou quand même. » Lui répondit-il alors qu’il apprenait que son ami de longue date était le meilleur ami de son amant d’il y a quelques années. « Une personne très importante hein ? … Et il t’a dit quoi d’autres ? » Tout en se redressant sur son siège, Bohème avait piqué la curiosité de notre homme, qui comptait bien pêcher le plus d’informations possibles.

Notre conversation se poursuit comme si Nathanaël et moi nous étions quittés la veille : de bonnes adresses de restaurants, une vocation ratée pour l'homme d'affaires... Mais ton empire te satisfait bien plus et au moins, tu n'auras pas d'affaire ingrate ! que je lance à la volée non sans lever mon verre à sa santé. Le liquide légèrement sucré s'écoule dans ma gorge alors que je m'étonne de n'avoir pas fait le rapprochement avant. Cela coulait de source, pourtant, maintenant que les wagons se raccrochaient d'eux-mêmes. Y compris au sujet d'Andréa, tellement protectrice envers Kassim qu'elle s'était amusée à faire pression sur moi pour que j'agisse. A ceci près que je ne me sens aucunement légitime pour le faire. Kass comme Nathanaël sont deux amis très chers à mon cœur, et il n'est pas question une seconde que je prenne parti ou que je m'en mêle. Tout la ville ouais je crois qu'on peut dire ça ! Mais elle est surprotectrice envers Kass. Ça joue contre toi comme ça jouerait contre quelqu'un d'autre si ce n'était pas toi. Je ne peux pas te garantir qu'elle se calmera de sitôt, et je pense que Kass ne veut pas la heurter ou la blesser. Bien évidemment et en toute intelligence, je passe sous silence tout ce qui concerne les BH. J'imagine sans aucune peine à quel point mon meilleur ami et mentor au sein du Brotherhood ne s'est pas étalé sur la question en présence de son amant, il n'est donc pas de mon ressort de donner quelque info que ce soit. Quelle est la formule consacrée, déjà ? Ah oui : secret professionnel. Ici d'autant plus qu'ailleurs, car on ne côtoie pas le monde des Bisounours mais bien celui du clown de la Saga de Stephen King, Ça. Tu crois qu'un avocat tel que moi va te révéler tous ses secrets comme ça, sans rien raquer derrière ? que je reprends armé de mon humour un peu tranchant, un tantinet noir, mais jamais mauvais, à plus forte raison en présence d'une personne que j'apprécie énormément. Il va falloir faire mieux que ça si tu veux des infos mon cher Nathanaël... Mais je ne laisse pas la porte fermée. On ne sait jamais...

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22.06.2023 The Navigator 22

Leur conversation se fait comme s’ils s’étaient vu il y a peu. C’est ainsi que cela se passe avec les vrais amis, n’est ce pas ? Ceux qu’on peut appeler « la famille », parce que oui, il voit Bohème comme un petit frère ou un cousin. Il sait que s’il a besoin de lui, Nath répondra présent. Même à l’autre bout du monde. Il était donc satisfait de le revoir ici sur Boston. Tout lui disait de revenir sur Boston : ses adelphes, Bohème, Kassim. Toutes ces personnes si chères dans son cœur. Il devait rester ici, et ne pas retourner en France ou autre part. Il devait enfin se poser et la ville de Boston semble être faite pour lui. « C’est quand même un peu étrange cette relation non ? » Il avait du mal à comprendre. Du mal à accepter qu’une personne comme elle peut se mettre entre Kassim et lui. Il a du mal à accepter la proximité de Kassim avec cette blonde. S’imaginant presque une relation entre les deux. « Ah ouais… je vois que tu as choisi ton côté. » Celui de Kassim. Tout en croisant des bras et en s’enfonçant dans son fauteuil, il se mit à rire. « Et moi qui pensait que tu ferais tout pour me faire plaisir… Je suis déçu. » Il semblait loin le jeune Bohème en quête de l’admiration de Nathanaël. Ou du moins, c’est comme ça qu’il avait toujours vu Bohème. Un petit jeune toujours derrière lui, prêt à tout pour attirer son attention. Une attention qu’il avait déjà d’ailleurs.

