Tu ne pensais pas que ce serait si dur de reprendre une routine, de retourner à ta vie à Boston, une gamine en plus.  Ruby avait à peine 6 mois et elles avaient vu plus d'endroit dans le monde que la majorité des gens. Autre que toi, elle n'avait jamais rien eu de stable dans sa vie. D'où la décision de venir t'installer définitivement à Boston et d'y reprendre tes études - ou plutôt d'y commencer ton internat. Mais la pauvre gamine, qui ne dormait déjà pas toutes ses nuits, avait du mal avec le décalage horaire. Et le seul moyen que tu avais trouvé pour la calmer, la rendormir, était de te promener avec la poussette. Alors, 4h du matin, te voilà en jogging avec un sweatshirt, à te balader dans les rues de Boston. Rue pratiquement déserte à cette heure. Pourtant, tu la vois de loin, celle qui marchent en titubant, son téléphone à la main. Celle qui s'effondre devant tes yeux. T'accélères le pas, te retrouve rapidement à ses côtés. hey, hey, tu m'entends? mais rien, aucune réponse. Tu t'empresses de prendre ton téléphone pour appeler une ambulance avant de commencer à évaluer les blessures qu'elle aurait pu avoir. A-t-elle toujours un rythme cardiaque, s'est-elle cognée la tête sur le sol?

Je pensais rentrer tranquillement chez moi, et pleurer pour relâcher la pression comme il m’arrivait trop souvent de faire en ce moment. Afin de ne pas pleurer devant les clients. Ça m’était arrivé une fois, au tout début, et j’avais été bien menacé par la suite. Je ne voulais plus revivre ça. Plus rien tout court. Est-ce était un acte manqué ce qui m’arrivait ce soir ? Est-ce que mon inconscient avait accepté toutes ces substances dans le but de me libérer une bonne fois pour toute ? Avant de fermer totalement les yeux, de laisser mon esprit vagabonder dans un autre monde, j’avais pensé à Diego. Mon jumeau. Triste de le laisser seul, mais s’il savait, comprendrait-il ? Au sol, je n’avais aucune idée de ce qui se passait dans la réalité. Pas totalement prête à voir cette lueur blanche, j’étais entre deux. Peut-être dans l’attente que quelqu’un me sauve, d’un signe comme quoi j’appartenais encore à ce monde. Que je devais rester parmi les vivants.

Je ne savais pas qu’une jeune femme était apparue. Telle un ange. Parce qu’il fallait de la chance pour voir quelqu’un apparaitre ici, en pleine nuit. Surtout une jeune maman, qui semblait vouloir endormir son enfant. Elle ne s’attendait surement pas à voir ça ce soir. Mais la vie les avait mis sur le chemin de l’autre, et ce n’était pas quelque chose à ignorer. C’était quelque chose à laquelle je devais penser et réfléchir une fois que je me réveillerais, à l’hôpital. Parce c’est ce qui arriva. Après je ne sais combien de temps, je me réveillais dans un lit d’hôpital. Ou du moins c’est ce que j’imaginais en sentant un matelas, plus confortable que le bitume. N’osant pas ouvrir les yeux, j’attendais un peu. Pour tenter de me remémorer les évènements. Je m’étais évanouie, avant d’entendre la voix d’une jeune femme. Ou était-ce mon esprit qui m’avait joué des tours. Me faisant croire quelqu’un était là, pour me garder sur terre. J’ouvris enfin les yeux, plus ou moins prête à affronter la vie.

Les choses s'étaient passées tellement rapidement. Une seconde avant, tu te disais à quel point tu avais hâte de poser ta tête sur l'oreiller, d'enfin rejoindre les bras de morphée. En un clin d'oeil, tu étais hyper réveillée, les réflexes en alerte alors que tu portais secours à la jeune fille qui venait de tomber au sol devant toi. T'avais appelé les secours, fais les soins nécessaires le temps que l'ambulance arrive. Quand ils sont partis avec elle, t'as essayé de retourner chez toi, de dormir tranquillement. Mais impossible. Autant ça t'avait réveillé que ça en avait fait autant de Ruby qui ne voulait déjà pas dormir. En début de journée, t'as fini par appeler ton père pour qu'il vienne s'occuper de la petite enfin endormie pour que tu puisses te rendre à l'hôpital. On t'indique la chambre où elle se trouve, endormie encore. T'attend un bon moment avant qu'elle ouvre finalement les yeux. Tu lui laisses d'ailleurs quelques minutes, question de ne pas lui sauter dessus dès son réveil. hey, comment tu te sens? dis-tu doucement.

