Rien n'allait. Tout empirait et rien ne s'améliorait. Les clients se multipliaient, devenant même pour certains plus abusifs. Je n'osais pas dire non. De peur des représailles. Alors j'étais forcée à accepter, et pour cela, je me droguais. J'acceptais ce que certains clients me donnaient. Et si je n'avais plus rien, je buvais. Certains soirs j'étais tellement défoncée que je ne me souvenais de rien. Je ne savais même pas si c'était une bonne chose ou non. De ne pas savoir qu'on peut faire avec mon corps. Mais voulais-je vraiment savoir ce qu'on pouvait me faire ? Je pensais que cela resterait secret, tout autant que cela peut l'être pour moi. Jusqu'à ce que je vois en fin d'après-midi, en voulant sortir de chez mon patron après une réunion qui ne fait que me rappeler à quel point je suis sale, ma voiture tagguée "pute". Horrifiée, je n'avais pas su quoi faire. J'avais voulu envoyer un message à ma seule amie, du moins la seule qui aurait pu m'aider, Erika. Mais evidemment mon portable n'avait plus de batterie. C'est donc cachée dans un buisson du jardin de mon patron que je me pris une petite raille de coc. Pour oublier. Pour passer "une bonne soirée" malgré ce tag. Qui ne venait de je ne sais où. C'est donc à pied que je me mis à marcher, avant d'embarquer dans le premier bus et terminer sur l'esplanade de Charles River, déjà défoncée de ce que j'avais pris un peu plus tôt. Je m'avançais vers la rivière, et me posais au sol, voulant tremper mes pieds dans cette rivière. Jusqu'à ce que je vois des poissons, roses, dans cette rivière. Me penchant un peu trop, je ne me rendis pas compte que j'allais tomber ...

Les poissons m’appelaient. Ils étaient roses flashy. Je n’en avais jamais vu dans cette rivière. Ils étaient à mes pieds et ils voulaient me faire des guillis au pieds. Je le savais. Je les entendais m’appeler par mon prénom. « Damya » Où est le mal ? Je sais nager après tout. Mais je voulais juste mettre ma main dans l’eau afin de les toucher. Voir s’ils étaient réels, car ils semblaient vraiment l’être. Et alors que j’étais prête à toucher l’eau, on me retint. Agacée par cette interruption, je tournais la tête et je vis un jeune homme. « Ah donc ils sont réels ! » Soulagée, je respirais un bon coup. « T’as pas du pain sur toi pour les nourrir du coup ? » C’est bien lui qui avait mentionné de les nourrir. Mais alors que je lui parlais, je cru voir des taches rouges sur ses vêtements. Ses mains. Fronçant des sourcils, je tentais de me rapprocher de lui et lui prendre ses mains. « C’est quoi ça ? » Était-ce réel ou encore une hallucination quelconque ?

Un homme m’avait empêché de rejoindre les poissons roses. Sauf qu’il ne semblait pas s’agir de n’importe quelle personne. Cela aurait pu être une personne plus douce, me demandant ce qui se passait. Mais au fond, avais-je vraiment envie de cela ? Devoir dire que tout va bien pour la énième fois. Enfin de compte, il m’allait bien cet homme. Il semblait me considérer comme une n’importe quelle autre femme. Peu importe ma tête et ce que je pouvais renvoyer comme message. « Peut-être bien. » Dis-je tout en haussant les épaules. Peut-être bien que j’étais conne. Après tout, il semblerait que je ne sois pas assez forte et intelligente pour dire non à mon patron. Pourtant, j’ai réfléchi à une façon de dire stop. Je n’en ai pas trouvé. Je dois être conne oui. Alors que je tentais de m’intéresser à lui, il m’envoya chier. Je détournais donc le regard à la recherche de mes poissons. Mais ils avaient disparu. De simples petits poissons gris. Inintéressants. Je reposais donc mon regard sur l’homme, avant de lui dire. « J’vois pas où est le problème d’avoir de la peinture sur soi. » Et j’y croyais vraiment. Ou je préférais rester dans l’ignorance sur ce qu’il avait réellement sur lui. Mon regard persistant dans le sien, je rajoutais. « T’es un artiste ? » Et je le voyais déjà s’en aller, marre de mes questions. Pourtant je continuais, après avoir regardé ses mains dans un mauvais état aussi. Bon décidemment, il n’était pas un artiste. Je m’allongeais sur le sol, peu importe si c’était sale. « Regarde ce soir, le ciel est dégagé. On peut voir quelques étoiles. » Je pointais déjà une étoile qui bougeait. Ah non c’était un avion. « Bon, tu t’appelles comment le bad boy ? » Demandais-je sans même savoir s’il était encore là. Si ça se trouve je l’avais imaginé comme mes poissons.

Rien ne se passait comme elle le souhaitait. Complètement perdue, elle ne savait pas ce qui l’avait amené ici, mais alors qu’elle apercevait ces poissons roses, elle sut la raison de sa présence ici. Soudain tout devenait plus claire. Les poissons l’avaient appelé et elle devait les rejoindre. Elle avait été sur le point de le faire, si une personne ne l’avait pas stoppé dans sa descente. Encore plus paumée, elle le regardait, ne comprenant pas qui il était. Ni même s’il était réel. Il était tâché de rouge, et elle pensait ou préférait penser, qu’il s’agissait de peinture. « Ca peut pas être du sang… non, non. » Dit-elle à voix haute sans même s’en rendre compte. Passant du coq à l’âne, elle lui avait alors demandé son prénom. Afin de ne pas rester face à un mystérieux homme, taché de sang. Fronçant des sourcils face à sa réponse, elle rétorqua du tac au tac. « Quoi ? T’es un tueur à gage et tu ne peux pas dire comment tu t’appelles ? » Il n’avait pas la tête d’un tueur. Ou encore une fois, elle tentait de s’en convaincre. « A l’hôpital ? » Elle restait alors assise. « Je suis très bien ici, vas y toi. Si ça se trouve c’est ton sang qui est sur toi. T’es blessé quelque part ? » Elle se leva alors, s’avançant vers Leon pour voir s’il y avait des blessures sur lui. « Laisse-moi te regarder. »