Cela sonne étrangement dans mon esprit, cette discussion autour de Kassim sans sa présence. Cet homme qui m'a aidé et que j'ai aidé à mon tour jusqu'à ce que notre lien soit indestructible. Mon amitié avec Nath est semblable à ce niveau, sachant qu'il peut m'appeler à n'importe quelle heure, où qu'il soit je rappliquerais aussi vite que possible... et en même temps, le silence et l'absence auraient pu peser lourd. Mais je le retrouve comme si je l'avais quitté la veille. Mmh... étrange oui et non. Disons qu'elle est comme sa fille et qu'il la surprotège. Mais je pense que tu comprends pourquoi il est comme ça. Après tout, si je suivais bien tout dans le bon ordre, Nath est bien plus proche de Kassim que n'importe qui d'autre. Il sait sûrement beaucoup de choses, mais dans le doute, je reste évasif. Le côté secret du gang doit demeurer secret. Moi j'ai choisi un côté ? Je m’assoie plus profondément dans mon siège en croisant mes bras à mon tour, un sourire amusé sur le visage. Je choisis le côté de Kassim parce que je ne donne pas d'infos sans rien en échange ? Cela m'amuse. On croirait qu'on se chamaille pour celui qui aura la plus grande part de pizza. Tu sais bien quelle place tu as dans ma vie, Nath. Que tu aies été loin d'ici ou que tu restes à Boston.

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22.06.2023 The Navigator 22

Cela faisait bizarre à Nathanaël de voir qu'un de ses amis les plus proches et anciens connaissait Kassim. Que le monde était petit. Il pensait alors pouvoir soutirer quelques informations à Bohème. En tout discrétion,  ou pas. Mais d'abord, la conversation semblait dévier sur Andréa et sa relation avec Kas. "Non, pas vraiment, non. Comme sa fille ? Il se mit alors à penser qu'elle était peut-être orpheline et que son ex l'avait prit sous son aile. C'est ce qui semblait le plus probable d'ailleurs. Pour qu'elle vive chez lui. Pour qu'il ne lui dise rien sur le fait qu'elle ait un flingue chez lui, malgré ses filles. Ca ne pouvait qu'être ça. "Il l'a adopté genre ?" D'un côté ça le rassurerait. Au moins, il n'aurait pas de quoi s'en faire côté Andréa. Qui est tout de même jolie fille. Il ne faut pas se le cacher. "Tu me connais quand même depuis longtemps..." Premier servi, premier arrivé non ? Il disait cela sérieusement et en même temps amusé par la situation. "Tu veux quoi en échange d'info ?" Continua-t-il à lui demander. Pas mal têtu, il ne comptait pas s'en arrêter ici. Il voulait savoir et il aurait sa réponse, coûte que coûte.

Je ne sais pas vraiment s'il faut que je sois amusé par la réaction de Nathanaël, ou bien si je peux me permettre de le taquiner. Ce côté sérieux m'étonne, pour être tout à fait honnête. A croire que sa relation avec Kassim – si j'ai bien accroché tous les wagons entre eux – lui tient extrêmement à cœur. Du moins c'est ce que la question qu'il me pose m'inspire. A vrai dire je ne crois pas. Je sais qu'il la loge, je sais qu'ils sont proches, mais comme je t'ai dit, pour les voir souvent ensemble, c'est une relation père – fille. Mes prunelles sombres décortiquent doucement chaque réaction, chaque mot employé, comme si je me retrouvais face à un client en train de me mentir, ou bien face à un confrère aux dents longues dont je veux déterrer la botte secrète. Cette capacité d'analyse m'a tiré d'un faux pas à plus d'un titre. Depuis plus longtemps tu veux dire ? que je reprends, cabotin jusqu'au bout des pompes. J'éclate doucement de rire, presque ému par ce que je crois être un brin de jalousie. Vous allez demander une garde alternée avec Papa Kass ? Une façon mignonne de lui dire qu'il compte autant pour moi, quand bien même nos moments ensemble se soient limités à peau de chagrin pendant pas mal d'années. Nathanaël ne sait que trop bien à quel point je suis fidèle en amitié, et à quel point il peut tout me demander, je ne lui répondrai jamais par la négative. Mmmh, laisse-moi réfléchir. M'occuper de tes affaires pro en tant qu'avocat, par exemple ? Je suis certain que celui ou ceux que tu emploies actuellement sont des branques. Ils ne te connaissent pas comme moi je te connais. Ne jamais zapper d'augmenter son carnet d'adresses. Pour un avocat tel que moi, le réseau, c'est cinquante pour cent du taff.