La nuit ne s’était pas terminée comme elle l’avait imaginé. Ne comprenant pas ce qui lui arrivait, en perdant connaissance, elle avait réellement cru mourir. S’en aller de ce monde pour de bon, et une petite part au fond d’elle en était heureuse. Seulement sa fin n’était pas pour maintenant. Elle se réveilla à l’hôpital, on lui apprit qu’elle avait fait une petite overdose. Elle avait mit ça sur le coup d’une fête bien arrosée, afin qu’on ne l’embête pas trop. Elle ne s’attendait pas à voir une jolie blonde à ses côtés. Une fille qu’elle ne connaissait même pas. Elle fronça des sourcils, tentant tout de même de se rappeler son visage. Sait-on jamais.  « Euh - je vais bien. » Enfin tout était relatif évidemment. « On se connait ? » Elle préférait aller droit au but. N’ayant pas forcément la force de tenter de se rappeler de qui il s’agissait.

Tu peux pas revenir d'une soirée tranquillement sans te retrouver mêler à une histoire du genre? En même temps, tu n'aurais pas pu la laisser là sachant que tu vises une carrière dans la médecine. Encore là, étudiante en médecine ou pas, ta conscience ne t'aurait pas permise de la laisser là.
Alors, tu appeles les.secours, tu te rend à l'hôpital et attend à son chevet. Du moins, tu guettais de loin, te disant que des amis ou de la famille allait sûrement arriver. Mais rien, alors tu entras. Tu t'installas jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux. euh, non. Non, on ne se connaît pas. C'est moi qui ait appelé les secours autant dire la vérité, ça ne te servait à rien de le cacher.

Elle se réveilla avec une inconnue à son chevet. Le temps de se remémorer ce qui s'était passé elle regardait la blonde. Qui lui confirmait qu'elles ne se connaissaient pas. Elle semblait tout simplement avoir été au bon endroit au mauvais moment. Pour Damya. Car sans elle, elle ne savait pas comment elle aurait terminé. Un peu honteuse, elle n'osait pas la regarder dans le blanc des yeux. "Merci." Dit-elle timidement, pas forcément fière de ce qui lui était arrivée. Elle ne voulait pas qu'elle la juge ou qu'elle pense que ça lui arrive souvent. "Comment tu t'appelles?" Termina-t-elle tout de même par lui demander. Pour savoir qui l'avait aidé, et à qui elle devait surement la vie.

Tu as beau être un peu princesse, capricieuse sur les bords, t'as quand même un coeur. Tu pouvais pas la laisser au sol comme ça, sans rien faire. T'aurais eu ça sur ta conscience. T'appelles donc les secours, tu les suis à l'hôpital et tu attends même à son chevet qu'elle ouvre les yeux. Pourquoi? T'en sais rien en fait, t'assurer qu'elle va bien? Que tu as au moins réussi à la sortir de la situation dans laquelle elle s'était plongée. Savannah dis-tu sans même lui demander. Après tout, tu sais déjà le sien vu les conversations que tu as entendu entre le docteur et les infirmières. Puis, c'est pas comme si tu allais faire copine avec elle non plus. Du coup, tu te lèves de ta chaise, Tu vas bien à ce que je vois. enfin du mieux que ça peut aller après tout ça.

Damya s'était réveillée dans un lit d'hôpital avec au chevet une inconnue à la chevelure blonde. Elle sentait qu'il y avait un gros malaise entre elles deux. Elle l'avait remercié, mais ne savait pas quoi dire de plus. Surement trop fatiguée pour faire aussi la conversation. Elle souffla un bon coup avant de regarder le plafond et faire un petit point sur sa vie actuelle. Elle était tombée bien bas si elle se retrouvait maintenant ici. "Ca va oui - t'es pas obligée de rester tu sais." Elle avait fait sa bonne action, elle pouvait repartir maintenant, laisser Damya seule. Elle avait besoin de compagnie, mais elle ne se sentait pas assez à l'aise avec une inconnue. L'impression qu'elle la jugeait. Elle n'avait pas la force pour ça. Mais elle s'en souviendrait de la blonde. De Savannah. Joli prénom qui plus est.